J’avais toujours les yeux sur le dossier quand elle répondit à ma question. Un empoisonnement de contact? Je relevais mon regard vers elle et je tentais de réfléchir si un possible tueur en série des années 70 avait déjà utilisé ce moyen.

- Un empoisonnement de contact… intéressant comme moyen mais ça peut être long comme mort non?

Je ne connaissais que le moyen par ingestion qui était vachement rapide mais je n’avais pas de connaissance chimique pour savoir comment ça pourrait prendre de temps par contact. Je devais l’avouer, le tueur avait choisi une méthode assez efficace pour ne pas se faire prendre. En même temps les moyens d’enquêtes avait énormément changé en presque 50 ans. Mais on ne put pas vraiment élaboré un peu plus que nous étions fortement invité par Sandra. Je ris doucement en entendant sa réponse alors que je la suivais pour aller manger.

- Tu sais que je ne dirais rien sur ce que tu m’as dis. Si les autres n’ont pas réussi… Mais je suis d’accord avec ce plan. Mais tu as oublié qu’il faudrait encore plus parler boulot.

Je lui fis un sourire rassurant et même une fois installé, j’esquivais les questions assez habilement et poliment. Avec deux fouines de soeurs j’avais l’habitude et Sandra me faisait un peu penser à elles, donc une habitude que j’avais appris et heureusement Bret se montra professionnel et m’aida à comprendre le cas. Je mordis dans mon burger et hochai lentement de la tête, comme pous appuyer les dire de Taylor. C'était pas mauvais effectivement. Cependant ce que Bret m’apporta ne m’aidait pas vraiment. Aucune famille, un seul témoin maintenant trop vieux. En même temps fallait s’y attendre avec le temps qui passe les témoins se ferait plus rare. Dans ce cas-ci: Complètement absents.

- Donc on va devoir fouiller dans les archive avec un corps policier qui ne collabore pas? Ça sent la joie ça…

Et encore une fois Sandra nous laissa seuls, probablement mieux revenir à la charge plus tard. Elle nous rappela le verre du soir et malgré la tentative de fuite de Taylor, ça ne fonctionna pas vraiment. Je riais doucement comme son excuses foireuse passa dans le vent. Tout en finissant de manger, elle m’expliqua ensuite le cas alors que je grignotais lentement mes frites  Elle avait raison, les techniques d’enquêtes que j’avais apprises ne s’appliquaient pas vraiment ici. Quelques-unes sûrement mais pas toutes. Je vis alors son regard s’allumer et je compris rapidement qu’elle avait peut-être une piste. Quand elle me demanda si je connaissais Alban Perez, je secouai la tête lentement. Je pris mon soda en l’écoutant attentivement mais quand elle termina, je restais silencieux en jouant avec ma paille.

- Tu crois que le coupable se serait inspiré d’un livre? dis-je avec un soupçon de doute, Je ne dis pas que c’est complètement à côté de la plaque mais on a fait les analyses sur les bouts de tissus?

Je posai mon verre en réfléchissant, les sourcils froncés. Ce n’était pas bête en fait. Certains s’inspirait de grands tueurs en série, des copycat, alors pourquoi pas un bouquin? Je relevai un regard vers Taylor en fouillant son regard.

- Ok admettons que c’est plausible, il date de quand ce bouquin? Et tu as exposé ta théorie à Sandra et Bret?

–Donc on va devoir fouiller dans les archives avec un corps policier qui ne collabore pas? Ça sent la joie ça…
– Précisément… Mais tu fais partie des fédéraux maintenant… Les membres des diverses polices d'état ne nous aiment pas beaucoup figure toi… pouffais-je en buvant une gorgée de mon soda.

Je lui parlais ensuite de l'objet de mon attention… De ce fameux livre au titre évocateur et pourtant méconnu…

– Non… Le livre est sorti dans les années quatre-vingt, Ford… Soit bien après que cette affaire ait eu lieu dis-je en souriant à pleine dents. Et c'est précisément ce que je trouve intéressant. Et si ce Alban Perez était notre assassin ? Ou bien quelqu'un qui l'aurait connu ?

Oui, je sais, la théorie semblait tirée par les cheveux. Au fond, l'auteur aurait très bien pu s'inspirer de l'affaire… Mais vu le désordre et le fait que ces meurtres n'ont aucunement été médiatisés à l'époque, cela me paraissait plus douteux encore. Pour moi, ce Perez savait beaucoup de choses…

– Je leur en ai parlé mais ils ont refusé de lire le livre… "On a bien assez de trucs à lire dans la journée" m'ont-ils dit, ajoutais-je. Mais je t'assure qu'en le lisant, la théorie est loin d'être si folle… A commencer par le lien entre les victimes… Dans le livre, elles ont toutes interprété le même rôle dans une pièce de théâtre amateur. J'ai vérifié, il y a bien une pièce qui est jouée tous les ans. Faut juste voir si les victimes identifiées dans ce rapport bâclé ont participé à cette fameuse pièce.

De toute ma carrière, jamais je n'ai eu à fouiller autant pour trouver une information. C'était un travail certes fastidieux mais réellement passionnant… Même si, pour cette fois, j'avais envie de taper sur les doigts des responsables d'un tel foutoir. Ce dossier n'avait ni queue ni tête… Ils s'étaient contentés de rassembler tous les meurtres recensés sur une période donnée dans un seul et même dossier… Du grand n'importe quoi.

– Il y a beaucoup de choses à vérifier avant de rechercher ce type… Même si je doute que Alban Perez soit son vrai nom. Il s'agirait peut-être même d'une femme… Qui sait ? Dans tous les cas… Je te conseille de lire ce livre avec attention. Je te prêterai mon exemplaire.

Le repas terminé, nous regagnâmes les bureaux sous le regard attentif d'une Sandra qui semblait s'ennuyer ferme. Je passais le reste de la journée à mettre de l'ordre dans le dossier afin d'aider Ford à mieux comprendre. Quand vint l'heure de rentrer, Sandra bondit de son siège pour nous rappeler la soirée d'accueil qu'elle avait "organisé". Non, il était bien inutile d'essayer de lui échapper.

L'on finit dans un pub irlandais qui servait une bière sombre et épaisse que j'avais appris à apprécier.

– Alors comme ça, vous travailliez déjà ensemble avant de vous retrouver ici ? nous demanda Bonnie. C'est quand même marrant que vous vous soyez retrouvé au FBI.
– Le destin, sans doute, ajouta Sandra, l'air fier.
– N'importe quoi, soupirais-je en levant les yeux au ciel.

- Je suis un nouveau fédéral.. donc je peux encore amadouer les récalcitrants. Vous ça fait trop longtemps que vous êtes sortis des petits postes vous ne savez plus comment les flics pensent…

Dis-je en riant doucement. En fait je ne sais même pas s’ils seraient super contents de nous voir. Personnellement je n’avais jamais vraiment eu de problème avec les fédéraux sauf s’il nous prenait de haut et qu’on devait être à leur service comme des boniches. C’est une fois seuls qu’elle me parla de sa théorie. Je ne voulais pas tuer ses espoirs après tout… pourquoi pas? Je soupirais lentement quand elle me confirma que le livre était paru bien après les faits, en mettant bien le Ford à la fin. Dieu que je détestais ça… Enfin je ne relevais pas et je plantai mon regard dans le sien. Ses yeux ne brillaient plus, ile pétillaient comme des feux d’artifices. Putin, elle était presque convaincue de sa théorie.. qui ne pouvait être totalement mise à la poubelle. Je repoussais mon assiette vide et croisai les bras sur la table en plissant les yeux légèrement.

- Je n’ai pas vu de coupures de journaux parlant de l’affaire. Soit parce qu’ils n’en n’ont pas parlé ou comme le reste ça été occulté. Mais supposons que ta théorie s’avère juste. Il c’est peut-être exercé avant, il n’a pas pu réussir du premier coup. Tu sais comme moi que tout criminel, surtout pour un truc pareil, s’exerce avant. Il faudrait voir s’il y a eu des cas similaires.

Je lui demandai ensuite si elle avait exposé sa théorie à Bret et Sandra et bien sûr ila avaient refusé de même lire le livre. Je ne comprends pas pourquoi, de ce que j’ai compris, ils bossaient là-dessus depuis un bon moment. Taylor semblait tellement convaincue que je lui fis un sourire rassurant. Je ne la trouvais pas si bête cette hypothèse, elle méritait qu’on y porte attention. Après tout on risquait quoi? Ce n’est pas comme si la victime allait renaître de ses cendres et tout nous dire. Puis un foutoir de plus ou de moins…

- Tu me donneras ton exemplaire, je vais m’y coller. Peut-être qu’à deux on arrivera à les convaincre.

On regagna nos bureaux et je ne dis rien pour la théorie de Taylor voulant assembler tous les arguments nécessaires pour que nos deux coéquipiers acceptent d’explorer cette piste. Il fallait surtout, pour le moment que je prenne connaissance du dossier. L’heure de rentrer étant arrivée, Sandra nous rappela la soirée pour mon “accueil” et je n’eus pas besoin de regarder Taylor très longtemps pour savoir que ça l’enchantait moyen. Je mis donc le dossier dans mon porte-documents ainsi que le livre qu’elle m’avait parlé. Mettant le tout dans ma voiture on se retrouva dans un pub irlandais devant une bière noire qui était bien forte au goût mais pas dégueulasse. Et ils ne fallu pas longtemps avant que les questions fusent. Je pris une gorgée de ma bière et riant doucement à la réplique de Taylor. Je prit un bretzel et croquait dedans laissant traîner le temps volontairement.

- Ouais on a bossé ensemble au poste de police. Mais au contraire de Taylor, moi je n’ai pas appliqué au FBI. On est venu me chercher. Pour mes formidables compétences d’enquêteur sans doute. ajoutais-je en prenant un autre bretzel que je mis dans ma bouche en mastiquant lentement et prenant une gorgée de bière. Mais… je ne pense pas que se soit le destin, Taylor ne croit pas trop au destin. Enfin, du temps qu’on bossaient ensemble. Je pense vraiment que c’est parce que je fais un bon boulot.

Je dis ça d’un ton détaché, juste assez pour répondre à leur questions pas plus, pas moins. fallait faire attention avec ce genre de petites fouines. Je pris une gorgée de ma bière en regardant Bonnie et Sandra par-dessus mon verre.

- Mais vous deux dites-moi… c’est le destin qui vous a fait rencontrer vos maris?

– Le destin n'existe pas, c'est juste une vaste blague qui sert uniquement à vous rassurer au moindre doute, dis-je en levant ma bière dans leur direction.

En réalité, je ne savais pas quoi en penser, même si la notion de "hasard" me parlait beaucoup plus. J'avais beaucoup de mal à me dire que certaines personnes étaient destinées à vivre des choses horribles… Entre mes propres expériences et ce que je découvrais chaque jour au boulot, croire au destin reviendrait pratiquement à insulter les victimes.

Alors, certes, ici il ne s'agissait absolument pas de cela. Ils n'évoquaient que les "bons" côtés de cette notion qui prenait alors des allures bien plus romantiques. J'aimais mieux ne pas me mêler de cette conversation. Sandra ne tarda pas à me traiter de rabat-joie, ce à quoi je répondis par un simple sourire.

Je les laissais donc évoquer leurs relations amoureuses développées au boulot sans vraiment y prêter attention. Je savais déjà que Bonnie avait succombé au charme de William lors d'une fête de fin d'année et que Bret avait eu Sandra à l'usure. Je connaissais déjà leurs histoires et cela ne m'intéressait pas de les écouter de nouveau.

– Taylor. Tu viens jouer ? me lança Bret depuis la table de billard.

Je me levais rapidement, bière en main, pour les rejoindre Will et lui. Jouer à ce jeu était devenu une sorte de tradition.

– Viens aussi, Phil. Elles vont finir par te donner la migraine, s'écria William avant de tendre une queue à mon coéquipier.
– Par contre, c'est moi qui fait équipe avec elle. Je veux gagner.
– Non, tu l'as déjà eu dans ton équipe la semaine dernière…

Je levais les yeux au ciel avant de récupérer l'une des queue accrochée au mur.

– Décidez-vous, je commence, dis-je en faisant éclater le triangle. À qui le tour ?

Je leur lançais un grand sourire puis bu une nouvelle gorgée de ma bière.

Voilà, Taylor venait de leur dire clairement qu’elle ne croyait pas au destin. J’aimais bien la taquiner là-dessus mais en même temps on ne pouvait exclure totalement ceci vu mon arrivée ici. Mais au final je répondis simplement à leurs questions sans trop en dire. Je remerciais presque mes sœurs de m’avoir bien rôdé mais je leur renvoyais la question en demandant comment il s'était retrouvé en couple avec les deux mecs qui me semblaient bien plaisant. Je fus surpris de savoir que Sandra avait été récalcitrante au départ mais qu’au final elle était quand même mariée avec lui. Pour Bonnie je trouvais l’histoire touchante même romantique à la limite. Si Sandra était curieuse et directe, Bonnie semblait plus réservée mais pas moins curieuse. Et je me retrouvais seul avec les deux petites fouines qui devaient voir là l’occasion de me tirer les vers du nez.

- Roh mais!! On ne peut même pas en apprendre plus sur Taylor!s’exclama Sandra

- J’ai deux grandes sœurs fouines comme vous. Je ne dirais rien sans la présence de mon avocat.

Je leur fis un sourire de gamin espiègle et descendit de mon banc et allait les rejoindre. Je posai mon verre sur un table non loin et prit une queue de billard et pendant que les deux loustics se chamaillait encore je me plaçais.

- Alors je prend le tour pendant que vous vous décidez… dis-je en examinant les boules sur le tapis. La deux au coin…

Je me plaçais, prit quand même le temps de me placer et… BIM! La deux au coin. Je me relevai le sourire de gamin aux lèvres.

- Alors on les basses… avec qui je fait équipe?

Bret leva la main et je laissai Taylor et Will se placer alors que Bret vint me rejoindre.

- Alors, il y a eu quelque chose entre vous? me chuchota Bret.

Je me tournai vers lui pensant que j’aurais la paix des questions comme ça. Je jetai un regard à Taylor avant de répondre.

- On étaient partenaire de travail. On faisaient une bonne équipe et on avait même le plus haut taux d’enquête résolue. On étaient un bon binôme. vous allez voir quand on résoudra cette enquête. Vous allez être bluffé.

- Juste ça partenaires?

- Moi qui pensait que les filles allaient être les pires. Allez c’est ton tour.

Mais ils avaient quoi à vouloir tout savoir de la Taylor d’avant? Est-ce que Sandra leur aurait dit pour le placard? Quelque part j’espérais que non… mais je pouvais en douter. Ils avaient quand même été mangé avant nous.

–Dites les gars, on est là pour jouer ou pour papoter ? soupirais-je, exaspérée. Je vous ai déjà dit que ma privée ne vous concernait pas… Alors merci de passer à autre chose.
– Mais voyons, Taylor. On interroge Phillip, pas toi… Tu vois bien qu'on a compris, rétorqua Will en m'offrant un clin d'œil franchement agaçant.

Bon sang ce que je pouvais détester ça… Voilà pourquoi je n'aimais pas mêler vie privée et professionnelle. Je ne comprenais pas cette curiosité maladive et hautement intrusive et peinais à supporter cette insistance.

– Dans ce cas, autant vous laisser entre vous. Je n'aime vraiment pas votre comédie, grognais-je en reposant la queue à sa place.
– Roooh ça va, Taylor, on plaisante.
– Peut-être, mais moi, ça ne m'amuse pas. Je vous ai déjà demandé d'arrêter à plusieurs reprises… Vous voulez savoir quoi au juste ? Si on a déjà couché ensemble ? La réponse est oui… C'est bon ? Autre chose ? Vous voulez peut-être savoir combien de fois ? Où ? Dans quelle position ? Si c'était bien ? Non, dites-moi, allez, à quel point êtes-vous curieux et intrusifs ?

Ok, je venais de choquer tout le monde tout en plombant l'ambiance… Tant pis, ils m'avaient poussé à bout et je ne me sentais absolument pas coupable. Peut-être que comme ça ils cesseront leur manège à la noix.

– Euh… Désolé Taylor, vraiment…
– Ouais, pardon.
– C'est bon, je rentre, dis-je en récupérant mes affaires.

Je vivais non loin, dans un nouvel appartement qui me ressemblait bien plus que l'ancien. Il s'agissait de l'un de ces logements sans cloisons. Un loft, ils appelaient ça. J'aimais l'espace que cette configuration offrait. Je ne me sentais pas étouffer. Je me sentais même si bien dans cet endroit que j'avais commencé à l'aménager à mon goût.

Je ne voulais pas trop en dire, je savais qu’elle détestait ça et elle le confirma avec son ton exaspéré et son regard qui s’assombrissait. Merde… il valait mieux qu’il arrête sinon elle allait vraiment péter un câble. Quand Will lui répondit, je secouai la tête négativement pour qu’il arrête. Et il en rajoutait en plus! Putin… il ne savait pas lire le non-verbal des femmes, visiblement! Enfin celui de Taylor du moins. Je posai ma queue de billard lentement sur la table pour tenter de la calmer et… Bah non! Elle ajouta même qu’on avait déjà couché ensemble. Hé oh! Tu vois pas que je tentais justement de les faire patauger dans leur suppositions! Mais ce n’était pas seulement devant les collègues là, c’était aussi devant les clients autour de nous! Bien tard les excuses arrivèrent alors qu’elle dis qu’elle rentrait.

- Taylor…

Mais elle quittait la porte se refermant derrière elle. Je me dépêchai d’aller récupérer ma veste en leur dardant un regard noir.

- En un an vous n’avez pas compris de lui foutre la paix avec sa vie privée?

Je remontai ma fermeture éclair et sorti du pub et je l’aperçu à temps en la voyant tourner le coin. Je couru vers elle en l’appelant et bien sûr elle continua son chemin. J’arrivais à la prendre par le bras et la tourner vers moi doucement.

- Hé… Ça va. Je sais que tu n’aimes pas cette intrusion mais laisse-les faire. Laisse-les parler. Amuse-toi et fais juste donner des réponses évasives.

Je fouillais son regard un moment et prit une inspiration en relâchant son bras et lui fit un petit sourire en coin.

- Il va falloir que je te montre comment gérer des fouines. Puis même s’il en venaient à en apprendre un peu plus ça fait quoi? J’ai rien à cacher, je n’ai rien à regretter. C’est arrivé et c’est tout. Puis ils doivent aussi avoir abusé des heures supplémentaires tout seuls eux aussi. Il ne faut pas être complètement stupide.

Et je me maudissais encore de la trouver encore aussi adorable quand elle était en pétard. Les yeux brûlant de colère, la petite moue boudeuse… Bien que oui je l’aimais encore, je voulais quand même garder une distance prudente. Mais quand je la voyais ainsi, j’avais bien plus envie de la calmer et la rassurer.

- En tout cas maintenant il savent qu’on a déjà couché. S’il avait un doute, ils n’en n’ont plus maintenant. Et je pense que quelques clients aussi doivent être au courant dis-je en riant doucement, Allez, reviens je penses qu’ils vont se tenir tranquille. Puis je ne t’ai pas encore battu au billard…

Je n'aimais pas avoir à m'énerver, cela m'épuisait même de plus en plus vite. Généralement, je partais bien avant d'avoir l'occasion de déraper. Cela me permettait de m'aérer l'esprit et surtout d'éviter de dire des choses que j'allais forcément regretter après coup… On peut donc dire que, pour cette fois, ce fut un bon gros raté.

À peine dehors, je pouvais sentir les bienfaits de l'oxygène sur mes nerfs… À moins qu'il ne s'agisse de l'effet des gaz d'échappement… Dans tous les cas, je n'avais pas la moindre envie de retourner dans ce bar. Je préférais rentrer chez moi, tranquillement… Mais ce fut sans compter sur mon cher partenaire toujours aussi protecteur. Voilà une chose que j'avais oublié, cette propension à vouloir sans cesse secourir les autres… Même ceux qui n'en avaient pas besoin.

–Phillip… Ça va, je t'assure. Je me fiche bien que la Terre entière apprenne ce qu'on a fait, vraiment… Il n'y a rien de honteux là-dedans, dis-je en soupirant, repoussant par la même une mèche de cheveux rebelle devant mes yeux. En revanche, ce que je n'aime pas, c'est leur manière d'insister…

Je ne pus m'empêcher de rire lorsqu'il mentionna la présence des autres clients et surtout sur ce qu'ils venaient d'apprendre à notre sujet. Ok, eux, ils n'avaient rien demandé…

– Hm, non… Je vais rentrer. La journée fut longue et je meurs d'envie de prendre un bain, de me commander une pizza que je dévorerai devant un film probablement mauvais, rétorquais-je en souriant. Pour le billard, je préfère la version anglaise de toute façon. Je pense que nous aurons largement l'occasion de refaire une partie…Mais tu ne gagneras pas, ajoutais-je en lui offrant un clin d'œil.

Je flattais son épaule d'une petite tape avant d'avancer d'un pas dans la direction de mon appartement.

– Bonne fin de soirée, Philou, lançais-je. Ah … Au fait, arrête de marcher sur des œufs, c'est inutile ! Je n'ai plus peur.

Un nouveau sourire et je repris ma route en espérant qu'il comprenne le message. Je ne forcerais rien, à lui de choisir cette fois. Dans tous les cas, j'étais bien décidé à ne plus prendre la fuite.

Je n’aimais pas qu’elle soit aussi en pétard, enfin surtout après qu’elle ai dit de lâcher la grappe. Cependant elle devait juste apprendre à laisser couler et juste répondre de manière évasive ou les tourner en bourrique. Je sais qu’elle n’avait jamais aimé les questions intrusives mais ce n’était rien de grave. Enfin… pour moi ce n’était rien de grave. Bien sûr elle refusa de revenir, en vrai le contraire m’aurait étonné. Je ne la retiendrais pas non plus, j’avais bien appris qu’on allait finir par se prendre la tête de toute façon. Je répondis à son sourire en hochant la tête lentement pour finalement rire doucement.

- C’est ce que tu crois, mais je suis prêt à te laisser des chances…

Elle flatta mon épaule avant de me mettre une tape amicale. Je roulais des yeux quand elle m’appela Philou mais me figea quand elle me dit que je n’avais plus à marcher sur des oeufs, qu’elle n’avait plus peur. Ouais peut-être mais laisse-moi en juger. Ne dit-on pas chat échaudé craint l’eau froide?

- Pas de Philou! Bonne soirée Taylor…

Je préférais retourner au moins terminer ma bière et puis… peut-être les tourner en bourrique aussi tiens. Je mis les mains dans mes poches et retournai dans le bar et bien sûr les regards se tournèrent vers moi.

- Alors? demanda une Sandra inquiète

- Ben elle est en pétard vous croyez quoi? dis-je faussement agacé, Si j’étais à votre place je lui demanderais pardon demain et je serais gentil.

Quelle connerie! J’avais déjà hâte d’être au lendemain pour voir ça. Je terminai ma bière, passais un bout de soirée avec eux avant de retourner chez-moi et éplucher le dossier. Je n’étais pas tellement fatiguée, je ne sais même plus à quelle heure je me couchai mais le lendemain je me levais très tôt et allai directement au bureau et arrivai le premier. Chouette! Je serais au première loges pour voir cette bande demander pardon à Taylor et me bidonner comme un con. En attendant je mis un muffin et un café sur le bureau de Taylor avant de tirer le livre qu’elle m’avait prêté. Bon j’en étais au début mais je ne voulais pas exclure les pistes et qui sait… On trouverait peut-être des similitudes. Je ne fus pas surpris de voir Taylor arrivé avant les autres.

- Bonjour, dis-je joyeusement, au fait, je suis retourné au bar hier. Alors fais juste jouer le jeu d’accord?

Je relevai un regard en coin vers elle et lui fis un sourire de gamin espiègle pour me replonger dans la lecture du livre. Je n'eus pas le temps d'expliquer plus longuement que le reste de l'équipe arrivait lentement.

Le lendemain, j'arrivais au travail de bonne heure, comme à mon habitude… Sauf que j'étais habituée à arriver bien avant les autres. Juste histoire de pouvoir profiter du calme des bureaux avant que la journée ne commence réellement… Et là, je me retrouvais devant un Phillip Ford tout sourire… Et un petit déjeuner sur mon bureau.

– À quoi tu joues au juste ? lui demandais-je en posant mes affaires. Qu'est-ce que tu as fichu ?

Je désignais ensuite le muffin et le café avant de poser sur lui un regard des plus perplexes.

– Et ça ? En quel honneur ?

Un simple merci aurait probablement suffit, mais je n'aimais pas son sourire… Ça sentait la plaisanterie à plein nez ! Autant dire que ce n'était pas un très bon signe, le connaissant. Et puis… Jouer le jeu ?

– Taylor, je te demande pardon ! s'écria Sandra avant de me serrer dans ses bras… Un deuxième café apparut sur mon bureau… Puis un troisième, en même temps que Bonnie…

Bordel, mais qu'est-ce qu'il a fichu ?

– On voulait vraiment pas te blesser… On plaisantait, c'est tout…

– Et donc, vous voulez vous faire pardonner en me noyant sous le café, c'est ça ? dis-je en désignant les gobelets.

Ma réflexion les fit rire, tant mieux… Je n'avais vraiment pas le temps pour ça…

– Servez-vous, j'ai arrêté le café. Ça me file des aigreurs d'estomac, lançais-je avant de récupérer mon téléphone pour m'assurer que les archives nous seraient bel et bien ouvertes… Mais aussi que tout était fin prêt pour le voyage. De quoi me tenir occupée pour la matinée.

– On va déjeuner, tu viens ? me demanda Sandra.
Je levais les yeux vers la pendule, surprise que le temps soit passé si vite.
– J'ai apporté mon repas, allez-y sans moi, répondis-je distraitement tandis que je fus, de nouveau mise en attente par une secrétaire floridienne que je rêvais de trucider.