Briséïs n’en voulait pas à Ezra de ce qui s’était passé. Bien entendu qu’elle n’oubliait rien, qu’elle revoyait encore les coups qu’il lui avait portés. Elle avait peur parfois et c’était probablement pour cela que la jeune femme n’arrivait pas à se laisser aller. C’était pour cela qu’elle n’avait pas pu se mettre avec un autre homme depuis. Elle n’était pas prête à cela pour le moment. Elle n’allait pas se remettre avec Ezra non plus. La jeune femme était contente de savoir pourquoi il avait agi comme cela, pourquoi est-ce que ça s’était passé. Il pouvait au moins avancé et sa maman aussi. « Le plus important c’est qu’elle puisse y parvenir. » Elle lui souffle alors sincèrement. Ce n’était pas parce que cela s’était mal passé avec le jeune homme qu’elle souhaitait pour autant que ça n’aille pas pour sa mère. Elle hoche la tête à ses mots. « Je suppose qu’il m’en faudra oui mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas y arriver.  » Elle allait s’en donner les moyens et puis bon, elle n’était pas toute seule non plus. Elle était suivie, il y avait des personnes derrière elle mais bon. Elle allait un peu mieux et elle suppose qu’il fallait laisser le temps au temps. « Alors c’est déjà un point positif ça. Tu vas voir, ça ne fera qu’aller de mieux en mieux. » Elle lui dit en souriant. Peut-être qu’elle se répétait mais en même temps, elle se dit qu’à force de l’entendre alors il finirait par l’enregistrer, par y croire.

Elle le voit un peu mal à l’aise, il semble chercher ses mots. Comme s’il avait quelque chose à lui dire, quelque chose d’important. Elle comprend finalement ce qu’il veut dire. Ils ne sont plus ensemble et puis rien ne la forçait à aller le voir ou continuer d’avoir un lien avec lui. Elle secoue la tête, posant sa main sur la sienne. Ce n’était pas un geste ambiguë, romantique ou autre, non. Elle voulait se montrer réconfortante. « Tu sais, je ne l’ai pas fait parce que je me sentais forcée ou quoique ce soit. Je l’ai fait parce que j’avais envie. » Elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle s’était forcée ou autre parce que ce n’était absolument pas le cas. « J’en ai envie et.. même s’il s’est passé tout ça, je tiens à toi. Alors oui ça ne sera sûrement jamais comme avant mais on pourrait essayer d’être.. amis ou je ne sais pas. »

TW : internement psychiatrique ; violences conjugales
Il hoche la tête à chacune de ses affirmations, laissant échapper quelques sourires polis, heureux qu’elle ait des paroles si réconfortantes. Pourtant, tout en lui semble crier au loup. Il a peur que ce ne soit justement que de la politesse. Il la connait suffisamment bien, Briséïs, pourtant, pour savoir qu’elle est une personne des plus sincères ; sauf qu’avec tout ce qu’il vient de traverser, il s’interroge bien plus qu’avant et remet tout en question. Ça finira par lui passer, lui ont assuré les psychiatres, mais en attendant, c’est compliqué à gérer pour l’homme. Son ancienne fiancée semble être particulièrement optimiste quant à la suite, et ça lui fait du bien de l’entendre. Savoir que ce qu’il lui a fait subir ne l’empêchera pas de continuer une vie épanouie. Enfin… dans une certaine mesure, quoi.

Il arrive bientôt à lui faire entrevoir ce qu’il a sur le cœur. Ses propos ne sont pas fluides, mais elle le connait et réussit à lire entre les lignes. C’est à ce moment-là qu’il prend conscience qu’il n’aurait sans doute plus jamais ce lien si unique avec personne. Non, il n’y a qu’eux deux pour former ce duo improbable, pour avoir cette connexion si spécifique. Et entendre le mot ‘ami’ résonne alors comme un crève-cœur alors que dans ses pensées, tout le pousse à vouloir plus tout en sachant que ça ne saurait arriver. Et ce contact de leurs mains l’une contre l’autre. Ce geste dont il n’aurait osé rêver… Allez Ezra, se concentrer sur le positif, rien que le positif, comme tu l’as appris ces derniers mois. Il ferme les yeux un instant pour se concentrer, avant de finalement répondre par un hochement de tête. « Ce serait super. » enchaine-t-il d’un ton quelque peu étrange, résultat de ses sentiments mitigés sur le sujet.

Leurs collations arrivent et clairement, ça tombe parfaitement en terme de timing, juste au bon moment pour que le cuisinier éloigne sa main de Briséïs, à la fois déçu et soulagé de le faire. Il sait qu’il va devoir trouver une parade pour changer radicalement de sujet, pour son propre bien ; et lui vient alors l’écho de leur dernière discussion. « Tu sais, j’ai repensé à cette histoire de food truck ; et… ça me ferait très plaisir si tu acceptais que je fasse une recette en ton honneur. » lance-t-il alors. « Comme c’est un peu grâce à toi si je me lance un jour dans ce projet. »

Briséïs ne savait pas trop ce qu’elle pouvait proposer à Ezra au niveau de leur relation. Amis, elle se disait que c’était le mieux. Que c’était ce qu’elle pouvait proposer. Elle n’allait pas se remettre avec lui et il le savait, il ne servait à rien que de lui rappeler cela. Elle ne comptait pas pour autant sortir de sa vie ni même ne plus lui parler. Elle ne lui en voulait pas, quand bien même elle n’oubliait rien. La brunette n’allait peut-être pas le voir tous les jours mais ils pourraient se voir au moins une fois une fois par mois par exemple. Ils verraient bien comment les choses évolueraient. « Tant mieux alors. » Elle lui souffle avec un sourire. Ils verraient au fil du temps. Elle n’avait pas envie de se mettre la pression ni même pour tous les deux. Il fallait que les choses s’arrangent un peu et qu’ils retrouvent une relation saine.

La jeune femme boit une gorgé de sa boisson. Elle se sent un peu plus sereine que depuis qu’elle était arrivée. Elle avait eu peur que les choses se passent mal mais finalement, ils peuvent discuter tranquillement. C’était une bonne chose. Elle relève la tête en entendant le jeune homme. Elle est un peu touchée qu’il lui propose cela. « Je n’ai rien fait tu sais. » Elle a seulement suggéré cette idée parce qu’elle lui était venue en tête mais c’était tout. Il n’était pas obligé d’accepter ni même de se lancer. « Mais ça me touche que tu proposes ça et bien sûr que tu peux. » Pourquoi est-ce qu’elle dirait non. « Et qu’est-ce que tu pensais faire comme recette qui te ferait penser à moi ? » Elle est curieuse de la réponse mais il n’y avait peut-être pas réfléchi encore.

Il la reconnait bien là, sa Briséïs : toujours à ne pas s’accorder de mérite dans la simplicité qui est sienne. C’est en partie pour ce trait de caractère qu’il avait craqué pour elle, à l’époque, et ce pourquoi il avait continué à l’aimer ensuite. Il est rare de rencontrer des personnes aussi humbles, alors forcément… Un sourire lui échappe. Il lui dirait bien certaines choses, une fois de plus, mais s’abstient, encore. « L’idéal serait de partir sur ton ingrédient préféré ; mais pour ce qui est de la recette… j’espérais qu’on pourrait voir ça ensemble, que tu puisses me dire ce dont tu pourrais avoir envie justement. » explique-t-il alors. Bien sûr, il mettrait sa patte dans l’ouvrage mais l’idée qu’elle puisse l’aiguiller pour que ça lui ressemble un maximum est bien présente. « Peut-être à base de carpaccio de saumon ; ça peut être sympa et frais. » Il hausse les épaules dans un sourire. « Comme toi. » Des propos qui n’ont pas spécialement leur place ici, mais Ezra a voulu donner un ton joyeux à l’échange plus que faire un compliment déplacé. « Je n’en suis pas encore au stade de me lancer malgré tout ; mais j’essaye d’anticiper et de commencer à réfléchir à des idées, à l’organisation, etc. » Ca fait du bien d’avoir un projet, surtout. Ca aide à garder la tête hors de l’eau ; mais ce qu’il ne veut pas, le brun, c’est se mettre une pression qu’il ne saurait actuellement pas surmonter.

Briséïs n’était pas contre le fait que son ex petit ami fasse un plat en son honneur. Elle trouvait même cela touchant venant de sa part. Il n’en était pas obligé après tout mais c’était tout de même gentil. Elle espérait bien pouvoir venir pour le goûter et puis, elle se dit que cela lui donnerait peut-être de nouveau envie de cuisiner et commencer autre chose. La brunette était prête à lui donner un coup de main si jamais. « Je ne sais pas si j’arriverai à t’aider.. je veux dire, c’est toi le chef après tout. » Elle ne savait pas cuisine, enfin des choses simples mais pas comme lui. Elle ne savait donc pas ce qui pourrait se marier avec telle ou telle chose. « Je veux bien t’aider ceci dit. » Elle pourrait lui dire ce qu’elle aimait, lui donner des idées. Peut-être qu’ils arriveraient à convenir de quelque chose mais Ezra avait de l’expérience alors elle n’en doutait pas une seconde. Elle hoche la tête à ses mots. « Cela me semble bien oui et puis c’est léger. » Elle n’aimait pas trop manger des choses bourratives de son côté. Elle préférait des choses légères, tout comme elle. C’était mieux que de se retrouver sur son canapé à en avoir mal au ventre. Peut-être qu’ils pourraient trouver un menu mais bon, ils devaient déjà se concentrer sur le plat, ce n’était pas plus mal. Elle hoche la tête à ses mots, c’était déjà bien qu’il y réfléchisse. Il avait des projets au moins et pourrait aller de l’avant comme cela. « Je me dis.. enfin si tu veux et si tu as le temps à un moment on peut voir pour travailler dessus ? » Elle lui propose alors. Il fallait aussi qu’elle s’accorde avec ses horaires de boulot mais elle trouverait bien. « Je pourrais en parler un peu sur mes réseaux aussi qui sait. » Un peu de publicité ne pouvait pas faire de mal.

Les paroles de la jeune femme sonnent drôles aux oreilles du chef cuisinier. Elle n’en a pas conscience, la belle, mais il a toujours adoré quand elle l’aidait à préparer leurs repas. La plupart du temps, elle épluchait les légumes ou faisait quelques préparations assez basiques car il préférait garder les choses plus corsées pour lui, mais c’était toujours un moment magique à partager en couple. « Ce ne serait pas la première fois que tu me filerais un coup de main. » ose-t-il dans un sourire avant de baisser les yeux à l’évocation de ce souvenir. Il est heureux que l’idée lui plaise et heureux qu’ils puissent de nouveau partager quelque chose ensemble.

La proposition qui s’en suit semble sortie tout droit d’un conte de fée pour l’homme qui ne s’attendait vraiment pas à cela. Il hoche alors timidement la tête. « Ça me ferait très plaisir. » ajoute-t-il en la contemplant, elle, si belle. « Toute publicité sera bonne à prendre si je me lance, oui ! » Les revoilà à faire des projets, comme si le temps ne s’était jamais arrêté, comme si les derniers mois n’avaient jamais existés. Il s’y croirait presque, Ezra, d’être de retour en arrière mais la réalité n’est pas ainsi faite malheureusement.

Il change ensuite de sujet, pour tenter de rester terre à terre. Il ne faudrait pas qu’il se fasse trop de mal en se faisant de faux espoirs, quand bien même ce soit difficile pour lui, ayant la demoiselle devant les yeux. Ils finissent de manger dans la bonne humeur, bien que le brun toujours un peu sur la réserve, et quand il rentre chez lui ce soir-là, a l’impression que le futur sera plus prometteur que les mois qui viennent de s’achever.