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LE TEMPS D'UN RP

Au-delà des mirages, le monde est nôtre [ ft Frida K.]

Lobscure
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Lobscure
Sam 6 Avr - 16:49
Le contexte du RP
Mise en situation

La situation

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Au cœur de l'Empire romain, alors que les légions étendent leur influence sur les terres lointaines, deux destins s'entrelacent dans un monde de conflits et de bouleversements.

Elda, fille privilégiée d'un haut général de guerre romain, évolue dans l'opulence de la capitale impériale. Seule femme d'une lignée prestigieuse, elle est destinée à vivre dans l’ombre des siens. Elle aspire à une destiné qui transcende sa condition, quitte à la forger de ses mains.

D'un autre côté, Ulter, un jeune homme issu d'une tribu germaine, est arraché à sa terre natale lors d'une incursion militaire romaine. Capturé en tant qu'otage, il est contraint à vivre dans la villa de la famille d'Elda, loin des siens et de tout ce qui lui est cher.

Leur destin se trouve désormais intimement lié, à une époque où les tensions entre les peuples de l'Empire et les tribus barbares sont à leur paroxysme.




Le dernier acte est sanglant


quelque belle que soit la comédie en tout le reste: on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
- B.P.

KoalaVolant
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Tournesol
Frida K.
Dim 7 Avr - 11:36

Ulter
J'ai 19 ans et je viens de Germanie, mais suis déplacé à Rome. Je suis cavalier & homme de savoir dans ma tribu, cependant me voici désormais otage de l'Empire. Du reste, en raison de ce que les chefs appellent "don" des Dieux, j'ai la "mémoire absolue" et je vis la chose de façon très inégale selon les moments.

RP avec @Lobscure
An 476, février.

Jamais Ulter n’avait voyagé aussi longuement ni aussi loin de ses terres natales. Presque deux semaines de partance allaient très bientôt trouver leur terme avec l’entrée dans Rome. Il ne connaissait de la Cité Éternelle que ce que quelques voyageurs ou récits lui en avaient appris ; aussi fut-ce pour le jeune Germain un étonnant moment que celui qui l’aspira au milieu de toutes ces constructions. Savoir en théorie était une chose ; expérimenter en était une autre.
Secousses du véhicule. Cahots de ces cascades de pavés sous son assise. Claquement des sabots. L’appréhension commençait à croître entre ses côtes. Il essaya tant bien que mal d’ignorer la lourde présence de deux vigiles, pesants de leur silence, à ses côtés entre ces quatre murs ambulants. Il passa donc un regard discret par la fenêtre, mais ce ne fut que pour se sentir encore plus ceinturé, par des murs plus hauts encore.

Imposantes insulae. D’innombrables édifices qui jalonnaient pêle-mêle une route serpentine que n’épargnaient ni les flaques, ni la boue, ni les passages intempestifs d’un flot permanent de piétons. Sur les trottoirs : des crieurs, des marchands, des prostituées, des mendiants tendant pour un don leur modeste coupelle.
Toute cette agitation… Ulter la sentait déjà se graver dans sa tête. Avec une redoutable précision. Tant de détails, dans mots entremêlés, tant d’odeurs : presque trop déjà entre les étaux de son crâne, surtout quand au même moment s’y superposait la masse de ses souvenirs si nombreux, si détaillés. Au point que s’en abolît parfois, dans sa mémoire, la frontière entre moment présent et moments passés.
Il se rappelait, en contraste avec l’effervescence de Rome, les atmosphères de cette Germanie qu’il ne reverrait pas de si tôt. Cet air si frais qui fouettait le visage lors des chevauchées, et dont il prenait de grandes bolées. La grandeur des espaces, la profondeur des bois qui refermaient sur lui leurs bras de branches lorsqu’il y galopait. La forêt, comme un immense poumon, vibrante de murmures et d’esprits. Et puis il y avait les quelques maisonnettes de sa tribu, les stèles à leurs dieux et à leurs défunts…

Une secousse soudaine le ramena à lui et au présent. Arrêt du véhicule. Il n’était plus question maintenant de rues crasseuses et gueulardes, mais de beaux quartiers. Le Germain voyait une ample domus qu’annonçaient des colonnades à la blancheur éclatante. Assurément, sa destination. L’otage avait entendu le nom du dignitaire chez qui il serait logé : Flavius Marcius Sacerdos.
Pendant ce temps, quatre autres de sa tribu étaient eux aussi envoyés vers d’autres nobles familles de Rome. L’Empire prenait toujours plusieurs otages, pour les disséminer à travers la Cité. Ulter entreprit de se rassurer : un otage était comme un hôte, disaient les lois diplomatiques. On les traitait bien. On les initiait à la romanité. Ce dernier point le fit froncer les sourcils, mais soit : il prit le parti de voir le côté positif de la chose. Curieux, il allait se cultiver plus encore sur l’Empire. Et avec un peu de chance on ne le verrait pas que comme un âpre sauvage.
Assurément, Ulter se savait déjà ce devoir à accomplir : faire honneur aux siens par ce qu’il serait, au travers de son attitude, de ses mots. Néanmoins, il ne pouvait que redouter tout ce qui relevait du non-dit dans cette situation. Ce n’était pas un hasard si Rome avait réclamé des otages. Les tensions étaient bien là. Comment pouvait-il en aller autrement ! Les tribus de Germanie avaient déjà dû se plier à des dons de ressources, à des ponctions de cavaliers… Et si Rome faisait tout pour les pousser au soulèvement et ainsi justifier la guerre ? Encore une.

Le Germain en était là de ses réflexions, quand cela remua autour du véhicule. On prévenait les maîtres. On s’occupait des chevaux. Quelques paroles s’échangeaient entre les esclaves portiers de la domus et les gardes qui s’étaient assurés de la bonne tenue du voyage.
Dans un geste trompeur de son anxiété, Ulter resserra sa fourrure à ses épaules. Son regard resta un instant à errer sur le brillant cuivré d’un de ses bracelets, un torque en forme de serpent ; puis croisa la petite amulette Arbre-Monde à son cou. Il se sentit en position bien périlleuse sur une nouvelle branche de cette immensité.
Lobscure
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Lobscure
Dim 7 Avr - 19:17

Elda Tullia
Sacerdos

J'ai 17 ans et je vis à Rome. Dans la vie, je suis la fille d’un haut général de guerre et je le vis au gré de ses aspirations. Sinon, en raison de mon statut je suis l’objet de désir de tous les patriciens en quête d’union, mais grâce à mes machinations je parviens à échapper cette destinée médiocre que m’impose ma condition.


(♪) Chanson thème - Elda

Elda incarne une force tranquille, un contraste saisissant entre l'innocence qui nimbe son visage et la tempête qui gronde en son sein. Elle porte sur ses épaules le poids de la colère et de la jalousie qui la dévorent, une flamme ardente dissimulée derrière un masque de douceur, mais ce qu’elle dégage n’est que froideur.

Rose négligée qui n’aspire qu’à s’élever, elle est pourtant éclipsée par l'éclat du soleil fraternel. Mais sous le masque de l'Apollon altier, ce héros de pacotille ivre de faux exploits dans l'arène, Elda sait discerner la marionnette des jeux politiques familiaux. Elle aspire secrètement à une destinée qui lui appartient. Son esprit vif et acéré, arborant les reflets d’une intelligence rare, se nourrit de ses ambitions insatiables.




Les étals exhalaient des fragrances enivrantes et attiraient l'œil avec la vivacité des couleurs de leurs soies exposées. Percevant la présence aristocratique parmi leur clientèle, les marchands s'efforçaient d'attirer l'attention de la jeune femme en exhibant avec fierté la qualité de leurs articles du bout de leur bras. Mais Elda n’était pas là pour leurs marchandises. Le pas tranquille, mais pressé et accompagné par sa fidèle servante qu’elle avait intimée du secret de leur présence en ces lieux, elles serpentaient la foule, remontant la rue principale pour gagner celle des bas quartiers. Un voile de discrétion reposant sur son cuir chevelu, elle pénétra un bâtiment qui abritait un bon nombre de citoyens de la plèbe. Là, à quelques étages plus haut, une porte s’ouvrit à elle révélant la présence d'une matrone aux traits syriens. Tendant vers Elda une main fripée, elle attendit que les quelques pièces promises tombent dans sa paume avant de lui présenter une fiole contenant un liquide doré.
— Lorsque toi consommeras, assure-toi être seule, pour heures qui suivent. Ici... » fit la sage-femme en posant une main sur le bas ventre de la jeune femme. « provoquera grande douleur, mais libérera embryon. »
— Pourquoi ne pas vous charger du rituel vous-même ? N'êtes-vous pas sage-femme ? » osa demander la servante d'Elda, son regard empreint d'inquiétude. Le regard de la Syrienne se couvrit d’un voile de terreur alors qu’elle semblait prête à leur fermer la porte au nez.
— Si elle, mourir dans ma demeure, moi mourir dans place publique. » murmura-t-elle d'une voix chargée d'appréhension.
Le regard de la servante d’Elda darda de remontrance, comprenant à ces paroles que le contenu de la fiole n’était pas sans risque pour sa maitresse. Le remarquant, Elda posa une main se voulant rassurante sur son bras.
— Ça ira Fabia, ne t’inquiète pas. Merci. » dit-elle à la syrienne avant de voir celle-ci disparaître derrière la porte. Puis, dissimulant la fiole dans les plis de ses vêtements, elle se tourna vers sa servante. « Retournons aux étals, je ne peux pas retourner à la villa les mains vides. »
— Bien dame Elda. » acquiesça respectueusement Fabia.

Elda était l’archétype du fantasme masculin dès que la puberté l’eue frappée. On lui prêtait des ressemblances avec Vénus. La douceur sur son visage laissant présumer une vertu sans égal, aura causé bien des émois sur son sillage. Dès son enfance, elle avait saisi avec une acuité déconcertante les portes qu'un seul de ses sourires pouvait ouvrir, ainsi que l'art subtil de manipuler son entourage. Parfois des portes qu’elle aurait préféré laisser fermer… Notamment avec son frère jumeau dont la semence avait fini par prendre racine dans le creux de son ventre. Dès lors qu’elle avait réalisé que ce n’était pas un don, mais une malédiction des dieux, Elda avait cessé toute expression de joie démesurée sur son visage. Une beauté sans sourire était comme un soleil sans chaleur. Elle s’évitait ainsi d’attirer plus que de mesure par sa lumière. Et refusant de salir le nom qu’elle portait, même si le viol était chose qu’elle aurai pu dénoncer en ces temps glorieux de l’Empire, elle avait préféré prendre les dispositions nécessaires pour éviter de ternir sa réputation. Elle était une Sacerdos. Fille unique d’une longue lignée d’hommes aux noms cristallisée dans le firmament. Issue d'une famille aisée, Elda n'adoptait pourtant pas les comportements stéréotypés de la richesse. Elle était modeste, brave, la tête sur les épaules, un esprit saillant par-dessus tout, qui faisait d'elle une figure hors du commun et fort appréciée. Mais de ce temps, c’était surtout de son corps dont il était chaque fois question. Comme toutes les jeunes Romaines de son âge, elle était confrontée précocement aux affres de la séduction. Dès l'âge de douze ans, Elda était courtisée, faisant face à un destin matrimonial inévitable. Heureusement, l'amour paternel et ses machinations lui offrirent un répit. Leur entente lui permettait de repousser cette obligation tant qu'elle parvenait à trouver parmi ses prétendants, chaussure à son pied avant ses dix-huit ans.

Le retour à la villa s’était fait à pied et sans encombre. À son arrivée dans la cour, elle remarqua là la présence d’un véhicule et réalisant que des invités se trouvaient peut-être en sa demeure, elle passa la fiole abortive à sa servante qui comprit immédiatement la tâche qu’elle lui confiait. Fabia la glissa dans un pan de sa tunique avant de regagner la chambre de sa maîtresse d’un pas rapide, qui quant à elle s’aventura dans la demeure à la recherche de son père. Elle le trouva dans le salon en compagnie d’un homme aux allures barbares qui trahissait ses origines. Curieuse, elle s’avança tranquillement, ne cherchant pas à interrompre, mais à annoncer sa présence. Son père la vit et la couvrit d’un sourire tendre, levant un bras en sa direction.
— Elda, ma fille, mon joyau et celui de Rome. » fit-il en la présentant fièrement.
Elle le rejoignit humblement, découvrant face à elle le nouveau venu, certainement pas un nouvel esclave à la façon dont il était traité et habillé. Sa chevelure flamboyante rivalisait en longueur avec la sienne, et ses yeux clairs étaient aussi limpides qu'un lac gelé en hiver. Observant ses atours, elle en déduisit qu'il devait être germain. Elle releva enfin les yeux dans les siens après avoir rassasié sa curiosité. C'était la première fois qu’elle en voyait un de ses yeux. Elle inclina respectueusement la tête en signe de salutation, ne trouvant pas nécessaire d’employer la parole pour se faire. « Elle s’occupera de te faire l’apprentissage de nos coutumes et améliorer ton latin même s’il me paraît tout à fait convenable. » Elda qui n’avait pas été consultée à ce sujet, se retenu de glisser un regard interloqué vers son père. Cependant, quelqu'un d'autre y trouva à y redire.
— Vous mettriez votre fille unique au contact d’un sauvage ? Avez-vous perdu la tête père ? » Le jeune homme qui avait prononcé ces mots acerbes était Caius, son frère. Tout comme elle, frappé d’un généreux hasard de la génétique et d’un charisme trompeur qui en faisait le favori de Rome. Il venait d’apparaître à son tour dans son armure dans lequel il faisait son fier Apollon. « Au mieux, il l’a viol au pire, il l’égorge à la première occasion. » Elda ne broncha pas, refusant de regarder le blond dans les yeux et préférant lorgner sur le bracelet en forme de serpent du Germain. Il descendit les escaliers pour rejoindre leurs hauteurs, se saisissant au passage d’une pomme dans un bol disposé non loin à cet effet. Il y croqua dedans à pleines dents en jetant un regard médisant sur leur invité.
— Cela n’arrivera pas… Cela m’étonnerait qu’il n’ait pas remarqué les crucifiés aux portes de la cité… » fît-il en laissant la menace tacite planer sur son invité. « Et enfin, voici mon fils ; Caius Stertinius Sacerdos. Mes enfants, je vous présente Ulter, fils de Wöldrek. Un jeune homme très intéressant, vous finirez par le reconnaître… Il sera des nôtres pour une durée indéterminée. » annonça t-il.
À ces mots, Elda comprit qu’il s’agissait d’un otage. Une présence importune de plus dans la villa pour témoigner de la perfidie qui se produisait sous son toit. Son regard placide se dirigea par delà la fenêtre, un instant pensive, avant qu’elle ne se retourne vers son progéniteur.
— Père, il me reste encore des préparatifs pour le banquet de demain. Me permettez-vous de vous fausser compagnie ?
— Bien sûr ! Nous en profiterons pour présenter Ulter à nos invités.
Elda esquissa un sourire faible, mais tendre envers son père, qu'elle embrassa sur la joue avant de lui glisser dans la main un petit cadeau pour dissiper les soupçons de sa sortie dans la cité. Cette attention arracha un sourire au général. Puis, elle s'en alla regagner ses quartiers, ignorant son frère qui la dévisageait attentivement.

Elle y trouva là-bas Fabia, qui sortit la fiole de sa cachette pour lui indiquer son emplacement.
— Quand voulez-vous que je fasse venir la sage-femme ?
— Profitons du banquet de demain, lorsque tous seront occupés avec les courtisanes et les danseurs. Nous le ferons à l'étable.
— Ma dame, ce n’est pas convenable pour votre ran…
— Je ne te demande pas ton avis, Fabia. La discrétion est de mise. S’il te plaît, fait le nécessaire tel que je te l’ai demandé. »



Le dernier acte est sanglant


quelque belle que soit la comédie en tout le reste: on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
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Mer 10 Avr - 13:15

Ulter
J'ai 19 ans et je viens de Germanie, mais suis déplacé à Rome. Je suis cavalier & homme de savoir dans ma tribu, cependant me voici désormais otage de l'Empire. Du reste, en raison de ce que les chefs appellent "don" des Dieux, j'ai la "mémoire absolue" et je vis la chose de façon très inégale selon les moments.

RP avec @Lobscure
Les serviteurs firent entrer l’otage au sein de la riche demeure. La gorge d’Ulter se serra davantage encore lorsque la cour intérieure de la domus s’anima des silhouettes de ses habitants. De loin, derrière une colonnade marmoréenne, il nota une jeune femme au pas rapide, secondée d’une servante apparemment pressée d’aller ranger quelque chose ailleurs dans la villa. La noble dame quant à elle approchait du groupe qui se formait désormais autour de lui et du maître du domaine : le général Flavius.
Ça commençait. Le Germain avait conscience qu’à partir de cet instant, il incarnerait une vivante représentation de son peuple auprès des Romains. Point d’impair toléré. Il devait faire honneur. Et dans le même temps, le jeune homme savait qu’il n’était plus qu’un outil aux mains des jeux politiques entre deux peuples. Que son destin ne lui appartenait presque plus. Qu’il suffirait d’un rien à des millia et des millia d’ici, le long de la frontière, pour autoriser à Rome ou à la Germanie (lesquelles se regardaient en chien de faïence) de déclencher la guerre.

Son hôte cependant l’accueillait fort civilement. Voilà qui rassura quelque peu Ulter. Peut-être même se plairait-il entre les murs de cette villa ? Il y aurait probablement tant de choses à y découvrir. Car derrière des peuples et leurs hostilités, il existait des individus. Avec leurs souhaits, leurs craintes, leur culture, leur mémoire ; toutes ces facettes d’un humain qui n’avaient eu de cesse d’attiser la curiosité du Germain.
Au fait des bonnes manières de Rome, Ulter porta un poing à sa poitrine et inclina le haut du buste en saluant le maître à son tour : « Général Sacerdos. »
En se redressant, il découvrit que la jeune femme les avait maintenant rejoints et se tenait même tout à côté de son père. Elle l’observait, l’otage le sentait bien. Mais elle aussi fit preuve d’une grande politesse à son endroit ; aussi Ulter y répondit-il par la révérence qui s’imposait et le titre honorifique dû à son rang, le plus prestigieux à l’endroit d’une femme après le augusta des impératrices : « Domina. »
Aussi discrètement que possible, lui aussi découvrit le visage de cette jeune dame. L’apparente humblesse de ses yeux bruns, le sourire discrètement fleuri à ses lèvres (un sourire sans bonheur, simplement celui qu’exigeait la cordialité), la luxuriante chevelure entourant son visage d’un ovale comme l’aurait sculpté le plus accompli des artistes. Elle avait assurément de la prestance et de l’élégance. Mais c’était une beauté triste, sembla-t-il à Ulter. La froide beauté des statues. Une statue, c’était comme mort. Chez lui, les femmes parlaient haut ; les femmes combattaient ; les femmes étaient même parfois de grandes devineresses ou des cheffes.
Cette femme-là, en face de lui, n’avait apparemment même pas eu son mot à dire pour ce qui était de l’initier à la culture de Rome : Ulter le devina sous les mots de son père et dans l’apathie de la concernée. Il prit donc soin d’acquiescer avec déférence à l’attention du général, mais surtout, ensuite, de s’adresser à elle, car il n’aimait pas qu’on oublie les gens, lui qui ne savait pas oublier : « J’en serai très… honoré… et je vous remercie, Domina, du temps que vous me… consacrerez. »
Ses mots avaient quelque peu hésité, aux prises avec un latin qu’il ne maîtrisait pas encore au mieux, mais la sincérité y était. Logée dans les accents d’une voix chaude quoique hachée de ces R roulants comme les âpres rocs de son nord.

À peine achevait-il ses mots que, cependant, une voix bien moins accueillante s’imposait. Et avec elle, le clinquant d’une armure arborée par un jeune homme plein d’assurance. Ulter serra les dents. Sauvage… Il devait s’y attendre. Il y aurait presque un jeu à boire à faire, autour d’un pari sur le nombre de fois où il entendrait ce qualificatif.
La réponse du général ne fut pas pour le décrisper. Une menace implicite. Et les crucifiés… Oui. L’otage fut très fortement tenté de répliquer quelque chose comme : « Je les ai vus. Rome a le sens de l’accueil. » Il n’en fit bien sûr rien et nul pli ne vint troubler la placide politesse de son visage. Il nota juste avoir entendu, d’un infime hochement de tête. Quant à ce Caïus que le maître des lieux lui présentait, le Germain lui adressa le même salut protocolaire qu’à son père et le cordial : « Seigneur. »
Tandis que ledit Seigneur se retirait sans davantage d’amabilités, l’aigreur d’Ulter retombait déjà. Après tout, il avait bien conscience d’être, pour cette famille, comme un intrus dans leur quotidien. Peut-être qu’eux-mêmes n’avaient pas eu leur mot à dire et devaient, eux aussi, composer avec d’inconfortables circonstances. Quant aux mots du général, le Germain les traduisit comme sa façon d’inquiétude de père pour le bien-être de sa fille.
Il sourit plutôt au compliment indirect que le maître lui adressait. « Intéressant. » Flavius Sacerdos savait-il, pour sa… particularité ? Voilà qui ne l’étonnerait guère et expliquerait que le choix des légats se soit porté sur lui.

Elda Tullia était restée pensive, silencieuse. L’otage espérait qu’ils auraient l’occasion de faire plus ample connaissance, en tout cas si elle le voulait bien (car il serait vigilant à ne pas se montrer plus intrusif qu’il ne l’était déjà).
Elle se retira pour les préparatifs d’un banquet. Un banquet où il serait convié. L’information éveilla en Ulter des sentiments contraires. Il découvrirait Rome et sa société… mais lui, ferait-il assez bonne figure ? Serait-il prêt à tenir de dignes conversations sans avoir l’air trop frustre. Et sa mémoire… Il y aurait tant de visages, d’animation, de paroles échangées… Des centaines de choses qu’il enregistrerait d’instinct et qui, en même temps, se mélangeraient comme d’habitude à des dizaines de souvenirs très précis, très lointains pour certains. Sa mémoire n’allait-elle pas bouillir tel un chaudron sur le feu et lui déclencher encore un de ses familiers maux de tête ?

Pas le temps d’y songer davantage. Un serviteur invita Ulter à lui emboîter le pas à travers la domus, pour la visite des lieux. Un vaste ensemble dont chaque détail imprégna le Germain, à mesure que le dallage aux luxueuses mosaïques se déroulait sous ses pas. Tout l’impressionna… et le remplit en même temps de nostalgie puisque chaque détail lui générait une association d’idée. C’était fatiguant d’évoluer dans le passé et le présent à la fois. Habiter en partie dans ce qui était mort…
Allons, se rassura-t-il. Cela allait se calmer ; ça faisait toujours cet effet de découvrir un nouvel endroit. Les torsades de fleurs au centre du bassin de pluie lui rappelaient les plantes de sa mère. Les fières rangées de colonnes avaient quelque chose d’aussi impérieux que les stèles de Tuisto, Wodannaz et tous ses autres dieux. Les fumées cotonneuses, les fragrances jaillies des lampes embaumaient la maison comme, chez lui, les tables des offrandes.
Un seul lieu différait radicalement : la bibliothèque. Son peuple écrivait très peu. Presque tout se transmettait à l’oral. Ici, la mémoire était couchée sur des volumini ou enfermée dans les pages de codex. Ulter espérait avoir le droit d’y mettre le nez. Mais pour l’heure, un esclave l’invitait à entrer dans la chaude pièce qui serait sa chambre. Ulter s’assit au bord de son lit. Il déballa ses rares petites affaires puis fit ses prières, non sans avoir déposé à l’oratoire le plus proche un petit bâton odorant en guise d’offrande à l’esprit de cette maison. On honorait aussi la Vesta de ses hôtes pour espérer son bon accueil.
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Sam 13 Avr - 19:38

Elda Tullia
Sacerdos

J'ai 17 ans et je vis à Rome. Dans la vie, je suis la fille d’un haut général de guerre et je le vis au gré de ses aspirations. Sinon, en raison de mon statut je suis l’objet de désir de tous les patriciens en quête d’union, mais grâce à mes machinations je parviens à échapper cette destinée médiocre que m’impose ma condition.


(♪) Chanson thème - Elda

Elda incarne une force tranquille, un contraste saisissant entre l'innocence qui nimbe son visage et la tempête qui gronde en son sein. Elle porte sur ses épaules le poids de la colère et de la jalousie qui la dévorent, une flamme ardente dissimulée derrière un masque de douceur, mais ce qu’elle dégage n’est que froideur.

Rose négligée qui n’aspire qu’à s’élever, elle est pourtant éclipsée par l'éclat du soleil fraternel. Mais sous le masque de l'Apollon altier, ce héros de pacotille ivre de faux exploits dans l'arène, Elda sait discerner la marionnette des jeux politiques familiaux. Elle aspire secrètement à une destinée qui lui appartient. Son esprit vif et acéré, arborant les reflets d’une intelligence rare, se nourrit de ses ambitions insatiables.




Il y avait dans les mots du jeune homme à l’accent râpeux, beaucoup de bonhomie et Elda se demanda alors pour elle-même, comment cet Ulter parvenait à accepter si facilement sa situation. Plutôt que craintif, il semblait véritablement curieux de ce qui l’entourait. Il était loin de l’image qu’elle s’était faite des Germains sanguinaires que lui décrivit son père lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. Il n’émanait pas cette violence bestiale qui les caractérisait selon les dires des anciens, ni une volonté destructrice à l’égard de Rome. Au contraire, il ne lui avait pas échappé de voir cet éclat d’intelligence dans son regard. Elda ne traîna pas une fois que les présentations furent faites. Elle avait beaucoup à faire pour le banquet de demain en l’honneur de son père, avant que celui-ci ne reparte pour une énième campagne militaire en Gaule. Elle s’excusa donc avant de prendre congé auprès d’eux pour regagner ses appartements.


***

La Villa des Sacerdos s'élevait sur une colline surplombant la ville de Rome. Les colonnades de marbre blanc encadraient les allées, et des mosaïques délicates parsemaient le sol, racontant des histoires d'exploits glorieux et de dieux capricieux. C’est dans l’atrium s’ouvrant sur les somptueux jardins de la villa paternelle qu’Elda s'affairait avec une grâce insouciante, drapée dans ses plus beaux atours et supervisant chaque détail de la soirée qu'elle avait minutieusement préparé en l’honneur de son père. C’était le premier banquet qu’elle tenait en tant que Domina des lieux depuis la mort de sa mère. Sous le doux éclat des lanternes suspendues, les roses exhalaient leur parfum enveloppant les premiers invités dans un voile fort accueillant. La jeune femme fut ravie de constater que tous avaient répondu à son invitation.

Pour le banquet, Elda avait fait appel aux meilleurs cuisiniers de Rome. Des mets délicats étaient disposés sur des tables d'argent étincelantes : des tranches de porc rôti au miel et aux herbes, des volailles farcies aux fruits secs, des poissons fraîchement pêchés et des légumes colorés. Des amphores de vin rouge et blanc étaient soigneusement alignées, tandis que les serviteurs de la villa veillaient à ce que les invités soient comblés. Elda circulait gracieusement parmi eux, échangeant des salutations chaleureuses et veillant à ce que les coupes soient toujours pleines. Cette liqueur était une arme redoutable à qui savait en jouer, catalyseur potentiel pour livrer dans l'étreinte trompeuse de l'ivresse les secrets les mieux gardés de Rome. Entre la musique, les danseurs et les catins, on ne savait où donner la tête. Des bras émergeaient de partout pour vous saisir ou vous tâter avec curiosité. Ce qui était le cas de ce pauvre Ulter dès son arrivée dans l’atrium. Elda savait y échapper en restant à distance et surtout, au-dessus de la mêlée. Son père croulait déjà sous les louves et s'enorgueillissait de la supériorité de l’Empire romain. De son côté, Caius, adulé de ses courtisans, se pavanait en racontant à qui voulait bien l’entendre ses exploits dans l’armée. Il y avait toute la noblesse romaine recueillie dans leur demeure et la jeune femme comptait bien profiter de la soirée pour faire sa marque avant que ses invités ne sombrent dans la langueur teintée de concupiscence de fin de soirée. Loin des festivités frivoles, son esprit était préoccupé et surtout bien tiraillé. Elle comptait profiter de l’occasion de ce soir pour tisser habilement ses relations et celles de son père qui serait trop occupé à se noyer dans le vin, mais il lui fallait aussi descendre aux écuries où la sage-femme et Fabia l’attendaient.

À travers les volutes de fumée d'encens et les rires étouffés des convives, Elda échangeait des mots savamment choisis avec certains des invités, se retenant de déverser ses connaissances sur les jeux de pouvoir et des intrigues qui animaient les hautes sphères de la société romaine. Quintis, un ami de son père, conscient de son génie et de son intuition remarquable, l'emmena vers le sénateur Lucius Valerius, un homme à la carrure imposante et au visage austère, connu pour sa finesse politique et son influence à la cour impériale.
— Lucius Valerius, permettez-moi de vous présenter Elda, la fille de ce cher Flavius. » dit Quintis en s'inclinant respectueusement.
Lucius Valerius inclina la tête en signe de salut, ses yeux scrutant Elda avec un mélange de curiosité et d'intérêt.
— C’est un plaisir, jeune dame. On m'a dit que vous avez un esprit vif et une perspective unique sur les affaires de notre Empire. J'aimerais beaucoup connaître votre opinion sur la gestion des provinces frontalières qui préoccupe actuellement la cour impériale. »
Elda ne se laissant pas démonter par la condescendance du ton qu'il avait employé ce faisait et répondit avec une assurance aisée.
— Une stratégie défensive combinée à des opérations de guérilla pour déstabiliser les forces ennemies pourrait être efficace. De plus, investir dans l'infrastructure et le développement des régions frontalières pourrait contribuer à gagner le soutien des populations locales et réfréner les invasions barbares... »
Les yeux de Lucius Valerius se posèrent sur Elda avec une admiration nouvelle. Elle parlait comme un véritable général de guerre, mais avec une voix de miel. Il y avait de quoi surprendre.
— Votre analyse est perspicace et bien réfléchie, Elda. Vos idées pourraient être précieuses pour notre Empire, si elles étaient mises en œuvre. Malheureusement, ce n’est là, pas votre place. Je crains que vous n’ayez de voie à suivre dans ce domaine. »
Elda sourit légèrement, consciente des limites imposées par sa condition que lui rappelait subtilement le sénateur.
— Je suis consciente des défis auxquels je fais face, monsieur le sénateur... Mais je crois fermement que la valeur d'une idée ne dépend pas du genre de celui ou celle qui la propose. Je continuerai d’apporter ma contribution à la grandeur de Rome, quel que soit le moyen.
— Voilà un problème auquel j’aurais peut-être une solution, Elda... Qu'en est-il de vos devoirs matrimoniaux ? Ne devriez-vous pas être déjà mariée à votre âge ?
Tout en portant sa coupe à ses lèvres, il laissa son regard glisser sur les courbes de son corps. Elda, bien qu'elle perçût l'intérêt matrimonial sous-jacent de la question, resta stoïque et répondit avec dignité.
— Eh bien... Je ne suis pas réticente à l'idée, pourvu que le mariage repose sur un véritable partenariat, le respect et une compréhension mutuelle.
La jeune femme qui craignait que ses ailes ne soient coupées en prenant son envol exprimait ses conditions sans retenue.
Lucius Valerius, eu un sourire en coin trahissant son amusement face à la réponse d'Elda.
— Vous avez l'art de manier les mots avec élégance, Elda. Il est rare de rencontrer une femme aussi éclairée que vous. Peut-être pourrions-nous explorer ensemble les possibilités d'un tel partenariat, qui sait ?
Elda, tout en reconnaissant la proposition voilée du sénateur, garda son calme et répondit avec finesse.
— Je vous remercie pour votre compliment, monsieur le sénateur. Quant à votre suggestion, je suis honorée. Cependant, je souhaite prendre le temps de réfléchir à cette proposition et d'en discuter plus en détail avec mon père avant de prendre une décision.» déclara t-elle promptement, évitant de l'offenser. Lucius Valerius hocha la tête, respectant la prudence d'Elda tout en continuant à la regarder avec un intérêt grandissant.
— Bien sûr, prenez le temps qu'il vous faut pour y réfléchir. Sachez simplement que je suis convaincu que notre union pourrait être bénéfique pour tous les deux, ainsi que pour l'Empire.
La jeune femme se détacha du sénateur après l’avoir salué avec respect. Il en était toujours ainsi. Chaque fois qu’elle parlait des enjeux de Rome, l’on ramenait la discussion sur son statut. Cela l’agaçait plus que de mesure.

Elle s’en allait retrouver sa servante aux écuries, lorsqu’une main ferme l’agrippa par le bras pour l’arrêter dans sa course.
— Que te voulais Lucius ? » demanda son blondinet de frère en levant ses yeux sur le concerné plus loin, un éclat de jalousie déplacé dans l’œil.
Elda se soustrait vivement à son emprise, avec un dédain dissimulé. Elle replaça calmement le voile qui ornait sa taille dans le creux de ses bras et lui envoya un regard noir.
— Profite du banquet Caïus.
La jeune femme lui tourna le dos, puis parcourut une dernière fois l'assemblée du regard pour s'assurer que tous étaient présents avant de se faufiler vers les écuries. Cependant, une absence vint contrarier son plan : le Germain. Il ne figurait pas parmi les convives. Peut-être s'était-il retiré dans une autre partie de la villa, fatigué d'être ainsi sollicité pour ses manières et ses vêtements étranges.

Comme de fait, elle le trouva dans les jardins. Il lui faisait ultimement barrage vers l’écurie où l’attendaient ses deux complices pour le rituel. Elle prit son mal en patience, s’approcha doucement aux côtés du jeune homme et en profita pour lever les yeux vers le ciel étoilé. Un jour, elles crieraient son nom.
— Ce n’est jamais plaisant d’être l’objet de tous les regards, mais l’on s’y fait. Ici à Rome, les mots se portent comme le glaive. Demain je t’apprendrai à en manier quelques-uns. » Commença tranquillement Elda pour briser le silence. Elle se doutait bien que les mains baladeuses et les rumeurs calomnieuses sur son peuple devaient déferler à flot au banquet. Elle respectait son besoin de se retirer, mais préféra qu’il le fasse ailleurs. « La bibliothèque t’est ouverte, si tu le souhaites Ulter. Sinon, va donc profiter des bains au lavacrum... »



Le dernier acte est sanglant


quelque belle que soit la comédie en tout le reste: on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
- B.P.

KoalaVolant
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Frida K.
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Tournesol
Frida K.
Lun 22 Avr - 20:25

Ulter
J'ai 19 ans et je viens de Germanie, mais suis déplacé à Rome. Je suis cavalier & homme de savoir dans ma tribu, cependant me voici désormais otage de l'Empire. Du reste, en raison de ce que les chefs appellent "don" des Dieux, j'ai la "mémoire absolue" et je vis la chose de façon très inégale selon les moments.

RP avec @Lobscure
La nuit tendait son voile sur le ciel de Rome. Comme en miroir aux étoiles de là-haut, c’étaient ici-bas les lanternes de la villa Sacerdos qui piquaient d’éclats l’obscurité. Ulter se fondait dans ce tableau tandis qu’arrivaient les convives. Sa façon de se détendre et ne penser à rien (ou au moins de choses possible, ce serait déjà pas mal).
Dans l’attente du banquet, il avait passé l’après-midi à explorer la domus, imprimant ses circuits sous ses pieds et dans sa tête. Non sans chercher à comprendre ce que représentaient les mosaïques. D’abord timide, le Garmain avait finalement osé interroger un intendant, qui avait accepté de répondre. Ici, le motif retranscrivait la lutte d’Héraclès. Là, on voyait Romulus tétant la Louve. Plus loin, des fresques de César élevé au rang de divinité. Écrire des histoires dans la pierre, on faisait cela aussi, chez lui. Oh de manière plus rustique, mais quelques stèles figuraient Wodanaz et ses corbeaux, Freja la lumineuse, Tuisto le double… et même Mercure que Rome avait exporté aux Germains.
Puis il y avait eu les bruits de la cuisine où la domesticité s’affairait à préparer les mets. Le soleil avait achevé sa course et désormais tous les feux du domaine brillaient pour les hôtes. Depuis son coin discret, Ulter les entendait. Et attendait qu’on l’introduisît.

En parfaite jeune matrone, Elda régnait sur l’atrium et le triclinuim où son pas précis virevoltait d’un invité à l’autre, selon ce qui semblait être pour cette femme une partition devenue instinctive. Assurément, elle serait une dame du monde. Ulter la voyait faire, impressionné. C’était un autre genre de guerre qu’elle maîtrisait là : exécuter les codes sociaux pour ne pas se faire dévorer par eux, mais en être maîtresse. Telle flatterie à telle personne, tel sujet de conversation, tel mouvement subtil pour échapper aux mains trop ivre ou trop caressantes des mufles de la soirée. La domina l’impressionnait. S’il pouvait avoir la moitié de son aisance en société !

« Voici Ulter, fils de Wöldrek de Germanie, otage mais surtout notre hôte. » finit par annoncer diligemment le général, à trois de ses amis revêtus de leurs plus nobles toges.
L’intéressé se présenta, avec les marques de politesses qui s’imposaient. Ses yeux mémorisèrent les quelques silhouettes : ici un sénateur, là un militaire, et son voisin direct qui semblait un de ces très riches patriciens accompagné de son épouse parée d’une vertigineuse coiffe bouclée.
Il fut invité à s’installer sur les banquettes pour le festin. Le Germain changea plusieurs fois de positon jusqu’à en trouver une assez confortable pour lui, peu accoutumé à manger couché ! Ulter sentit bien que des prunelles le scrutaient, au mieux attendries, au pire déjà moqueuses…

Le Germain faisait sensation. Ses habits, tresses et bijoux se trouvaient qualifiés de « barbares » ou « primitives ». Il eut autour de lui un essaim de dames, bouche peinturlurée comme pour la guerre et si souriante à la fois ; vite rejointes par leurs hommes. Les hôtes d’Elda posèrent moult questions sur la Germanie, auxquelles ses réponses se voulurent douces, mais pas moins fières pour autant.
Ulter espérait calmer ces curieux, autant que faire honneur à la bonne tenue de la soirée d’Elda. Exprimer en quoi les « sauvages » étaient eux aussi civilisés. Avec émotion, Ulter parla des Sages de Germanie ; de la majesté des forêts ; de l’habileté des cavaliers et des prêtresses ; des femmes soldates… Il ne manqua pas, aussi, de traduire des similitudes avec Rome plutôt que des points d’hostilité : le respect aux dieux et aux anciens, le goût des longs poèmes, l’ardeur au combat pour l’honneur de sa tribu. Il aimait conter ce genre de choses et sa voix trouvait alors plus d’assurance.

Arriva la montagne de nourriture. Du pain grillé, des olives, des venaisons assaisonnées de miel et d’herbes. La mâchoire d’Ulter manqua de s’en décrocher : en Germanie, on en eût consommé le tiers. Où tracer la frontière de ce qu'il était nécessaire de prendre à la nature ? Il se régala toutefois, notamment des fruits cuits sous leur calotte de glace, qui lui rappelaient ses montagnes enneigées au plus fort de l’hiver. Ulter ne vit dans ce festin aucune des extravagances dont certaines mauvaises langues disaient que tous les Romains étaient friands : abats d'autruche, flamant rose, utérus de brebis, tétines de truies en ragoût, murène rôtie… Rien de ce clinquant vulgaire ici ; Elda avait du goût. La sobriété : meilleure marque de l’élégance intelligente.

Pendant que le général Flavius et son fils Caïus étaient déjà bien avinés, Ulter notait tout le soin qu’Elda prenait seule à l’organisation. Alors qu’il prêtait l’oreille, de loin, à la conversation autour d’elle, le Germain sursauta en se sentant caressé dans le dos par une courtisanes. Il serra les dents et se décala aussi subtilement que possible sur sa droite.
Là, des esclaves posaient quatre vasques d'un cristal étincelant et un lot de plumes de paon destinées à se faire vomir : ainsi les plus gourmands invités pouvaient-ils goûter à tout ! Ulter ignora les gerbeurs et dégusta un nouveau verre de vin, quand soudain quelque chose lui tira les cheveux. En se retournant, Ulter se trouva nez à nez avec une autre femme, qui tenait sans gêne une de ses tresses entre les doigts. Le rouge monta au visage de l’otage. Ses prunelles se figèrent.

— C'est vraiment joli, ça ! Je peux toucher ?
— Vous avez déjà commencé, il me semble.

La grossière convive n’entendit même pas sa réponse, poursuivant son exploration capillaire. Avant que le Germain n’ait à pousser l’intruse, un tribun vint heureusement à sa rescousse en invitant Madame à le rejoindre au milieu de quatre danseuses. Elle laissa l’otage en paix.

— C'est toi-même qui te coiffes de la sorte ? demanda alors un légat.
— Oui.
— Oh je ne savais pas que vous étiez des artistes !
Dans sa bouche, le compliment sonna plus condescendant qu’autre chose. Comme lorsqu’on félicitait un enfant de son premier dessin.
— C'est un genre de rituel ?
— C’est coutume. Aimons nos cheveux soigner. Les a longs, l’homme libre. Fait… dedans… toutes sortes de motifs selon nos… rôles sociaux, tâtonna Ulter, pas encore maître de son latin.
— Que c'est pittoresque ! pépia l’autre, dos tourné, déjà plus intéressé par la danse des filles de joie.

Ulter noya sa contrariété dans une nouvelle bonne descente de ce vin épicé. La boisson commençait à chauffer entre ses oreilles, mais il fallait bien cela pour tolérer sans se fâcher les malotrus de la soirée. Les éclats de voix entre deux couples intriguèrent alors l’otage, qui entendit au vol :

— Quel inculte tu fais, mon pauvre Atticus ! Ovide, tout de même ! Tout le monde a déjà lu un peu de Ovide, à part ce sauvage, là, peut-être…

Comprenant qu’il était visé, le Germain entendait ne pas laisser passer. Il répondrait. Courtoisement et calmement comme il avait déjà vu Elda le faire, mais il répondrait. Dans un placide sourire, il dit :

— De nom je connais, Seigneur. Mais je n’ai en effet pas encore eu le plaisir de le lire. (Un temps) En revanche, nombre de lieder je connais.
— De quoi ? couina la moqueur.
Lieder. Nos poèmes.
— Ah oui ? Voyons ça ? grimaça le dénommé Atticus. Un poème d’amour, par exemple ! Pour intéresser nos dames ! ajouta-t-il en désignant les épouses restées attentives à sa gauche.

Ulter se pinça la lèvre : quel abruti. Pourquoi une femme ne s’intéresserait qu’à de la poésie portant sur l’amour ou la beauté ? Après avoir fait passer son envie de rétorquer quelque chose comme « Non. Un sur la gloire éphémère de vos services trois pièces. Pour intéresser vous. », le Germain s’employa tant bien que mal à traduire en latin quelques vers de chez lui :

— À l’ombre de dolmens
Et de spectres de… les cieux,
Brille une forêt d’yeux
Entre les bras… de les chênes –
Par grandes senteurs ocrées
L'assemblée fait sacrifice
À… les morts et vivants
Ses chants sont transe dans… l… le vent –
Ô voix de nos esprits
S’élèvent pour sacrer
Les volontés d’acier
De toute main qui prie.


Une femme l’applaudit et se fendit d’un « Merci, c’était beau. » malgré les quelques fautes de langue, tandis que l’autre dame et son mari, pendant qu’Ulter parlait, avaient souri d’un sincère intérêt, sans arrière pensée. Ledit Atticus toutefois les entraînait déjà vers une autre connaissance attablée plus loin, laissant Ulter aux songeries dans lesquelles le poème l’avaient plongé.

Rêveur, le Germain navigua entre les buveurs, les courtisanes et le groupes de discussion, jusqu’à ce qu’il finit par intercepter la conversation entre le sénateur Lucius Valerius et Elda.
Resté à distance, Ulter cligna des yeux : avait-il bien entendu ? Des infrastructures dans les régions frontalières aux « barbares » ? Sans compter la stratégie de la défense pour mieux jouer l’attaque. C’était ce qui avait acculé sa tribu, au point de devoir accepter la livraison d’otages. Par les Dieux, oui, Elda était bonne tacticienne. Ulter n’avait pas oublié que sous les fards de la politesse, cette famille demeurait ennemie de son peuple. Mais cet instant le lui rappela plus que jamais. Il se donna contenance en observant la chorégraphie des danseuses autour du bassin. Il ne put cependant s’empêcher de se demander à quelle sauce, avec les manœuvres de cette femme et de sa lignée, seraient encore mangés les peuples aux frontières. L’Empire n’avait-il pas déjà assez de toutes ses conquêtes ? Ne pouvait-il envisager de leur foutre la paix ?
Quoi que. À trop se gaver de nouvelles provinces, Rome finirait par imploser, Ulter en était presque certain. La Louve aurait la panse qui éclaterait. Elle se noierait dans ses tripailles. Car la Fortune était pareille à un balancier vite lassé de demeurer auprès d’un même bénéficiaire.
De déplaisants détails tirèrent Ulter de ces considérations : les regards libidineux de ce sénateur sur la domina. Ils avaient beau tous complimenter son intelligence, décidément ces types ne perdaient pas le Nord : ils voyaient toujours la femme à séduire, à épouser, à exhiber en parure. Quant au sous-texte : on n’attendait guère d’Elda qu’elle donne son avis ouvertement… Ulter réagit d’un sourire en coin à l’habile façon dont la domina envoya (tout en politesse !) balader le sénateur et son « partenariat ». Il ignorait à qui il se frottait, celui-là. Une fois de plus, l’otage s’autorisait un temps à oublier leurs deux peuples adversaire, pour apprécier les qualités d’individus particuliers.

Quand il se retourna puis fit quelques pas en sens inverse, Ulter se trouva soudain nez à nez avec Caïus après que celui-ci eut échangé quelques mots brefs avec sa sœur. Sœur qui ne s’était pas fait prier pour décamper, non sans un regard noir. Décidément, quelque chose de pas clair sévissait entre les deux enfants Sacerdos. En une seule première journée, l’otage avait surpris le spectacle de tensions, même parfois silencieuses et le temps d’un clin d’œil.
Caïus loucha un air de mépris sur le Germain, qui n’eut guère l’envie de se laisser impressionner. Il poursuivit sa route comme si de rien n’était ; en direction cette fois-ci des jardins. L’otage avait pris soin de dire « au revoir » à la plupart des convives, notamment aux quelques-uns à s’être montrés agréables et curieux avec lui ; à présent il en avait assez (et son crâne alcoolisé tout autant) : un peu de repos ne serait pas de trop. Les fleurs du jardin auraient la courtoisie de ne pas lui tirer les cheveux !

Il y fut rejoint par Elda, qui le sortit de ses pensées de plus en plus brouillées. Ulter prit soin de se relever et de lui adresser un léger sourire. La sympathie de sa remarque le toucha, l’étonna même quelque peu. Mais après tout, être l'objet de tous les regards déplacés, Elda en savait quelque chose... Ulter avait été témoin des attitudes des hommes à son endroit et compatissait.
« Je vous en suis reconnaissant. Et merci, domina Elda, pour cette… raffinée soirée. Subtil c’était. » Le vin aidant, une lueur joueuse et entendue traversa son regard lorsqu’il ajouta : « Et dire qu’il y en a pour raconter que ces sauvages à Rome mangent tétines de truie, utérus de brebis et œufs peints en or. »
Rien de moqueur dans sa voix ; Ulter était sincère, il expérimentait tout autre chose que ces rumeurs. Or il ne pouvait que se rappeler que dans l’autre sens, bien des romains décrivaient eux aussi des sauvageries de son peuple.
Ses prunelles retrouvèrent douceur et grand intérêt quand Elda lui mentionna la bibliothèque. « Oh ! Aimable c’est, mais mieux sera avec vous, pour me guider vers les meilleurs livres à découvrir. Et pourrez comme ça vous, me dire… lesquels sont… que vous préférez. » Quoi de mieux que d’être accompagné du concerné pour découvrir sa culture. « J’attendrai donc pour ce. Mais le bain, volontiers. »
Ulter vit que la domina paraissait pressée. Après une telle réception, elle devait vouloir se reposer ! Il ne la retiendrait donc pas plus longtemps. « Je vous souhaite la nuit bonne. » la salua-t-il en inclinant le haut du buste.
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