Comme tout les matin je me suis levé tôt pour commencer ma journée et vérifier mes chantiers. Je pris une douche rapide avant de sauter dans une paire de jeans, un chemisier épais, enfiler ma veste et direction ma soeur de prime abord. Nouvellement fiancée elle rayonnait de bonheur, son refuge allait bien et elle flottait sur un petit nuage.

- Ian est pas là?

- En congrès il revient ce soir, mais demain je t’attends pour un repas avec les parents.

- Je vais essayer Ellie, mais tu sais je ne sais pas comment les chantiers vont aller demain et je dois…

- Tu dois être ici à 18 heures.

- Je vais essayer.

- Hum, non, tu essaie pas sinon tu sais que je vais venir te pourrir la vie. J’ai des beignet, tu veux t’asseoir pour manger?

- Euh, non désolé je dois y aller…

Ellie se tourna vers moi, une main appuyé sur le comptoir en plissant les yeux. Merde.. ça n’augurait rien de bon son regard de flic suspicieuse.

- Elle s’appelle comment?

- Quoi? Mais j’ai personne Ellie! J’ai du boulot!

- Tu ne refuse jamais mes beignets.

Je roulais des yeux en soupirant.

- J’ai des chantiers à aller voir Ellie. Le dernier contrat que j’ai est un immeuble de logements pour les gens qui ont moins d’argent. C’est le premier gros que j’ai depuis deux ans, je ne veux pas me planter. Donne-moi en quelques-uns et je te jure sur ma vie que je t’écris aussitôt que j’en mange un.

- Mouais, dit-elle en me préparant un sac de beignets, tu partagera avec Teresa. Puis tu sais que tout vas être parfait, tu dois juste relaxer un peu. Puis mange, tu dios prendre un peu de poids, je suis jalouse moi de te voir aussi canon.

- Tu veux que je me défigure aussi?

- Hum.. pas bête, je serais la plus belle en tout cas. Dit-elle en me poussant vers la porte, allez va bosser

Je lui fis la bise mais en me relevant je la regardai en plissant légèrement les yeux.

- Non même si je suis défiguré tu vas rester le petit farfadet moche. dis-je en évitant une tape en rigolant, je t’aime! Bonne journée!

Je grimpai dans ma voiture et descendit la rue en souriant. Ma soeur avait toujours été ma complice, ma compagne de jeu. Elle était vachement hyperactive, allumée et une vétérinaire hors pair. De plus elle tentait de me caser avec des femmes alors qu’il me manquait l’élément temps. Puis j’aimais bien le petit café pas trop loin de mon entreprise de construction. C’était convivial et la proprio gentille comme pas une. Ok… jolie aussi, très jolie même. J’arrivais et me garais au petit café et entrai en regardant ce qu’il y avait… même si je connaissais l’étal par coeur. J’attendis patiemment mon tour et quand vint le mien je lui servis un sourire gentil.

- Bon matin Anna, je prendrais un café et hum… un pain au chocolat pour ce matin.

Tout avait l’air délicieux en fait même si d’habitude je prenais un muffin là je voulais me sucrer le bec.

- Vous allez bien aujourd’hui? La température est vraiment froide ce matin.

Je me trouvais tellement stupide à débiter des âneries pareilles. Elle devait les entendre mille fois par jour mais je ne trouvais rien de mieux en ce moment. Je sortis mon porte-feuille et prit l’argent qu’il fallait, plus un peu de pourboire et lui tendit les billets.

- Merci beaucoup. On se revoit plus tard pour le déjeuner. Bonne journée!

J’étais trop habitué. En même temps j’étais une quiche en cuisine. J’étais juste bon pour des plats ultra simple et même encore je trouvais le moyen de tout faire cramer. J’entrai donc au bureau, saluant ma gentille réceptionniste au cheveux gris et lui tendit le sac de beignets.

- Ellie m’a dit de partager avec vous.

- Et je vois que vous allez pris un petit-déjeuner de madame Anna. Vous avez d’autre curriculum sur votre bureau.

Et c’est ainsi que ma journée commença en faisant le tri des formulaires avant de grimper dans ma camionnette et direction le chantier pour m’assurer que tout allait bien.

Cela fait environ six mois que ma vie s'est vue totalement chamboulée… Et cela fait deux mois que j'ai repris le Southern Cross Café situé au plein cœur de la vieille ville. Et comme tous les matins, depuis deux mois, j'ouvre mon échoppe, le sourire aux lèvres. Ce sourire, je l'ai longtemps travaillé à l'époque où il apparaissait dans mon émission autrefois diffusée sur la chaîne Nature et Découverte. C'est un sourire de façade, de couverture de magazine, de ceux que l'on offre aux autres sans jamais rien ressentir. Personne ne semble s'apercevoir de cette supercherie commerciale. Au contraire, les gens que je croise sont toujours très aimables. Tous les matins, ils me saluent joyeusement avant de me souhaiter une excellente journée. Et j'en fais de même, bien-sûr. Il n'est pas dans mon intérêt de les contrarier ou de seulement leur déplaire… Surtout maintenant que j'ai une famille à nourrir.

La première à descendre, c'est Lucy, ma nièce. gée de seize ans, elle pense tout savoir sur la vie. Tous les adultes sont des "tocards", en particulier ses professeurs… Et elle ne jure que par le noir et le fushia… Couleur que l'on peut également retrouver dans sa tignasse naturellement blonde. Étant en pleine rébellion, cette dernière ne m'adresse la parole que lorsque la situation l'exige… Surtout le vendredi, jour d'argent de poche.

– Je rentrerai tard ce soir, me lance-t-elle en récupérant un muffin encore chaud sur le comptoir. Je vais réviser chez Sonia.
– Réviser quoi ? je lui demande, l'air de rien…. je sais très bien qu'il s'agit là d'un vilain mensonge… Elle semble avoir oublié que j'ai accès à son carnet de notes.
– Anglais… Je me suis plantée au dernier examen, du coup elle a proposé de m'aider.
– C'est gentil de sa part. Sois de retour pour dix-huit heure , je rétorque en lui offrant un grand sourire sarcastique.
– Mais, je…
– Dix-huit heures, sinon je coupe le wifi et je récupère ton téléphone.

Et la voilà qui se met à grogner… Mon sourire s'étire un peu plus. Je sais que ça l'agace, mais j'ai eu seize ans moi aussi… Et l'on ne peut pas dire que j'étais particulièrement sage à l'époque. Suzanne, ma sœur, était la plus raisonnable de nous deux.

C'est au tour de Liam de descendre. Mon petit rayon de soleil, toujours joyeux même quand il pleut. A onze ans, il se montre bien souvent plus mature que sa grande sœur. Je le salue tout en servant mes premiers clients. La pâtisserie fonctionne bien le matin, ils sont nombreux à acheter quelques gâteries avant de prendre le travail.

– À ce soir, me dit-il avant de déposer un baiser sur ma joue.
– Bonne journée !

– Bon matin Anna, je prendrais un café et hum… un pain au chocolat pour ce matin.
– Bonjour ! je rétorque en souriant… Un café et un pain au chocolat donc.

Je ne me souviens jamais de son prénom et pourtant, il vient ici presque tous les matins. Je pourrais évidemment le lui demander, mais plus le temps passe et moins j'ose faire cette démarche… J'ai bien trop peur qu'il me juge impolie.

– Vous allez bien aujourd’hui? La température est vraiment froide ce matin.
– Ça va, je vous remercie. C'est vrai que la température commence à descendre… En même temps, nous voilà déjà en octobre.

Je lui tends sa commande et lui annonce le prix, puis je le salue en lui souhaitant une bonne matinée.

Les heures défilent et me voilà déjà à retirer toutes les pièces du petit déjeuner pour les remplacer par les sandwichs et les salades qui seront vendues à la mi-journée. Je suis aidée par Sarah, c'est elle qui cuisine la plupart des plats que je vends ici. Sarah, c'est une jeune fille dans la vingtaine qui vient d'Inverness. Une vraie fille des Highlands au tempérament fier et déterminé. Mais c'est surtout une excellente employée. Je ne pourrai rien faire sans son aide si précieuse.

À la mi-journée, la boutique se remplit de nouveau. Je n'ai d'ailleurs plus aucune table libre. Avec ce temps, ce sont les omelettes qui se vendent le plus, et je commence à me dire qu'il serait peut-être bon de proposer quelques soupes…

– Sarah, tu peux venir m'aider s'il te plaît?

C'est le rush de la journée. Les travailleurs du coin se pressent dans ma petite échoppe pour acheter leur repas et je suis rapidement débordée.

Je me sentais vachement bête de lui parler de la température alors que je pouvais bien m’enquérir de comment elle allait, comment son petit café allait et autre truc autre que la température qui nous faisais rougir les oreilles. J’y allais au minimum deux fois par jours… non trois pour être honnête. Bien que le soir c’était plus tranquille et que le choix était moindre mais comme je mangeais peu ça ne me dérangeais pas trop d’avoir des portions plus petites. Anna était gentille et polie, jolie et je ne doute pas intelligente également. Quelque part elle m’intimidait quand elle avait eue une carrière de reporter et elle commençait à avoir une petite renommée. J’allais à mon bureau pour lire les candidatures sur mon bureau et bien que je me cherchais des employés la plupart durent être mis de côtés n’ayant aucune spécialisation. Mais bon au moins je pouvais passer quelques entrevues c’était déjà ça. J’attrapai quelques beignets avant de partir, sachant fort bien que je ne les mangerai pas tout de suite. Je grimpai dans ma camionnette et direction le premier chantier, le plus important. Enfin ils l'étaient tous mais c’était le premier gros contrat en deux ans alors oui il était un peu plus important. Je discutai avec mon chef de chantier qui me mit au fait des avancées et des possibles retards. Le regard penché sur les plans je l’écoutais en hochant la tête lentement et force d’admettre que je devrais commander rapidement d’autre matériaux sinon tout allait arrêter pour des semaines.

- Merci Barry, je commande ça aujourd’hui.

Je fis ma tournée de chantiers, pas tous aussi gros heureusement mais qui demandèrent mon attention. Je fini par grimper dans ma camionnette et prendre une bouchée de mon beignet, pris une photo et l’envoyer à ma soeur en disant “Tu vois je mange! Journée occupée. Je t’aime petit farfadet”. Je continuais ma tournée de chantier mais pris plus de temps sur un pour un petit problème que je réglais moi-même en prenant mes outils. C’est en prenant le volant que je vis l’heure et j’avais passé mon heure de dîner de presque une heure mais j’allais quand même au petit café et en me stationnant je relevais les sourcils de surprise de voir qu’il y avait encore des clients bien attablés. Pas que ce soit SI surprenant mais disons que depuis deux mois c’était bien la première fois que je voyais le café rempli encore à cette heure.

J’entrai donc en jetant un regard autour repérant une petite table libre. Si j’étais chanceux, je pourrais m’y poser les fesses. Direction le comptoir ou Anna semblait en avoir plein les bras. Je lui offrit un sourire compatissant m’appuyant sur le comptoir.

- Bonjour, vous avez eu un gros diner à ce que je peux voir. dis-je pour faire un brin de jasette.

Je jetai un oeil à ce qu’il y avait, peu de choses je dois dire mais je ne m’en formalisais pas vraiment. Surtout que l’heure du dîner était passé. J’arrêtais mon choix sur un panini et prit un café. Je tendit mes billets à la jeune femme toujours aussi gentil que j’étais.

- Je vous remercie. Et vous faites un bon boulot, c’est toujours délicieux.

J’allais prendre place pour manger tout en consultant mes courriels et mes textos - surtout de ma soeur - tout en mangeant lentement. C’était presque surprenant que j’arrive à répondre à mes courriels alors qu’il y a même pas trois ans je comprenais à peine comment fonctionnait un cellulaire. Je tentais de tout manger mais comme j’avais manger un peu avant, je du me rabattre à manger le trois quart du sandwich. En plus il était délicieux ce sandwich! Je terminai mon café alors que mon téléphone sonna. J’attrapai un stylo dans ma poche et écris derrière le napperon. Je raccrochai et enfilai ma veste rapidement.

- Bon après-midi Anna!

Sur le napperon j’avais grifonné un simple “C’est délicieux comme toujours. Merci de tenir ce café depuis deux mois. Vous pouvez être fière”

Ce travail est si prenant que je n'ai pas vraiment le temps de voir le temps passer. Tant mieux, je préfère cela à l'inactivité et aux longues périodes d'attente comme celles que j'ai pu connaître au tout début de ma nouvelle aventure. Travailler me permet de ne pas trop réfléchir à ma vie, celle que j'ai dû laisser derrière moi et tout ce à quoi il m'a fallu renoncer, pour eux. Je ne regrette rien, bien sûr. Ils sont ma famille et je les aime énormément, mais j'ai encore beaucoup de mal à rentrer dans ce rôle de "mère de substitution". Ce n'est pas évident d'entrer ainsi dans la vie de deux enfants. Suzanne était une mère exceptionnelle. Elle aimait ses enfants plus que tout au monde. Elle vivait pour eux et… Bon sang, elle assurait !

Moi, je patauge encore. Je dois apprendre à les connaître, apprendre à m'occuper de deux gamins déjà bien autonomes… Apprendre à leur parler aussi. Et c'est loin d'être évident pour moi. Alors ce travail c'est aussi une sorte d'exutoire. Cela me permet de contrôler quelque chose. De me tenir occupée avec des tâches concrètes, logiques, simples et ce, même si cela me prend beaucoup de temps.

J'ai volontairement laissé ma vie personnelle de côté. Je n'ai même pas le temps de m'en préoccuper… J'ai arrêté de me maquiller. Je ne me parfume plus non plus… Et je ne suis plus allée chez le coiffeur depuis des mois. Je ne me préoccupe pas le moins du monde de mon apparence, certaine que personne ne s'en soucie. J'en suis tellement persuadée que je ne fais plus du tout attention aux hommes. Au point même de ne plus remarquer les quelques tentatives de "dragues" de certains, confondant séduction et politesse.

Fort occupée à tout ranger après le rush de la mi-journée, je ne lève les yeux que pour saluer mes clients. Certains partent, d'autres arrivent… Heureusement que Sarah est là pour m'aider, je ne sais plus où donner de la tête.

– Bonjour, vous avez eu un gros dîner à ce que je peux voir, me lance ce fameux client fidèle qui vient plusieurs fois par jour.
– Comme vous le voyez, je n'ai pas à me plaindre, je rétorque, en souriant. Que puis-je vous servir ?

Un panini et un café. Je fais griller le sandwich avant de disposer le tout sur un plateau, le remerciant pour ses très nombreux compliments. Lorsqu'il s'éloigne, Sarah me rejoint, tout sourire.

– Je crois que tu lui plais, chuchote-t-elle, toute guillerette.
– Hm ? Non, je pouffe tout en rangeant les billets dans la caisse. Il est juste sympa.
– Il est quand même sympa trois fois par jour…
– Peut-être parce qu'il aime notre cuisine.

Visiblement peu convaincu, elle soupire. Alors je l'encourage gentiment à reprendre le travail. Le fameux client termine tranquillement son repas tandis que je m'occupe de nettoyer les tables vides. Je le salue à son départ puis me dirige vers la table qu'il occupait afin de la débarrasser et… Il m'a laissé un mot ? Je cligne des yeux plusieurs fois, surprise de lire pareils propos sur un set de table en papier. Je trouve l'attention très touchante… Mais aussi un peu bizarre…

– C'est quoi ? me demande Sarah.
– Des remerciements écrits ? je rétorque en lui tendant le set.
– C'est si mignon…
– C'est gentil, oui, dis-je en aspergeant la table de détergent.
– Anna !
– Sarah ?
– T'es même pas drôle…
– Je sais.

Je poursuis ma journée jusqu'au retour de Liam qui s'installe à une table pour faire tranquillement ses devoirs. Il tient à se débrouiller seul… Mais je ne résiste pas à l'envie de l'aider entre deux tâches. J'installe les plats proposés aujourd'hui. Ce soir, c'est "Pasta Party". Nous avons préparé plusieurs portions à emporter selon diverses recettes. Bolognaise, pesto, carbonara, napolitaine, il y en a pour tous les goûts. C'est l'originalité de mon établissement, proposer un thème par soir. Hier nous proposions des plats plus traditionnels, demain ce sera soirée Veggie.

Sarah sort de la cuisine avec de nouvelles barquettes tandis que j'installe les affiches pour notre soirée Speed Dating que nous organisons samedi prochain, en partenariat avec un club de célibataire.

– Tu t'es inscrite ? Me demande Sarah.
– Non et toi non plus. Pour nous, ce sera boulot !
– Quel rabat joie, lance-t-elle à Liam qui ne peut s'empêcher de rire.
– Je vous interdit de vous moquer de moi, vous deux !

Petite urgence selon ma réceptionniste ce qui fit que je quittais rapidement. En fait en arrivant je vis que l’urgence était ma peste de soeur qui m’attendait avec son grand sourire et que je roulais les yeux.

- Sérieux Ellie? Une urgence?

- Bah oui. Voir ta soeur n’est pas une urgence? Puis je te connais, tu ne serais pas venu.

Je poussai un soupir et lui fit signe de me suivre alors que Teresa préparait son fameux thé Earl Grey qui ferait rougir de jalousie n’importe quel salon de thé. Elle posa deux tasse fumantes devant nous et je compris que la visite de ma soeur était pour s’assurer que je sois là le lendemain au souper des parents et me donner des nouvelles de notre père.

- La galerie aurait besoin de réparation. Maman n’ose plus sortir par devant de peur de passer au travers. Puis en cette saison, tu connais papa. Ses rhumatisme et son mal de dos est pire…

- Donc tu viens me demander de faire les réparations? Tu sais que je l’aurais fait sans que tu me le demande. dis-je avec un sourire

- Je sais mais…

J’attendis en haussant les sourcils pour qu’elle continue.

- Je suis inquiète. On dirait qu’il est plus fatigué et…

- Ellie, c’est normal il a presque 70 ans… Je vois. Tu veux que je lui parle.

- Tu pourrais?

Je me levai et allai m’accroupir devant elle en relevant mes yeux bleus dans ses émeraudes. Je pris ses mains doucement et lui fit un sourire rassurant.

- Promis je vais le faire. Je vais même prendre mon week-end pour m’assurer qu’il n’y a pas autre chose à réparer. Ça te vas piuthar bheag? (petite soeur)

Elle me serra le cou et je la serrai contre moi en soupirant doucement. Finalement, c’était une urgence… pour elle mais urgence quand même. On papota encore un peu pour que finalement elle retrouve son sourire et retourne à la réception redonner la tasse à Teresa.

- Tu sais, tu devrais te trouver une copine. C’est même étonnant que tu n’en ai pas une brathaìr!

Et la porte se referma sur son rire cristallin me faisant secouer la tête. C’était la mission de sa vie ça, me trouver une copine. Mettre tout en oeuvre pour que les fées soit de mon côtés. Personnellement je laissais les fées faire leur travail et qui voudrait d’un simple contracteur comme moi qui n’a que son secondaire? Je me secouais et appelais les candidats des curriculums, pour au moins en passer quelques-uns en entrevue. J’en rencontrais trois quand je vis mes hommes revenir en poussant un long soupir. La journée était terminée. C'était le temps de rentrer à la maison. Quoique moi mis à part le silence je n’avais rien qui m'attendait à la maison. Je pourrais aller voir mon père après avoir été chercher mon repas. Je pris donc le chemin du café curieux de voir ce que sera le thème du soir. La veille les plat plus traditionnel était exquis, enfin sauf le haggis… Non ça c’était la seule chose que j’étais incapable de manger. Même petit il n’y avait rien à faire, j’avais mal au coeur juste de savoir que c’était ça que me mère avait préparé. En fait elle me préparait toujours autre chose et c’était soir de fête pour Ellie qui ne se privait pas pour manger “ma part” comme elle disait. En arrivant devant la vitrine je vis l’affiche du speed dating et ma pensée fut “Hé merde!”. Si Ellie sais ça clairement elle allait m’inscrire. Je n’avais qu’à espérer qu’elle ne l’ai pas vu ni qu’elle en entende parler. Je poussai donc la porte et fut plutôt content de voir que c’était des pâtes. J’aimerais tellement savoir cuisiner un peu juste pour savoir au moins faire des pâtes aussi délicieuses.

- Bonjour Fear bheag! dis-je au petit assis tranquille entrain de faire ses devoir, Bonsoir Anna, j’adore vos soirées à thème c’est très original. Je prendrais les pâtes Carbonara je vous prie. Oh, non pas pour emporter ce soir, je vais manger ici et euh… un thé aussi. Earl Grey si vous en avez.

Je saluai Sarah en même temps pendant que j’attendais mon plateau et prendre une table une fois ma note payé. Je m’assied pas trop loin du petit mais sans le déranger dans ses devoirs et il semblait plutôt concentré à la tâche. Je commençai à manger lentement tout en lisant les nouvelles du jour sur mon téléphone. Je sentis un regard sur moi et je relevai le regard pour croiser celui du gamin, à qui je fis un sourire poli.

- Monsieur, je peux vous poser une question?

- Bien sûr. dis-je en posant ma fourchette, intrigué surtout.

- Ça veut dire quoi Fear… euh…

- Fear bheag. Ça veut dire petit homme en gaélique.

Je lui fis un sourire gentil et prit ma fourchette pour tourner les linguines dans la sauce crémeuse. Le regard du gamin s’ouvrit un peu plus grand ce qui me fit sourire doucement. C’était un gentil gamin pour les très rares fois où je le croisais. Je continuais de manger alors qu’il reprenait son crayon et que je repris ma lecture. Bon en soit des manchettes c’était rarement joyeux mais au moins je me tenais un peu au courant. Je sentis le regard du petit encore sur moi me faisant sourire alors que je feignais de ne pas le voir.

- Monsieur? Comment vous savez parler le gaélique?

Mon sourire s’élargit alors que je mâchai ma bouchée lentement.

- Parce que mon père m’a appris. Parce que moi en plus d’aller à l’école, les week-end j’apprenais le gaélique. Donc à ton âge je pouvais le parler couramment, ou même le comprendre parfaitement.

Un “Wow, trop cool” chuchoté s’échappa de ses lèvres me faisant rire doucement. Il était vraiment chouette ce gamin. Je relevai un regard vers le comptoir pour voir les deux femmes derrière et fit signe à Anna que ça allait. Il ne me dérangeait pas le moins du monde.

Lorsque le fidèle client revient, Sarah ne peut s'empêcher de sourire. Je sais ce qu'elle a en tête, enfin plutôt ce qu'elle s'imagine. Je fais donc comme si de rien n'était et me contente de servir mon client en me montrant très professionnelle.

– Ravie que cela vous plaise, je rétorque en souriant avant de me lancer dans la préparation de sa commande.

Alors qu'il s'installe à la table à côté de celle de Liam. Le petit garçon semble très intrigué par cet homme, qui parle gaélique. C'est bien la première fois que je l'entends parler cette langue oubliée par tous… Ou presque, visiblement. Les deux se lancent dans une petite conversation sur le sujet… Jusqu'à ce que mon client n'évoque son père, affirmant qu'il tient toutes ses connaissances de lui.

– Vous avez de la chance, moi j'ai pas de père, déclare la gamin en baissant la tête sur son cahier. Il est mort quand j'étais petit alors je ne me souviens pas beaucoup de lui.

Ces gamins n'ont pas eu une vie facile. Elliott, mon beau-frère, est décédé dans un accident il y a huit ou neuf ans. Suzanne avait dû tout gérer toute seule… S'occuper de ses enfants tout en affrontant son propre deuil. C'était une période difficile pour tous les trois… Mais ils s'en sont lentement relevés, jusqu'à ce que ma sœur ne tombe malade.

– Ma mère ne parlait pas Gaélique non plus, elle était anglaise. On vient de Gretna, dans le sud…

En réalité, notre famille est originaire de Carlisle, une ville du nord de l'Angleterre se trouvant à une quinzaine de kilomètres de la frontière Écossaise. Suzanne et Elliott se sont rencontrés à l'université et ne se sont plus jamais quittés ensuite enfin… jusqu'à ce que la mort les sépare.

– Tu parles Gaélique toi ? me demande-t-il, curieux… Il est rare qu'il me pose des questions sur moi, mes connaissances, mon passé…
– Malheureusement, non, je rétorque en souriant. Mais je sais dire "bonjour" dans une dizaine de langues différentes… Ce qui n'est d'aucune utilité.

Liam sourit et cela me réchauffe réellement le cœur. Je l'observe ainsi un instant jusqu'à ce que la voix de Sarah ne me parvienne de la cuisine.

– C'est pas vrai ! Anna !!!!

Je me précipite aussitôt vers l'arrière boutique où je retrouve une cuisine inondée… Le coupable est bien visible dans le fond de la pièce, cet évier tout neuf posé à la va-vite par un ouvrier peu attentif… Le robinet se trouve présentement dans la main de mon employée…

– Mince !

Je cours jusqu'à l'arrivée d'eau pour couper cette dernière. Le temps que je revienne, Sarah est trempée… Tout comme la table recouverte de barquettes tout juste emballées…

– Tu vas bien ?
– Oui, c'est juste un peu d'eau mais… Tout est fichu…
– C'est pas grave…Monte chez moi te changer, je vais éponger tout ça… Tu ne connaîtrais pas un plombier par hasard ?

Cette femme était… comment dire…. énigmatique. Oui polie, courtoise et professionnelle mais elle ne parlais pas plus qu’il ne fallait. En même temps, j’avais de sujets de conversations assez foireux et je me voyais mal de passer ma commande et de dire “Ah oui! Ça vous dit de venir prendre un verre avec moi un de ces soirs? en passant vos croissants sont délicieux!” Non pas vraiment, c’était même déplacé à mon avis. Mais l’était-ce? Au fond ça ne faisait que deux mois qu’elle tenait le café et je pouvais comprendre le temps et l’énergie qu’elle y mettait. Non ma conversation résidait au gaélique avec un gamin de quoi? 11 ou 12 ans? Gentil gamin d’ailleurs. Bien sûr je lui dis que c’était mon père qui m’avait appris cette langue en taisant qu’il nous racontait l’histoire de notre famille avec l’enthousiasme d’un professeur d’université: c’est-à-dire ennuyant au possible. Cependant ce qu’il ajouta ensuite me creva le coeur. Tripotant ma fourchette mon regard se posa sur ce petit qui avait vécu deux grosses pertes dans une si courte vie.

- Je suis désolé de l’apprendre. Ma mère dit que les personnes qui ne sont plus avec nous veillent sur nous et il vivent dans notre coeur. Je sais que ce n’est pas facile mais je suis certain que là ou ils sont, ils sont fiers de toi fear bheag.

Je lui fis un sourire rassurant quand il demanda à Anna si elle parlait gaélique. Je ris doucement à sa réponse. C’était déjà plus de bonjour que moi alors… Petit moment qui s’interrompit par l’alerte de Sarah qui précipita Anna derrière. J’échangeais un regard avec Liam qui haussa les épaules. Sûrement rien, un plat tombé ou cramé sans doute. Je repris mon repas alors que Liam continuais ses devoirs jusqu’à se qu’on voit passer Sarah trempé comme un chat. Je relevais mon regard de mon téléphone et Liam lâchant ses devoirs et on échangea un regard surpris. Mon téléphone sonna et en le prenant, je vis le nom du café. Pourquoi elle m’appelait? j’étais à quelques pas d’elle? Ah oui! Elle ne savait pas mon nom. Je pris donc l’appel en jetant un regard moqueur à Liam.

- Fergus Murray? Une urgence… je mis un index sur ma bouche pour qu’il ne dise rien le temps que je me dirige vers l’arrière-boutique. Hum… oui je vois. Bien oui je peux être là rapidement.

Je poussai la porte et fit un sourire à la jeune femme, raccrochai et mis le téléphone dans ma poche.

- Je suis très rapide quand il y a une urgence. Sarah vous a donné ma carte à ce que je vois.

Sarah était une gentille fille, elle m’avait demandé des informations sur la construction d’une maison et le coût des matériaux. Je lui avais donné ma carte pour qu’elle me rappelle le lendemain.

- Je peux? dis-je en pointant le lavabo brisé

Je me penchai sur le dit problème et inspecta le tout minutieusement. Hum… du travail bâclé visiblement. Même pas de joint de silicone pour empêcher que l’eau dégoûte sous le lavabo. Quel imbécile avait posé ça? J’ouvris les portes sous l’évier et… ouais, il faudrait que j’examine tout ça. Je me redressai en soupirant lentement.

- C’est presque rien. Je peux aller chercher mes outils et vous réparer tout ça et ça me fera plaisir Anna. D’ailleurs… dis-je en tendant ma main, Fergus Murray, propriétaire de la Murray’s company, client fidèle plusieurs fois par jour et qui ne trouve aucun sujets de conversations intéressants mais qui peut venir faire toutes tes réparations si tu en as besoin.

Ah bien… c’était déjà bien mieux comme conversation que tout ce que j’ai pu lui sortir en deux mois. Allant de la température, à ses plats délicieux ou un simple “Vous avez l’air en pleine forme aujourd’hui!” que je trouvais tellement nul.

- Donnez-moi quelques minutes pour aller chercher ce que j’ai besoin.

Je sortit, non sans un clin d'œil complice au petit pour aller chercher tout ce qu’il me fallait et même quelques autres petites choses en cas qu’il y aurait un problème. Il lui fallait son lavabo pour la soirée et même le lendemain alors j’avais intérêt à ne pas lambiner. Je revins plusieurs minutes plus tard et entrant ce que je pensais avoir besoin. J’entrepris donc de remettre le robinet problématique en place en serrant bien. Je mis un joint de silicone autour du lavabo pour qu’elle n’ai plus de fuite. Ensuite l’inspection sous le lavabo. Le tout bien épongé je me couchai sur le dos mes doigts glissant sur la tuyauterie qui était bien mais elle devait bientôt la refaire. Pour le moment ça tiendrait encore quelques années mais éventuellement.

- La tuyauterie semble bien mais je dirais dans… 5 ans maximum il faudrait la refaire. dis-je en prenant ma clé à tuyau. Je vais quand même serrer le tout pour éviter que vous ayez une fuite…

Je me glissai de sous le lavabo pour lui faire un sourire taquin.

- Enfin, en éviter une autre et que vous vous retrouviez à la flotte toutes les deux.

Un dernier sourire et je disparu sous le lavabo une nouvelle fois m’assurer que tout allait bien.

Avant de quitter la cuisine, Sarah me tend rapidement une carte sans donner plus de précision. Je m'empresse donc d'appeler le numéro indiqué sans vraiment me poser de question… J'ai besoin de mon évier pour travailler et, pour l'instant, c'est la seule chose qui compte.

L'artisan ne tarde pas à répondre à mon appel et m'assure pouvoir arriver rapidement… Cela me rassure mais… Je ne me doutais absolument pas que ce Murray se trouvait précisément dans la pièce à côté.

– Génial… Je dois avoir l'air bien stupide en cet instant… je pouffe en rangeant mon téléphone.

Je lui désigne alors le grand coupable de tout ce grabuge et le laisse observer. Je sais qu'il y a beaucoup de travaux à faire et ce dans tout le bâtiment. Jusqu'à ce que je ne récupère l'endroit, l'immeuble appartenait à un couple de personnes âgées qui n'avait plus le temps ni les moyens d'entretenir pareille bâtisse… Tout baigne encore plus ou moins dans son jus en dehors de la boutique que j'ai pu agrémenter de quelques touches de modernité.

L'artisan me propose de réparer tout ça immédiatement et je me sens aussitôt soulagée. Il me tend alors sa main pour se présenter plus officiellement.

– Fergus Murray, propriétaire de la Murray’s company, client fidèle plusieurs fois par jour et qui ne trouve aucun sujets de conversations intéressants, mais qui peut venir faire toutes tes réparations si tu en as besoin.
– Ah euh…Et bien, enchantée monsieur Murray, dis-je en lui serrant la main.

Je sais que les Écossais tutoient facilement, c'est dans leur coutume. Néanmoins pour moi, c'est un peu plus compliqué et puis… C'est mon client alors… Bref, je préfère rester polie.

– Merci infiniment pour votre aide. Je me voyais déjà fermer boutique pour plusieurs jours…

Il quitte alors la cuisine afin d'aller récupérer ses outils. Sarah revient sur cet entrefait et ne peut s'empêcher de le reluquer avec insistance.

– Il est tellement…
– Tellement quoi ?
– Mais enfin, Anna… Regarde-le, il ne te donne pas envie de ronronner toi ?
– Euh… non ?
– Non mais… Tu l'as bien regardé ?
– C'est un bel homme, oui… Mais pas de quoi en faire tout un plat non plus… Tiens, lui dis-je en récupérant un seau et une serpillère. Aide-moi à éponger au lieu de dire des bêtises.

Fergus revient à son tour, sa caisse à outils en main. Je le laisse travailler tranquillement en m'efforçant d'éliminer toute trace d'eau. Il sourit en m'expliquant qu'il me faudrait prochainement refaire toute la plomberie… C'est une chose que je sais déjà, tout le bâtiment a besoin d'être remis à neuf.

– Oui, l'agent immobilier m'a déjà prévenu lors de l'achat… J'espérais juste avoir un peu plus de temps… Histoire d'augmenter mes finances.

Je touche un peu d'argent chaque mois pour l'éducation des enfants. Mais je préfère placer cette sommes là sur des comptes à leurs noms. Ils pourront en profiter à leur majorité, pour l'instant, je préfère assumer tout cela toute seule en piochant dans mes économies.

– Vous avez une idée de combien cela pourrait me coûter ? je lui demande, attentive…

Est-ce qu’une fuite d’eau avait été nécessaire pour que j’arrête de lui débiter des âneries pendant deux mois? Visiblement oui! Quoiqu’il en soit quand elle m’appela, je me dirigea lentement vers l’arrière jusqu’à pousser la porte et sourire doucement devant son malaise.

- Je ne dirais pas stupide en fait.

La situation était cocasse, rigolote même mais Anna ne me paraissait pas stupide. Allant donc examiner la source du problème, je compris que celui qui lui avait posé avait fait ça à la va vite et il n’avait même pas pris la peine d’au moins faire semblant que c’était bien fait. Comme quoi certains font vraiment ça pour l’argent. Après mon examen minutieux, je proposais donc de lui réparer ça immédiatement pour qu’elle retrouve l’usage de son lavabo et en même temps j’en profite pour me présenter comme il se doit, cependant quand elle m’appelle M. Murray, je fronce les sourcils légèrement mais je ne relève pas, du moins pas pour l’instant. Je rectifirais le tir au bon moment.

- Ça me fait plaisir, puis ça ne sera une affaire de quelques minutes.

Du moins je l’espérais, à moins qu’un tuyau m’explose en pleine figure. Je filai donc chercher mes outils et quelques autre matériaux en cas et revint pour un examen encore plus minutieux comme je suis couché sous le lavabo lui disant qu’au maximum dans 5 ans elle devrait refaire sa tuyauterie au complet. La réponse qu’elle me fit ne m’était pas étrangère, la plupart de mes clients, avaient la même. Je comprenais parfaitement, j’avais grandi et mes parents avaient du mal à joindre les deux bouts et souvent je leur faisais un prix raisonnable. des fois simplement les matériaux, d’autre fois je coupais le tout de moitié. J’ajustais en fonction donc qu’Anna me dise ça ne me surprit pas vraiment, elle venait à peine d’ouvrir. J’étirais la main pour prendre ma clé à tuyau quand elle me demanda ce que cela pourrait y coûter. Je me re-glissais hors du lavabo et fouillai son regard.

- Pour ça? dis-je en pointant le lavabo, Rien. Tu me sers trois fois par jour et à chaque fois c’est très bon alors disons que c’est… cadeau en échange de ma pitance. ajoutais-je avec un sourire. Puis s’il-te-plaît dis-moi tu et appelle-moi Fergus.

Je repris ma place sous le lavabo pour commencer à ajouter le tout.

- Sinon pour le reste… disons que ça peut coûter quelques milliers de dollars oui.

Ayant terminé de serrer le tout je me redressai de sous le lavabo et soupirai doucement.

- Je peux te faire un estimé des travaux et même te faire un prix. Enfin si tu veux que je le fasse bien sûr. De ce que j’ai pu voir rapidement, il y a beaucoup à faire mais rien d’impossible.

J’avais à peu près tout fait alors pour moi c’était une affaire de rien. Un sourire plus tard et je m’attaquait au robinet. J’avais remarqué rapidement que la toiture était à refaire, les fenêtres dans quelques années et autre petits trucs qui n’avait pas échappé à mon oeil de contracteur. Cependant l’endroit était quand même solide malgré les quelques réparations à venir. Le robinet était récalcitrant m’arrachant quelques jurons en gaélique soufflé entre mes dents mais je réussi quand même à le poser et tester s’il n’était pas trop difficile à ouvrir.

- Tu peux aller ouvrir la valve qu’on s’assure que ça ne gicle pas partout? dis-je à Anna par-dessus mon épaule.

J’ouvris le robinet lentement et… parfait! Enfin… jusqu’à ce qu’une giclée d’eau m’arrive en plein visage. Donc, pas assez serrer visiblement. Je m’essuyai rapidement la figure, chassant mes boucles rousse de mon front et serrai plus fort. Nouveau test et…. Rien. Parfait! La fuite était réglée!

- Voilà mesdames, un lavabo tout prêt. Mais je vais mettre un joint de silicone pour ne pas que l’eau glisse en-dessous.

– Pour ça? me dit-il à propos de l'évier.Rien. Tu me sers trois fois par jour et à chaque fois c’est très bon alors disons que c’est… cadeau en échange de ma pitance. ajoutais-je avec un sourire. Puis s’il-te-plaît dis-moi tu et appelle-moi Fergus.
– Pardon ? Mais…non ? je proteste. Vous payez pour vos repas après tout. Il est normal que j'en fasse de même…

Je préfère ignorer cette histoire de tutoiement pour le moment, même si, techniquement, rien ne m'empêche de l'appeler par son prénom.

Il m'annonce plusieurs milliers de livres pour les prochains travaux… Et je dois bien avouer que je m'en étais doutée. Une estimation plus précise aurait bien plus de valeur auprès de mon banquier si, d'aventure, il me fallait emprunter.

–Je peux te faire un estimé des travaux et même te faire un prix. Enfin si tu veux que je le fasse bien sûr. De ce que j’ai pu voir rapidement, il y a beaucoup à faire mais rien d’impossible.
– Je veux bien un devis, oui, je rétorque. Mais je ne vois pas pourquoi vous me feriez un prix… Nous ne nous connaissons pas après tout.

Je m'éloigne quelques instants, le temps pour moi de servir mes clients tout en le laissant travailler. Lorsque je reviens, il me demande d'ouvrir l'arrivée d'eau, ce que je fais… Et voilà qu'il se fait gracieusement asperger. Je coupe aussitôt pour le laisser ajuster sa réparation jusqu'à ce qu'il en soit pleinement satisfait. Quand il a finalement terminé, je m'empresse de lui tendre une serviette propre, afin qu'il puisse se sécher.

– Merci infiniment, Fergus, dis-je en souriant. Mais je voudrais vous payer pour cette réparation, j'insiste.

J'ai toujours eu horreur de me sentir redevable envers quelqu'un. Je n'emprunte jamais d'argent à mes amis, je ne demande jamais le moindre service non plus… Et encore moins auprès de l'un de mes clients. Je ne suis peut-être pas Écossaise, mais je reste fière et surtout… Très têtue.