5h du matin. Assez tôt.

Pas pour Abriel.

Abriel est habitué à se lever aux aurores pour préparer la maisonnée pour la famille chez qui il travaille.

Oui mais voilà, il a été renvoyé de la demeure de ses anciens clients. Une fâcheuse histoire. Le père de famille avait un peu trop titillé Abriel à propos de sa mère, et le poingt était parti tout seul. Abriel, aujourd'hui encore, ne sait pas ni comment ni pourquoi il a autant perdu son sang froid. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais apparemment il n'avait pas pû se retenir. Forcément, l'histoire ne s'est pas arrêtée là. Il y a eu le tribunal...
Et puis surtout cet incident a considérablement salie sa réputation au sein des majordomes parisiens.

Cela expliquait peut-être aussi pourquoi il avait tant de mal à retrouver une nouvelle famille chez qui travailler.

Enfin bref ! 5h du matin.

Abriel se préparait. Il avait prévu quelque chose aujourd'hui, pour booster ses chances de retrouver du travail. Il allait faire du porte à porte aux alentours de chez lui ! Enfin, pas à cette heure-ci bien entendu ! Il allait d'abord passer au B.D.M.P.
Bureau des majordomes parisiens.
Pour voir si son annonce de recherche de clients avait reçue des résultats.

Il se doutait bien que non. C'était la même chose depuis trois semaines. Il allait au bureau avec une pointe d'espoir, une toute petite lueur dans le regard...vite éteinte par la même réponse systématique de son interlocuteur...

Tant pis, aujourd'hui Abriel avait un plan B.

Il décida de commencer par un immeuble près de chez lui.

Toc toc toc

Paris. Une ville qu'il apprivoisait peu à peu. Il ne se perdait plus dans le métro, il commençait à connaître quelques adresses, il s'habituait au bruit des klaxons dans la rue, à cette vie à 200 à l'heure. Il apprenait à marcher vite dans la rue, à slalomer entre les gens, à faire la tête dans les transports. Il avait entendu dire que des rats pouvaient gambader dans les stations de métro ou les parcs la nuit. Le simple fait d'y penser lui donnait des frissons dans le dos. Il espérait ne jamais en croiser.

Mais la vie parisienne n'était pas que les métros bondés en heure de pointe ou les courses hors de prix. Il y trouvait du bon, aussi. L'offre culturelle inépuisable, les promenades dans les parcs par les jours de beau temps, les verres dans des cafés cosy ou en terrasse. Paris était une ville dynamique, où du monde courait encore les rues à 23h, dans les quartiers les plus animés.

Gaétan prenait goût à cette vie parisienne. Il avait déjà été au Musée du Louvre. Seulement parce que c'était un incontournable. En plus, c'était gratuit pour les moins de 26 ans. Il avait beaucoup aimé mais le musée était si grand qu'il n'avait pas pu voir toutes les collections. Il y retournerait une prochaine fois, se disait-il.

Cela faisait deux mois qu'il avait emménagé dans son petit studio du 13ème arrondissement. Ça le changeait pas mal de Caen, et encore plus du petit village où il a grandi en Normandie. Il entrait dans une autre dimension. Ça lui plaisait bien. Il avait envie de prendre un nouveau départ.

Toute sa jeunesse, et quasiment toute sa vie, il l'a passé seul. C'était le garçon solitaire qui restait dans un coin de la cour de récréation, un livre entre les mains. Il n'allait pas tellement vers les autres, alors les autres n'allaient pas vers lui non plus. Il s'est fait quelques connaissances, certes, mais avec qui il a cessé de correspondre dès qu'ils ne se sont plus vus. Ils ne faisaient pas tant d'efforts pour reprendre contact avec lui, alors il n'en faisait pas plus.

Cette année-là, il a décidé de partir sur un bon pied. Emménagement dans une nouvelle ville, inscription dans une nouvelle école, où il ne connaissait personne et où personne ne le connaissait. Quand il voyait des jeunes attablés à la terrasse d'un café, il les enviait. Il aimerait aussi discuter, plaisanter, rire comme eux. Il se demandait ce que cela faisait, d'avoir de tels amis.

Sors un peu de ta carapace !, se disait-il. C'était le moment ou jamais.

Le master en journalisme qu'il allait entamer était le cadre parfait. Il s'est fait la promesse de ne pas passer l'année seul.

Plus facile à dire qu'à faire…

Le jour de la rentrée, il s'est retrouvé face à sa timidité. Encore. D'autant plus lorsqu'il s'est aperçu que beaucoup de personnes se connaissaient déjà. Heureusement que les travaux de groupe étaient là pour bousculer Gaétan, le pousser à aller vers les autres. Au fil des jours, il a rejoint une petite bande, où personne ne se connaissait. Ils avaient même déjà pris un verre sur une terrasse, à la sortie des cours. Gaétan se sentait bien en leur compagnie.

Cependant, cet équilibre ne tenait plus qu'à un fil.

Qu'est-ce qui lui a pris de dire une chose pareille ?! Il avait sorti un mensonge, dans un moment de détresse. Tout le monde l'avait cru, et ils voulaient désormais en avoir la preuve. Ce qu'il n'avait pas, bien sûr. S'ils se rendaient compte qu'il leur avait menti, c'en était fini de leur amitié naissante.

En cette matinée de fin d'octobre, il réfléchissait dans son studio à une solution. Il regardait sa liste de contacts dans son téléphone. Bien courte. Que des personnes à qui il n'a pas parlé depuis des mois, si ce n'est des années. Il ne connaissait personne d'autre à Paris, alors comment pourrait-il faire croire qu'il…

Toc Toc Toc

Qui pouvait bien frapper à la porte de son studio ? Il n'attendait personne. La poste ? Le service du ménage ? Une arnaque ? Apparemment, certains pouvaient se faire passer pour des plombiers pour entrer dans l'appartement des gens et les voler. De toute façon, il n'avait rien de très précieux dans son studio.

Il n'y avait qu'une solution pour le savoir.

Gaétan ouvrit la porte et se retrouva face à un jeune homme, vêtu d'un costume, qui ne semblait être ni de la poste ni du service de ménage. Alors, une arnaque ?

« Bonjour Monsieur. Je peux vous aider ? »

Il avait entrouvert la porte et passait sa tête à travers l'embrasure. Il faisait de son mieux pour ne pas laisser sa voix trembler.

Un jeune homme (environ de son âge) lui ouvrit. Cheveux bruns, yeux verts... Déjà l'esprit d'Abriel commençait à tourner pour déterminer qui il avait en face de lui. Une fâcheuse habitude de juger les gens sur leur physique et non sur leur vraie personnalité...

Son interlocuteur n'avait en fait qu'entrouvert la porte ce qui fait que seule sa tête dépassait dans l'embrasure, ce qui fit rire intérieurement Abriel. La voix de ce jeune homme trembla un peu en disant :

« Bonjour Monsieur. Je peux vous aider ? »

Abriel voyait bien que le jeune homme forçait sa voix pour l'empêcher de trembler. Un sourire suffisant se dessina sur le visage du majordome. De quoi pouvait-il bien avoir peur ? Était-il si effrayant que ça dans son costard impeccable ? Abriel effaça vite son sourire de son visage. Mieux valait ne pas laisser transparaître d'émotions, vu ce que ça lui avait coûté la dernière fois...

Le jeune majordome se dit qu'il devait avoir affaire à un timide, voir peureux, voir paranoïaque...
Le jugement de valeur était un point que malheureusement maîtrisait très bien Abriel. Cela lui avait de nombreuses fois joué des tours dans le passé, durant sa jeunesse.

« Bien le bonjour très cher. Je me prénomme... hem... pardon...»

Rha...
Cette fichue habitude qu'il avait de parfois se tromper et parler en language soutenu, comme l'avait éduqué son père ! Cela se produisait surtout quand il repensait au passé...

Il reformula :

« Je veux dire... Bonjour, monsieur ! Je m'appelle Abriel Paroi et je suis majordome. En fait, je suis à la recherche d'un nouvel employeur. Mes services vous intéressent ?»

Une présentation assez brève...

Il s'était imaginé tous les scénarios. Sauf celui-là. Majordome ?! Avait-il mal entendu ? Il pensa à une farce. Mais le jeune homme face à lui n'avait pas l'air de plaisanter. Ce qui était d'autant plus troublant.

Il semblait venir tout droit du siècle dernier. Ses premiers mots venaient d'un langage soutenu, complètement désuet de nos jours. On ne parlait ainsi que dans les films d'époque. Il s'est rapidement repris, mais cela restait étrange.

Et puis, un majordome, n'était-ce pas celui qui se chargeait de l'entretien d'un manoir et de la gestion d'autres domestiques ? Seuls les nobles et les plus riches personnes pouvaient se permettre de recourir à de tels services, n'est-ce pas ?

En cet instant, il ne pouvait s'empêcher de penser à un manga qu'il avait lu quand il était au collège. Un majordome, tout vêtu de noir, qui servait un jeune comte anglais de l'ère victorienne, et qui s'avérait être un diable.

Mais les démons, cela n'existait que dans les livres. Gaétan avait beau avoir beaucoup d'imagination, il restait réaliste. Il savait que ce monde ne laissait aucune place au surnaturel.

Il réalisa alors qu'il avait laissé passer un moment, et que le jeune homme en costard impeccable se tenait toujours là, devant lui, dans l'attente d'une réponse.

Sans ouvrir davantage la porte qui laissait toujours apparaître sa tête nerveuse, il finit par dire :

« Bon… Bonjour Monsieur. Je suis désolé, mais je pense que vous avez frappé à la mauvaise porte. »

Il jeta un regard derrière lui, puis ajouta, en haussant les épaules :

« En plus, vous n'aurez pas beaucoup de travail, dans ce petit studio de 18 m². »

Certes, Gaétan n'était pas le maître du rangement. Puisque ses petites étagères étaient déjà remplies, des piles de livres s'entassaient ici et là, dans un coin, et autour de son lit. Il ne pouvait s'empêcher de s'encombrer de livres qu'il récupérait dans des brocantes, parfois à 1€ le poche ; une offre bien trop alléchante. Des feuilles s'étaient échappées de ses cahiers. Des feuilles sur lesquelles il avait écrit des textes, à 2h du matin, quand il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Quelques affaires traînaient encore sur le lit, mais il s'apprêtait à les ranger avant d'ouvrir la porte bien sûr.

Donc… Certes, le rangement, ce n'était pas son point fort. Mais il pouvait très bien le faire par soi-même. Et puis, il n'avait pas l'argent pour payer un majordome, de toute façon.

Il se retourna vers son interlocuteur. « Enfin, je veux dire, je suis étudiant et… Je ne peux pas prendre vos services, désolé… »

Le jeune homme semblait troublé qu'Abriel se présente comme majordome. Il est vrai que ce n'est pas une profession courante et qu'ils ne courent pas les rues. Surtout dans les appartements.

Abriel sentit que son interlocuteur était encore plus interloqué lorsqu'il avait commencé à parler en language soutenu. Mais bon, la remise en question ne fait pas vraiment partie de son éducation stricte.

Le jeune majordome se dit qu'il devait paraître assez étrange dans son costume impeccable et parfait. Même dans sa vie quotidienne, il ressortait toujours des parisiens pressés qui vont et viennent dans les rues.

« Bon… Bonjour Monsieur. Je suis désolé, mais je pense que vous avez frappé à la mauvaise porte. »

La voix du jeune homme tremblait toujours, il n'était vraiment pas assuré...

Abriel ouvrit la bouche pour lui répondre mais son interlocuteur enchaîna :

« En plus, vous n'aurez pas beaucoup de travail, dans ce petit studio de 18 m². »

Abriel s'en doutait bien, mais bon, il était tellement désespéré, qu'il était prêt à tenter beaucoup de choses pour retrouver du travail.

Son potentiel client (enfin, c'était mal parti) se retourna un instant pour observer l'intérieur de son studio. Abriel ne voyait pas l'intérieur, la porte étant toujours entrebâillée pour ne laisser voir que la tête du propriétaire des lieux.

Justement, ce dernier se retourna vers le majordome et lui dit :

« Enfin, je veux dire, je suis étudiant et… Je ne peux pas prendre vos services, désolé… »

Abriel s'attendait à cette réponse, mais il était quand même déçu...

Comme à son habitude, il ne laissa transparaître aucune émotion en disant :

«Oh, je comprends, ce n'est pas grave. Permettez moi juste, au cas où vous changeriez d'avis, de vous donner ceci...»

Le jeune majordome sortit d'une des poches de son costard, une carte de visite. Elle contenait toutes les informations nécessaires : le prénom et nom de famille d'Abriel, son numéro de téléphone, son adresse...
Le tout sur une carte joliment décorée.

La carte de visite:

Abriel tend la carte au jeune homme, attendant qu'il la prenne...

Gaétan adressa un sourire désolé au jeune homme face à lui. Cela ne devait pas être le premier refus que le majordome recevait, mais s'il ressentait de la déception, il ne le montrait pas. En revanche, il lui tendit une petite carte noire, très design, avec ses coordonnées. Une carte de visite, en somme. Gaétan la prit et y jeta un bref coup d'œil, avant de revenir à son interlocuteur.

« Merci, Monsieur. Je la garde… au cas où… »

Au cas où ? De quoi ? Il avait simplement repris les termes du jeune homme. Mais il n'allait sûrement pas revenir sur sa décision. Il gardait la carte par simple politesse.

Il attendit de voir si le jeune homme avait autre chose à dire, avant de faire un léger mouvement de tête. Il était temps de lui dire au revoir, non ? "J'espère que vous trouverez vite du travail" ? "Je vous souhaite le meilleur pour la suite" ?

« Ben… Merci beaucoup… euh… Bon courage. »

Non, décidément, aucun autre mot ne voulait sortir à ce moment-là.

Il referma et s'adossa contre la porte en soupirant. Ce fut une expérience des plus insolites. Mais il s'en voulait de ne pas être parvenu à surmonter sa timidité… Il avait dû donner l'impression d'être bizarre, coincé ou pire, désagréable. Il n'y avait pourtant aucun enjeu. Tout ce que Gaétan avait à faire, c'était gentiment le remercier et lui dire qu'il n'était pas intéressé. Ce n'était pourtant pas sorcier !

Il regardait son studio. Effectivement, il avait grand besoin d'un peu de rangement… Il posa la petite carte de visite sur son bureau et se mit à dégager le plancher, pour pouvoir circuler convenablement, tout de même.

DLING

Une notification de son téléphone. Il posa la pile de livres qu'il était en train de trier et s'empara de son portable. Un message dans le groupe WhatsApp de sa nouvelle bande. Ce qui lui remémora instantanément le problème qu'il s'était posé tout seul. Dès lors, toute motivation pour quoi que ce soit, y compris le ménage, le quitta.

Il avait à peine trois semaines pour régler cette affaire.

Il s'assit sur la chaise de son bureau, soupirant. Il regardait son portable avec un air dépité.

"Et voilà, avec ma bêtise, je vais être la risée de tous et je vais passer l'année seul…"

En même temps, il s'était retrouvé face à un dilemme. S'il avait dit la vérité, il serait sûrement passé pour un looser et ses nouvelles connaissances n'auraient plus voulu traîner avec lui. Mais maintenant qu'il avait menti… S'ils découvraient la vérité, c'en était définitivement terminé de lui. Et de sa réputation déjà fragile.

"Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ?"

Son regard se dirigea vers la petite carte noire, posée sur son bureau. Il la prit.


Et au verso, un numéro de téléphone, une adresse.

Il la fixa longuement… avant de la ranger dans le tiroir de son bureau. Une idée venait de lui traverser la tête, mais elle était tout bonnement folle. Insensée. Stupide.

Il termina son rangement et poursuivit ses devoirs. Il essayait tant bien que mal de ne pas se laisser distraire par ses problèmes.

Le soir venu, il se prépara un simple dîner de pâtes, qu'il mangea tout en continuant de travailler. Puis, il était près de 1h du matin quand il se mit au lit. Toutefois, au bout d'une bonne demi-heure, le sommeil ne venait toujours pas. Ses pensées l'avaient rattrapé et l'empêchaient de dormir.

Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, une solution ne cessait de revenir. Mais il ne devait pas prendre de décisions précipitées.

La nuit porte conseil, à ce qu'on dit…

Le lendemain matin, il se leva pour aller en cours. En se préparant, il prit une décision, disons, désespérée. Mais il fallait désormais trouver le meilleur moyen d'aborder la question. Il s'agissait d'une demande plus que délicate, faite à un parfait inconnu !

En attendant son bus, Gaétan sortit son portable. Après s'être assuré que personne ne le regardait, il sortit la petite carte de visite noire de sa poche et nota le numéro de téléphone. Ses doigts tremblaient légèrement - mais c'était à cause du froid, bien sûr !

C'est ainsi qu'à 9h15, il envoya ce message :


Il relut une bonne dizaine de fois avant d'appuyer sur le bouton. Envoyé. Impossible de revenir en arrière.

Abriel tend la carte au jeune homme jusqu'à ce que ce dernier la prenne avec un sourire désolé.

« Merci, Monsieur. Je la garde… au cas où… »

«Je vous en prie.»

Abriel voyait bien que le jeune homme n'était toujours pas emballé par son offre et qu'il ne gardait la carte que par pure politesse plutôt que par véritable intérêt. Il y eu un petit silence entre les deux jeunes hommes avant que le timide ne dit d'un air gêné :

«Ben… Merci beaucoup… euh… Bon courage. »

«Au revoir. Passez une bonne journ...»

Son interlocuteur avait déjà claquée la porte. Abriel, un peu déçu, décida de continuer son porte à porte dans l'immeuble.

0. C'était le nombre de réponses positives qu'il avait reçu. La vielle dame du 4e palier, le médecin du 6e, l'institutrice du 5e...Tous.Non.

Désespéré. C'était l'état dans lequel se sentait Abriel...Il s'était préparé à cette éventualité, bien sûr. Qui aurait besoin d'un majordome dans un appartement, voir même un studio ? Mais se l'entendre dire par des gens en chair et en os, c'était autre chose...Abriel ne savait plus quoi faire...D'un côté, pourquoi ne pas continuer à chercher dans des maisons ou immeubles ? Mais après tout, pourquoi s'obstiner, peut-être que le destin lui envoyait des signes ? Peut-être était-il temps de se reconvertir ? L'ère d'Abriel le majordome était-elle terminée ? Qu'allait-il faire ? Des petits boulots ?

Alors qu'il était allongé sur son lit, une image lui vint à l'esprit soudainement...

C'était son père, qui lui rabâcher qu'il allait devenir un grand homme, qu'il allait lui faire honneur, qu'il allait être brave, fort et fier. Cela avait torturé Abriel quand il avait choisi de devenir majordome... Tout dans ce métier allait à l'encontre de ce que voulait son père. Son père aurait voulu (et il veut sûrement encore) que son fils soit celui qui A les majordomes. Le riche. Le puissant. Le parfait. Mais non il EST le majordome. Avoir et être changent bien des choses....

2h du matin. Abriel s'endort, l'esprit bourdonnant des ces pensées...

10:00

Abriel se réveille en sursaut. 10 heures ?! Un tel affront ne lui était jamais arrivé ! Dormir si tard ?! Sacrebleu !

C'est en poussant ce juron d'un autre temps qu'Abriel se prépare en vitesse, pour la première fois de sa vie. Il passa vite devant son portable qu'il prit tout en sortant en courant de son appartement, dévalant les escaliers avant d'arriver devant le Bureau des Majorations Parisiens. Forcément, il est en retard pour la première fois de sa vie le jour d'un rendez-vous. Un rendez-vous avec Baptiste Lemont, son conseiller de clients (celui qui est chargé de lui trouver des familles chez qui travailler).

Abriel l'avait pris à son service la semaine dernière mais c'était aujourd'hui qu'il commençait vraiment et Abriel et lui avait un rendez-vous pour lui donner ses attentes et critères.

Abriel poussa la porte avec empressement et courut jusqu'au bureau où se trouvait son nouvel "employé". Tout essouflé de son sprint, il dit :

«Milles excuses pour le retard, c'est...ouah...la première...fois...que je...»

Baptiste le dévisagea, il se dit qu'il aurait mieux fait de travailler pour un autre majordome que cet Abriel pour le moins...

Abriel s'assit brutalement, encore essoufflé, et après une petite minute où il reprenait son souffle, l'entretien commença. Abriel donna ses critères qui étaient peu nombreux tant il était désespéré.

Au bout d'un quart d'heure, l'échange fut bouclé et Abriel prit congé de Baptiste. Dans la rue, il voit une notification de message sur son téléphone et s'arrête pour la lire. Les initiales indiquent G.V. Ça ne dit rien à Abriel qui ouvre le message, curieux.

«Bonjour Monsieur Paroi,
Je suis Gaétan Vidal. Vous êtes venu frapper à ma porte hier.
Je vous contacte car j'aurais un service assez particulier à vous demander.
Ce serait sûrement plus simple que je vous l'explique en personne. Vous pouvez venir chez moi à partir de 15h cet après-midi, si vous le souhaitez. Je vous redonne mon adresse : xxxx
Merci à vous,
Gaétan V.»

Abriel essayé de se souvenir qui pourrait être ce Gaétan. Ah mais oui, le jeune homme timide et maladroit ! Cette après-midi ? Abriel y sera ! Il y sera et espère que ce Gaétan soit celui qui le sortira de sa misère.

15:00
Abriel est devant la porte de Gaétan, pile à l'heure. Il réajuste sa cravate avant de frapper trois petits coups.

Toc toc toc