La vérité c’est que leur mère puise sans doute sa force dans chacune d’elles. Elle ne leur a jamais caché à quel point elle les aime et qu’elles sont le trésor de sa vie ; et que ne ferait pas une mère pour ses enfants ? Un sourire attristé se dessine sur les lèvres d’Hazel, avant qu’elle ne hoche la tête pour sortir.

Dès qu’elles ont quitté la chambre, l’air semble moins oppressant et Hazel en profite pour respirer quelques vraies bouffées. Sans doute le stress et les émotions qui ont comprimé ses poumons durant ces minutes au chevet de sa maman. « Oh ? » ne peut s’empêcher de laisser échapper la brune alors que sa sœur lui apprend pour son nouveau travail. Puis, elle laisse échapper un rire, la situation étant tout de même improbable. « Tu as toujours le don de trouver les meilleures opportunités dans les situations les plus étranges. » La technique de la boisson, effectivement des plus clichés pour draguer. « Tu vas être la nounou parfaite pour eux. C’est pas comme si tu ne comprenais pas ce qu’ils vivent. » Bien qu’elles aient été plus grande quand leur propre père était décédé, la douleur est la même. « En plus, pour une fois que ce ne sont pas des enfants en bas-âge qui courent partout et chouinent à tout bout de champ. » Elle se met à rire de plus belle, oubliant presque les tracas de la journée de manière éphémère. Ce n’est pas qu’elle ait quelque chose contre les bambins, Hazel, mais ce n’est clairement pas sa passion. Peut-être quand elle serait tata, ou éventuellement elle-même maman…

Nevaeh ne savait pas trop où leur mère puisait sa force et comment elle faisait mais elle n’avait pas l’impression pour autant d’être comme elle. Elle n’avait pas l’impression d’avoir pris cette partie d’elle. Elle ne se sentait pas forte, c’était bien le contraire. Elle espérait qu’elle finirait un jour par l’être mais elle suppose qu’il n’y avait que les évènements qui renforçaient quelqu’un. Elle espérait cependant ne pas en avoir des difficiles à vivre.

Les deux jeunes femmes sortent de la chambre de leur mère pour aller acheter de quoi manger. Elle finit par lui raconter son nouveau boulot, celui qu’elle avait commencé depuis peu. Ce n’était pas vraiment classique, enfin, le métier oui mais comment elle avait rencontré cette personne, non. Il aurait d’ailleurs pu ne pas accepter qu’elle s’occupe de ses enfants. Elle n’avait pas été très agréable avec lui en pensant qu’il ne faisait que la draguer. Elle n’avait jamais été très douée et à l’aise avec les hommes. Elle n’avait pas eu énormément d’histoires. « Toujours, tu sais bien que je suis douée pour ça. » Elle lui dit en soupirant. Elle avait le chic pour se mettre dans certaines situations. « Je l’espère oui, je ferai du mieux que je peux. Je vais leur laisser le temps pour venir vers moi, il ne faut rien forcer. » Encore moins avec les enfants, ça ne ferait que les braquer. Elle n’avait pas envie de cela, elle voulait qu’ils puissent avoir confiance en elle. Qu’ils puissent venir la solliciter quand ils en auraient besoin et ce sans avoir peur d’être jugés ou quoi. « Non ça va ils sont déjà grands enfin ce n’est pas pour autant le plus facile mais ça devrait aller. Je l’espère, je te dirai ça. » Pour l’instant, elle avait juste commencé donc elle ne pouvait pas en dire plus. Elle verrait cela au fil des jours et des semaines. « Et toi ? Comment ça se passe ? » Elle lui demande alors qu’elles arrivent pour se prendre leurs repas. « Qu’est-ce que tu veux ? Je t’invite. » Elle demande à sa sœur.

Hazel hoche la tête dans un sourire. Sa jumelle a le don pour se mettre dans tout un tas de situations mais étrangement, elle en tire souvent un parti intéressant, ce pourquoi la brune ne s’en fait pas trop pour sa sœur. « Et je sais aussi que je ne me lasserais jamais d’écouter tes nombreuses péripéties. » ajoute-t-elle pour la taquiner. Puis l’écoutant avec attention, elle confirme d’un nouveau signe de tête. Elle, n’a jamais été très douée avec les enfants, mais Nevaeh oui. Malgré tout, elle se souvient parfaitement à quel point elle n’appréciait pas les nouvelles têtes après le décès de son père. Ce devait être paraitre pour les deux enfants dont Nevaeh allait assurer la garde. « J’espère bien. » Manquerait plus que ça, qu’elle ne lui raconte plus rien.

Elles arrivent rapidement à la supérette. « Une salade Cezar, ce sera parfait… Avec un brownie au chocolat. » Grosse gourmande dans l’âme, surtout qu’elle fait beaucoup de sport pour rester au top dans son travail. « Oh… Tu sais, toujours la même rengaine. J’essaye de mettre les voyous derrière les barreaux avant que leurs avocats ne les sortent de là en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. » Elle soupire. La brune se demande de plus en plus si elle ne devrait pas changer de métier mais à vrai dire, elle ne voit aucune autre branche dans laquelle elle pourrait être plus utile. « J’ai l’impression qu’être dans la police est de pire en pire au fil du temps entre les collègues ripoux, les fainéants… Je me demande parfois si je suis la seule à aimer ce que je fais… A moins que ce soit seulement dans mon service… »

Nevaeh savait toujours se mettre dans de sacrées situations. Elle ne faisait pas exprès après tout puisqu’elle avait rencontré cet homme par hasard. Elle n’avait pas choisi cette situation pour le coup. En même temps, si la jeune femme n’avait rien à raconter sa sœur s’ennuierait un peu. « J’espère quand même en pas en avoir des tas parce que ce serait mauvais signe. » Cela voudrait dire que la jeune femme avait pas mal de choses qu’elle vivrait. Ce serait de bonnes nouvelles ou de bonnes choses elle ne disait rien mais si c’était de mauvaises alors non. Elle verrait bien comment les choses allaient se passer avec cet homme. Le plus important à ses yeux cela restait les enfants. Elle voulait que les choses aillent bien.

La brunette commande donc leurs salades et elle se prend un cookie en guise de dessert. « Malheureusement la justice n’est plus comme avant. Tu te demandes s’il y en a vraiment une parfois. » Elle se le demandait quand elle voyait des criminels sortir rapidement alors qu’ils avaient commis des crimes. Tant de temps pour juger pour les sortir vite. Ils prenaient au moins une peine c’était sûr mais bon. Elle hoche la tête aux paroles de sa sœur. « Pourquoi tu penses ça ? » Elle demande. « Peut-être qu’ils ne savent pas comment le dire ou le montrer. Ou bien c’est devenu compliqué ces derniers temps. » Elle ne doutait pas que ses collègues aimaient leur boulot mais les difficultés du boulot faisait que c’était plus difficile. Ils devaient parfois avoir peur d’aller travailler, se demandant ce qui allait leur arriver comme aventure. Sur qui ou quoi ils allaient tomber. Elle récupère leurs repas après les avoir payé et les deux sœurs sortent de là. « Tu veux te poser quelque part ? »

« Pas forcément. » Elle rit en coin, Hazel. Ça peut aussi être de bonnes péripéties, vaut mieux être positif. Enfin, positive, elle ne l’est pas vraiment quand elle vient à aborder son travail. Etrangement, sa sœur la rejoint, mettant un coup de pessimisme dans cet échange. « C’est clair… » lâche la jeune femme dans un soupir qui en dit long. La brune se demande si elle devrait vraiment dire tout ce qu’elle a sur le cœur bien qu’elle sache qu’avec sa jumelle, tout restera entre elles. « Je vois des choses. Je sens des choses… » Et si ce n’était que son imagination ? C’est ce qu’elle se disait au début mais son instinct de flic ne pourrait pas être si minable que cela. « Genre j’ai vu un de mes collègues accepter un pot de vin d’un dealer il y a quelques semaines. Sauf que j’ai aucune preuve si ce n’est mes yeux… Et puis, il y a des fautes de procédures… Comment dire ? Même un bleu n’est pas censé les faire et là, elles sont vraiment nombreuses, comme si c’était fait exprès, tu vois ? » Hazel qui n’aime pourtant pas critiquer ses proches et donc entre autres ceux avec qui elle travaille… La voici bien lotie, piégée entre des convictions, une passion, et l’impossibilité de faire les choses correctement. Elle hoche la tête en montrant du doigt un banc un peu plus loin où elles pourront poser leurs fesses et manger. « Des fois, je regrette qu’on ne puisse pas vivre dans le monde de conte de fées qu’on s’imaginait quand on était petites ! » Un sourire revient enfin sur ses lèvres. Qu’est-ce qu’elles avaient pu se conter des histoires, plus imaginatives l’une que l’autre. « Et puis, l’arbre à chocolat serait d’un grand réconfort dans des jours comme aujourd’hui ! » ajoute-t-elle, mi amusée, mi triste.

Nevaeh n’avait pas envie d’avoir de nombreuses péripéties à raconter ou du moins, cela dépendait lesquelles. Si la jeune femme en avait elle espérait que ce serait positif. Elle verrait bien comment cela se passerait avec cet homme et ses enfants. Elle hausse les épaules à ses paroles. « Tu es devenue voyante maintenant ? » Non parce qu’on ne savait jamais. « Et dis moi ma chère sœur, qu’est-ce que tu as vu ? » Elle lui demande. Elle comprends ce qu’elle lui dit mais en même temps, ça avait toujours été compliqué le boulot, les relations au travail avec les collègues et autre. Parfois il était plus simple de travailler tout seul et d’ailleurs il y avait des personnes qui n’étaient pas capables de travailler en équipe. « Mais je suppose que tu ne te vois pas changer de métier, faire autre chose. » La brunette savait que c’était très important pour sa sœur et qu’elle ne changerait cela pour rien au monde. Il ne fallait pas dire jamais car elle pouvait en avoir marre. Elle pousse un soupir en entendant les mots de sa sœur. Il est vrai que c’était facile de faire des rêves, de s’imaginer des histoires et autres. « Moi aussi. La vie serait beaucoup plus belle et facile mais bon.. les rêves sont faits pour êtres rêvés. » Et réalisés aussi mais pour cela il fallait que ce soit possible. Malheureusement la plupart des choses qu’elles avaient rêvé toutes les deux ne l’étaient pas. Il ne tenait qu’aux filles de se créer de nouveaux mais elles avaient grandi toutes les deux. « Mais ça peut s’arranger ça. » Elle lui dit en rigolant. « On peut toujours acheter un arbre et y accroché des chocolats. Ca marche pas comme ça tu crois ? »