Misa n’avait pas été ravie. Ni fière. Ni heureuse. D’autres l’auraient peut-être été, sans doute même, mais pas elle. Deux jours plus tôt, au parc, son fils, Kiiro avait fait quelque chose que tout le monde pensait désormais impossible, ou presque. Et plus qu’un exploit, la jeune femme y avait vu une condamnation.

Pourtant, il n’y avait rien de grave, de sombre, c’était presque “anodin”. Au parc, le petit garçon de 4 ans s'était approché d'un pommier plein de petites pommes vertes pas encore mures. Il avait posé ses mains sur le tronc et les fruits avaient grossi, rougi, les branches s’étaient agrandies, et Misa avait arraché les mains de le fils de l'écorce de l'arbre avant que la première pomme ne tombe par terre. Il ne lui avait fallu que deux secondes pour reconnaître le mokuton. Après tout, son propre arrière grand-père était Hashimara Senju. Et Kiiro était donc l'arrière-arrière-petit fils du premier Hokage. Dernier détenteur du Mokuton. Enfin… plus tout à fait depuis qu'un scientifique taré avait implanté les cellules de l'ancêtre dans quelques gamins. Mais… eh bien désormais, il ne l’était peut-être plus du tout. Mh. Misa avait donc illico récupéré son fils pour rentrer à la maison et écrire la nouvelle à sa tante, la Hokage cinquième du nom.

Misa s’était détachée de Konoha depuis longtemps maintenant. Elle avait fait ses classes ninja, parce que c’était quelque chose d’assez naturel pour un Senju, mais une fois diplomée chunin, elle était repartie à la vie civile, nayant pas franchement d’attirance pour … taper sur la gueule des autres. Protection ou non. Ce n’était pas son truc. Alors la Senju avait quitté le monde ninja, avant de quitter Konoha tout court, une fois devenues jeune adulte. Ouais, les Senju sont neeeeeeettement moins psychorigide en terme de destinée ou voie du ninja que les Uchiha ou les Hyuga. (En même temps, Hashimara était un foutu hipie, n’en déplaise à ceux qui le voit comme un demi-dieu, en définitive, c’était surtout un gros clampin … erm …) En tout cas, Misa tenait clairement de son arrière-grand-père sur le côté hipie, tenant un salon de thé/bar à … n’importe quelque bestiole blessée qui a besoin d’un refuge temporaire. Même un sanglier adulte, une fois. Ca a fait sensation en ville. Enfin bref. Misa était désormais LOIN de tout ce qui pouvait avoir un rapport de prêt ou de loin au monde ninja.

Alors non, quand Kiiro avait fait pousser ces pommes … Misa n’avait pas été DU TOUT ravie de la nouvelle. Elle avait écrit une lettre grandement détournée à sa tante Hokage, pour lui expliquer la situation, et celle-ci lui avait vivement conseillé de revenir au pluuuus vite à Konoha. Et lui avait même envoyé deux ninjas de Konoha en urgence, pour les escorter jusqu’au village. Sans leur expliquer bien entendu, le sérieux de la situation. A vrai dire, ils savaient juste qu’ils avaient deux personnes à escorter jusqu’au village. Sans savoir leurs noms, leurs âges, ou genre. Ils comprendront quand ils verront. Il ne fallait surtout pas que la nouvelle s’ébruite avant que le petit soit à l'abri au village caché des feuilles. Et ne serait-ce que dire qu’on escorte des Senju quasi inconnus au bataillon … c’était suspect. Bref, il fallait déjà retourner au vilage et puis … Misa détestait l’idée. Devoir “enfermer” son fils à Konoha, “l’obliger” à maîtriser ses capacités et … et à le mettre devant un choix obligatoire à cause de ses pouvoirs. Devoir s’en servir, ou devoir les cacher. Ou … Ou il y avait la solution du scellement aussi. Sceller et “supprimer” ces capacités. Mais elle ne pouvait pas prendre un tel choix à la place de son fils. Alors, dans tous les cas, il allait devoir grandir à l’abri de Konoha maintenant. Et elle n’aimait pas vraiment l’idée.

La jeune femme lit, en plein milieu du parc de la ville. Partisane du “plus il y a de monde, moins il y a de danger”. Assise par terre, elle a replié ses jambes sous elle, et Kiiro dort la tête posée sur ses cuisses. Elle caresse doucement ses cheveux et lit en restant très attentive à leur environnement. Elle a de bons restent en terme de vigilance, même si elle serait bien incapable de se battre contre un ninja aguerri. Surtout un qui se lancerait dans la capture d’un petit Senju avec le potentiel du Mokuton. Nope. C’est bien pour cela qu’elle suit le conseil de Tsunade. Parce qu’elle n’est pas apte, seule, à défendre son propre fils. Et ça l’énerve !! Alors c’est un regard presque colérique qu’elle tourne vers les deux ninjas de Konoha qui entrent dans son champ d’attention. Elle lève la main qui tient le livre pour attirer leur attention, et une fois cela fait, elle pose le livre et réveille doucement le petit garçon. Ils se relèvent, elle époussette et recoiffe Kiiro avec une grande attention, sans faire franchement attention à sa propre tenue et à ses mèches de cheveux en bataille. Et puis elle prend la main de son fils et s’approchent d’eux.

“Bonjour, c’est nous que Tsunade vous envoie chercher.”

Elle maintient une distance de sécurité entre eux, les scannent de la tête aux pieds par pure méfiance, et clairement, ça se voit à son nez légérment retroussé.. Ok, ok, c’est débile de se méfier déjà d’une éventuelle attaque déguisée. Elle a écrit très vite à Tsunade qui lui a répondu tout aussi vite. Envoyant le rapace avec la lettre réponse et ses ninjas en même temps. Autant dire qu’il est quasiement impossible que quelqu’un ait préparé un enlèvement avant l’arrivée des ninjas de Konoha. Mais …. bah c’est une maman, haha. Le regard de Misa traîne sur la cicatrice sur le visage de l’un d’eux. Et … ça la rassure, bizarrement.  Et puis, elle connait leur tête. A peu près, d’il y a longtemps. Mais ils lui disent bien quelque chose.

“Je suis Misa, et voici Kiiro, mon fils.
_ Bonjour messieurs les ninjas.”

Misa retient un petit sourire un coin, juste un bref spasme, même si ses yeux continuent de sourire. Parce qu’il est franchement trop mignon son petit soleil, à moitié planqué derrière elle parce qu’il sent que maman ourse a les griffes prêtent à sortir. Ouais, Misa avait découvert depuis peu que, finalement, anihiler quelqu’un ne la dérangerait pas plus que ça, si cette personne avait la mausvaise idée de s’en prendre à son fils.

- Dooooooonc, fit Aoba avec un sourire en biais, tu viens seul à la réunion.
- Ta gueule, tu n’as pas plus de petite amie que moi.
- Bien sûr que si, mentit-il avec aplomb ce que Raido ne remarqua pas simplement parce qu’il était plongé dans sa propre morosité.

Dans un mois aurait lui une rendez-vous avec des « camarades de classes ». Si Raido était plus ou moins sociable, il y avait toujours des choses qui le dérangent. Par exemple, faire une réunion d’ancien, alors qu’ils se voyaient presque tous, avec un Mizuko aux bras de l’ex copine d’Iruka. Certes,  Iruka avait trouvé une femme avec qui être. Certes, ce n’était plus si affreux que ça. Mais Raido avait une espèce de fierté à tenir, maintenant. Il ne voulait pas venir seul.

- Au pire, demande à Onoka de venir avec toi, reprit Aoba sans revenir sur son sujet à lui.
- Tu veux que je meurs, frissonna-t-il en pensant à la sœur de Genma, je pense qu’elle me tuerait et ensuite Genma se paierait ma tête le reste de ma vie.
- Bah, reprit-il en haussant les épaules, personnellement je trouve que vous formez un beau couple. Et tu es le seul qu’elle ne tabasse pas souvent.
- Aussi, si tu arrêtais de la chercher tout le temps.
- Hé ! Je ne la cherche pas ! Elle me trouve c’est tout.
- C’est toi qui devrait être en couple avec elle.
- Sauf que je suis pris, mentit-il encore avant de regarder la carte vers la destination.

Ils avaient été tous les deux repêchés pour aller chercher une femme et son enfant dans une ville extérieure. Ils n’avaient pas plus posé de questions et s’était mis en route… cependant, la conversation avait vite dévié sur l’application de rencontre que Raido insultait et ce fichu repas de retrouvaille avec que des gens qu’ils connaissaient déjà. Raido n’en comprenait pas l’intérêt. Encore moins de venir accompagner, jusqu’à ce qu’ils comprennent que c’était Mizuko qui avait mis en place ça. Plaisir sadique à faire souffrir Iruka ? Possible. Mais comme Iruka avait accepté d’y aller, personne ne se sentait de le défendre en refusant l’invitation à cause de sa putainerie. Raido soupire, arrivant jusqu’au parc désigné par l’hokage pour retrouver les deux personnes à escorter. Se retrouvant devant une femme et son enfant, Raido s’arrête. Il se bloque. Il regarde un instant la cicatrice de la jeune femme, une cicatrice propre et nette, simple tâche de couleur sur sa peau et l’enfant. Machinalement, il fait un pas de recul et couvre la marque sur son visage. Il savait que la plupart des enfants avaient du mal avec sa cicatrice. Elle n’était pas comme celle d’Iruka, net, ou de Kakashi, net et sous un bandeau donnant une impression classe. Il était plus proche de celle d’Ibiki. Mais Ibiki avait la possibilité de le cacher en partie, et l’autre partie de son visage était un outil de dissuasion efficace. Bref. Il pose sa main sur son visage et laisse Aoba faire les présentations.

- Je suis enchanté de vous rencontrer Madame, et Monsieur, fit d’abord Aoba vers la jeune femme en faisant une révérence puis en laissant un regard vers l’enfant et de faire très clairement semblant de sursauter, oh ! Wahou ! Mais tu sembles super fort, non vraiment pourquoi nous avoir appelé avec un garçon aussi balaise ? Alala, notre mission ne sera que de vous suivre, on n’aura rien à faire. Je compte sur toi mon petit Kiiro.

Il lui fit un clin d’œil avant de se relever avec un superbe sourire tout content de son effet et de sa blague de merde. Raido derrière leva les yeux au ciel avant de les poser sur la mère et tourner à nouveau la tête pour cacher sa cicatrice comme il peut des yeux du petit.

- Je me présente, je suis Aoba. L’homme que vous voyez derrière, c’est Raido. Il a peur de te faire peur Kiiro, à cause de sa cicatrice qui n’est pas très très jolie.
- Ao …, menace-t-il avant de rougir à peine une peu en regardant la jeune femme.
- Bon, allons-y ! Plus vite nous serons à Konoha, plus vite l’Hokage sera contente. Il n’est pas temps de l’agacer en ce moment. Elle nous a dit de pas trainer et de vous ramener le plus vite possible.

Il allait partir, comme ça, faire rebrousse chemin avant que Raido n’attrape son épaule pour regarder la jeune femme et le petit. Ils n’avaient rien avec eux ? Il se penche un instant et trouve un sac. Il le regarde et lance un regard aux alentours.

- S’il faut prendre plus, je peux porter, proposa-t-il en faisant bien attention que son visage soit toujours le côté sans la marque de brûlure.

Une mission qu’il avait « échouée ». Une rare mission d’assassinat, puisqu’en plus d’être normalement le garde du corps de l’hokage, il était un assassin hors paire, qu’il avait échoué. Il n’avait pas pu. Parce que c’était souvent qu’on entendait parler des enfants ninjas, des enfants tueurs. Il avait 16 ans, il était aussi un enfant mais il avait choisi cette voix pour faire le travail que personne ne voulait. Il s’était retrouvé à devoir assassiné un assassin, si ce n’est pas drôle, qui en avait après l’hokage. Seulement, cette assassin, une fillette de 10 ans, l’avait désarçonné et elle avait utilisé une technique de feu pour se défendre. Son visage et une partie de son épaule et son buste avait été cramé. Et son âme aussi, par la même occasion. Il avait réussi malgré tout à tuer la jeune fille alors même qu’il prenait feu. Mais l’image du corps d’un enfant transpercer l’avait marqué. Depuis, il était mal à l’aise avec les enfants, en plus de cette marque qui lui rappelait à jamais ce qu’il avait fait. Lui, il le savait désormais, il aurait tué le commandant Yamato. Lui, il aurait tué Tsugumi, Kimimaro, Anko, tous les enfants qui avaient été manipulé pour être des armes. Et il avait accepté d’en être une aussi. Pour la protection des autres, de Konoha et de ses habitants. Il fallait toujours un monstre, quelque part.

Bien que la probabilité que ces deux hommes soient des ninjas ennemis déguisés soit peu élevée, la jeune femme ne peut s'empêcher de les passer au scanner et de scruter leur moindre mouvement et attitude. Aussi elle ne manque pas le geste de dissimulation de ses cicatrices du plus discret des deux. Et c'est lui qu'elle regarde, même si ses prunelles font des allers-retours entre lui et le ninja nettement plus bavard qui s'adresse à son fils. Elle le surveille bien sûr. Elle a déjà repéré sa carotide palpitante, au cas où. Sait on jamais. Elle sourit à peine à l'amusement de Kiiro qui, lui, sourit et rit largement aux blagues vaseuses du ninja en face de lui. Elle lui caresse doucement la main de son pouce pour signaler au petit qu'il peut avoir confiance même si elle même se méfie encore un peu.

“Ouuaaaiiis je suis super super fort ! C'est moi qui protège maman !”

Misa hausse un sourcil perplexe en jetant un regard amusé au petit avant de revenir sur les deux ninjas qui déclinent leur identité. Aoba et Raido donc. Elle incline doucement la tête, son retard glissant à nouveau sur les traces que le second essaie de dissimuler en tournant la tête. Mais sans rien ajouter. C'est finalement à la dernière remarque d'Aoba que Misa réagit franchement. Elle rit doucement et reporte un regard un peu moqueur (faut l'avouer erm) sur Aoba, qu'elle regarde enfin pour de bon.

“Ahah oui, vous en faites baver à la pauvre Tsunade en ce moment. Enfin pas vous directement mais j'ai eu pas mal de retour sur d'autres ninjas de Konoha qui ramènent … des chiens errants.”

Même si elle dit ça avec une voix encore teintée de retenue et d'une légère méfiance, Misa sourit doucement. Dans sa bouche, les mots “chiens errants” n'ont rien de péjoratif. Ce sont ses préférés. Mais Tsunade avait fait le parallèle elle-même quand elle l'avait contacté pour se plaindre et lui avait demandé comment elle faisait pour gérer les animaux les plus sauvages parmi ceux que Misa recueille régulièrement. Donc elle se permet, hehe.

“Ouuaais !! On va voir Tata Tsu !
_ Oui, oui, on va voir tata Tsu.”

Puisqu'elle vient d'évoquer Tsunade, Kiiro réagit avec un enthousiasme non dissimulé. Il n'avait rencontré qu'une fois la Hokage, il y a quelques mois, quand ils étaient passés à Konoha après sa destruction, pour voir leur famille. Mais elle avait laissé une sacrée image dans l'esprit du petiot. En même temps, Tsunade est le genre à laisser une forte image à tout le monde, quelque soit cette image. Donc Misa se contente d'acquiescer et elle hoche la tête à la fois pour répondre au petit qui sautille à côté d'elle et à Raido qui lui parle de leurs affaires.

“On voyage léger pour cette fois. Vous pouvez juste prendre le sac, merci.”

Elle lui sourit doucement remarquant son attitude de la même façon qu'elle remarque quand Kiiro met ses mains sales derrière son dos pour ne pas se faire prendre. Mais Misa ne dit rien. Elle se contente d'un ”en route mauvaise troupe” à l'intention de son fils en se baissant devant lui. Le petit rit et lui grimpe sur le dos, et Misa lui chuchote quelque chose avant de se mettre en marche, passant sciemment de l'autre côté du ninja. Du côté de sa cicatrice.

“Même pas peur !”

Qu'ils lui chuchotent en cœur d'un ton fort décidé en passant à côté de lui, Kiiro lâchant les épaules de sa mère pour attraper son propre visage et faire une bien moche grimace à Raido. Et faire bien plus peur que lui. Enfin qu'il croit dans sa petite tête. Misa le fait sauter sur son dos, et le petit doit lâcher sa grimace pour se raccrocher aux épaules de sa mère pour ne pas basculer, ce qui le fait presque suffoquer de rire. Alors la jeune femme continue de sautiller tranquillement avec son ouistiti sur le dos qui se marre fort.

"Je n'ai pas assez de restes ninja pour suivre un rythme soutenu avec le petit sur le dos, mais je n'ai pas encore assez confiance en vous pour vous le laissez. Donc on fera avec pour l'instant.”

Voilà. C'est dit. Ils ne seront pas très rapide, certes, mais c'est strictement impossible pour elle de laisser l'un de ces deux quasi inconnus lui prendre son petit.

Aoba se penche et sourit encore vers l’enfant. Il confirme d’un hochement vigoureux de la tête que, en effet, il est super fort et pourrait protéger sa mère sans soucis. Il n’en doute pas. Et dans le cas contraire, s’il le peut, il fera en sorte que le petit le fasse. Après tout, pour le moment, le plus gros risque sera des cailloux ou des animaux pas plus. Raido le regarde et tous les deux pensent à la même chose. Il fait un signe de la tête avant de reprendre les affaires des deux protégés et de le mettre sur son dos. Aoba prenant la tête, il se mit plus en arrière alors que la famille finit par venir de son mauvais côté. Il se fige un peu, ralentis le rythme pour passer derrière eux mais cela ne se passe pas comme il l’entend. Il lance un regard et sa main retourne machinalement vers son visage. Il la cache malgré lui. Même si c’était l’inverse que ce qu’elle avait dit à l’instant. Il observe le petit et … malgré lui… un petit rire passe à travers ses lèvres. Un pouffement. Il n’aimait pas trop les enfants mais c’était plus parce qu’il ne se sentait pas apte à être proche d’un enfant. Il observe le petit et secoue la tête doucement alors que la jeune femme le fait sauter. Il entend le rire de l’enfant. C’est étrange. Il n’avait plus de mission avec des enfants depuis qu’il avait été considéré apte pour l’assassinat. Et il évitait de devoir les supporter, sauf quand il doit aider pour surveiller les examens ou les rares, très rares, court qu’Iruka lui demande de faire à l’académie. Raido finit par pencher la tête.

- Si jamais, nous sommes aptes à porter plusieurs personnes sans le moindre souci sur plusieurs kilomètres. On pourra vous porter portant votre fils si cela vous tranquillisé.

Aoba se fige, recule la tête pour faire un froncement de sourcil vers Raido et laissa passer un long soupir désabusé.

- Il est sérieux, qu’il explique, mais on espère que d’ici quelques heures ça ira mieux et qu’on n’aura pas besoin de vous porter tous les deux.
- Pourquoi pas ?
- Parce que c’est fatiguant ?

Aoba fit un clin d’œil à la jeune femme avant de faire un rire à son tour, à l’image de Raido. Ouais, leur échange superficiel et clairement inutile, c’était pour faire en sorte que la jeune femme se sente plus à l’aise. Si elle se rendait compte qu’elle parlait plus à deux amis venu l’aider qu’à deux ninjas, elle serait peut-être plus à l’aise. Raido aussi l’avait compris, alors il avait essayé de faire une phrase mignonne… mais Aoba était clairement plus à l’aise que lui. On aurait dû envoyer Kuro avec un enfant. Lui, l’enfant sera déjà en train de sauter sur son dos. Raido enleva sa main doucement et laissa le petit le regarder ou pas. Après tout, il l’avait fait pour lui, mais s’il ne le voulait pas, qu’est-ce qu’il y pourrait ?

- Je vous conseille de ne pas dire à Iruka que la femme de sa vie est un chien errant, souffla Raido alors qu’Aoba reprit la tête de la troupe. Récemment, il y a eu plusieurs arrivés de personnes ayant besoin d’aide, comme vous. Tsugumi en fait parti, Zabusa et Shinra aussi. Mais je doute que le terme leur plaise, même s’il est dit sans méchanceté et que vous vous considérez vous aussi comme tel aussi.

Non… parce que traiter Zabusa de chien errant, ça ferait faire un petit hochement de tête à Kakashi… parce que Kakashi était d’accord sur ça… Mais alors, si on ose traiter Tsugumi… Raido regarde le petit et sourit.

- Iruka sera ton professeur Kiiro. C’est un bon ninja très souriant, il est compétent et il aime les enfants. Je suis sûr que tu pourras t’amuser en classe, si tu as l’envie de suivre ses cours.

Il partait trop du principe que tous les enfants veulent devenir ninja… mais il était vrai qu’il existait plusieurs écoles où les professeurs étaient « normaux » et les élèves de simples civiles. Le petit pouvait ne pas vouloir être un ninja. Il observa la mère, qui semblait de bonne constitution et assez forte pour tenir un petit assez longtemps sur ses épaules. Sa manière de les avoir jugés aussi. Et de les avoir analysé avant même qu’ils ne viennent lui parler. Il remonte les yeux vers elle, observe son visage et se demande pourquoi il avait l’impression d’une familiarité étrange. Il secoue la tête.

- Quoi qu’il en soit, on aura le temps de tout préparer pour votre protection à Konoha. Toutes les personnes qui ont demandé asile à Konoha ont été vérifiées, ils ne sont pas dangereux. Vous pouvez nous faire confiance.

Et il ne sait même pas pourquoi il dit tout ça. Il a l’impression de le devoir. Peut-être parce qu’il n’aime pas l’idée qu’un enfant n’ai pas peur ? Ou que ça le sort de ses habitudes. Ou parce que, même s’il était d’un genre calme, le fait est que tout le perturbe en ce moment, et qu’il fait de plus en plus de cauchemar…

Misa regarde les deux drôles d’oiseaux de Konoha discutailler de la pénibilité d’avoir à les porter, ajoutant juste un petit “tss, je suis pas si lourde” faussement outrée quand Aoba affirme que les porter serait fatigant. Elle pouffe doucement et secoue la tête en les regardant se marrer. S’ils ne sont pas (presque) mignons ces deux-là … Kiiro s’indigne lui aussi en prétendant que même lui pourrait porter sa mère (bah bien sûr) et fait des grands sourires aux deux hommes. Les ninjas, pour lui, c’est un peu comme des super héros. Des gens qui aident les autres et qu’il n’a jamais vraiment vu en vrai. Alors il est très attentif à leurs moindre faits et gestes. Fasciné le petit. Alors il ignore la part qu'il ne comprend pas, sur les chiens errants, à laquelle sa mère se contente d’hocher la tête avec un sourire un peu ambigu en coin. Lui s'intéresse plutôt à la suite. Cet histoire d’Iruka, prof ninja. Son prof ? Hein ?? Le petit ouvre de grands yeux brillants et ouvre la bouche … avant de se calmer la seconde d’après et de dire très sérieusement :

“Maman veut pas que j’sois ninja.”

Misa se fige à peine. Marque un très bref temps d’arrêt dans sa démarche. Pas perceptible pour le gamin qui se bascule de droite à gauche sur son dos, mais nettement plus par les deux ninjas à côtés d’eux. La jeune femme fronce doucement les sourcils. Non, clairement, elle n’a pas envie. Mais … il ne lui semble pas l’avoir jamais formulé à voix haute. C’est plus un non-sujet qu’autre chose. Non ? …

“Je- j’ai jamais dit ça …
- Non. Mais t’aimes pas les ninjas.
- Mais non, Kiiro. Je n’aime pas être ninja.
- C’est quoi la différence ?
- Tu aimes les épinards ?
- BBEEUUUURK !!
- Donc tu détestes les gens qui aiment les épinards ?
- Bah non !
- Bah voilà.”

Illumination sur le visage du petit après un temps de réflexion intense sous ses mèches brunes. Il pousse un long soupire de compréhension avant d’hocher la tête et puis il tourne la tête vers Aoba.

“C’est dommage que maman soit plus ninja. Parce qu’elle est trop forte pour viser avec ses claquettes.”

Misa retient misérablement son rire qui part dans un grognement de cochon peu gracieux avant qu’elle ne rit pour de bon. C’est parfaitement vrai. Une vraie pro pour viser l’arrière des crânes avec ses savates. Mais l’image d’un véritable ninja spécialisé dans le lancer de chaussures la fait fort rire. Un escarpin bien placé, ça peut faire largement autant de dégâts qu’un kunai. Ça arrivait presque à la convaincre de se relancer dans cette carrière, tiens. Lancer des chaussures. Invoquer des chaussures. héhé. Ça la fait rire toute seule encore un peu, et puis elle tourne un visage plus détendu (malgré son sourcil septique en l’air) vers Raido qui s’adresse de nouveau à elle.

“Ouais … j’avoue que vos nouveaux, mh, drôles de loustics ne me rassurent pas vraiment. Mais bon. Je n’ai pas franchement d’autre choix … et je fais confiance à Tsunade.
- C’est la meilleure tata Tsu.”

Kiiro surenchérit et la jeune femme acquièsce d’un mouvement de tête. Si l’Hokage dit que les nouveaux drôles de loustics sont ok, Misa la croit. Et puis comme dit, elle n’a pas bien le choix. Il n’y a absolument personne d’autre à qui elle pourrait demander de l’aide sans prendre de risques. En vrai, même Konoha est un risque. Orochimaru vient bien de là. Le regard de la jeune maman s’assombrit et elle frissonne en pensant aux expérience du vieux psychopathe sur les enfants et le mokuton, et à la présence de son ancienne … femme de main. Meh. Misa grimace carrément, comme si elle avait croqué dans un fruit trop acide et soupire. Si, si, on a dit qu’on fait confiance. Elle gardera juste Kiiro loin de la fille du serpent. Misa soupire et reprend à l’attention de son fils :

“Si tu veux aller dans la classe d’Iruka-sensei, tu pourras essayer Kiiro. Et si tu n’aimes pas tu pourras arrêter. On verra en temps voulu.”

Le petit essaye de contenir sa joie en pinçant ses lèvres, parce qu’il sait, il sent, il entend dans l’intonation de sa mère, qu’elle n’est pas emballée par tout ça. Mais lui l’est, et il ne peut s’empêcher de frétiller comme un poisson sur son dos. Misa sourit doucement en le sentant faire, mais lance un regard de tueuse à Raido, articulant sans le moindre bruit, pour qu’il puisse lire sur ses lèvres :

“S’il lui arrive quelque chose, je te tue. Crois-moi qu’une maman en colère a beaucoup plus de ressources qu’un ninja expérimenté.”

Ouais, ouais, ce serait pas de la faute de Raido. Mais c’est lui qui a lancé l’idée. Et il faut bien un coupable à tabasser.

Raido observe le petit en fronçant les sourcils. Sa maman ne voulait pas qu’elle soit ninja ? C’était en effet une peur que la plupart des mamans avait…Mais… Il y avait quelque chose de plus. Il observe rapidement la jeune femme, sent sa surprise et regarde ailleurs. Il se dit qu’il avait dû faire une bourde. Voilà pourquoi on laisse normalement Kuro s’occupait des enfants… Voilà aussi pourquoi il était un assassin, pas un babysitter. Il n’avait aucune idée de comment parler aux enfants hors des quelques cours qu’il faisait avec son tortionnaire préféré. Il essaie de faire un petit sourire.

- J’espère ne jamais être attaqué par les claquettes alors.

Plus loin, Aoba se mit à rire un peu. Raido lui envoyant un regard de tueur avant de s’occuper à nouveau de la discussion. Il avait fait un impair ? De toute évidence, il devait se souvenir que toutes les mamans voulaient protéger leur enfant. Lui… Cela n’avait pas été le cas. Il approcha sa main de son visage. Sa mère ne l’avait jamais aimé. Et il se souviendra toujours du regard qu’elle avait jeté sur sa cicatrice en le voyant des années plus tard. Elle était heureuse de sa souffrance. Pas une mère comme cette femme, donc. Il réfléchit tranquillement et calcule ce que sa mère aurait préféré qu’il subisse avant de revenir vers la discussion sur Tsunade. Il hoche la tête. Il avait une absolue confiance en la nouvelle hokage. L’ancien avait fait ses erreurs, les autres aussi… mais Tsunade n’avait jamais été une cheffe qui n’écoute pas, ne soutienne pas, ne prévienne pas. Il appréciait réellement savoir que la jeune femme respecter son hokage.

- On peut lui faire confiance.

Il ressentit un petit pincement au cœur face à la douceur de la jeune femme. Ouais… Il faudrait que tous les enfants puissent avoir un parent comme la jeune femme. Ce qui n’était pas le cas. Aoba lança un regard à son ami et continua le chemin en silence. Il savait bien plus sur la vie de Raido que ce qu’il n’était bon de savoir. Ce dernier continua de regarder la jeune femme et surprit ses paroles silencieuses alors qu’il baissa la tête pour accepter cette menace. Il remonte son regard vers elle, le plante dans ses prunelles pour qu’elle puisse y lire son absolu sincérité. Et de la même manière qu’elle, en silence et en ne bougeant que les lèvres, il lui répond.

« S’il lui arrive quelque, je te laisserais faire ». Il laissa un temps avant de poser les yeux sur l’enfant. Il n’avait jamais pensé à avoir d’enfant. Parce que quand il pensait aux enfants, il pensait irrémédiablement aux parents… Et il ne pourrait jamais être un parent. Il ne serait pas faire. Il était un assassin, élevé ainsi…. Et puis, les assassins qui devenaient des parents, ils avaient eu au moins un exemple dans leur jeunesse pour leur montrer quoi faire. Lui, il ne pensait pas que recopier la manière de faire de sa mère soit une bonne idée. « Il ne lui arrivera rien », reprit-il en silence avant d’observer les nuages.

- Si vous avez des questions sur quoi que ce soit, je peux y répondre, proposa-t-il à l’un comme l’autre pour diminuer sa peur et la préparer à ce qu’il sera peut être.

Bien sûr, bien sûr qu’elle peu faire confiance à Tsunade. Aux autres c’est plus difficile. D’autant que l’Hokage peut difficilement être derrière chacun des ninjas de son village et les empêcher de faire des bêtises. Elle en sait suffisamment comme ça Misa, à force d’écouter ou de lire sa tante se plaindre des frasques du fils du quatrième du nom. La brunette et Kiiro suivent les histoires de Naruto presque comme un feuilleton télé tragi-comique. Le petiot n’a d’ailleurs pas encore fait le lien entre le fait d’aller à Konoha et le fait de pouvoir peut-être rencontrer en vrai le blondinet. Tant mieux. Déjà parce que ça ne ferait d’augmenter l’excitation du gamin. Et parce qu’elle compte bien lui cacher le plus longtemps possible, avant que Kiiro n’aille harceler ce pauvre Naruto comme une groupie. (Et que ce dernier l’embarque dans ses conneries. Comme avec Konohamaru. Oui, oui, elle sait plein de trucs sur la vie Konoha, Misa. Vu qu’il n’y a plus ou moins qu’auprès d’elle que Tsunade peut aller se plaindre héhé). Bref. Misa hoche la tête, n’empêche qu’elle menace quand même Raido.

Et sa réponse la surprend. Ca se voit clairement à ses sourcils qui s’élèvent par dessus des yeux qui s’arrondissent deux secondes avant de se plisser quand la jeune femme sourit finalement. Amusée, rassurée et … avec une once de vice dans le regard oui. Celui qu’on peut avoir quand on aborde un sujet plus sensuel. Elle détourne le regard et se marre tout seule en silence, puis secoue doucement la tête. Oui ça l’amuse ce genre d’idée, y a quoi ?! Le bout de sa langue glisse furtivement entre ses lippes pour le redonner une contenance plus sérieuse et Misa s’éclaircit légèrement la gorge avant de répondre :

“Merci, Raido. C’est gentil. … T’as des questions, crevette ?”

Elle fait sauter Kiiro en relevant les fesses, pour attirer son attention. Le petit réfléchit à peine une seconde avant de demander :

“Je pourrais apprendre le rasengan ??!”

Bah tiens … Pas très loin dans sa tête le blondinet Uzumaki.

“Non.
- Mais pourquoooiiiii ??
- Parce que t’es une crotte de nez.”

Kiiro proteste fort en faisant mine de tirer les mèches de sa mère qui rectifie la question de son fils à l'attention de Raido.

“Qu’est-ce qu’un enfant de presque cinq ans, peut apprendre à l’académie Ninja ?”

Elle a bien entendu une idée de la réponse, mais elle préfère que ce soit le vrai, grand, beau (?? … on se calme ? non mais.) ninja en personne qui réponde au petit. Laissons faire les professionnels, héhé. (Ou alors c’est juste qu’elle aime bien l’entendre parler ? Erm.) Bref, elle le laisse, lui, répondre à Kiiro. Misa, elle, tourne la tête vers Aoba, nettement plus silencieux qu’à leur arrivée où il faisait office d’interlocuteur avec un Raido plus ronchon. La jeune femme remarque que la vapeur s’est inversée, à la différence près qu’Aoba semble plus amusé par la situation qu’autre chose. Alors elle lui adresse un regard interrogatif avant d’esquisser un sourire et de lui chuchoter :

“C’est pas un grand bavard d’habitude, c’est ça ?”

Elle n’est pas le seul à être surpris. Il était presque sûr, le presque étant pour ménager son égo, que la jeune femme avait eu un regard… sensuel ? Vers lui. Il en était presque certain. Et c’était un peu étrange, tout de même. Il secoua imperceptiblement la tête. Non. Si on devait faire ce genre de regard, ça devrait être pour Aoba, pas pour lui. Donc il avait dû rêver, tout simplement. Et Raido se surprend à remarquer la langue de la jeune femme qui passe sur ses lèvres. Il cache très bien l’effet que ça venait de lui faire, entre l’envie et l’appréhension. Il n’était pas le genre à se laisser dicter par ses pulsions… Il n’était pas comme Genma, lui. Ou pire comme Kakashi. Il était bien plus « calme ». Sur ça… il ne voit pas bien qui pourrait avoir envie de caresser son visage, et il n’imagine pas une relation sérieuse avec quelqu’un qui se retrouve dégouté par lui. Encore une fois, l’image du dégoût de sa mère se fit sur son esprit et il se concentra sur la suite de la conversation. Il regarde l’enfant.

- Presque cinq ans ? Je pensais que tu en avais au moins treize ! fit-il semblant de s’étonner avant de remarquer le regard d’Aoba et de reprendre une expression neutre. Pour ton âge, il y a des cours pour apprendre à bien viser, avec des objets tout à fait inoffensifs, de la maîtrise pour le corps, la base du chakra mais de manière ludique. Iruka Sensei n’aime pas que l’on apprenne à des enfants à être des ninjas tout simplement, il fait en sorte que ça vous amuse. Il vous apprend aussi les signes ninja pour vous familiarisé avec vos mains.

Parce qu’un enfant qui n’a pas une bonne dextérité, ça n’existe pas réellement. Les enfants apprenaient vite. Et il était plus facile de leur apprendre des techniques toute mignonne (et inutile, comme le fait de faire une mini boule de lumière) quand ils sont enfants que plus tard. De son côté Aoba regardait Raido un instant. Il savait qu’il n’était pas allé à l’école à cinq ans. En réalité, Raido était apparu dans la cours à l’âge de sept ans, sans que « personne » (sauf les adultes) ne sachent qui il était réellement. Aoba l’avait toujours trouvé triste et discret, comme s’il voulait être oublié. Il se penche vers Misa avec un sourire pour lui répondre.

- Cinq mois, cinq jours et douze heures, c’est le record de temps qu’il a tenu sans parler… et encore, je n’ai commencé à compter que quand j’ai remarqué que sa voix me manquer.

Raido, qui parlait avec le petit, tourna la tête vers Aoba en fronçant les sourcils. Un. Il avait entendu. Deux. Pourquoi diable précisait-il son record comme s’il était plus impressionnant encore ? Aoba se remit plus droit et sourit vers son cher ami avant de lui faire une grimace. Raido haussa un sourcil et reporta son attention sur l’enfant.

- Après, Iruka sensei pourra faire en sorte de te mettre dans un groupe d’enfant. C’est… une façon de te proposer des amis. La plupart du temps, ils ne se trompent pas. Je n’en dirais pas tant pour les professeurs de notre époque…

Et il lança très clairement un pique vers son ami, pour lui rappeler qu’ils ont été coincés ensemble dès qu’il fut arrivé. En réalité, il était ami avec ses amis (logiquuuuue) mais il ne le dirait jamais. Encore moins alors qu’il se moque de lui envers la jolie maman (et il n’essaie même pas de savoir pourquoi ça le dérange que l’on se moque de lui, auprès d’une femme qu’il vient de rencontrer).