Elle semble être un peu plus au courant que toi sur le prix d’une année ici, mais cela ne te surprend pas vraiment. En fait, c’est sûrement commun des familles justement qui comptent leurs sous et savent qu’ils ne peuvent se permettre ceci que parce qu’ils sont à la limite. Toi, tout ce que tu vois depuis trois ans, c’est un espèce d’endroit beaucoup trop morose pour être vrai, trop strict et trop encadré par une morale semi-religieuse qui bourre le crâne. Donc oui, toi, tu as juste envie de sortir de ces murs, t’amuser, voir les limites et finir ton année.

Donc, oui, tu avoues que rien n’est motivant ici. Pourtant, tu avoues avoir une astuce pour tuer le temps. Ce temps qui file entre vos doigts sans que vous ne vous en rendiez bien compte. Tu en parles alors, quasi innocemment. Tu sens le regard inquiet de ton ami, mais tu rends l’échange silencieux avec un sourire en coin. Et la brune semble être intéressée, semble être d’accord, mais voudrait d’abord juste en savoir un peu plus. Tu réfléchis un instant, enfin, fait semblant de réfléchir, et lui sourit, approchant un peu plus d’elle. Vos jambes se touchent presque, tu murmures à son oreille et peux percevoir son parfum.

- J’ai bien envie de te laisser découvrir…

Nouveau regard autour de vous, alors qu’Ulrik surveille si personne d’autre ne vous entend. Tu passes un peu ta langue sur tes lèvres et reviens à elle, t’approchant un peu plus, au point qu’elle pourrait sentir ton souffle sur son cou.

- Dès que le soleil se couche, retrouve nous dans le couloir principal. Sinon..

Tu recules un peu, haussant les épaules.

- Sinon, j’aurais compris que tu n’as pas envie de prendre de risque, et j’peux l’accepter. T’en fais pas. Maintenant, si tu veux bien nous excuser…

Que tu dis en te levant pour quitter le banc, alors qu’on commence à approcher pour dire qu’il est presque temps de remonter dans vos dortoirs, vos chambres. Tu jettes un dernier regard à la petite nouvelle, lui adressant ton plus joli sourire, un clin d’œil aguicheur et tu profites du léger mouvement de foule pour disparaître et monter avec Ulrik dans ta chambre pour éviter de vous faire attraper. Tu pouffes même un peu.

- T’es sûr de ton coup, là, Ditlev ?

Tu hausses les épaules.

- Non, mais j’ai envie de tenter… Et elle est à moi, pigé ?

Il soupire, lève les mains devant lui avant de rigoler.

- J’avais pas prévu de te la voler… T’en fais pas…
- Parfait !

Que tu clames en souriant, attendant doucement que l’heure passe… Alors que tu sors à pas de loup pour descendre au premier étage, t’adossant au couloir vide… Attendant sa possible venue… Sans en être sûr…

Il sait comment tromper un peu le mortel ennui de ce triste endroit et, comme il l’évoque, elle lève un sourcil, sa curiosité naturellement piquée au vif. Comment ça, il sait comment vaincre la morne existence des jeunes pensionnaires ? Cette information ne manque pas de titiller sa curiosité. Par chance, il s’empresse d’évoquer des retrouvailles après le couvre-feu. Il ne lui dit encore rien de ce qu’il compte faire mais… C’est suffisant, cependant, pour qu’un frisson d’excitation la traverse. Pour qu’elle veuille en savoir plus sur ses projets, ses intentions. Naturellement, cependant, il ne semble pas très enclin à lui en dire davantage, comme il déclare préférer la laisser découvrir tout ça par elle-même. Que de mystère. Tout ce dont elle a besoin pour faire croître un peu plus encore son excitation. Tout ce dont elle a besoin pour savoir qu’elle sera au rendez-vous, après le couvre-feu, dans le couloir principal.

"- Crois moi… Je serai là." promet-elle tandis qu’il se lève, demandant qu’elle les excuse.

Elle le laisse s’éloigner, ne manquant pas le sourire qu’il lui offre tandis qu’il se retourne dans sa direction et elle frissonne, portant sa main à son cou, ayant presque l’impression d’y sentir encore le souffle de l’étudiant qui l’avait caressé à cet endroit si sensible de son épiderme quand il avait approché ses lèvres, quand il avait murmuré l’heure et le lieu de rendez-vous. Elle masse sa nuque, cherchant à cacher le trouble qu’il a fait naître en elle et abandonne finalement les restes de son repas comme les surveillants se manifestent.

A peine retournée dans sa chambre et sans prêter la moindre attention à la péronnelle qui entre dans celle d’à côté, Kimmie se hâte de disparaître dans son refuge et prépare ses affaires, prenant une douche rapide avant de se préparer pour son rendez-vous improvisé. Non pas qu’elle ait grand chose d’autre à enfiler que son uniforme, mais elle peut toujours se refaire une beauté, se recoiffer, disperser un rien de parfum dans le creux de son cou et derrière ses oreilles. Elle se surprend au milieu de son geste, l’ayant accompli avant de l’avoir vraiment réfléchi et repose la petite bouteille sur la coiffeuse. Elle est fin prête. Et pressée. Impatiente.

Elle jette un regard sur le soleil décroissant, par la fenêtre, jaugeant l’heure qu’il peut être. Est-ce suffisant ? Elle se risque à ouvrir sa porte et glisser un regard dans le couloir. Personne à droite. Personne à gauche. Aussi délicatement que possible, alors, elle ferme la porte derrière elle, retirant ses chaussures pour ne pas risquer de faire raisonner les talons dans les couloirs du pensionnat et rejoint le point de rendez-vous au premier étage, le cherchant du regard, l’obscurité grandissante le dissimulant relativement.