Il rit doucement. Il la garde contre son cœur. Il battait la chamade. Ce cœur était un traitre. Alors même qu’il essaie d’être juste, de se protéger, de faire attention … il se faisait battre plus fort par la jeune femme. Il n’aurait pas dû battre aussi fort. Parce que ça allait le faire souffrir plus tard. Il ne sait pas comment il pourra calmer la douleur … la colère … et si elle venait à comprendre son erreur ? Si elle venait à regretter. Elle s’endormit mais il ne le pu pas. Il la regarda dans ses bras. Il avait le corps transpirant. Il avait le cœur transpirant aussi. Son corps transpiré de sueur après l’effort. Son cœur transpirait de peur après l’amour. Il ne sait même pas s’il peut parler d’amour … il pensait surtout à l’attachement. Ce sentiment qui faisait que la jeune femme et lui étaient liés maintenant. Par quelque chose de bien plus fort que tout autre chose. Il la regarde dormir pendant de longues minutes. Elle était belle. Il bougeait délicatement ses cheveux. Elle était incroyablement … pure.

Il se décala, partant de la chaleur réconfortante de son corps pour se retrouver contre le lit. Il se plia. Il se plia sans pouvoir pleurer. Il se plia et sentit la colère, la tristesse et la peur qui se rajoutaient et se battaient en lui. Il y avait une tempête en lui. Il y avait un ouragan. Il se penche encore mais aucune larmes. Il se releva, nu, et rejoint le salon. Il prend une feuille. Il porta son stylo dessus… Et il se mit à écrire.

Une heure plus tard, il avait écrit une lettre, courte mais complète, à William. Il l’avait écrit en entier … et alors qu’il regardait les mots sur le papier, il se demandait ce qu’il pourrait en faire. Il plie la page et il retourne se coucher, toujours nue, attrapant la jeune femme pour qu’elle se retrouve comme avant dans ses bras. Cette femme était incroyable. Elle pouvait arriver à faire sortir le meilleur de lui … même si cela lui fait peur. Il sentit après son sommeil, un chatouillement contre son peau, quelque chose de terriblement agréable. Il trouvait cela bien, se tourne vers la jeune femme, il murmure doucement.

- Bonjour… mon ange.

Et la fin de la phrase eu de quoi le faire sourire alors qu’avec une lenteur extrême, de quoi lui laisser le temps de se reculer si elle regretter. Il l’embrasse doucement, approche encore un peu plus son visage. Il avait envie de lui faire l’amour de bon matin. On se calme Monsieur. Il l’embrasse.

- Rappelle-moi qu’il faut qu’on aille faire une randonnée avant que je ne te fasse l’amour avant le petit-déjeuner.

Je souris en entendant le petit surnom. Il semblait lui être sorti tellement naturellement. Mon ange... je n'avais rien d'un ange mais ce n'était pas la première fois qu'il se plaisait à dire que j'étais un ange. L'utilisation du mon m'avait fait sourire. J'avais cru hier pouvoir faire marche arrière, que ça ne pourrait être que l'histoire d'une nuit. Je me trompais lourdement. Je ne pourrais me contenter de lui pour une seule nuit. J'avais besoin de lui dans ma vie tous les jours. Et je sentais que la réciproque était vraie pour lui aussi. Je doutais qu'il ait envie de redevenir de simples amis. Entre la question qu'il m'avait posé la veille, de savoir comment il devait m'appeler, le surnom ce matin... il était accro lui aussi. Et je m'en voulais d'être malade. Je n'avais pas le droit de mourir, pas seulement pour moi comme avant, mais surtout pour lui. Je ne voulais pas lui faire du mal en l'abandonnant.

- Je suis désolée mais je ne suis pas du genre à donner des surnoms.

Parce que je n'avais jamais été une petite amie non plus. J'avais été une maitresse, beaucoup de fois. J'avais toujours été un électron libre. Je donnais un peu de ma compagnie, de temps en temps, avant de repartir vivre ma vie, sans un homme. Mais là c'était différent. J'avais envie de cet homme là dans ma vie. Je voulais vivre mais vivre avec lui.

- Ne me parle pas de rando pour le moment. Je suis trop bien au lit avec toi. Moi si on reste simplement à profiter du lit, du jacuzzi et qu'on oublie la rando ça me va parfaitement....

Je me collais contre lui, le serrant dans mes bras pour appuyer mes propos. Passer la journée à ne rien faire tous les deux, à part se prélasser, faire l'amour, ça m'allait parfaitement. J'avais proposé la randonnée en partie pour lui, parce que je savais qu'il avait besoin de se dépenser. Pour éviter également qu'on ne tourne en rond dans la cabane. Ce n'était plus le cas maintenant. J'avais tout un tas d'activités à faire dans la cabane qui me venaient à l'esprit.

Puis je me rappelais le problème qu'il avait, cette colère qu'il avait en lui et ce besoin qu'il avait de l'extérioriser. D'habitude c'était en frappant un autre, en se laissant frapper. Il ne pouvait pas le faire là maintenant. Alors il avait certainement besoin de se dépenser autrement.

- A moins que... tu ai envie, ou même besoin de faire cette rando?

- Alors, je n’aurais pas de surnom, ça ne me dérange pas, fit-il en caressant la joue de la jeune femme avec son nez.

Elle était son ange, mais si elle ne voulait pas lui donner de surnom, alors il n’aurait pas de surnom. Si un jour un surnom vient spontanément, il ne se plaindra pas non plus. Rien n’était grave. Il mettait de l’importance dans les mots. Tout comme il lui avait demandé pour le terme qu’elle voulait qu’il utilise, le surnom était quelque chose qu’il définissait. Si elle n’en avait pas le besoin, il ne voyait pas d’intérêt qu’elle lui en trouve un… Elle, elle était un ange. Pour lui. Elle était son ange. Ce n’était pas forcément une histoire de pureté, ou de gentillesse. Un ange était une personne qui sauve. Et Nathan ne voyait personne autour de lui qui avait plus le statut de l’ange. Parce qu’elle avait, depuis le début, essayé de le sauver de ses démons. De son démon principal. Il continua de caresser sa peau du bout des doigts, il s’imprègne de sa force, de son contact et de sa chaleur. Il se gorge de tout ça. De ce qui émane d’elle, toujours, encore et toujours. Il rigole quand elle s’inquiète pour lui. Il rigole doucement, un rire doux et simple. Il caresse cette fois sa joue avec ses lèvres. Il caresse sa peau. Il avait envie d’être là. Il avait de devenir assez fort pour être son ange, à elle. Il en avait besoin.

- J’ai besoin de te rendre heureuse. J’ai de l’énergie, et je ne savais pas comment la dépenser … mais j’ai envie que cela soit pour toi. Alors, j’ai besoin de cette randonnée si elle te rend heureuse. J’ai besoin de tout ce que tu auras besoin tout de suite.

Et il sourit, à nouveau. Un sourire franc et grand. Il n’avait jamais été aussi heureux qu’à l’heure actuelle. Il n’avait jamais été aussi heureux et apaisé. Cela faisait des mois qu’il n’avait pas été ainsi. Il pensait à son ami, dont la lettre était toujours pliée dans son sac. Il le détestait tellement. Mais non. Il ne le détestait pas. Il l’aimait comme un frère. Voilà pourquoi il avait été affecté de sa mort. Voilà pourquoi il avait été affecté par son suicide…. Et il l’aimait comme un frère et n’avait jamais fait son deuil. Il y avait des étapes du deuil. Il était resté coincé à la colère et à la tristesse. Il devait faire la résignation. Il en avait besoin pour être une bonne personne avec elle. Il se sent frissonner à l’idée de ne plus ressentir ces deux émotions. Il ne sait pas ce qu’il va ressentir sans la colère. Il rit un peu. Ils s’étaient couchés après le sexe … sans se laver. Il caresse les cheveux de la jeune femme.

- Tu veux qu’on aille prendre une douche ? Ensemble, je veux dire.

Il pensait même à elle toujours porté par lui. Pas parce qu’elle était une chose fragile, mais parce qu’il aimait l’idée de l’avoir contre lui… De la tenir dans ses bras … Donc.

Je soupirais en l'entendant parler. Ce n'était pas vraiment la réponse que j'attendais. J'étais inquiète pour lui. Je savais qu'il avait du mal à contrôler sa colère, qu'il avait besoin de la laisser exploser en se faisant du mal lors de combat généralement. J'avais bien compris hier soir qu'il avait de l'énergie à revendre, trop d'énergie, et que la randonnée lui ferait du bien pour se dépenser un peu. Alors je voulais savoir comment il se sentait là maintenant. Nous nous étions quand même pas mal dépensé dans la nuit il fallait le reconnaitre. Mais je ne savais pas si c'était assez pour lui. Avait il encore ce trop plein d'énergie? Avait il besoin de l'évacuer en allant faire une marche? Faire souffrir ses muscles de cette façon là plutôt qu'en se faisant cogner dessus. Je voulais une réponse, pas qu'il se la joue mec protecteur qui me faisait passer avant tout.

- Nathan... je n'ai pas envie que tu dises amen à tout ce que je dis. J'ai besoin d'avoir ton avis. Si tu as besoin ou même envie qu'on fasse cette rando on ira. J'aurais tout mon temps pour te séquestrer dans ce lit ce soir.

Je hochais la tête alors qu'il me proposait d'aller prendre une douche. Ca serait un bon début oui. Je ne m'étais pas lavée la veille après notre soirée mouvementée. J'avais été trop épuisée pour réussir à résister à l'envie de dormir.

Je le laissais me porter dans la salle de bain. Sans ma prothèse j'étais incapable de faire un pas toute seule. Je détestais ça, devoir dépendre de quelqu'un. Mais j'avais abandonné ma prothèse près du jacuzzi et maintenant j'étais dépendante de lui pour aller la récupérer.

Je m'accrochais à la douche pour tenir debout. Je fermais les yeux de bonheur en sentant l'eau chaude venir me frapper.

- Ca fait du bien. Dis... tu veux bien me laver le dos?

Je lui demandais ça en souriant. Ce n'était pas être assisté ça. C'était profiter de cette douche à deux, ce n'était pas la même chose.

- Je n’ai plus besoin d’une randonnée. Mais ça peut rester intéressant de la faire.

Il avait besoin d’être avec elle. Voilà. Il en aurait certainement eu besoin de cette randonnée sans leur … rapprochement soudain et inattendu. Il aurait eu besoin de partir, de courir, de se dépenser… mais là, elle était là. Sans leur rapprochement, il aurait eu besoin de trouver une alternative. Il aurait eu besoin de remplir son esprit d’autre chose, de plus de choses. Là, elle était là. Elle était maintenant dans l’équation. Alors, il n’avait plus besoin de faire de randonnée, de marcher ou de même de se battre. Parce que son esprit était remplit d’elle, maintenant. Et il n’avait pas besoin d’autre chose. C’était une fuite pour une autre. Mais son besoin de combler la vie de Billie était tout de même plus sain que son besoin de se faire du mal, non ? Il ne savait juste pas comment l’expliquer. C’était juste … un besoin. Il avait bien envie d’être séquestré à vie, dans ce lit. Dans un lit. Quelque part où il puisse oublier le monde extérieur mais rester avec elle. Il voulait oublier tout le reste. Même la colère, qui s’était apaisé depuis qu’il avait mit des mots dessus, et la tristesse, qui ne s’apaiser pas du tout, elle, au contraire.

Dans la douche, Nathan avait envie d’expliquer qu’il avait envie de la porter… mais il ne savait pas comment faire. Il savait qu’elle était une femme indépendante, forte, incroyable. Elle n’avait jamais eu besoin de lui pour vivre, et elle n’aurait certainement jamais besoin de lui pour vivre … mais il aimait ça, lui, être proche d’elle, très proche. Il aurait eu envie de la porter, du lit à la douche, dans tous les cas. Il aurait eu envie de la porté après la randonnée, comme il avait aimé la porté du jacuzzi au sol, et du sol à leur lit. Il aimait bien ça. Pas par esprit de dépendance, ou pour être macho, mais parce qu’il avait la sensation d’être plus fort quand il portait cette femme. C’était Billie qui le rendait fort. Pas la colère. Mais autre chose, plus doux, plus puissant, plus chaleur, plus … Tout était mieux quand il l’avait dans ses bras. Mais il n’osa pas le dire. Parce qu’il avait toujours eu du mal à bien exprimer les choses. Il valait mieux ne rien dire que de créer un quiproquo. Il profite de la regarder en train de se mouiller sous la douche. Il prend une éponge de douche, propre qu’il avait apporté pour se laver justement mais il se doute que ça ne la dérangera pas de partager, pour passer sur son dos. Il avait moussé avec un gel douche et passer sur son dos avec méthode, remontant sur ses épaules, descendant jusqu’à ses fesses. Il s’amusa à les palper de manière pas du tout méthodique avant de se coller à elle pour lui voler un baiser.

- Je peux me permettre de te dire que je t’ai toujours trouvé magnifique, maintenant. J’adore ton corps. Et quand je le voyais, je me disais que nos corps seraient parfaitement complémentaires, et je ne crois pas que je me sois trompé.

Et ça le fait rire, le con. Il rigole un peu alors qu’il continue de masser son dos tout en continuer de frotter jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement lavé partout et qu’elle puisse se mettre sous le jet pour enlever la mousse. Il n’arrive pas à se souvenir comment il avait fait pour ne pas désirer son corps plus tôt. Quand avait-il commencé à la voir comme une femme désirable ? Il ne le sait pas… mais il sait que maintenant, il ne voyait plus qu’elle. Ils finirent de prendre la douche en étant très sage. C’était l’heure du petit déjeuner et il avait besoin de se nourrir s’il voulait être en forme. Il la porta à nouveau jusqu’au canapé, l’embrassant au passage sur les zones de sa clavicule à sa mâchoire qui lui était disponible, avant de lui ramener sa prothèse. Il sourit doucement en lui passant, l’embrassa sur ses lèvres si tentatrices avant de se relever. Ouais, il était sorti nu de la douche et il n’avait aucune honte. Il avait juste posé une serviette sur la jeune femme dans ses bras, qui était toujours sur ses épaules. Il se mit à rire d’une blague non formulé avant de regarder Billie.

- Il faut vraiment que l’on décide de notre journée. Que si nous ne sortons pas, je crains qu’il ne soit inutile de nous habillé…, et il rit en se relevant pour s’approcher du plan de travail où trône une partie, mais pas tout, du petit déjeuner. Thé Earl Grey, Café noir, Café au lait, ou … ehu … Krau.. Kräuter… Kräutertee ? Je ne sais pas ce que ça peut être mais ça ne me donne aucune confiance.

C’était une infusion, toute simple. La marque était simplement allemande. Et Nathan n’aimait pas trop avaler quelque chose dont il ne savait rien.

Je fermais les yeux de bien être, le laissant me masser le dos, doucement, sensuellement. Je souriais légèrement en entendant ses compliments.

- Tu peux... et je vais me permettre de te dire que je t'ai toujours trouvé très beau moi aussi. J'étais certaine que tu serais particulièrement doué avec tes mains. Il n'y a qu'à voir la façon dont tu me massais... Mais je ne pensais pas que ce serait aussi bon.

Je ne pensais pas que le sexe pouvait être aussi bon et pourtant ça l'était. Est ce que c'était parce qu'il était particulièrement doué? Ou peut être que c'était plus profond que ça. C'était peut être parce que j'avais des sentiments pour lui que ça venait tout changer. Parce qu'il se passait quelque chose de spécial entre nous, davantage que du sexe.

Je le laissais me porter jusqu'au canapé. Je le remerciais alors qu'il venait me rapporter ma prothèse. Je me sentais nue et vulnérable sans elle. J'étais handicapée, je ne pouvais rien faire seule sans elle. Au moins quand je l'avais, je pouvais me déplacer, être normale. Je l'enfilais avec un petit sourire de plaisir. Voilà... c'était mieux comme ça.

Je restais nue, ne me gênant pas pour le regarder alors qu'il revenait avec le plateau du petit déjeuner. Je ne m'en lassais pas. Il était vraiment beau. J'avais du mal à croire qu'il fasse partie de ma vie. Quoi qu'il en dise et quoi qu'il lui arrive en ce moment, c'était une belle personne. La femme qui partagerait sa vie serait chanceuse d'avoir un homme tel que lui.

- Un café noir. Et ce délicieux petit croissant qui me fait de l'oeil.

Je lui souris alors que j'allais prendre le dit croissant avant de mordre dedans. Mon appétit revenait. Ca ne durerait pas longtemps. Dans quelques jours je devrais faire ma dernière injection pour ce cycle. J'allais finir terriblement mal pendant quelques temps puis je pourrais souffler. Je pourrais vraiment profiter avec lui à partir de ce moment là.

- Je propose un programme, tu me dis que ce que tu en penses. On prend le temps de prendre notre petit déjeuner. Puis on se décide à aller s'habiller et faire cette rando. Le tour du lac a l'air vraiment magnifique. Puis on rentre dans l'après midi. On se déshabille et on passe le reste de la soirée dans le jacuzzi ou dans le lit. On se fait livrer le repas bien sur. Mais on joue les naturistes jusqu'à notre départ demain matin. Tu en penses quoi?

Ca permettait de couper la poire en deux, de faire les deux. Passer mon temps nue dans ses bras, à l'embrasser ou à faire l'amour avec lui était terriblement tentant. Mais je m'en serais voulue de ne pas profiter de cette randonnée. Mais si il préférait passer la journée en mode naturiste dans la cabane, je ne disais pas non. Bien au contraire.

Il aimait bien être loué pour sa capacité à masser un corps. Mais il appréciait d’autant plus quand la jeune femme était celle qui en était la victime. Il aimait la toucher, la caresser, et voir les petits frissons qu’il faisait naître. Ce qu’il lui faisait en la touchant, ça n’avait rien à voir avec ce qu’ils faisaient aux autres. Loin de là même. Il reste donc nu, sans la moindre pudeur. Vue l’intimité qu’il avait eu, après tout Billie avait pratiquement réussi à toucher son cœur … Pratiquement parce qu’il niait encore un peu qu’elle pourrait le sauver. S’il lui donne son cœur malade alors elle risquerait de ne pas pouvoir le garder. Il fallait encore un peu de temps pour être … mieux. Il lui tend son petit déjeuner et sourit en prenant un café au lait pour sa part, et un pain au chocolat. Ce n’était pas le même petit déjeuner, mais il aimait cette complémentarité qui se crée entre eux. Il croque dans son propre croissant avant de sentir un sentiment de bien être naître en lui. Il écoute le planning.

- Je pense qu’il est parfait. J’ai vue que l’on pouvait aussi traverser le lac avec des barques si cela t’intéresse. Cela ne durera pas longtemps, mais ça peut être une expérience.

Il s’assit à côté d’elle avant de sourire. Jouer les naturistes. Ouais. Il aimait bien l’idée. Même si c’était surtout pour ne pas s’encombrer d’obstacles entre eux. Leur peau avait besoin de se sentir, de se caresser, il n’avait jamais connu ça. Il pose sa main sur sa jambe, observe la différence de couleur entre leur peau. Il aimait bien la sensation de la peau de la jeune femme sous ses doigts. Lui, il avait les doigts forts, puissants mais doux. Il ne pouvait pas râper la peau de ses patients. Il sourit. Encore. Qui aurait pu le dire le tour à 190 degré qu’avait pris leur relation ? Qui aurait pu le deviner ? Il reste contre la jeune femme alors qu’ils parlent de tout et de rien pour finir de se réveiller. Puis, ils se lèvent pour partir pour s’habiller. Il prit un jogging tout simple et un t-shirt encore plus simple. Il n’avait pris que des choses utiles. Rien qui soit très classe. Il attend en mettant ses chaussures que Billie soit prête. Ils descendent pour prendre le sentier qui, à pied, était juste à côté de leur petite cabane dans les arbres.

- Je vais devoir m’acheter un costume, réalisa-t-il en marchant alors qu’il passait son bras sur les épaules de Billie pour embrasser le haut de son crâne, pour ton vernissage. Il faut aussi que je te pose des millions de question. Quand tu ouvres une galerie, le but c’est bien de vendre, pas seulement d’exposé comme dans un musée ? Tu as mis un prix à tes œuvres ou c’est une enchère. J’avoue que c’est plein de question que je me posais sans forcément oser les poser.

Mais… Il n’avait plus honte de poser une question stupide. Il n’avait plus aucune honte de poser la question. Parce qu’il veut tout savoir d’elle. Il veut tout savoir, tout comprendre, pouvoir décortiquer ses pensées et ce qui l’amène à peindre telle ou telle chose. Il était vraiment curieux. Mais en tant que kiné, il ne pouvait pas parler de la vie de ses patients. En tant qu’amis autodestructeur, il ne voulait pas la blesser … mais maintenant ?

- Mary va être folle de savoir que je sors avec une espionne. Je crois que c’était la dernière information que je lui ai donné.

- Ca peut être sympa oui. On aura tout le temps de rentrer ici pour passer une bonne soirée.

Je sentais qu'elle serait aussi bonne que celle de la veille. Et j'espérais qu'il y aurait beaucoup d'autres soirées comme ça. Je ne comptais pas le laisser partir comme ça. Et je ne comptais pas partir de si tôt moi non plus. J'avais une raison supplémentaire de me battre désormais. La plus belle des raisons possibles. Je tiendrais le coup pour lui. Je n'avais pas le droit de mourir.

Je terminais mon petit déjeuner avant d'aller m'habiller. J'enfilais un short avec un petit débardeur moulant. J'allais ensuite tenter de dompter un peu mes cheveux. Je les attachais en une tresse, histoire de ne pas les avoir sur les yeux pendant la randonnée. Je le laissais porter le pique nique et de quoi boire dans un sac avant de partir. Je savais qu'il ne me laisserait pas porter le sac alors je ne tentais même pas de lutter. Je préférais profiter de la balade, me coller contre lui alors qu'il venait passer son bras en travers de mes épaules. Je l'écoutais parler avant de répondre à toutes les questions qu'il se posait sur mon métier.

- Je t'aiderais à choisir ton costume si tu veux. Je suis certaine que tu seras magnifique dedans.

En même temps avec sa musculature, il ne pouvait qu'être sublime dedans. J'étais touchée de voir qu'il tenait toujours à venir voir mon futur vernissage. Je savais que ce n'était pas son truc, mais qu'il le fasse pour moi, c'était beaucoup.

- Mes tableaux sont exposés pour être vendus oui. C'est le but. La galerie prend un pourcentage sur la vente, c'est ce qui leur permet de fonctionner aussi. Je ne fixe pas les prix. C'est la galériste qui s'en occupe. Moi je peins. Je réfléchis ensuite à la disposition de mes oeuvres dans la galerie. Je me montre le soir du vernissage. Puis elles restent exposées dans la galerie jusqu'à ce qu'elle les vende. Je vais toutes les vendre. Sauf une.

Je garderais pour moi celle que je ferais de lui. Je l'exposerais bien entendu, mais uniquement le temps du vernissage. Une fois terminé, elle repartira directement chez moi. Je voulais garder ce petit bout de Nathan rien que pour moi.

Je ris en l'entendant parler de sa soeur et surtout de moi comme sa petite amie espionne.

- On n'aurait pas cru à ce moment là que notre blague deviendrait vraie. J'ai envie de la rencontrer, si tu en as envie toi aussi bien entendu. Mais en lui disant que je suis peintre. Et en ne mentant pas sur le fait que je suis bien ta petite amie.

- Magnifique, je ne sais pas, rit-il un peu, mais au moins je ressemblerais à quelque chose dirions-nous. Surtout si tu m’aides, je serais à ton goût.

Rien de pire que de faire honte à la jeune femme. Non… Vraiment. Il n’avait aucune envie de lui faire honte en étant un kiné débraillé… Il ne pourrait pas se faire passer pour autre chose, mais il pouvait au moins essayer d’être « classe ». Au goût de la jeune femme. Il imagine le milieu de l’art comme un milieu très prout-prout. Il ne sait pas comment une femme aussi naturelle que Billie pouvait y être aussi bien. Ou Billie était encore plus incroyable que ce qu’il pensait, pouvant s’adapter comme un alliage à mémoire de forme à toutes les situations … Ou le monde de l’art était moins pire que ce qu’il ne pense. Il réfléchit à ce qu’elle dit, vraiment…

- Alors pourquoi tu n’ouvres pas ta propre galerie ? Comme ça, tu n’auras pas à perdre ton pourcentage. Et tu pourrais le faire comme bon de te semble, non ? Et il y en certaine que tu ne vends pas ?

Il se demande pourquoi, n’ayant pas fait le lien de cause à effet avec sa propre personne. Il se dit que ça devait être à cause d’un droit d’auteur. C’était toujours compliqué. Si elle dessinait un personnage connue, il lui fallait les droits, non ? Ou quelque chose comme ça. Ils se mirent à rentrer dans un sentier et il lui montra un espèce de triangle qui avait été dessiné sur un arbre.

- Pour suivre notre randonnée, il faut suivre la balise du triangle rouge. De souvenir la bleu avec le tirer en dessous te ferait monter la montagne. Et pour ma sœur, je serais ravi que tu la rencontre … mais d’abord il faudrait que je trouve le courage de retourner la voir avant. Cela fait plusieurs mois que je ne l’ai pas vue… Je n’avais pas envie qu’elle me voie … Fin. Tu sais. Donc, j’imagine que je devrais aller la voir avant… Mais je serais vraiment ravi que tu la rencontres. Et mon grand-père aussi.

Une petite idée germa dans son esprit ... de faire la rencontre pendant le vernissage pour avoir une raison de mettre sa soeur et son grand-père sur leur trente-et-un ... mais il n'avait pas envie de partager son premier vernissage avec quelqu'un d'autre que Billie dont il supprima l'idée de son esprit.

- Oula non. C'est trop de travail gérer une galerie. Je n'ai aucune envie de faire ça. Je préfère me contenter de peindre. Fiona est beaucoup plus douée que pour gérer une galerie. Et je trouve déjà qu'elle me paye beaucoup trop pour ce que je peins alors je n'ai pas besoin de gagner plus.

J'avais parfois du mal à croire que des gens puissent vraiment payer des sommes pareilles pour avoir le plaisir d'avoir une de mes peintures. Je n'allais pas en plus râler sur le fait que je n'étais pas assez payée. Je pouvais vivre de mes peintures, c'était largement suffisant à mes yeux.

- Je les vends toutes en général. Je ne garde que celles qui ont une importance particulière pour moi. Et je sens que la prochaine que je vais peindre sera plus que particulière.

Ca serait lui. Je ne pourrais jamais supporter de savoir que quelqu'un avait une peinture de Nathan chez lui. Il ne pourrait jamais la comprendre. Il ne pourrait jamais voir toute la beauté qu'aurait cette peinture. Il ne comprendrait jamais tout ce qu'elle allait représenter. J'étais obligée de la garder.

Je le suivis, écoutant ses explications. Je me laissais guider par lui, je devais le reconnaitre. Moi j'étais bien dans ses bras, à marcher simplement avec lui, mon bras passé autour de sa taille pour me coller encore plus contre lui.

- Tu me la présenteras quand tu seras prêt. Et tu iras la voir quand ça sera le cas. Je ne suis pas pressée. On a tout notre temps devant nous.

Je voulais le croire en tout cas et je voulais qu'il le croit surtout. Je ne voulais pas qu'il vive en se disant que mes journées étaient comptés. Je ne voulais pas lui faire subir ça. Et de toute façon, ce n'était pas le cas pour le moment. Mon cas était encore loin d'être sans espoir. Je ne baisserais pas les bras, pas encore. Alors oui on avait tout notre temps. On avait le temps d'apprendre à se découvrir, de rencontrer nos familles respectives, de profiter ensemble.

- Tu vas lui dire déjà? Qu'on est vraiment ensemble toi et moi, que ce ne sont pas que des conneries? Et à ton grand père aussi?

J'en parlerais peut être à mes parents, si j'arrivais à les croiser plus de cinq minutes et si j'arrivais à avoir une vraie conversation au téléphone, ce qui était plus qu'improbable quand on y pensait.