Au départ de ces étreintes fiévreuses, Beth tend son nez fin pour venir caresser le mien, comme si elle me confiait un souvenir ou voulait partager le fond de ses pensées. Je me demande un peu ce que son imagination manigance alors que j'entre en elle, encouragé par ses soupirs fébriles. Si j'ignore le cheminement de sa réflexion - quoique j'ai ma petite idée quand je vois ses doigts agripper le drap et ses paupières frémir au rythme de mes assauts - mon propre subconscient rattrape toutes les images envoutantes de ces années de mariage ;

Il y a quelques minutes encore j'étais persuadé que nous étions sur le déclin. Il y a de la frustration, des non-dits, quelques regrets sans doute et des reproches. Il y a aussi son caractère de feu et mes erreurs. Si elle est à la fois une professionnelle efficace et une épouse présente, je peine à trouver l'équilibre entre notre histoire et l'intensité de mon job.
J'aurai tant aimé savoir être bon dans les deux cas.



Elisabeth est mon tout, je la dévore avec passion, et nos différends paraissent totalement inexistants alors que nous gagnons le septième ciel ;

Le retour à la réalité est inévitablement brutal, pourtant je continue de la caresser en m'étendant à ses côtés. Je l'invite à se blottir dans mes bras et récupère mon souffle en venant susurrer des mots doux à son oreille.
Il ne devrait y avoir que cette complicité. Jamais de désaccord.

" J'ai tellement de chance... "

Dis-je en replaçant une mèche de ses cheveux.