Cela faisait une éternité que TJ n’avait pas vu l’oncle Orlando. Enfin, oncle, c’était une bien grand mot comme il l’avait expliqué à Rose dans l’avion. C’était en réalité un très bon ami de jeunesse de sa mère qui avait fait fortune dans le monde de la nuit. Ensemble, ces deux là avaient fait les 400 coups avant que Camilla ne se marie. Après son divorce cependant la matriarche alcoolique avait trainé son fils unique à sa suite et à la rencontre de cet homme haut en couleur (avec un bronzage cuir-center) dans les plus grands palaces de la coté d’Azur (entre autres).  

Orlando avait prit sa retraite depuis quelques années et coulait des jours paisibles dans sa belle demeure sur les hauteurs de Monaco. En tout cas le sexagénaire avait des gouts discutables en matière de décorations. Il n’y avait rien de plus outrancier, de plus kitch et de plus clinquant que cette maison. Les fausses colonnes grecques dorées autour de la piscine monumentale avec des mosaïques douteuses, et les sculptures de tritons dans un style antique, n’étaient qu’un petit échantillon du mauvais goût et de la surcharge générale. Orlando ne faisait pas tâche, et tout comme Camilla, lui aussi avait une affection particulière pour les imprimés animaliers et le scotch.

Malgré tout, même si ce personnage en faisait sourire plus d’un, TJ l’admirait bien plus que nombre de personnes. Peu savait profiter de la vie sans demi mesure malgré les critiques et les jugements de la société. C’était un homme de spectacle, vieux et sec comme une momie, mais chaleureux et ouvert à toutes les excentricités. Le docteur n’avait pas douté une seule seconde que Rose s’entendrait à merveille avec lui. Surtout que sa descente n’était plus à prouver…

Ils furent d’ailleurs accueilli avec des cocktails par le « majordome » en costume à paillettes. Orlando leur avait laissé un message : il ne pouvait être présent, mais il les attendaient le soir même au Gold-Coco-Cherry. Il avait réservé la meilleure place pour eux. C’était le nom de son club sélect à Monté-Carlo si le docteur se souvenait bien. Cela voulait dire champagne, spectacle et… Non, il préférait que Rose découvre par elle même dans quoi elle s’embarquait.

Trop fatigué pour piquer une tête, TJ préféra commencer par une sieste. Lorsqu’il émergea il était 20h, heure locale. Le pavillon des invités se trouvait à coté de la maison principale et avait une vue imprenable sur la ville et la mer en dessous. Le docteur prit son temps pour admirer la vue depuis la terrasse commune. Il s’étira, une longue soirée était à venir mais il avait rechargé une bonne partie de ses batterie. Cela ne serait pas de trop sans doute. Il se demanda si Rose était elle-aussi parvenu à prendre un peu de repos dans sa chambre de « princesse ». L’oncle avait bien compris qu’ils n’étaient pas « vraiment » un couple, si bien que leurs chambres étaient côte à côte, partageant la terrasse, mais pas commune. Il avait aussi dit « tu trouveras ton Angelo, avec ou sans la moustache ». Et à bien y penser, l’homme lui avait peut-être déjà trouvé un prétendant potentiel à lui présenter. Il chassa cette idée et revient à Rose. Il fallait peut être la réveiller s’ils voulaient être au rendez-vous.

« J’espère que tu as prévu un pyjama. Ou pas… » déclara-t-il en entrant en trombe dans la chambre voisine avec un sourire amusé qui transparaissait dans sa voix. Et sans aucune tendresse il sauta sur le lit.  

Des vacances bien méritées pour la tatoueuse et son acolyte, durant leur fausse lune de miel suite à leur mariage qui n'a pas eu lieu. Les jours qui ont suivi elle s'est fait réprimander par ses amis qui avaient attendu ce jour avec impatience. Mais la mariée avait fuit avec son futur mari, préférant aller manger du fast food que dire oui. Et ça avait été la meilleure décision de sa vie. Malgré l'argent à gagner par cette émission télé qui les voulait mariés, elle ne voulait pas se marier avec lui de cette manière s toutefois elle avait envie de se marier avec lui. C'était une journée fantastique, libérée soudainement d'un poids, Rose avait donc dit oui à ce voyage de noces. Elle avait dormi tout le trajet dans l'avion jusqu'à atterrir en France. Et leur voyage se  terminait donc à Monaco chez l'oncle de TJ. Comme à peu près 98% de sa famille sans doute, des gros friqués, elle avait observé sa baraque avec la mâchoire déboîtée, venant contempler les détails des mosaïques avec son cocktail à la main. Oh elle n'avait pas perdu de temps pour aller ensuite dans la piscine, pendant que TJ dormait. Un coup de bronzette et elle était retournée dans sa chambre pour dessiner. Malgré la distance elle reçoit des demandes de rendez-vous. Mais pour l'envie inexistante de leur répondre elle créée quelques flashs pour se donner bonne conscience. Et puis dessiner c'est toujours agréable, relaxant, surtout les mandala qui demandent une symétrie parfaite. Plongée dans le silence, la douce brise marine s'engouffre dans les rideaux, elle a une jolie chambre mais pour autant elle ne se sent pas encore tout à fait à l'aise. Peut être ce tableau qui la perturbe, accroché en face de son lit. Elle se demande si comme dans les films il y a des trous dans les yeux pour qu'on puisse l'observer. Rose se lève pour coller un papier dessus, juste au cas où.

Puis elle revient se glisser dans les draps, l'oreiller contre son dos pour la tenir assise et elle reprend sa feuille et son crayon. Et TJ fit irruption dans sa chambre, elle poussa un cri de surprise alors qu'elle était tranquillement en train de retravailler un de ses flash. Le crayon fit un trait disgracieux sur son motif ornemental et elle soupira, déçue d'avoir tout raté. « TJ ! Fais un jingle avant d'entrer que je puisse au moins sauver mes dessins ! » C'est une erreur de vouloir gommer à froid, elle risquerait de tout gâcher. Elle laisse donc le dessin de côté, et à sa question il connaît déjà la réponse, elle dort nue la plupart du temps et est donc nue sous la couverture. Elle le lui montre en venant retirer la couette une demi seconde avant de la ramener sur sa poitrine pour pas qu'il n'ait le temps de tout détailler, juste avoir l'idée d'ensemble. Et malgré les tatouages les coups de soleil sont apparents. C'est qu'elle oublie des fois qu'elle est un phototype clair avec sa peau de rousse et qu'elle supporte très mal le soleil, un spf 50+ n'est pas suffisant clairement. « Tu sais bien que je vivrais à poil si je le pouvais ! » Elle se jette sur TJ pour faire le frigidaire comme elle aime le faire, des chambres séparées c'est une torture pour un koala qui ne vit pas sans son eucalyptus. Elle l'enserre, besoin soudain d'affection, mais surtout pour l'embêter un peu. Deux chambres séparées c'est inutile de toute façon, elle sait qu'elle finira par aller le rejoindre dans la nuit si ce n'est pas lui qui le fait. Parce qu'elle est persuadé au fond qu'il s'est habitué à dormir avec le poids d'un frigidaire sur lui. Depuis le temps qu'ils passent leurs nuits ensemble, elle a l'espoir que ce soit lui le premier qui vienne.

Elle attrape le mot que l'oncle Orlando a collé sur sa vitre dans l'espoir qu'ils le voient avant l'heure du rendez-vous puis le colle le sur le front de TJ dans un rire moqueur. « On est invités ce soir au coco-cherry-gogo-club. Heu...Gold-coco-cherry. C'est quoi ce nom ? C'est une boite de strip tease ?? » Se corrige t-elle en venant relire le mot. Un poil encore hésitante sur certains mots concernant la lecture surtout quand il s'agit de lettres écrites à la main.

«  C’était ça le jingle, déclara le docteur comme si c’était une évidence. Et un jingle c’est court. » Ce qui sous entendait, fallait être plus réactive ou prévoir ce genre d’interruption. « On dirait qu’on se connait depuis hier. Tu le sais pourtant que je suis un mauvais garçon dans le fond. » Parce que si TJ avait le métier, le style, le compte en banque et le savoir parlé du gentlemen idéalisé… On en était très très (très très) loin en vérité. Un bout de sein apparu et disparu dans les draps de satin parme. Ue image qui ne lui échappa pas malgré son coté fugace. La pelleteuse et sa fresque de tatouages détonait tellement dans cette atmosphère si girly, si flashy et si putassière que s’en devenait esthétiquement intéressant. C’était presque une madone fétichisée par David Lachappelle. Un fin sourire étira ses lèvres plissant lentement ses yeux tandis qu’il fixait la madone aux tatouages et toutes ses taches de rousseur de sortie. Une vrai une d’art moderne. «  Tu sais aussi que tu aurais aussi pu donner un tour de clé. » Glissa-t-il finalement.

Mais la seule chose qui lui ferma son clapet fût la madone frigidaire qui l’écrasa dans les oreillers en fourrures synthétiques lilla et fuchsia éparpillées sur le lit. Parfois il se demandait comme il en était arrivé là. Sa vie n’avait jamais eu rien de « normal » mais on touchait parfois à la fiction. A croire que d’une minute à l’autre un « coupé » aller retentir.« Tu auras bientôt un cadavre sur les bras à cacher. » exagéra le docteur grossièrement. Au fond, il était un peu perdu même s’il savait mieux que quiconque faire face à l’absurde de la vie… TJ avait une décision à prendre et il comptait sur ses vacances pour l’aider, et… pourquoi pas, convaincre Rose de s’embarquer dans cette aventure avec lui. Il y avait même des étoiles luminescentes et des paillettes au plafond constatât-il dans un soupir.

Puis le Gold-truc-binz vint sur le tapis. Oui, effectivement le nom ne lassait pas vraiment place à beaucoup d’alternatives « folkloriques ». Enfin, d’après ce que Rose en avait déduit elle s’était tout de même trompée. Vu la tête de TJ qui garde un semi sérieux mais à les yeux qui brille d’hilarité elle pouvait deviner que ce n’était assurément pas un restaurant qui servait des mets exotiques. Enfin… si… en un sens, oui. Il haussa les épaules. « Aucune idée, je n’y suis jamais allé non plus. » Ce qui était parfaitement exact. Cela dit, TJ connaissait assez bien l’oncle Orlando et les résumés de vacances à rallonge de sa mère pour avoir une bonne idée de ce qui les attendait. « Je te conseille de mettre beaucoup de maquillage et de prendre ta voix la plus grave. » Ce qui donnait un petit indice. « Je ferais mieux d’aller prendre ma douche et me préparer. » ajouta-t-il en se redressant du mieux qu’il pouvait avec Rose qui prenait sa dose d’affection. « Je dois être à mon top pour attirer mon prince charmant. »

Rose éclate de rire, non ça c'était un jingle mais elle ne peut pas lui en vouloir, elle aime tout autant le surprendre à la façon d'un screamer. Elle lui fait donc deviner qu'elle est à poil sous la couette, et sait que sa rousseur lui plaît. Elle en joue, juste un peu, c'est vrai que sur certains aspects elle aurait aimé que ce mariage soit un vrai et non une comédie montée de toutes pièces. Ça leur a créé des problèmes, elle a même cru perdre son amitié a un moment, mais voilà Koala et son eucalyptus de nouveau comparses comme les deux doigts de la main alors que rien ne laissait présager une telle amitié entre deux énergumènes de la sorte. Avoir été faussement marié comporte d'abord l'avantage d'un  faux voyage de noces, il faut dire que le climat ici est très agréable malgré les coups de soleil qu'elle a pris et elle a hâte de voir si la bouffe française est aussi bonne qu'on le prétend. Sa culture générale s'arrête aux stéréotypes, il ne faut pas lui en vouloir d'avoir été cancre à l'école, parce qu'elle n'était pas aidée et jusqu'à il y a peu elle ne savait même pas lire correctement. Disons qu'elle se soigne et que pour ça, TJ est un très bon professeur.

C'est bien pour ça que ce serait intéressant de voir si gogo coco était une boite de strip tease, au moins elle trouvera plus bête qu'elle. Elle ne sait même pas quoi porter, TJ évoque le dress code par le maquillage chargé à souhait mais elle n'a pas envie que son fond de teint fonde comme neige au soleil. Elle trouve ça dégueulasse les filles qui s'en rajoutent par dessus, c'est presque à dire qu'elle en est devenue phobique. Comme si toute cette matière pouvait prendre possession, c'est comme avoir une pieuvre sur le visage avec ses tentacules qui ventousent la peau. Rien que d'y penser elle aurait rendu son déjeuner dans le lit. Heureusement il y aurait eu TJ pour faire un excellent réceptacle. « Ouais je ferai ce que je peux... »En parlant de chose collante, sa séance de calin toujours est difficile à vivre pour TJ, elle ne voit pas de quoi il se plaint, il a l'habitude et ça lui donne encore plus envie d'aller squatter son lit la nuit venue, pas dit qu'elle soit capable de dormir seule en le sachant pas loin, c'est toujours mieux de dormir avec quelqu'un surtout si c'est TJ, il est pas mal confortable.

Un jeu pour elle de l'empêcher de s'extirper de ses bras, et elle se fait constrictor, plus il se débat, plus elle serre avant de finalement le relâcher. Elle sort d'entre les draps, en tenue d'Eve, s'empresse d'aller dans la chambre de TJ pour s'enfermer dans la salle de bain. Hors de question qu'elle utilise le gel douche qui pue le vanille et la fraise avec des paillettes dedans, elle préfère les senteurs plus masculines et TJ s'il n'a pas la foi d'attendre n'aura d'autre choix que de s'y plier. Bien sûr elle a omis de lui préciser, alors s'il rentre dans sa douche il découvrira les produits au dernier moment. Elle utilise la radio de douche pour trouver une radio métal qui fera bien assez de bruit au cas où TJ vient rouspéter à la porte et la menace de lui coller un procès.

Les démonstrations d’affections du type « câlin écrasant » n’avait jamais été dans la culture des Waldorff Askott. C’était sans doute un truc de « prolétaires », sans vouloir paraitre offensant. Simple constatation que les personnes avec une éducation supérieure était trop intellectualisé pour se laisser aller à de telle effusions corporelles. En bref, c’était mal vu… alors que pourtant la psycho-pediatrie avait démontré les effets positifs d’une telle proximité chez les nouveaux-nés. Tout ça pour dire que TJ n’avait pas été bercé à ce grain là et que par conséquent il lui manquait cette petite case pour apprécier pleinement sans se plaindre, même s’il avait suffisamment conscience de tout le reste pour prendre les choses comme telles. Entre Rose et lui existaient beaucoup de stéréotypes qui cohabitaient et se contrebalançaient avec le temps, pour le meilleur dans certains cas, ou peut-être… pas.

C’était aussi ça sa vérité, le docteur était très contrôlant, se posant en observateur externe. Ainsi observer Rose se balader dans le plus simple appareil ne lui posait aucun cas de conscience. On appréciait mieux le spectacle sans gêne et sans états d’âme. Enfin… c’était quand même étrange que Rose aille dans sa chambre… Un doute l’assaillit un peu trop tard car la porte de SA salle de bain était déjà fermé à double tour lorsqu’il compris. Pas être sur de son hypothèse TJ jeta un oeil suspicieux à la mosaïque mauve, crème et turquoise de la baignoire. Effectivement l’oncle Orlando n’avait pas fait les choses à moitié concernant le service « comme à l’hôtel ». Avec un peu de chance l’allure de ce gel douche n’était pas à l’image de l’odeur, et du reste. TJ huma et en arriva aussitôt à cette conclusion : c’était parfait pour le thème imposé de la soirée que ce parfum floral sucrée se trouva en ses mains.

Mais sincèrement TJ n’était pas sur de vouloir endurer ça. Après une brève analyse il restait 3 autres options. Ne pas se laver ou attendre que Rose ai fini, ce qui entrait dans la case manque de classe évident ou arriver avec du retard. Ni l’un ni l’autre n’excluait la possibilité de remplir son lit néanmoins, et Rose n’aurait qu’à faire le koala toute seule. C’était une vengeance que TJ hésita une longue minute à mettre en pratique. Mais…. à tout prendre la dernière option ne paraissait pas la plus mauvaise. Et quelques secondes plus tard il frappait doucement à la porte de la salle de bain. « Je peux te frotter le dos. Et j’ai mieux, beaucoup mieux à offrir pour ce soir. » Il força un peu sur la voix pour couvrir la radio. « Tant pis pour toi sinon » Les options 1 et 2 étaient toujours en attente dans un coin de son cerveau.

C'était une bonne idée ce faux voyage de noces, juste le fait de ne pas être dans son environnement habituel ça relaxe énormément et elle trouve quelques autres sources d'inspiration. Le paysage ne ressemble pas à celui de à où ils vivent en temps normal, et c'est dépaysant, agréable, on se sent réellement en vacances et puisqu'elle n'a pas eu trop l'occasion de partir, elle découvre ce qu'est cette sensation. Elle aurait voulu aller en vacances avec sa famille, son père avait l'habitude de dire qu'ils sont déjà au milieu de nul part c'est comme s'ils étaient tous les jours en vacances. Rose avait beau aimer les animaux du ranch, elle aurait voulu visiter d'autres lieux avec sa famille, prétendre qu'ils étaient normaux Tant pis, c'est avec TJ qu'elle risque de voyager le plus et sa première sortie de l'Amérique du nord se passe plutôt bien. Elle a hâte d'aller se balader, jouer la touriste et prendre des photos. Et donc le moment venu de se préparer pour cette soirée dans ce qu'elle espère être un clup de strip tease pour en voir de partout, c'est la salle de bain de TJ qu'elle utilise, se demande si cela le met en rogne ou s'il s'en fou totalement. En attendant qu'il décide cela, elle se met sous l'eau et profite.

Elle chante sous la douche, s'en donne à cœur joie, la douche est tellement bien qu'elle ne sait pas comment elle va trouver la motivation de sortir de là. Elle ne savait pas qu'il pouvait y avoir autant de choses dans une douche, un endroit aussi banal qui est juste là pour se nettoyer quotidiennement qui peut devenir une thalasso à elle toute seule. Elle est d'ailleurs surprise par les jets qui sortent du mur, pousse un petit cri et veille à ne pas glisser.  C'est bien d'être riche parfois, même si elle trouve ça légèrement exagéré et que ça fait consommer des litres d'eau. Elle se promet de ne jamais avoir un tel appareil mais décide quand même d'en profiter au moins une fois dans sa vie. Sa crinière rousse dans le shampoing, elle entend la voix de TJ étouffée derrière la porte. Elle coupe alors l'eau et lui demande de répéter ce qu'il vient de dire. Il parvient à la convaincre à « frotter le dos » y'a rien de mieux qu'une assistance pour cette tâche particulièrement chiante quand on a la souplesse d'un poteau électrique.  Elle ouvre la cabine de douche et se penche pour déverrouiller la porte et le laisse entrer. Son regard trouve le sien, curieuse et un fin sourire espiègle sur les lèvres. « Qu'est ce que tu peux m'offrir de mieux que me frotter le dos ?»

Bien sûr elle pense à du cul, il la connaît bien assez pour savoir qu'elle a l'esprit toujours mal tourné, mais elle en doute, si il dit ça il y a forcément anguille sous roche et elle se demande s'il n'est pas simplement en train d'essayer de se venger du fait qu'elle ait annexé sa salle de bains. Rose rentre dans la cabine, sous les jet d'eau et rince son shampoing. « Vas y je te frotterai le dos aussi si tu veux, y'a assez de place pour deux de toute façon ici, c'est la piscine de Vancouver la taille là. »

Mais il pouvait lui offrir bien plus... comme ce voyage exotique en Europe. Des magnum de champagne, des cours de ski nautique en slovaque, un massage à la crème fouetté et aux morilles (Oui c'était soit disant ça la dernière mode aux "Thermes de Poseidon" à l'angle de la 4ème) et pourquoi pas une partie Scrabble spéciale position du Kamasutra ? Voyez donc comme TJ en avait des choses à lui offrir ! Il était effectivement un peu question de cul... mais pas tout à fait de la façon dont elle l'entendait. Même pas du tout. Il avait toujours une solution pour calmer les ardeurs de la rouquine cela dit.

"Je suis pratiquement sur a 96.66% que j'ai un vibro masseur encore dans son embalage dans le tiroir de ma table de nuit. Je peux aller te le chercher avec un verre de whisky." Une proposition on ne pouvait plus sérieuse. "Ou juste du démêlant." Sourit-il espiègle, avant d'enchaîner en miaulant comme une certaine animatrice shopping "C'est la cata ma chérie". TJ savait très bien passer le peigne sans faire mal et faire des tresses africaines (ne demandez pas comment ou pourquoi l'histoire serait trop longue et demanderait un roman de gare à elle seule).

Probablement que dans un autre contexte du type "club de vacances naturiste" pendre des douches à poil avec sa meilleure amie (avec le temps il aurait été immature et aberrant de prétendre le contraire) n'aurait engagé aucune ambiguïté. Rappelons qu'ils étaient en pseudo voyage de noces factices. TJ était toujours tenté de franchir une barrière mais la raison l'emportait systématiquement depuis qu'il avait l'âge de savoir compter. Et puis, Rose, avec l'ardeur d'une boule de démolition avait déjà bien mis en péril sa nature indépendante, pour ne pas dire franchement individualiste. Bref, les savonnettes inutilisées qui trônaient sur le rebord de la douche feraient largement l'affaire. "Je me suis découvert une face sombre : morose et pleine de pudibonderie. En outre, je n'ai aucun désir latent de perdre ma peau." et ils les empocha sans lever un sourcil plus haut que l'autre. " Je reviens dans...." rapide coup d'oeil à sa montre (dont on taira la marque et le prix pour ne pas faire hurler au scandale sur les réseaux sociaux) "15 minutes".

Une douche est la bienvenue, surtout par les temps chaud qu'il y a par ici. Heureusement qu'ils ont la piscine, c'est parfois un vrai four par ici. Rose est habituée aux chaleurs texanes, quoi que depuis qu'elle vit à Vancouver elle a tendance à être moins habituée à l’aridité, mais ici c'est encore différent et il y a bien plus de vent a vrai dire. Quoi qu'il en soit une bonne douche pour se rafraîchir et elle est prête à affronter le climat Méditerranéen du moins pour la soirée en espérant pouvoir se maquiller un peu sans que cela dégouline. Sinon tant pis, et TJ sera le premier heureux à voir qu'elle laisse à l'air ses tâches de rousseur. Alors que TJ souhaite rentrer dans la salle de bain, il tente de la convaincre par des mots doux et elle finit par lui ouvrir la porte.

La blague a duré, c'était drôle pendant ce laps de temps mais elle laisse rentrer TJ parce que quand même c'est pas cool. Elle s'attend à ce qu'il vienne lui frotter le dos comme il l'a promis, parce qu'il ne lui offrira pas plus même si elle le lui sous-entend. Ils sont amis et bien que parfois ça ait été assez ambigu et que ça l'est toujours pour elle le moment n'est pas venu de se faire du rentre dedans même si la douche est bien assez vaste. « Va pour le démêlant ! » Elle le lui prend des mains pour en appliquer sur ses cheveux, puis toujours dos tourné à lui bien qu'il l'ai déjà vue en tenue d'Eve, elle commence a se savonner le corps après avoir pris soin de couper l'eau même si le propriétaire des lieux à l'air de s'asseoir sur la consommation d'eau vu la piscine. Et quelques instants plus tard, TJ n'est toujours pas dans la cabine de douche, il y a un problème ? Elle fronce les sourcils et l'observe, les cheveux dressés sur le crâne enduits d'après shampoing. Finalement il entre pour ne pas se doucher ? Quel trafic est ce donc ? Il déclare avoir la peau sensible et elle fronce les sourcils, après l'avoir tatoué plusieurs fois elle sait très bien qu'il lui raconte des salades

« Mais qu'est ce que tu racontes ? Y'a du gel douche hypoallergénique Cadum dans la douche ! Regarde l'étiquette c'est un le cul d'un bébé et il a l'air doux. » Elle lui montre la bouteille, au cas où il ne la croit pas. Elle est pourtant connue cette marque. « Mais tu vas où ? » quinze minutes ? Est ce qu'il tente la douche de sa chambre avec le gel douche à paillettes ? Rose termine de rincer ses cheveux et attrape une serviette pour la nouer autour de sa poitrine pour cacher le reste de son corps.

Peut-être TJ avait-il été un peu avare en tablant sur 15 minutes. Après tout, ils sortaient, ni au McDo, ni à la bibliothèque… Faire un effort était presque une obligation. Même si, en toute franchise, le docteur ne se contentait jamais d’un vieux jean et d’un T-shirt lambda ne serait-ce que pour faire des courses de chips et de beurre de cacahouète à la supérette du coin le dimanche matin. Ce qui s’expliquait aussi par le fait qu’il ne faisait pas de courses de la flemme le dimanche matin d’ailleurs. Ainsi si la douche durant effectivement un petit quart d’heure la suite des préparatifs s’étira d’avantage. Croyez le donc cet homme pouvait être tout aussi coquet que sa voisine de chambre, probablement bien plus en vérité. Pas de faux plis, pas une mèche de travers, pas une once de poussière sur la boucle de soulier. Le soucis du détail et le respect des régles élémentaire de la mode, c’était aussi à ça qu’on reconnaissait un homme de gout (exception faite des pyjamas licornes). Mais Rose le savait déjà, TJ était aussi pointilleux au sujet des vêtements (dernier cris, de couturier ou sur mesure) qu’au sujet de… à peu près TOUT le reste.  

Alors que Rose sortait de la salle de bain, TJ ajustait ses boutons de manchette. Rappelons que Rose squattait allègrement sa douche et sa chambre, là où était donc ses affaires. « Ne t’embête pas à aller démonter ta valise » déclara-t-il en lui adressant un regard à travers le reflet du miroir. « on sait tout les deux comment ça va finir. »  En bordel, pour faire simple. « disons que j’ai déjà fait une pré-sélection pour te simplifier la tâche » Le docteur devenait presque dictatorial à force. Autant éviter que la pelleteuse ne retourne la chambre et se mette à hurler qu’elle allait finalement y aller en tongs-chaussettes et t-shirt loup parce que de toute façon elle n’avait rien apporté d’assez bien… Enfin, lui, il imaginait très bien la scène se déroulant ainsi en tout cas. « Tout est posé sur ton lit ». Etrangement sa bouche appuya particulièrement sur le mot « posé ».

Tandis qu’il passait la veste en soie bleu pervenche, puis celle en velours en pourpre devant son torse on pouvait le sentir hésitant. Finalement non… le pourpre allait mieux à Rose. Il la fixa de nouveau dans le miroir, passa la veste sur le reflet. L’association n’était pas mal du tout. Une idée, brillante selon lui-même, sans doute moins selon 70% de la population mondiale, venait d’éclater comme une bulle de savon dans son esprit. Il se retourna brusquement son air espiègle avait emménagé en CDI sur son visage. « As-tu déjà porté la moustache, chérie ? » Deux lords valaient mieux qu’un, surtout avec une moustache. Déjà il attrapait une chemise dans la penderie pour la tendre à sa compagne. « Tu seras un parfait petit mignon à accrocher à mon bras ». Là où ils se rendaient ce serait de meilleur effet assurément.