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LE TEMPS D'UN RP

ΑΓΩΝ - Les ascendants

Jo'
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Jo'
Jeu 26 Mai - 18:02
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Caléoppe
J'ai 34 ans et je vis à Larissa, Thessalie, Grèce antique. Dans la vie, je suis influente par mes relations et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis la maîtresse de Ménon.

_ Elle a bénéficié d'une éducation d'homme, elle a été l'élève de Gorgias et connaît donc les mathématiques, la géométrie, la musique, la poésie, la rhétorique, etc. : tout ce qui constituait le savoir institutionnel de l'époque.
_ Elle a été mariée à 14 ans à un général rustre aux mains souillées par les crimes de guerre, mais assassiné depuis, elle est veuve - c'est ce concours de circonstances qui lui garantit cette indépendance étonnante pour l'Antiquité.

"L'Eté" :copyright: Alfons Mucha
L'aube s'étale en rayons plus francs dans les cieux violines, ses diaprures étincelant le fleuve de Larissa. Arrabaïsos me réclame des comptes et c'est légitime. Autour de nous l'opaline rutilance appelle les marchands à ouvrir leurs échoppes, un brouhaha s'élève depuis les graviers des rues : fracas des tréteaux des étals et de l'argile des jattes, pas affairés sur le sol crissant, quelques ordres donnés de-ci de-là à des enfants encore comateux. Pour que l'intimité de notre conversation ne paraisse pas malvenue, nous marchons distraitement alors que je lui réponds.

"Navrée de n'avoir trouvé que cette solution."

Je considère son incompréhension, le regard vague égaré sur un portant de pierreries. J'aime encore mieux le bijou offert par mon frère. Eux n'ont rien eu à perdre ou à gagner de cette révélation. Un esclave, deux brigands, tous prisonniers, de famille médiocre pour peu qu'ils en aient une - Thadonas aura été leur goutte de prestige, diantre, un demi-dieu pour père. Une façon de prendre racine, de comprendre leur force et leur vaillance. Un monde où ils ont une place alors qu'ici ils n'ont que la valeur qu'ils s'échine à arracher à la vie.

Mais moi. Sur le chemin de leur rencontre, j'ai perdu un ami, craint pour ma vie, ait été accusée de meurtre. J'ai dû fuir la garde, moi ! Apprentie de Gorgias, maîtresse de Ménon ! J'ai appris que ma noblesse était une souillure, que les dieux courroucés de mon existence même s'étaient évertués à me profaner toujours davantage. J'ai perdu foi en mon oracle. Je ne porterai jamais d'héritage ou de lignée.

Je n'ai rien en commun avec cette famille de sang ou de demi-sang. Ni les visions d'Aketa, ni les capacités d'Artemision ou Arrabaïsos. Je n'ai rien pour voguer dans leur monde mythologique. Je suis faite pour vivre ici parmi la noblesse, pour l'arithmétique et la politique, mais apprends désormais que mon sang est sali de fumier. Je sais lire mais je ne sais pas trouver ma place.

"Je suis une bâtarde. Dans mon monde, ça signifie davantage que dans le vôtre."

De l'autre côté du chemin, une calebasse est remplie de tomates larges dont les grosseurs semblent aspirées par leur pédicelle. Les marbrures foncées tirant sur le brun annoncent leur parfum sucré.

"Aketa a pris cette préoccupation pour elle. Je ne lui en veux pas : vous méprisez la noblesse parce que nous n'avons pas de cicatrices. Que nous ne connaissons pas la faim."

J'en ai, des cicatrices. Du soir où j'ai été enlevée par Epiméthos et des autres qui ont suivi. Elles se cachent derrière le drapé de mes vêtements et Ménon détourne le regard lorsqu'il en sent le sale relief sous ses doigts.

Nous avons continué à marcher et nous trouvons désormais devant un superbe apparat de tissus. Un exomide, chiton des guerriers, en lin ivoire. Je sacrifie quelques pièces et lui tend le vêtement ainsi acheté.

"Tenez, un présent pour compenser la nuit passée dans ce sac à poux." Je ris un peu faisant allusion aux haillons de serviteur. "Votre soeur a besoin de vous, et cet autre monde, il vous convient parfaitement. Je suis partie courroucée mais le fait est que c'était la meilleure chose à faire : je me porte bien ici, ne vous tracassez pas."

Nous sommes sortis du marché. Des gardes me regardent en chien de faïence tandis qu'ils ne reconnaissent pas l'homme avec qui je parle. Ou peut-être est-ce parce que je suis devenue une criminelle protégée par des relations. Ou bien, parce que j'ai reparut depuis Thermopyles en une nuit alors que le trajet devait me prendre des semaines. Le quartier populaire me rassure néanmoins puisque la plupart de ces gens ont d'autres préoccupations que les meurtres et sauteries entre nobliauds richissimes. Mes pairs, eux, me dévisageraient allègrement, se nourriraient de commentaires, déverseraient la poudre des sales rumeurs.

Je pense à Ménon. Au sentiment de trahison que j'ai dû éveiller en lui. A ces efforts qu'il a dû faire pour me défendre face aux dignitaires Spartiates de passage, aux Aleuades eux-même ou à ses amis. Théréastre me précipitant vers Thermopyles a aussi blessé Ménon, voilà une raison supplémentaire de refuser ses arrangements. Oui mais Circé. Si elle existe. Si elle accepte de me conférer un pouvoir. Ne devrais-je pas profiter d'être enfant de demi-dieu, pour tout ce qui m'en a été arraché ?

Ou bien, je leur mens à tous. J'invente une histoire plus vraisemblable. J'enterre le parjure comme l'a fait ma mère. Comme si de rien n'était. Comment faire pour oublier avec une mémoire si acérée ?

"Il faut que je voie un ami. Si vous souhaitez retourner auprès de Thadonas et de notre fratrie, vous pouvez peut-être vous adresser à l'oracle."

Je ne le chasse pas. En réalité, face à ces nuées d'ennemis potentiels, une compagnie amicale n'est pas de trop.
Houmous
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HOUMOUS
Houmous
Sam 4 Juin - 14:22
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Artemision
J'ai 27 ans et je vis sur les chemins grecs. Dans la vie, je suis esclave qui s'est affranchi et je m'en sors mal..

- Muet de naissance
- Suis une foi orphique
- Accomplis les dernières volontés de ma génitrice


:copyright: Fred Rambaud


Thadonas poursuivit un peu avec ses explications, son regard se perdant dans la danse inlassable des flammes sur leur piste de bois. Il semblait même intéressé par ce sujet bien au-delà d’une simple légende. A l’entendre, c’était pour lui quelque chose de naturel et de parfaitement concret bien qu’en partie insaisissable.

- Mmh… Ne le prends pas mal quand je dis que le serpent doit être ton animal, Aketa ! Il s’avère que ce noble être est le symbole de la santé, de la sagesse et du mystère. Plus que tes frères ou ta sœur, tu dois être proche du monde des esprits… Je mettrais d’ailleurs ma main dans ses flammes que tu te soucies franchement du sort de tes proches comme si cela était toujours le tien, déclama-t-il en relevant enfin le regard vers eux, souriant un peu. Pour ma part, je suppose que l’animal qui conviendrait le mieux serait l’ours. J’ai toujours été fait pour vivre loin de tout et développer la force qu’on me reconnait désormais. Pour ce qui est d’Artémision, son mutisme doit bien avoir un sens dans ce grand schéma… Malheureusement, sans lui parler, je serais bien en mal d’y trouver un sens logique. Tu le connais depuis plus longtemps que moi alors peut-être aura-tu de meilleures suggestions avec d’autres observations ?

Croyant entendre la voix lasse d’Aketa dans un écho aquatique, je fronçai les sourcils, constatant que ses lèvres n’avaient pas effectué le moindre mouvement. J’avais tendance à n’avoir que peu de confiance en cette théorie qui vise à rapprocher l’homme de l’animal et non des dieux. Certes, toutes les vies avaient de la valeur mais cela ne signifiait pas pour autant que l’homme ne devait pas viser à s’élever bien au-delà de son simple statut de mortel ainsi que le firent les héros des légendes. La croyance qui animait ma vie, au sens propre, était que l’homme n’avait pas de droits sur le monde qui l’entourait et qu’il devait, à termes, parvenir à vivre sans se sustenter de rien si ce n’était de l’énergie qui l’entourait. Malgré moi, je constatai avec gêne que le temps que ces idées traversent le lit de mes pensées, je n’avais pas quitté du regard ma désormais grande sœur. Une vague à l’âme me fit quelque peu chavirer, me figurant qu’elle devait effectivement avoir ce cœur tendre enfoui sous la carapace qu’avait constitué son existence. Avec un léger sourire, je constatai la perdition qui avait emporté mes sentiments. Le lien qui nous unissait les uns aux autres se rappelaient finalement à moi comme s’il apparaissait clairement qu’ils aient toujours été là mais qu’ils ne fussent jamais étudiés sérieusement…

- … n’importe pas réellement. Tu sais, ces animaux sont le signe de nos forces et nos faiblesses. Ils ne nous définissent pas réellement mais plutôt nous représentent. Nous aspirons à acquérir leurs forces, qui sont bien souvent inaccessibles pour les pauvres mortels que nous sommes. Ils représentent les énergies primordiales qui alimentent nos mondes : celui des hommes, celui des légendes, celui des morts et même celui des dieux. D’ailleurs, on raconte qu’eux-mêmes les manipulent et ainsi ont donné naissance à toute chose. Nous les percevons comme nos parfaits jumeaux, image irréelle de ce que nous devrions être mais en réalité, peut-être est-ce là simplement le manteau qu’ils adoptent pour que nous puissions les percevoir et les comprendre. Tout n’est que masque, surtout dans les jeux des puissants, soupira-t-il finalement en achevant de mettre en place une énorme cuisse de mouton sur le feu.

Je poursuivai l’étude que je faisais d’Aketa. Elle avait été pirate avec son frère, arpentant le monde en recherche de richesses et de gloire mais quelle était la réelle raison de ses actions. Ne suivait-elle simplement que son frère telle son ombre jumelle qu’elle paraissait au premier abord être ou bien dissimulait-elle sa propre individualité, ses propres désirs, ses propres rêves ? La question se réduisit bien vite à une chose : pourquoi n’avait-elle pas suivi son frère dans le portail, en poursuite d’une Caléoppe courroucée ? Pourquoi était-elle restée à mes côtés ici, dans cet autre monde au ciel irisé et fracturé ? Les questions restaient par trop nombreuses et au fil du temps passé avec notre géniteur, je commençai à soupçonner qu’il profite de cette réunion imprévue pour achever un plus grand dessein…

- Le danger marche main dans la main avec l’impatience, Aketa. Regarde ton frère, répondit-il avec un air amusé, il observe le monde qui l’entoure car il ne peut poser les questions. Comme les fruits dans le verger, les réponses viennent à qui sait les trouver…

Il nous laissa prendre le temps d’observer plus longtemps les cieux. Je n’avais jamais vraiment pris le temps d’y réfléchir franchement mais le soleil semblait briller ici comme au travers d’un voile laiteux. Comme un alcool coloré, sa lumière se diluait et se fragmentait sur ce qui semblait être un dôme fragilisé par endroits. Tout ceci prenait du temps à constater et certainement que cela ne nous avait pas marqué jusqu’ici mais à la manière interdite, il n’était plus possible de l’ignorer une fois la vérité dénudée. Je me redressai alors et quittai ma position dans laquelle je m’étais laissé glisser vers Aketa. Dans un regard, je compris que c’était là la chose importante que Thadonas souhaitait nous faire découvrir.

- Les temps sont tristes, mes enfants, fit-il avec mélancolie. Malgré tous mes efforts, le monde ne sera plus jamais pareil à celui que je connus encore garçon, sur la péninsule de Magne. J’aurais aimé qu’il en soit autrement mais je n’ai pu que ralentir l’inévitable et le monde que je vous lègue est loin d’être idéal. Celui-ci est en train de se fragmenter, expliqua-t-il lentement, chaque mot se perdant lentement dans la nuit tombante alors qu'il continuait à fixer son morceau de viande et les flammes qui le torturaient. Sa séparation avec les autres se brise lentement, comme vous pouvez le voir, et peut-être que cela signifie que c’est également le cas pour les autres. Je ne suis pas certain de ce qui nous attend mais si le Céryces que je rencontrai jadis a dit vrai, le pire arrivera sous peu. Car les dieux se meurent et les Titans se libèrent...


Pyramid Rouge
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Mer 17 Aoû - 0:54
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Arrabaïsos

J'ai  39 ans et je vis sur La chimère. Dans la vie, je suis capitaine d’une petite flotte de pirates. Sinon, grâce à mon charisme et mon courage, je suis maître de ma vie ..
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Aketa

J'ai  39 ans et je vis sur La chimère. Dans la vie, je suis second d’une petite flotte de pirates. Sinon, grâce à mon calme et ma clairevoyance, je suis libre.



moi-même
.
Le regard mue d’un désir intense de savoir, Arrabaïsos se heurte encore comme une vague à une falaise abrupte qui ne compte pas se creuser pour son bon plaisir. Le regard fuyant de Caléoppe  trahit son malaise de se trouver a coté de lui. N’est-il alors qu’une honte pour elle ? Peut-être. Il laisse ses démons chuchoter et n’en ayant cure la suit en restant a une distance raisonnable d’elle, il bombe le torse, se tient droit en charisme et essaye pour elle de dissimuler la honte qu’il est. Car au final ses démons chuchote et se rie fort de lui. Il l’observe, observe le collier qu’elle porte et sourit un peu et quand il répond il se sent tout a coup bien prétentieux de s’être plaint alors qu’elle aurait pu le renvoyer dans la prison d’ou elle l’avait sortie. Oui, elle aurait pu faire cela, mais elle ne l’a pas fait. Là l’homme de la mer comprend que Caléoppe marche un peu  comme ça. Elle parle peu avec sa langue mais bien plus avec ses actes et sa gestuelle. Ne répondant d’abord rien il la laissa continuer de lui donner son point de vue entre deux petit bazar proposant fruits puis tissus et après pierreries d’exception… En distinguant les pierres il remarque d’un œil expert qu’elles sont bien moins précieuse que ce que semble prétendre le marchand. Peut importe, il écoute Caléoppe mais ses mots lui donne mal au ventre. Il serre le poing mais se retient, la violence n’a pas le droit de la toucher elle,  sans pour autant qu’il ne sache pourquoi.

-Ça je l’ai bien compris, mais hors la loi que je suis, être le fils d’un héros me lave t-il pour autant de tous mes crimes ? Non. Jamais je ne serais un héros, je compte par delà mes doigts les cités dont j’ai été banni. Être le fils d’un héros ne changera rien à  cela.

Il fait une pause. Reçois le tissus et l’écoute le repousser dans ses mots à l’inverse de ses actions.

-Ce qui change les choses ce sont les actes. Et pardonnez moi mais vous vous mentez en disant que vous n’avez pas de cicatrices. Je les perçois dans vos yeux.

Il s’arrête derrière elle puis reprend.

-C’est bien pour ça que vous ne me regardez pas, ni personne.

Il ris un peu alors que d’une énième phrase elle le repousse et semble le chasser, c’est ce qui le pousse sûrement a désirer plus qu’ardemment rester près d’elle. En fait a chaque fois que sa voix flirt avec la vibration de ses tympans il frémit d’un sentiment de conquête. Un jour il comprendrais, il verrait ses cicatrices, c’est ce qu’il préfère les cicatrices. Pour toutes celles qu’il a obtenu par des  douleurs plus infâmes que les autres cela ne le rend pas plus gris. La voyant s’éloigner il réfléchis et finis par la rattraper. Posant délicatement une main sur son épaule, il s’arrête tout comme elle. Attendant qu’elle se retourne ou non il déclame alors.

-Comme je le dis souvent à Keta, je n’ai pas pour habitude de me retourner sur ce que je laisse derrière moi. J’avance. Il le dis sans honte aucune de déclarer presque clairement qu’il l’a vraiment choisie elle plutôt que sa jumelle.

-Vous m’avez sauvé la vie plus de fois que n’importe qui sur cette terre que vous le vouliez ou non. Peut-importe la raison pour moi, vous l’avez fait… Contre une protection  jusqu’à Sparte… Seul cette ville me défera de mes obligations envers vous. Sans vous faire honte bien-sûr...

Un sourire aux lèvres, il sait bien que ce marché pour elle ne doit plus rien valoir, mais pour lui, il vaut tout. Ainsi sous un sourire chaleureux il s'éloigne peu a peu pour disparaître derrière nombre de bâtisse qui forme la ville...

***

Toute en interrogations ma-léchée Aketa restait là a coté de son frère. Regardant Thadonas, elle le laissa parler et ne répondis pas immédiatement a vrai dire d’étranges bribes d’images lui flashait l’esprit. Jetant des regards à Artemision elle semblait troublée d’avoir pu lui  adresser un mot tout en conscience. Ce que disais Thadonas n’était ni désagréable ni vraiment agréable car c’est comme si il l’a dépossédait de tout ce qu’elle pensait être : une carapace, ne recouvrant rien que de la chair sans affect. Mais  c’était faux. De tous c’est peut-être celle qui sous ses grands airs se souciait le plus de chacun d’entre eux… Elle réfléchissait un peu a la question et en plongeant son regard ambré dans l’iris d’Artemision. En le regardant d’autres bribes d’images lui apparaissait mais c’était flou. Regardant la main de son frère elle n’osa pas le prendre par la main pour y voir plus clair… Elle se tourna de nouveau vers Thadonas. Elle inspira voulu rendre mot mais ça ne sortait pas. Du moins pas tout de suite. Elle murmura ensuite en regardant son frère.

- Un loup de sagesse...

De l’émotion dans le regard elle eu tout a coup des larmes chaudes dans les yeux en l’observant. Ses mains frémissait d’une envie de prendre la main de son frère mais en même temps elle sentait son cœur battre, comme si le faire la pousserait a quelque chose de terriblement douloureux a voir. Les larmes si nombreuses dans ses iris ne purent faire autrement que couler mais trop fière sûrement elle cessa simplement de regarder son frère et essuya ses joues, le noirs soulignant ses yeux ayant un peu coulé.  Qu’importait, Thadonas n’y verrais rien a l’opposé d’eux, il s’occupait de lentement cuire la viande que nous allions partager. Pourquoi tant de peine ? Pourquoi toutes ses images. Cela semblait être des souvenirs mais elle ne se souvenait pas d’avoir vécu cela. Perturbée elle écoutait toujours plus son géniteur l’air perplexe et regarda enfin le ciel. Ce qu’il disait était terrible et sa respiration s’accélérant elle se sentit tout a coup bien petite sous ce ciel fracturé n’annonçant que désastre. La fracture s’insinuant dans l’esprit de la clairvoyante, des larmes rouges coulèrent sur ses joues alors qu’un voile se posa dans ses yeux. Fixées là le visage effrayé et courbé de souffrance elle aurait voulu hurler.  Son estomac se nouait, son cœur accéléra et la tétanie prenait tout son corps. Tremblante elle resta ainsi quelques instants dans un état de transe aussi désagréable a regarder qu’a vivre.  Si bien que victime de cette odieuse vision elle s’empressa dans un geste instinctif qu’elle ne contrôla pas vraiment d’attraper la main de son frère.


Semblant s’écrouler lorsqu’elle se réveilla elle était en Grèce nulle part, couchée dans le sable entre quelques arbres et quelques buisson brûlé par l’hardiesse d’un soleil d’été. Se relevant elle se tourna et se retourna, observa ses mains et son corps. Elle semblait elle-même mais plus vêtue de ses haillons de prêtresse pirate, qu’une toge de la couleur des ténèbres.  S’avançant un peu elle se retrouva au bord d’une falaise qui faisait non loin face à une autre cote. Un cap. En regardant au bas de la mer elle distingua sur une plage de roche une femme trempée semblant épuisée… En l’observant bientôt elle entendit un cri même plusieurs. Elle semblait souffrir. Affolée Aketa s’empressa de trouver un chemin pour rejoindre la femme. Celle-ci était vêtue d’une robe de lin et de soie d’or et d’argent, sa parure contenait tant de bijou qu’on n’en distinguait a peine le visage de la belle femme. Écroulée sur un rocher, une flaque de sang s’était un peu rependue et ses beaux habits s’était maculé de sang. Lui souriant les larmes aux yeux, elle tenait vers son sein un bébé emmailloté dans un morceau de sa robe d’or déchirée.  
Aketa a quelques mètres d’elle s’approcha doucement et alors qu’elle la regardait en essayant de prononcer un mot, sa bouche se gorgea de sang.

A ce moment elle remarqua a force d’observer que sa robe toute parée de bijou avait été transpercé par une dague au niveau de son cœur. Le manche était un ouvrage si précieux qu’on le remarquait à peine si on observait peu la femme. Celle-ci ne tarda pas a s’écrouler sur le gros rocher un sourire sur les lèvres.

- Non ! Non vous ne pouvez pas mourir !

Hurla t-elle par instinct avant de regarder l’enfant. Il respirait lentement et tout silencieux qu’il était  ne semblait pas serein pour autant.  Se retournant par instinct elle vit une femme accompagné d’un homme qui était un peu plus loin spectateur de la scène.

En un clin d’oeil Aketa se retrouva sur une autre roche spectatrice elle-aussi d’une belle scène. Effectivement la femme attiré par les hurlement pris l’enfant dans ses bras et le cajola avec beaucoup d’amour dans les yeux. Souriant, elle s’étonna de voir que le couple ne vola même pas la morte pourtant tout en richesse vêtue. La femme pris simplement les boucles d’oreilles de la mère et les posa sur l’enfant. Se levant d’abord pour l’arrêter, elle se tue et compris qu’il s’agissait simplement d’un présent qu’elle garderait pour donner plus tard a l’enfant un morceau de son histoire. Ces boucles d’oreilles, Aketa en avait déjà vue au cours de ses voyages, elle n’en avait vu qu’a un seul endroit au monde… Mais alors qu’elle allait se souvenir quelque chose agrippa sa cheville pour l’emmener au fond de l’eau. Se débattant dans l’eau en y perdant le souffle elle se réveilla a nouveau en sursaut.

- Adramyttion !



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Sam 20 Aoû - 9:33
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J'ai 34 ans et je vis à Larissa, Thessalie, Grèce antique. Dans la vie, je suis influente par mes relations et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis la maîtresse de Ménon.

_ Elle a bénéficié d'une éducation d'homme, elle a été l'élève de Gorgias et connaît donc les mathématiques, la géométrie, la musique, la poésie, la rhétorique, etc. : tout ce qui constituait le savoir institutionnel de l'époque.
_ Elle a été mariée à 14 ans à un général rustre aux mains souillées par les crimes de guerre, mais assassiné depuis, elle est veuve - c'est ce concours de circonstances qui lui garantit cette indépendance étonnante pour l'Antiquité.

"L'Eté" :copyright: Alfons Mucha

Les paroles d'Arrabaïsos tournoient en moi à mesure qu'il s'évade derrière les maisonnées. Il ne tire pas de gloire à son ascendance divine : quelque héros que soit Thadonas, mon frère ne s'en sent pas moins bandit. Les valeurs, dit-on, se transmettent dans le sang - de la pègre naissent les rats, des justes naissent les bons. Pourtant aucun de ces mal-nés - Aketa, Artemision et Arrabaïsos - n'est aussi vérolé que l'estimé guerrier Epiméthos, ou que le notable qui tua Selagus dans la maison de son propre ami. Alors quoi ? Suis-je la distinction de mon éducation, ou l'avilissement de ma conception ? Je range ces pensées, et sa promesse de remplir sa part de marché, dans un coin de mon esprit.

Il est temps d'affronter Ménon et pour une fois, je n'ai pas de plan.

*
Spoiler:

Les murs sont une intrication du travail de marbre et de mosaïque, quatre frises s'alternent lorgnant sous les plafonds avant d'accoucher d'un aplat marbré, saigné par l'embrasure droite des portes et des colonnes qui les encadrent. La première frise est un entrelac bleu et blanc de lignes géométriques. La seconde, dorée et coquille d'oeuf, est une suite de carreaux décorés. La dernière, très blanche et anthracite, orchestre deux dalles rectangulaires pour une carrée, deux rectangulaires pour une carrée, deux rectangulaires pour une carrée, ainsi de suite. Le marbre lacté se meut d'un gris bleu comme la mer tôt les matins d'hiver.

Au sol, un dallage blanc cassé et terre de sienne s'enroule géométriquement autour d'un centre représentant une scène du conte d'Orphée. Les Ménades bouffies de végétation, furieuses, raccompagnées pourtant auprès de Dionysos par la lyre exceptionnelle du héros. Une lyre à neuf cordes et non à sept, une pour chaque muse, dont Calliope qui est la mère du musicien. Est-ce pour cela que Ménon s'est enamouré de moi ? Parce que je porte le nom d'une muse ou presque, et que comme cette prêtresse de la poésie épique, je connais la littérature sur le bout des doigts ?

La domestique, qui pourtant sait que je me rends volontiers jusque dans les chambres, m'abandonne dans la salle des invités.

Sur un promontoire en pierre blanche repose puissamment une lyre à neuf cordes - Ménon a le sens de l'impression. Je m'assieds face à elle et inspecte la rondeur de son bois sculpté, travaillé spécifiquement pour sa constitution mythique, une commande qu'il aura dû passer à un menuisier d'orfèvre. Et puis sa voix dans mon dos.

"Les Ménades prises de folie avaient fui Dionysos, décimé les troupeaux Piérie et s'étaient retranchées dans la montagne. Il n'y avait que la musique d'Orphée pour les dompter, car comme tu sais ..."

Il me surprend d'abord, mais le flot continu de sa stance, et son timbre avec elle, me rassérènent. Nous finissons sa phrase d'une même voix.

"Aux accents dont Orphée emplit les monts de Thrace,
Les tigres amollis dépouillent leur audace*."


Je me lève et me retourne vers lui, debout dans l'embrasure de l'entrée. Son corps sec contraste avec la douceur intelligente de ses yeux verts, infléchis aux paupières par l'âge - ou dirait-il, l'expérience - et il croise les bras sur son torse. Je poursuis la part de mythe qui n'est pas représentée au sol ni dans la lyre. Imaginer qu'un homme dont l'art est si précieux qu'il est capable de faire revenir à la maison toute femme en colère, voilà qui doit conforter Ménon dont l'épouse vit presque en Macédoine, et la maîtresse disparaît sans prévenir. La suite de ses rêves orphiques sont en effet moins jolis.

"Après avoir perdu Eurydice, Orphée se retranche, et les Ménades dont il ne cède jamais aux séductions viennent quérir leur revanche. Elles le démembrent. Diasparagmos**.
- N'est-ce pas triste, puni pour sa fidélité envers son aimée ?
- Ca ne risque pas de t'arriver."


Nous quittons l'austérité malheureuse du mythe pour un sourire, il approche enfin mais nous restons à distance protocolaire.

"Que s'est-il passé ?"

Sa voix est d'inquiétude et mes yeux se perdent sur l'épaule que laisse voir son chiton, la clavicule creusée par sa maigreur athlétique, les taches de rousseurs assénées par le soleil et le fleuve, le bras nerveux. Je suis triste : quoique je puisse dire, les choses changeront pour lui et moi. Puis soupirant, je déambule distraitement dans la fraîcheur pierreuse, les yeux appliqués à suivre les lignes des frises - tant de géométrie, voilà qui ravit un mathématicien et rassure l'âme. Tout y est si prévisible pour peu qu'on y mette la méthode, ainsi soit la musique de l'algèbre.

"Des gens ont été mis au fait de mon itinéraire vers Sparte, j'ai donc décidé de dévier, et je me suis retrouvée à Thermopyles où j'ai demandé à Prodicos de me chaperonner pour louer une maigre escorte."

Je sais lire et politiser comme un homme, pourtant j'ai besoin d'eux en caution pour toute chose. C'est épuisant.

"Il a refusé donc j'ai libéré des prisonniers en leur promettant l'absolution. De là ..."

Je m'arrête, me trouvant derrière lui qui fait toujours face à la lyre, je suis à mi-chemin entre Ménon et la sortie. Si j'étais moins résiliente, peut-être me serais-je enfuie de son jugement.

"Un crime a eu lieu chez Prodicos et un de mes hommes en a été accusé.
- Etait-il coupable, cet homme ?"


Il se retourne et me harponne par les cils - ses yeux agrippés au miens, il n'y a plus de marche arrière.

"Non, c'était une affaire entre des bonnes gens, mais nous avons été pourchassés comme de vulgaires criminels.
- Ce qu'ils sont, ces gens que tu as fais libérer.
- Je n'avais pas le choix, fallait-il que je risque de me faire tuer en me promenant du côté de Spartes ?"


Son être se fronce et il s'approche.

"Tu aurais dû demeurer chez Prodicos et me faire parvenir une lettre. Je t'aurais envoyé quelqu'un. Mais enfin, quelle était cette réaction ... irrationnelle ?"

"Irrationnelle", il le prononce un plissement au coin des lèvres. Probablement la pire insulte qui puisse sortir de sa bouche.

"J'étais inquiète, pour ne pas dire paniquée. Rien de ce voyage ne faisait de sens, une Salaminienne attendait à Volos au moment même où je suis arrivée là-bas, je craignais de croiser des Spartiates, et d'ailleurs, avec les arrangements que tu entretiens avec eux, je n'étais pas sûre d'être en sécurité sur les territoires de Délos non plus.
- Donc tu as décidé de faire confiance à trois galeux du fond des geôles.
- Trois, dis-tu ? Tu es déjà renseigné."


Il se courrouce et serre mon bras dans une poigne sévère, ses phalanges blanchissant à la rougeur de ma peau. Son expression presqu'inchangée et le ton didactique de sa voix contrastent avec la douleur qui fulgure dans mon membre.

"As-tu une quelconque idée des répercussions de tes actions ? J'ai faillis être suspendu de la Confédération***. Apporter le meurtre dans une maison saine, une souillure pareille, tu as peut-être oublié ce que ça fait."

J'ai envie de lui cracher au visage. Evidemment que je me rappelle de l'horreur, de l'infamie, du déshonneur, et des années de réparation à la communauté que j'ai dû faire. Tuez un homme, ou faites-le tuer chez vous, vous voilà le mouton noir. Votre foyer n'est qu'un mouroir aux yeux des autres, et le voilà qui doit refléter ce que vous êtes, à vous entourer de dangers sauvages ou à les provoquer vous-mêmes, et soudain vous n'avez plus droit d'exister dans une cité civilisée. Vous êtes expatriée entre vos propres murs. Plus âme qui vive ne veut vous entendre respirer. Votre propre famille, même. Une solitude immense qui m'aurait avalée toute entière si Gorgias n'était pas venu pour m'en sortir.

"Je n'y étais pour rien, Ménon, dis-je entre mes dents." J'arrache mon bras à sa poigne et y conserve une trace inflammée de ses doigts refermés dessus. "Où est notre confiance ?"

Il se retourne et prolonge son regard concentré sur le carreau des Ménades asservies à leur maître. "Disparue lorsque tu as préféré l'aide de n'importe qui plutôt que de la mienne. J'ai fais ce qu'il fallait pour réparer tes erreurs. Maintenant, je ne veux plus te voir."

Estomaquée, au sens propre : un hoquet me part depuis la poitrine comme si une lame s'était enfoncée en elle. Ménon me rejette et je perds un amant mais surtout mon ami. Un homme dont je ne me serais jamais lassée de la compagnie ou de la conversation, un homme qui reconnaissait que je sois libre, qui me conseillait sans ordonner, et avec qui l'eau sentait le vin. Quelqu'un qui nourrissait mon esprit et veillait sur moi.

La déception se lit dans chacune de ses lignes. J'ai brisé de ma dignité d'âme en trompant l'allié sans faille qu'il a toujours été. N'a-t-il pas répondu présent chaque fois que je me suis tournée vers lui ? Être soudés, c'était là notre force. C'est moi qui finalement lui ai tourné le dos la première. Les larmes font des goulées trop épaisses pour les ravaler et je quitte les lieux avant de lui faire l'affront de me montrer faible d'esprit. Je ne lui ai même pas dis que j'étais une bâtarde.

J'ajoute un mensonge par omission à la facture.

*

Il ne me reste plus rien. Avec Ménon s'évanouissent mes amitiés de la cité, mes activité politisées, et tout ce qui s'ensuit. Je refuse de revoir le visage de ma parjure de mère, alors je retourne à ce qui est officiellement mon foyer - l'antre que j'ai partagée avec Epiméthos, et dans laquelle j'ai déjà passé une nuit de trop. Il ne me reste rien.

Rien.

Ou alors.

Une vengeance et un frère - un seul, dans ce monde-ci.
Je pars en quête de retrouver Arrabaïsos à Larissa.

Spoiler:


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Houmous
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Mer 24 Aoû - 7:28
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Artemision
J'ai 27 ans et je vis sur les chemins grecs. Dans la vie, je suis esclave qui s'est affranchi et je m'en sors mal..

- Muet de naissance
- Suis une foi orphique
- Accomplis les dernières volontés de ma génitrice


:copyright: Fred Rambaud


J’observai la situation sans trop quoi savoir en penser. Je n’étais même pas encore sûr de pouvoir faire confiance à notre père pour comprendre réellement ce qui arrivait au monde. Certes, le ciel était fracturé mais le monde dans lequel nous nous trouvions n’avait-il pas toujours été ainsi ? Comment se pouvait-il que les Dieux perdent leur permanence et en reviennent à fouler la fange comme nous, les mortels ? Je soupirai alors que les pensées se contredisaient avec l’expérience dans un capharnaüm d’incompréhensions. Aketa, elle, semblait ne pas goûter à l’étrangeté de la situation de la même manière que moi. Elle semblait stressée, effrayée, paniquée… Elle en vint même à me saisir la main pour y trouver quelque chose auquel se raccrocher.

La sensation qui me vint alors que nos mains se tenaient l’une à l’autre n’avait rien de normal ou d’habituel. Elle faisait quelque chose que je ne comprenais pas mais que je percevais partiellement. J’eus l’impression de vider toute la substance de mon âme hors de moi. C’était comme une flamme qui consumait ce qui faisait mon être et qui ravageait tout ce dont je venais. Elle se saisissait et prenait ce qu’il y avait en moi dont j’ignorais l’existence. Pourtant, alors qu’elle le prenait, je ressentais une grande crainte de ne plus être qui j’étais jusqu’alors. Ma conscience sur le point de se rompre dans sa continuité, je découvris n’avoir plus qu’un instant pour me défendre. Pourtant, sa poigne était forte et j’en étais écrasé. L’idée de disparaitre m’effraya suffisamment pour que je trouve des ressources insoupçonnées et me défende de la seule manière que je pouvais. Dans une sorte de cri silencieux, je l’appelais : « Arrête Aketa ! Tu me fais mal ! ».

Elle reprenait ensuite conscience dans un sursaut en prononçant un nom. Je tenais ma poitrine alors que l’angoisse d’avoir survécu à cette expérience traumatisante m’écrasait la poitrine. J’en avais le souffle court, un peu comme j’avais été écrasé par quelque chose de surnaturellement lourd. Et pourtant, je n’avais rien réellement subi. Tout ce que je souffrais se dissipa bien assez vite sauf la peur. Je lui arrachai donc ma main restée fermement prise par elle pour me lever et m’écarter du feu de camp. Thadonas ne sembla pas s’en préoccuper, encore une fois, et observa simplement en buvant de son vin et en dévorant sa part du mouton. Le poignet de la main volée n’enflait pas mais rendait la sensation d’avoir été brisé. Je réalisais qu’il était plus que temps pour moi de rejoindre le monde que j’avais connu depuis l’enfance car si je restais avec ces gens, j’en mourrais peut-être. Cela dit, je n’avais pas la moindre idée de comment m’y prendre pour atteindre cet autre monde. Je n’étais ni versé dans la magie, ni dans l’érudition et je ne savais rien des règles du Cosmos.

Je revins au pied du feu, défait, espérant y glaner une manière de fuir. Tout ce que je souhaitais à ce point-là était de pouvoir retourner voir ma mère. J’avais accompli sa requête et peut-être que si je venais à elle, elle me dirait où diriger mes efforts comme elle l’avait fait si longtemps. Je me doutais que cela ne serait pas possible. Mais armé d’un fin espoir, j’espérais encore retrouver une normalité après la rafale d’événements que j’avais vécu. Je ne savais plus qui j’étais, comment fonctionnait le monde et quelle place avait les Dieux dans nos vies. J’étais abattu et ébahi de m’être tant fourvoyé sans m’en rendre compte.

- Je sais que tout cela est effrayant et que vous avez l’impression que rien ne peut être fait… Pourtant, tout n’est peut-être pas perdu. Si vous allez voir les oracles de Sparte, ou du moins ceux qui restent, vous trouverez peut-être votre propre quête ainsi que je le fis bien des décennies de cela, conseilla-t-il. Le monde sera agité du fait du renversement du Cosmos, bien sûr, mais vous êtes assez forts pour vous frayer un chemin, j’en suis convaincu. Le temps presse mais pour le moment, reposons-nous. Demain sera bien assez tôt pour que vous vous mettiez en route, acheva-t-il sans laisser de place aux contestations.

La nuit fut affreuse pour moi. J’y voyais et fantasmais de gigantesques batailles. Les hommes qui y combattaient étaient grecs pour un certain nombre et pourtant, chaque mort me frappait comme un coup de poignard. Les navires s’y faisaient face et rageusement s’éperonnaient les uns les autres, saignant de leurs équipages dans une mer poussée à bout. Quelle folie que celle-ci, ne pouvais-je m’empêcher de penser. Quel gâchis d’hommes forts et viables qui auraient cultivé la terre et fait la richesse de leur patrie. Notre monde tout entier s’enflammait et se brisait dans un cri de colère collectif. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de remarquer l’inanition des Dieux à cet appel. Ils restaient sourds à nos suppliques. A vrai dire, c’était la meilleure chose possible car lorsqu’ils agissaient et prenaient position, c’était pour le pire. Au lieu de stopper le conflit, ils armaient et renforçaient un camp, menant à l’extinction du concurrent. Leur disparition serait-elle si mauvaise pour le monde ? Alors que ces pensées impies me subjuguaient, je remarquais enfin, de mon perchoir aquilin, les titans au-delà du voile, qui guettaient la moindre occasion de se libérer. Autant que les Dieux, ils appréciaient ces conflits. Mais à leur différence, ils nourrissaient les sentiments agressifs de tous les hommes. Les Dieux, je le compris enfin, inspiraient les meilleurs des hommes à leur grandeur pour nous guider de l’intérieur.

Le soleil me réveillait finalement. Il pointait sur le coin de mon visage, achevant mon piètre répit. Je me redressai et trouvais, toujours à mes côtés, une Aketa encore endormie. Elle ne tarderait pas à revenir à elle vu le bruit que je fis en me redressant dans ma paillasse. Enfin, notre paillasse. Je tentai de réitérer l’exploit de la veille en pensant avec fermeté « Aketa, réveille-toi, il est temps d’y aller… ».


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Pyramid Rouge
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Mer 28 Sep - 9:49
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Arrabaïsos

J'ai  39 ans et je vis sur La chimère. Dans la vie, je suis capitaine d’une petite flotte de pirates. Sinon, grâce à mon charisme et mon courage, je suis maître de ma vie ..
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Aketa

J'ai  39 ans et je vis sur La chimère. Dans la vie, je suis second d’une petite flotte de pirates. Sinon, grâce à mon calme et ma clairevoyance, je suis libre.



moi-même
.
S’éloignant comme un mauvais rêve avec un grand sourire sur les lèvres, il ne parcourra que peut de chemin avant d’avoir l’envie peut-être obscène de suivre celle qu’il ne voit plus que comme un homme pas un frère.C’est surprenant pour lui de constater qu’à l’instant même où il l’a laissée il ne s’imagine pas plus longtemps la savoir sans aucune protection. Il trouve ça stupide. Se trouve lui même stupide mais agaçant pour agacé  il ne peut pas s’empêcher de rebrousser chemin pour la suivre comme une ombre qu’elle ne verra pas.  S’introduire, s’infiltrer, suivre c’est bien là tout ce qu’il savait et appréciait faire de mieux. En réalité  toutes ses révélations avait largement changé les plans et la réalité du vieux loup de mer. Habitué à rien de bien solide et tangible toujours sur la route après chaque trésors il y en avait d’autres mais aujourd’hui les plans ne se comptait plus par rapports aux trésors restant, aux réparations navales a opérer mais par rapport a rien de vraiment tangible. A vrai dire les pieds foulant le sable rouge de Larissa pour la suivre il se sentait tout a coup un peu vide, sans sa sœur, sans son navire et sans son équipage de bons vieux compagnons de misère.

Une étincelle de colère surgit en lui comme si il venait de retomber sur terre après tous ses événements précipités. L’impact de sa chute interne avait allumé cela dans son sein. Tout avait changé et maintenant les choses ne serait peut-être plus pareils. La suivant avec plus de réserve il s’éloigna et sans perdre sa trace il prenait simplement son temps au milieu de la populace et de tout ce qu’il pouvait utilisé pour se cacher. Il y pensait et en regardant ses pieds sec il éprouva une once de dégoût tellement ceux-ci étaient secs dans ses sandales de cuirs usées. L’air de  la mer manquait a ses poumons, la vue clair manquait à son regard optimiste, l’eau à sa peau tannée par la soleil et la marré. Au delà de toutes ses pensées intempestives il se rendait compte qu’il ne savait  pas réellement ce qu’il voulait au fond de lui pour la première fois. Cela le faisait culpabiliser lui qui était un leader n’acceptait pas n’être qu’un homme victime comme tout un chacun d’introspection régulières…

Soupirant il repris du cœur à l’ouvrage et pris le temps d’observer la demeure pour en faire son nouveau terrain de jeux. Il y avait des domestiques mais pas tant que cela et peu de vrais témoins. Il profita de la position d’un arbre de la court intérieur pour se hisser sur le toit de la maison. Par chance l’arbre le cachait et lui permettait d’écouter ce qu’il se dirait car Caléoppé était juste dans la pièce en dessous. Il sursauta tout de même un peu à la chaleur des tuiles qui étaient esclave du soleil et peina à s’allonger complètement pour écouter. Discret. Il attendit et écouta ce qui se déroulait juste en dessous de lui comme un spectateur de théâtre secret. Muré dans un silence obligé par l’écoute active qu’il opérait il comprenait bien des choses concernant celle qu’il accompagnait. Encore une fois toute cette histoire lui retombait dessus qu’avait-elle donc fait aux dieux pour que ceux ci dirige un Oracle a la mener vers un tel désastre. Il s’en voulait. Il s’en voulait pour la première fois d’être un malfrat incultivé pour une femme comme Caléoppé, elle ne méritait pas la peine, la honte, ni la trahison ou encore la souffrance et pourtant elle avait gagné le gros lot. Il se sentait tout a coup diminué car il avait compris là qu’elle aimait les hommes d’esprit, sans se l’avouer cela le fâchait d’avantage après lui-même. Peut-importait ses états d’âmes il l’a comprenait mieux et en cela il se pardonnait son acte déraisonné. Il la voit quitter la maison, il remarque son visage rougit par des larmes et il n’attend pas une seconde de plus pour partir rejoindre Larissa sans qu’elle ne le voit avant qu’elle-même ne décide quoi faire.

Essoufflé, les choses s’agitent dans son crâne et il peine à savoir ou se mettre alors il achète une pomme au marché pour en voler 3 autres et réfléchis assis sur un muret. Pour l’instant il ne préfère pas penser quand tout a coup retentit sur son crâne une casserole. Hurlant de douleur il se retourne et ne s’attend pas a constater un visage familier.

-Tu as vraiment du toupet de revenir par ici...

Il se frotte la tête et au début il ne la reconnaît pas a cause des rides qui se trace sur son visage. Tout a coup il devint un peu rouge et transpira du front…

-Marina quelle surprise… Je ne savais pas que tu vivais ici…  

-Evidemment ! Tu ne t’es jamais intéressé a ce que je te disais lorsqu’on passait du temps ensemble… ! Imbécile ! Tu m’as laissé toute seule comme une idiote ce soir-là et puis a cause de toi je me suis retrouvée enceinte et j’ai failli mourir.

Elle lui flanqua une tape sur la tête encore une fois… Ah Marina, il se souvenait de leur rencontre, elle était belle et avait un petit accent très sensuel qui ne le rendait pas indifférent à l’époque, mais ce qu’il avait préféré chez elle c’était son ardeur de vivre et elle ne l’avait visiblement pas perdue…

-Quoi ?! Tu veux dire que j’ai un fils ?

***
« Arrête Aketa ! Tu me fais mal ! » Elle l’avait distinctement entendue. Oui, alors qu’elle était sur les pierres de la jetées d’Artemision avait raisonné dans son crâne une voix qu’elle n’avait jamais entendu et pourtant en l’entendant son estomac se tortilla comme si il s’agissait d’un plaisir exquis. Cependant en hurlant la ville perse dans son réveil elle ne pris pas tout de suite conscience de ce qu’on lui avait dit et qui l’avait fait. Avec une certaine fermeté Artemision avait retiré son bras et elle releva son regard sur lui à ce moment-là l’air désolée et désorienté surtout. Son visage affichait une mine grise et de la peur et elle n’apprécia pas le constater. Tout se mélangeait dans son esprit, qu’avait-elle vue ? La naissance d’Artemision ? C’est ce qu’elle croyais. Il ne lui fallu pas longtemps pour comprendre qu’elle avait lu en lui sans vraiment le faire exprès… Baissant les yeux elle le laissa repartir pour le moment et essayerait de lui parler de  ça plus tard. Pour l’instant le pauvre devait être perturbée d’avoir vécu une telle intrusion mentale. Thadonas imperturbable ne pris pas le temps de s’intéresser  à ce qu’il venait de se passer et était repartie sur son repas avec la même violence que lorsqu’on passe du coq à l’âne…

Le constatant Aketa le dévisagea un peu. Voyant son frère plus loin elle s’obligea à lui laisser de la paix car doucement la culpabilité s’immiscait dans son esprit. Pourquoi n’était-elle capable de mettre mal a l’aise ceux qu’elles rencontrait et touchait ? Ses souvenirs se bousculait de tout ceux qu’elle avait fait fuir d’une façon similaire a l’événement de la veille, pour autant hier était la première fois  qu’elle voyait une vision claire... Elle avait  terminé  son repas dans le silence avant de rejoindre sa couche non loin de celle de son frère, cependant elle ne disait rien et le laissa seule  victime du sommeil. Cette nuit-là elle ne dormi pas vraiment et se remémora son propre passé. A force de constater ces images elle ne lui volait plus aucun affect même le plus léger. Au matin elle sentit non loin d’elle son frère sursauter mais tourner dos à lui elle fit semblant de rien avant d’entendre de nouveau cette même voix calme et douce faisant penser au miel. Un sourire embrasa ses lèvres et elle se retourna d’une traite face à lui.

- Tu as parlé !  C’était toi hier… bien sur.Elle l’avait regardé dans les yeux avec joie de la folie de ce qui arrivait puis elle les baissa en se souvenant de la veille.  Oh mes dieux… je suis désolée de t’avoir blessé en lisant en toi. Je ne l’ai pas fait exprès, et surtout pas avec l’attention de te blesser mais je devais sortir de la vision d’enfer que mon regard vers le ciel fracturé avait provoqué.

Le dire la faisait se souvenir de ça aussi mais baissant la tête elle la secoua un peu pour chasser ce mauvais souvenir. Tout a coup les pensées se bousculait dans sa tête, entre ce qu’elle avait vu et la bonne surprise que cela avait provoqué elle... Elle était toute excitée. Passant une main dans ses cheveux elle le regarda a nouveau avec chaleur et bienveillance un petit sourire aux lèvres.

- C’est… c’est formidable que je puisse t’entendre, tu as une voix magnifique. Les dieux ont été bien cruel de te l’enlever.

Les larmes lui montait un peu dans les yeux et elle les chassa en changeant un instant la direction de son regard. Pas vraiment à l’aise avec ses émotions pour les autres, elle était terrifié que comme tout ceux qui avait subit cela sans qu’elle ne le sache a l’époque la quitte avec colère. Pour l’instant elle ne savait pas si il était prêt a aborder ce qu’elle avait vu et si il en avait envie et par respect elle ne voulait pas l’obliger a entendre ce qu’elle avait vue.  Elle préféra expliquer à la place un peu comment les choses c’était passé pour elle… Sous le choc de tout elle avait besoin de parler un peu sous son air courbé de tristesse qu’elle affichait. Avec Artemision partager cette état plus fragile d’elle n’était pas difficile mais la peur qu’il n’en profite restait terrible…

- C’est la première fois que ça arrive de la sorte… Je ne savais pas que j’étais capable de faire cela. En fait toute ma vie on m’as traitée de sorcière, mal regardé et mal aimée,  même les gens qui avait finis par être très proche de moi s’enfuyait avec la même peur que j’ai lu hier sur ton visage... Je ne comprenais pas pourquoi. Mais à l’époque je pense que j’intrusait déjà les pensées des autres en les touchants, mais je ne voyait rien ou c’était si floue que je ne m’en souvenait même pas alors je ne m’en rendait pas compte… Au moins maintenant je sais qu’il ne faut pas qu’on me touche.

Les yeux bas elle avait vraiment honte d’avoir été l’intrus de l’esprit d’Artemision et elle s’enlaça elle même en se serrant un peu avec ses bras en parlant. Le contact avec les autres était quelque chose d’essentiel pour elle alors maintenant  comprendre que plus jamais personne ne pourrait vouloir la serrer dans ses bras elle en était émue et profondément amer. Arrabaïsos lui manquait terriblement.

- Je te promet de ne jamais recommencer.  

Fit-elle en se levant tournant la tête vers lui avec la honte dans les yeux. Elle aurait aimé lui promettre en lui serrant les mains mais évidemment elle se retint, il devait être terrifié a l'idée d'un nouveau contact avec elle... Même si cette découverte était formidable dans un sens, elle n’aimait pas blesser ceux qu’elle aimait et c’était le plus important pour elle, bien plus que le pouvoir. Elle espérait qu’il lui parlerais lui répondrais à tout cela mais elle préférait rester polie et ne surtout plus le brusquer.  

Jo'
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Jo'
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Caléoppe
J'ai 34 ans et je vis à Larissa, Thessalie, Grèce antique. Dans la vie, je suis influente par mes relations et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis la maîtresse de Ménon.

_ Elle a bénéficié d'une éducation d'homme, elle a été l'élève de Gorgias et connaît donc les mathématiques, la géométrie, la musique, la poésie, la rhétorique, etc. : tout ce qui constituait le savoir institutionnel de l'époque.
_ Elle a été mariée à 14 ans à un général rustre aux mains souillées par les crimes de guerre, mais assassiné depuis, elle est veuve - c'est ce concours de circonstances qui lui garantit cette indépendance étonnante pour l'Antiquité.

"L'Eté" :copyright: Alfons Mucha

Déméa a été affectée à cette maison le jour de mes épousailles. Pire qu'un esprit des contes funèbres, elle y est totalement scellée - par la mort d'Epiméthos. Elle ne m'a jamais appartenu puisqu'elle était sa possession à lui, un "honorable guerrier de la ligue" comme il se dit. Depuis qu'il a été assassiné, elle est donc détenue par la cité et je ne peux l'affranchir. Durant toutes ces années où j'ai quitté la villa, elle a dû y rester seule. Je me demande jusqu'où va la loyauté ou la peur. Si parfois, après des mois où je n'apparaissais plus, éduquée chez Gorgias, elle s'est risquée à manger à la table des maîtres et à se coucher dans leur lit. S'il lui arrivait, pauvresse habillée de modestie, d'essayer mes chitons. Et si elle ne le faisait pas, étais-ce par respect pour ses fonctions ou par peur du courroux ?

Déméa a cinquante deux ans. Pour ses collègues avec qui elle s'octroie quelques instants d'humanité au marché, elle a de la chance : les propriétaires ne sont jamais là, la maison se salit à peine, et si elle passait des journées à lézarder dans ses quartiers, personne n'en saurait rien. Elle avait sensiblement mon âge lorsque je l'ai rencontrée et je l'ai beaucoup aimée. Je garderai toute ma vie en mémoire le plissement entre écœurement et affliction de ses yeux épongeant le sang de la victime d'Epiméthos.

Un jour j'ai cessé de revenir dans la maison sans penser qu'elle y était toujours obligée par la loi.
Je l'ai oubliée.
C'est ce que font les nobles avec les petites gens.
Bientôt, la société aussi m'oubliera.

*

Sur la face ouest de la cité, les gravillons se meuvent en terre battue, la terre battue, en lignes maculées de petits succulents et touffes d'herbes sèches. C'est une bourgade plus résidentielle au dehors du marché et qui longe le muret de frontière de Larissa. Derrière le muret, le terrain vague en pente se laisse couler vers les grandes plaines parsemées d'oliviers riches ou de figuiers en souffrance. Je l'ai cherché partout à part ici - Arrabaïsos. J'ai pris la décision de trouver Circé et de lui réclamer de quoi tuer Thadonas. Après tout, qu'ai-je de mieux à faire ? Plus un but, prochainement plus une possession, aucune âme que j'ai côtoyé ne serait prête à fréquenter celle qui blessa Ménon et - peut-être serait-il découvert un jour - vint du parjure. Il n'y a plus de foyer auprès du fleuve qui m'a vue naître.

Mais j'ai un frère, tout de même, ou ce qui y ressemble le plus. Et si je me mets en chemin pour découvrir la sorcière, l'expérience m'a appris qu'il vaut mieux ne pas errer seule lorsqu'on est ennemie du peuple en sourdant de la haute, et qu'on est ennemie de la haute en se comportant bassement. Un allié guerrier ne me serait pas de trop et la solitude de toutes manières me pèse comme le monde sur l'échine d'Atlas.

A mon arrivée néanmoins, s'il en est un qui n'est pas seul, c'est mon frère. Une femme de son âge tient fervemment un baquet en bronze qu'elle a vraisemblablement abattu sur sa tête. J'attrape au vol un morceau de leur conversation.

"...cile ! Tu m’as laissée toute seule comme une idiote ce soir-là et puis a cause de toi je me suis retrouvée enceinte et j’ai failli mourir." Une nouvelle frappe.
"Quoi ?! Tu veux dire que j'ai un fils ?"

L'accent de la jeune femme suggère que c'est une métèque, je l'imagine venir de l'Est - Ionie, Rhodes ou les Cyclades peut-être. La finition de sa casserole et de sa coiffure en revanche ne laissent pas de doute sur sa situation confortable. Probablement une isotèle dont les parents seraient venus s'installer à l'issue des guerres médiques. La diaspora de l'Est a constitué une réelle communauté à Larissa et ils y sont devenus célèbres pour leur sens des affaires.

Quant au contenu de leur conversation, voilà qui prouve l'adage - la pomme ne tombe pas loin du pommier. Comme Thadonas, il apparaît qu'Arrabaïsos a tendance à semer les enfants. Je ne peux néanmoins pas le laisser se faire frapper alors que j'ai besoin de toute sa tête pour m'accompagner. Je sors de la pénombre pour héler l'étrangère.

"Vous ne pouvez pas l'abîmer, je l'ai acheté." Je fais référence à la prison où le trio entier ne m'a presque rien coûté - ma volonté n'est pas de le déshumaniser mais bien de le libérer des cris et autres assauts hystériques dont elle l'assomme. Si les isotèles peuvent s'abroger de quelques impôts, ils n'en sont pas moins des métèques avec peu de pouvoir politique et s'exposent à de lourdes conséquences en cas de litiges avec des citoyens. Elle n'est pas obligée de savoir que c'est un homme libre malgré la transaction qui l'a libéré, si ça peut l'empêcher de violenter mon frère. Elle n'est pas non plus obligée de savoir que c'est mon frère, si ça peut me permettre d'user de l'apparence de pouvoir qu'il me reste jusqu'à ce que tournent les rumeurs.


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Houmous
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Artemision
J'ai 27 ans et je vis sur les chemins grecs. Dans la vie, je suis esclave qui s'est affranchi et je m'en sors mal..

- Muet de naissance
- Suis une foi orphique
- Accomplis les dernières volontés de ma génitrice


:copyright: Fred Rambaud
Je la voyais se relever avec une certaine joie manifeste. C’était la première fois que quelqu’un me comprenait sans que j’aie à ajouter les gestes aux pensées. Ce n’était pas désagréable mais à la fois, cela donnait la sensation de se dévoiler bien plus que je n’en avais l’habitude. Me montrer et exprimer mes pensées s’avérait un étrange exercice à bien des égards. Mais à vrai dire, ce qu’il y avait de plus étrange était encore le fait que je ne pensais jamais en être capable. Finalement, son sourire avait quelque chose de contagieux et je détournais le regard, m’empourprant.

 
Peut-être comprit-elle mal ma réaction car elle sembla peinée en se remémorant la soirée passée où notre contact s’établit. Elle mentionna la peur qu’elle avait ressenti en observant le ciel brisé et sa déception de m’avoir blessé dans sa crainte. Je soupirai un peu et regardai à mon tour ce firmament déchiré. Le voile qui couvrait toutes choses, ici-bas, s’était crevé et on sentait que tout autour de nous, ce qui était en était arraché au fur à mesure. Les arbres semblaient moins nombreux que lors de notre arrivée et les animaux étaient moins nombreux et bruyants. Je pourrais d’ailleurs jurer que j’avais compté plus de moutons dans le bétail de notre géniteur, la veille. Il était vrai que la situation avait quelque chose d’inquiétant…
 
La liberté et la joie que je découvrais dans le fait de pouvoir communiquer se rappela à moi alors qu’elle semblait s’enfoncer de plus en plus dans ses regrets. Alors je lui pris la main et fermai les yeux. Je voulais contrôler un peu la conversation qui s’établit alors entre nous et entreprit de me concentrer sur des pensées et des souvenirs issus de mon passé plutôt que ces idées rémanentes tout droit sorties d’un autre âge. Je voyais les sensations se rétablir graduellement à mesure que je me rappelai des scènes et des instants. Et finalement, la chose apparut telle qu’elle aurait dû. Loin de ces sombres rivages inconnus et de la mort de cette mère mal-aimée, j’offrais d’autres paysages. De mes yeux, on voyait la richesse du littoral qui existait face à la Boétie qui m’avait vu grandir.
 
Les flots y étaient parfois calmes et traitres, d’autres fois ils s’agitaient complètement et laissaient sortir les récifs pareils à des crocs. Les plages de sable blanc aux galets colorés avaient marqué irrémédiablement mes souvenirs. La vue y était trop belle pour que même un esclave pareil à celui que j’étais ne prenne le temps de le contempler. Il m’était impossible de ne pas reconnaitre les poissons qui passaient rapidement d’un massif coralien à l’autre comme des tâches dansantes sous un verre mal poli. Les plantes du rivage ondulaient lentement dans le vent avec un rythme naturel et relaxant. Les senteurs qu’elles relâchaient, aux teintes de lavande, de bougainvillier et de pin, offraient un voyage pour tous les sens. Lorsque je marchais sur le front de mer, que ce soit pour une course urgente ou pour tenter la cueillette d’algues entre deux étocs, je ne me sentais jamais prisonnier de quoi que ce soit. Les abeilles y allaient et venaient, leur bourdonnement ajoutant gracieusement aux sifflements patients des vents.
 
Mais surtout, ce qui m’avait marqué dans ces décors de mon enfance, c’était la présence de ma mère. Elle, qui n’avait jamais connu d’autre vie que celle que je menais alors, gardait souvent le regard plongé en contemplations mystiques. Elle restait silencieuse la plupart du temps, réservant ses mots pour les pensées insaisissables qui la traversait continuellement. Mais lorsque nous n’étions qu’à deux, elle avait la douceur d’une mère et bien plus encore. Elle semblait douée d’une forme de perfection dans ce rôle, comme une divinité qui se serait égarée à traverser l’expérience d’une vie humaine le temps d’un instant. Elle me contait des légendes de notre terre natale en confectionnant des colliers de perles et de coquillages, me décrivant ce paradis perdu qui avait permis à mes grands parents de se rencontrer et où elle avait été placée par les dieux sur le chemin de mon exceptionnel géniteur. Jamais elle n’avait perdu espoir qu’il vienne la délivrer un jour, d’ailleurs, comme il lui avait promis. Mais cela n’arriva jamais et elle ne lui en tint pas rigueur.
 
La maladie l’enserra en fait au fil des années. Un mal insidieux se nourrissait d’elle, la faisant graduellement dépérir. Nos maitres n’en avaient que faire et bientôt, lorsqu’elle dût rester alitée, la charge de ses tâches m’incomba en plus des miennes. L’appétit la quitta, à l’instar de la vie qui s’échappait lentement à chaque soupir fiévreux. Malgré tout, jamais elle ne céda à la moindre haine, à la plus petite colère ou au dernier des ressentiments. Elle continua simplement à me livrer chacune de ses histoires et ses recommandations quant à la suite de ma vie, après son départ. Ainsi que le prescrivit Orphée, elle quitta ce corps en livrant ses derniers secrets. Elle avait d’ailleurs l’habitude de me répéter de la confier à la mer lorsqu’elle mourrait, car les flots et les vents la ramèneraient chez elle. Lorsqu’elle rendit son dernier soupir et que son corps fut brûlé sur un bucher, je passai la nuit suivante à récolter ses cendres pour les laisser s’échapper et partir vers d’autres rivages.
 
La tristesse de ces derniers instants et de la fin de cette femme exceptionnelle me hantait toujours. La vengeance que les autres esclaves et moi-même accomplissions en nous libérant de nos geôliers ne la ramena pas et ne chassa pas ce chagrin comme je l’appris par la suite. Je quittai alors ses mains et regardai ma sœur avec un léger sourire. Mes pensées articulaient alors « Je suis simplement heureux d’avoir trouvé une nouvelle famille ».


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Pyramid Rouge
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Ven 23 Déc - 18:11
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Arrabaïsos

J'ai 39 ans et je vis sur La chimère. Dans la vie, j’étais capitaine d’une petite flotte de pirates. Sinon, grâce à mon charisme et mon courage, je suis maître de ma vie et j’ai trouvé ma vraie famille.
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Aketa

J'ai 39 ans et je vis nullepart . Dans la vie, j’étais second d’une petite flotte de pirates. Sinon, grâce à mon calme et ma clairevoyance, je suis libre.



moi-même
Entre étonnement et joie, Arrabaïsos n’avait jamais cru avoir aucune descendance, en fait il n’y avait jamais réfléchis ni même pensé. Il n’en voulait pas car il n’avait jamais encore été confronté à la vieillesse…  Il se voyait comme un dompteur de vague impétueux et libre. Plus une chaîne dans la tête, cette nouvelle le troublait comme un nouveau boulet. Hors la loi sans foi ni lois, sans aucun cœur parfois, il l’étais oui, mais pourtant il avait ressentit l’absence de père et il ne souhaitait cela à personne. Alors la nouvelle fit germer en ses tripes une culpabilité nouvelle.  L’estomac tout chaud et en même temps amer, il avait l’impression d’avoir le mal de mer… il ne voulait pas y croire. L’observant un instant l’air désemparé. Tout ce qu’il pourrait dire ne changerait rien. Il serait l’enfoiré qui est partie sans dire au revoir.

-Non,  c’est une fille. Elle à la même couleur de peau que moi et les mêmes cheveux miel que toi.

Une nouvelle fois il est assommé, mais par ses paroles cette fois. Il rigole alors un peu jaune, n’appréciant jamais vraiment qu’une situation lui échappe à ce point. Mais avant qu’elle ne continue à le frapper une autre réalité viens toquer : Caléoppe. Elle ici ? déjà ? Avait-elle entendu ? Quel cauchemar. A mi-chemin entre soulagé où sur le point de décéder il ne faisait que regarder celle vers qui tout ses bons sentiments allait. Elle le sauvait encore une fois d’une délicate situation car en la voyant Marina s’arrêta et fusilla du regard son ancien amant.

-Oh je vois, Arrabaïsos n’est donc plus aussi occupé à être libre que ça…

Son regard désapprobateur était infâme, il aurait voulu disparaître car au final il ne savait ni quoi dire ni quoi faire comme pendu par les pieds à un arbre. Il avait envie de parler à Marina de lui demander quel âge avait sa progéniture, si il pouvait la voir et même peut-être la rencontrer mais devant Caléoppe il n’osait plus rien dire et ce qu’il avait appris en l’espionnant se mélangeait à la situation présente l’empêchait d’être moralement bon sur tous les fronts. C’était si délicat que la colère l’enivra. En un instant il du faire un choix. Fouillant sa poche il se saisit d’une chose avec ardeur. Bombant le torse, humilié il donna à Marina ce qu’il avait pris dans sa bourse de cuir. Refermant sa main sur ce qu’il lui avait donné il s’était approché d’elle.

-Rien de ce que je pourrais dire ou faire ne changera rien au fait que je t’ai laissé tomber. Je suis navré que tu ai failli mourir à cause de moi mais s’il te plait, donne lui ça pour moi et prend soin d’elle.

-Comme si j’avais le choix.

La haine dans le regard, Marina tourna enfin les talons pour s’en aller comprenant bien qu’elle gênait. Baissant les yeux il se sentais vraiment nul sur tous les points, vivre sur terre ne lui avait jamais réussi… Levant les yeux sur Caléoppe il avait une telle honte dans le regard qu’il n’arrivait pas vraiment à la fixer.

-Cela ne doit pas peser en ma faveur dans votre estime, pas vrai ?  

Il se doutais qu’elle avait entendu toute leur conversation. Peut-être que le destin l’avait puni de l’avoir espionné au final.  Il se mit a rire et lança alors.

-Cependant il va falloir que vous arrêtiez de me sauver la mise si vous souhaitez vraiment que nos chemins se séparent à Sparte. Sinon je vais finir par vous devoir toute ma vie…  
Le sourire plus timide, se remémorer ce qui l’attendait grâce à Caéoppé l’aidait à ne pas laisser le passé l’étouffer. Sa morale saignait mais il devait faire avec maintenant, c’était trop tard et puis pour tout ceux qu’il pourrait avoir près de lui il sera toujours une honte sans nom, le voleur de cité hors la loi au sang froid. Soupirant il se redressait un peu les poings serrés avant de la regarder une dernière fois.

-Partons maintenant, qu’en dites vous ?  

***

Encore toute secouée, la voyante se sentait toute petite. Ses mots avait raisonné dans sa tête mais plus rien ne raisonnait, il ne disait rien… Peut-être était-il en colère ? Humph. Jamais elle n’aurait pu voir que non bien trop honteuse et coupable. Cependant, lorsqu’une nouvelle fois sa paisible voix raisonna dans sa tête celle-ci laissa derrière elle un sentiment de bien-être en Aketa. Relevant les yeux sur lui elle voyait son visage émotif. Cela l’ébranla, la toucha et força sa confiance sans même qu’elle ne le remarque. Riant un peu devant la folie de ce qui leurs arrivait elle se leva fièrement.

- Je ne l’aurais jamais cru si on me l’avait dit, mais je suis heureuse d’avoir un autre frère.

Sur ces mots, elle s’attela à retrouver Thadonas en vain. Celui-ci déjà tôt le matin était repartie se terrer dans d’autres occupations plutôt que se confronter aux sentiments des au revoir. Cela n’étonna guère la pirate. Cependant dans toute sa rustre habitude de solitaire grognon, Thadonas leur avait laissé sur la table de son gîte des provisions pour quelques jours, de bonnes chaussures et quelques vêtements. Souriant un peu à cela elle lança amicalement à son frère les biens donné par leur géniteur. Enfilant la nouvelle toge ocre donné par son père Aketa pris soin de replacer chacun de ses bijoux, tous volé avec génie et tous volés avec une histoire... Elle ne quittait jamais cette grosse tête de serpent frappé sur une pièce d'or avec des rubis remplaçant les yeux. Le pendentif était attaché avec une lanière de cuir fin. Prenant les divers autres vivres donnés pour les mettre dans un grand sac de toile elle regarda son frère avec un sourire en mettant le sac rempli sur son dos.

- Tu es prêt ?

Elle ne savait pas comment il allait bien pouvoir sortir de ce monde parallèle mais ils finirait bien par trouver la solution. L’émotion dans l’estomac elle regarda la petite bicoque avec tristesse. Balayant les alentours elle ne s’étonna pas de ne pas voir leur géniteur mais elle mentirait si elle n’avouait pas que cet évitement avait pincé son cœur. Les lèvres pincés elle commença à marcher hors du terrain de la petite bâtisse suivant les traces de son frère et de la noble.

- Je ne sais pas comment ils ont fait pour partir… J’espère qu’on va trouver.

L’observant d’un coin de l’œil, au bout de quelques temps de marche tranquille au milieu de l’étrange flore de ce monde elle osa enfin dire.

- Tu savais que tu es perse ? La femme de ma vision… certainement ta mère, elle portait des bijoux perses.

L’observant sans insistance elle souhaitait lui laisser de l’espace mais malgré tout elle voulait savoir ce qu'il ne pourrait dire à personne d'autre qu'elle.
Jo'
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Jo'
Mar 3 Jan - 16:41
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Caléoppe
J'ai 34 ans et je vis à Larissa, Thessalie, Grèce antique. Dans la vie, je suis influente par mes relations et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis la maîtresse de Ménon.

_ Elle a bénéficié d'une éducation d'homme, elle a été l'élève de Gorgias et connaît donc les mathématiques, la géométrie, la musique, la poésie, la rhétorique, etc. : tout ce qui constituait le savoir institutionnel de l'époque.
_ Elle a été mariée à 14 ans à un général rustre aux mains souillées par les crimes de guerre, mais assassiné depuis, elle est veuve - c'est ce concours de circonstances qui lui garantit cette indépendance étonnante pour l'Antiquité.

"L'Eté" :copyright: Alfons Mucha

Tout a un prix ! S'affranchir de la paternité aussi manifestement, quoiqu'Arrabaïsos ait offert à cette femme pour se soulager d'une vie de famille. Au moins, il a offert quelque chose. Que nous a donné Thadonas sinon des malédictions, et le présage de davantage de malheurs à venir ? La guerre, la faille de Thermopyles. Une fratrie éparpillée, dépossédée pour espérer se réunir. Mais mon frère comprend bien l'ampleur de son absence à en voir l'accablement qui lui courbe le dos - c'est un regard d'enfant contrit qu'il m'adresse, dans quelque fierté touchée et touchante. Nous avons tous deux perdu de notre superbe aujourd'hui et je me sens lasse d'incarner la rigueur, aussi, je me contente d'un sourire désinvolte pour son ironie.

"Partons, oui ... j'ai une idée plus précise d'où nous nous rendons, annoncé-je. Vous réglerez bien vos ennuis de coucheries une fois votre part du marché honorée."

Je suis plus camarade et marche cette fois à côté de lui, non plus quelques mètres devant puisque le Protocole a cessé de promettre à mes oreilles : je ne gagnerais rien à fondre aux ordres de Larissa et son autorité d'apparences, puisque je suis sur le départ pour abandonner une famille qui m'a trahie, l'oracle qui a joué de ma condamnation, toute une fortune et un homme que je débecte. Je n'ai rien, plus rien d'autre qu'un demi-frère vandale dont je dépends pourtant entièrement de la loyauté - quand bien même j'aimerais qu'il croie encore quelques temps que c'est lui qui m'est redevable.

"Je vous dois davantage de transparence, Arrabaïsos." Mon regard se perd courtement vers lui, remonte l'arrondit de son épaule, grimpe au Mont de sa pomme d'Adam, le long de sa barbe solaire puis s'accroche à son sourcil zébré d'une cicatrice. Je vois que le souci de son enfant ne l'a pas abandonné alors que nous laissons derrière nous le voisinage de sa fille. "En ce qui me concerne, notre rencontre et celle avec notre père n'est pas le fruit d'un hasard ... ni celui d'une volonté divine. J'ai été poussée à Thermopyles par le vieil oracle d'ici qui a une revanche à prendre avec notre géniteur." Nous marchons sans autre but que de nous mettre en route et d'imposer la distance avec ce qui nous étreint ici. "Ce même homme m'a promis pouvoir me faire rencontrer Circé ..."

Je m'arrête, me figurant que peut-être les pirates n'ont pas plus d'appartenance aux mythes qu'aux terres, et que les histoires envoûtées pourraient lui être étrangères. "Circé est une sorcière, elle est maîtresse des élixirs et métamorphoses." Je reprends la cadence à son niveau ; nous sommes soudain dans les bas quartiers, les mendiants et éclopés levant vers nous des yeux avides, et nos regards prenant garde aux mains larronnes des enfants courant dans nos jambes. Les maisons faiblardes ici sont faites de paille, tas de boue qui pleurent les laissés-pour-compte à notre passage impromptu. "Théréastre, cet oracle donc, veut me convaincre d'utiliser les subterfuges de Circé pour occire notre père." Et moi-même ne suis pas certaine de mes objectifs, mais à choisir, je sais que la magie n'est pas un talent perdu lorsque deux cosmes sont sur le point d'entrer en collision, ou lorsque mon ennemi potentiel est un demi-dieu. Que font-ils là-bas de l'autre côté ? Je les ai fuis mais désormais que la vie terrestre n'a plus rien à me donner je réalise l'entrelacement qui nous tisse de fatalité.

Avant qu'Arrabaïsos n'adresse d'inquiétude quant à mes motivations, je tempère. "Je ne lui ai pas donné mon accord. Mais ici, je n'ai plus rien, et j'ai l'intention de m'entretenir avec la sorcière parce qu'il n'y a rien d'autre à faire pour moi." Ma voix se tord sans que je le veuille - traînées de tout-laisser-derrière-soi, un doute sur l'avenir, la peur des autrements signifiants. Je me suis arrêtée de marcher quelques pas derrière lui qui me regarde enfin.

Non mais regardez nous. Pirate de grandes mers, voleur de feu ; femme la plus érudite de la cité - nous deux face à face dans la fange des miséreux. C'est l'heure de l'abandon et des sauts dans le vide. Je prends de l'élan je crois. "Avant que vous m'y accompagniez, je veux donc que vous le fassiez en sachant que peut-être vous jouerez un rôle dans la mort de notre père. Que peut-être je déciderai de me venger de la malédiction qu'il a attirée sur moi en m'engendrant." J'approche, j'essaie de sonder du regard ses yeux cuivrés. Quelque part il me semble lui adresser une supplique pour qu'il obtempère, j'échappe un semblant de manipulation malgré moi et à timbre plus étranglé. Comme si je me refusais à marchander, et pourtant comme s'il s'agissait d'une seconde nature. "L'oracle pourrait être notre porte d'entrée pour retrouver les nôtres, et cette entreprise votre chance de rejoindre Aketa."

Circé habite l'île d'Eéa. Quelle commodité d'avoir un frère navigateur. Si sûre qu'on ne puisse m'accompagner sans y gagner quelque chose, j'ajoute à l'argumentaire. "N'avez-vous pas envie de retourner un peu à la mer ?" Je souris suffisamment pour vendre l'idée.


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