Il prit le café et en bu une longue gorgée avant même d’arriver lui-même à sa place. Il avait eu besoin d’un café ce matin, mais un second n’était jamais refus. Il sourit encore plus quand la jeune femme semblait encore plus motivée. Il mit son gobelet de café à sa place, derrière le frein à main et se mit en route.

- Que tu as gagné. On doit rendre à César ce qui est à césar. Sans toi, on aurait clairement pas gagné, fit-il avec un regard entendu.

Il savait faire des bâtons. Il avait fait plusieurs dessins sur ses « lettres » à William. Il avait fait plus d’une pour cacher les mots qui l’avaient énervé plus qu’autre chose. Il avait envie de trouver William, même sous forme de spectre pour lui botter le cul si fort. Ils roulent un long moment avant d’arriver à une intersection. Il y avait l’indication vers la « maison dans les arbres ». Il roule encore avant de se garer. Une femme les attendait et lui donna les clés avant de lui donner quelques règles de base, des conseils sur les choses à faire. Elle précisa plusieurs fois qu’il n’y avait PAS de voisin et PAS de vis-à-vis et que personne ne viendrait les déranger. Ils pouvaient appeler le centre de la maison d’hôte avec un téléphone spécial pour avoir des envois de repas ou autres services, comme des massages, mais qu’il fallait donc les attendre et ne rien faire en attendant.

Les sous-entendus étaient tellement gros que Nathan pu les comprendre. Ce qui prouver qu’il n’y avait pas de subtilité. Nathan sourit de manière aimable et sorti un sac avec de l’huile. Il la présente.

- Pour ce qui est du massage, j’ai tout prévu, ne vous en faites pas pour moi.

Et il fit un sourire à Billie avec une tête de canaille.

- Je te dois au moins un massage complet, tu ne crois pas ?

Et il n’y avait aucun sous entendu, de son côté, pour le moment en tout cas. Il pensait juste que la jeune femme l’avait aidé plusieurs fois avec ses bleus. Elle avait été douce et forte. Et lui ne l’avait pas massé depuis un moment. En plus, il se concentrait toujours sur sa jambe et ses hanches, alors qu’elle méritait un massage qui la détende des pieds à la tête. Donc, il avait tout prévu pour ça. Ils finirent par monter par l'escalier en bois pour rentrer dans la maison dans les arbres avec les clés. Il portait les valises et laissa l'honneur à Billie !

- Si tu n'avais pas été là je n'aurais jamais participé à ce concours. Et je n'aurais pas eu une magnifique toile sur laquelle peindre. C'est 50/50.

Je n'aurais jamais eu l'idée de participer à ce genre de concours. Je ne savais même pas que ça existait. Et même si je l'avais su, je ne me serais pas lancé de moi même là dedans. J'aurais été intimidé, je n'avais jamais fait de body painting avant cette expérience. Là je n'avais pas eu le choix, Nathan m'avait amené à ce concours et je n'avais pas voulu le laisser tomber.

La route s'était déroulée calmement. Je chantonnais par moment. Nous discutions de tout et de rien. On arriva finalement au niveau de la cabane et je tombais amoureuse de l'endroit. Ce décor vallonné à perte de vu, c'était splendide. On allait passer un bon moment, j'en étais certaine.

J'écoutais la femme nous faire visiter l'endroit et faire des sous entendus particulièrement lourd sur les activités auxquels on risquait de se livrer. On devait avoir l'air d'un couple tous les deux. Et j'étais certaine qu'elle était tombé sur plus d'un couple s'envoyant en l'air dans l'endroit. Je la regardais en souriant, m'amusant de ses sous entendus bien lourd. Si elle savait... il n'allait rien se passer entre lui et moi ce week end.

Je me retenais de rire en entendant Nathan entrer dans son jeu et se mettre à lui parler de massages. Je regardais la femme en souriant, m'amusant du double sens de cette conversation.

- Il a vraiment tout ce qu'il faut croyez moi. C'est un expert. Il a véritablement des mains en or.

Je lui souris alors qu'elle s'en allait, essayer de cacher difficilement sa gêne. C'était elle qui avait commencé à faire des gros sous entendu pourtant.

J'éclatais de rire alors qu'elle était partie.

- Désolée, c'était trop tentant. Elle m'a cherché avec ses gros sous entendu.

J'allais m'installer sur le canapé du petit salon. J'attrapais la brochure qu'elle avait laissé avec toutes les choses à faire dans le coin. Je le feuilletais, notant les activités qui me plaisaient. Je ne comptais pas passer ma journée dans le jacuzzi même si il me faisait clairement de l'oeil là sur la terrasse.

- Ca te dirait d'aller en randonnée demain matin? On peut leur demander de nous préparer un pique nique. Y'a une balade sympa autour du lac.

Il dit au revoir de la main à la femme qui était venu leur donner les clés. Clairement, elle avait des images pas nettes dans l’esprit … et malheureusement pour Billie, ce genre d’image était facilement transposable. Nathan n’avait pas trop besoin d’aide pour s’imaginer faire un massage qui irait légèrement plus loin que ce que la normalité le veut. Il pouvait l’imaginer alors il préféra ne rien dire pour le moment, tourner la tête ailleurs et chercher autre chose à voir. Bon. Elle était jolie. Vraiment jolie. Et cet endroit était joli. Une jolie femme dans un joli cadre, il pouvait comprendre que ça finissait parfois en joli moment à partagé. Il lui sourit, la regarde avec le plus de rapidité possible pour ne pas laisser passer ses pensées dans ses yeux et s’approche pour s’assoir à côté d’elle. Il suit son regard vers le jacuzzi et sourit.

- Promener demain matin, donc. Je pense que ça serait une super idée. Ce soir, je peux te faire un massage intégral avant de se prélasser dans le jacuzzi. Comme ça, on ira se coucher bien reposer. D’ailleurs…

Il se lève d’un coup, se met à sillonner le petit mais confortable et bien agencé petit appartement et regarde leur lit sur la mezzanine. Un lit. Pour deux. Bon. Il allait vraiment devoir se purger de toutes les pensées parasites. Il fait un petit rire avant de revenir vers elle et lui tendre un verre d’eau fraiche.

- Tu vas faire des peintures pendant que tu seras là ? Comme les clichés parfois dans les films, la peintre en train de peindre sur son tabouret. Je pense que j’aimerais te voir peindre un jour, et pas sur moi, je veux dire.

Il sourit et attrape un autre sac pour mettre des bouteilles d’eau au frais, des gourmandises, un thermos de café et tout ce qui pourrait leur faire plaisir. Plusieurs gourmandises allant du simple bonbon à l’éclair à la vanille, au chocolat et au café. Il avait eut envie de faire plaisir à la jeune femme, en plus de tout le reste.

Je le regardais un peu surprise alors qu'il venait remettre sur le tapis le sujet du massage intégral.

- Je.. je pensais que tu plaisantais au sujet du massage.

Je secouais doucement la tête, détournant le regard gênée, avant d'ajouter :

- Tu n'as pas à le faire. Le jacuzzi suffira parfaitement pour que je sois détendue.

Le massage intégral ça avait quelque chose de beaucoup plus intime qu'un simple massage de la jambe ou du bassin comme il le faisait habituellement. A chaque fois qu'il m'avait massé, ça avait toujours été dans son cabinet, dans un contexte médical. Je l'avais peut être "massé" mais c'était uniquement pour soigner ses blessures. Il n'y avait aucun sous entendu là dedans. Mais ici, dans cette cabane beaucoup trop romantique, ça me semblait beaucoup plus gênant.

- Non je ne pensais pas dessiner. Je ne suis pas Jack et tu n'es pas Rose. Ne me demande pas de te peindre comme une française.

Je lui souriais, plaisantant un peu en disant ça. Je l'avais bien dessiné l'autre jour quand il s'était endormi sur moi mais je n'irais jamais jusqu'à faire quelque chose comme ça. Déjà que le massage intégral serait plus que gênant, je n'osais pas imaginer ce que serait la séance de peinture avec lui en modèle nu.

Je restais calée dans le canapé, attrapant le menu pour regarder ce qu'ils proposaient en livraison.

- On dine ici ce soir? D'après leurs prospectus il y a des petits restaurants sympas à moins d'une demi heure de route. On pourrait y aller. Ou on pourrait aussi se reposer de la route et se faire livrer le diner ici.

La seconde option me tentait un peu plus que la première. J'étais crevée de ma dernière chimio. Je n'avais quasiment rien avalé depuis plusieurs jours et le peu que j'avais mangé, je l'avais revomi aussitôt. Passer une soirée au calme, à manger un bon diner sans avoir à bouger d'ici, puis à me détendre dans le jacuzzi, me ferait le plus grand bien.

- On pourrait prendre ce menu là? Le menu gastronomique avec le champagne en accompagnement. Je crois que champagne et jacuzzi ça se marie bien ensemble.

- Je ne plaisantais pas. J’ai appris à masser le corps entier pendant mes études, mais mon travail me cantonne aux hanches, aux pieds ou aux épaules. Cela serait un plaisir de te faire du bien.

Et si elle se rappelle bien, c’était ce qu’elle-même avait proposé au début de cette étrange et malencontreuse relation. Il avait envie de lui faire du bien avec ses mains. Pas de cogner dans quelque chose, juste de faire naître le bienêtre. Mais comparer à ce qu’on pourrait croire, Nathan n’avait aucune difficulté à séparer l’attirance sexuelle du massage. En réalité, il n’avait jamais utilisé le massage comme un préliminaire ou un outil pour se rapprocher d’une femme. Pourtant, elle l’avait dit, il avait des doigts de fée. Il pourrait faire du bien et reposer la jeune femme.

- Tu sembles fatigué, alors laisse-moi le faire, si tu en as l’envie. Si tu refuses c’est parce que tu ne le désires pas, pas parce que tu penses que je me force ou quoi.

Il avait tout pris pour ça. Avec les odeurs préférées de la jeune femme en plus. Il avait tout pris pour que la jeune femme puisse profiter à fond de ce moment. Il la regarde, papillonne des yeux. Il savait que la référence était en rapport à Titanic mais pour tout avouer il n’avait jamais vue le film.

- Je n’ai jamais vue Titanic, mais c’est comme tu le souhaites. Tu sais que je ne suis pas difficile.

Il ne se doutait pas que ça parlait de se faire dessiner nue. Ni que les français aimaient se dessiner nue. Comme ça, et parce qu’il avait fait un voyage en Italie, il aurait dit que les italiens avaient plus de référence au sexe et à la nudité que les français. Il étire ses bras. Il n’était pas réellement fatigué, lui il allait bien. Il était même motivé mais il la regarda et sourit.

- On se fait livrer. Et on peut prendre une bouteille entière, comme ça on pourra le mettre là dedans …

Il fit un « tadam » en sortant un espèce de sot réfrigérant qui pouvait contenir ue bouteille et deux verres. C’était le genre de truc kitch que l’on avait envie de laisser flotter dans son jacuzzi. Et lui, ça le faisait bien sourire de voir ça. C’était un peu comme si on avait pris un cadre idyllique, on avait mit une maison en bois bucolique, on avait rajouté un peu de cliché romantique, et voilà le travail. Le lieu parfait pour un couple. Nathan la regarde. Il manquait juste le couple pour parfaire tout ça. Il sourit.

- Pendant ce séjour, je serais ton obligé. Repose-toi, que j’ai beaucoup beaucoup, Beau. Coup, d’énergie à revendre.

Il n’avait pas fait de combat, à cause de ses blessures qui le faisait encore souffrir et simplement parce qu’il voulait lui faire surprise. Mais donc, il avait une énergie mon pauvre, qui pourrait certainement envoyer une fusée sur la lune avec la force de ses bras tellement.

- Je vais bien ne t'en fais pas. Je n'ai pas besoin de massage.

Et surtout je n'avais aucune envie de me retrouver dans cette situation là avec lui. Ca serait beaucoup trop bizarre. Peut être qu'il le faisait avec une bonne intention, mais le problème resterait là. La situation serait étrange, je serais beaucoup trop mal à l'aise. Je préférais qu'il ne me touche pas. Nous n'étions plus dans une relation de patient et kiné et ça depuis un long moment. Un massage... ça serait forcément ambigu pour moi.

Je ris alors qu'il venait m'avouer qu'il n'avait jamais vu Titanic et surtout qu'il ne serait pas contre à une scène de dessin comme dans le film.

- Je ne sais pas comment tu as fait pour passer à côté de ce film et encore plus à côté de cette scène. Juste pour info, le héros Jack dessine l'héroïne Rose, complètement nue. Il avait pas mal de portraits de françaises nues dans son carnet c'est pour ça qu'elle lui a demandé de la dessiner comme une de ses françaises, sous entendu nue. Tu veux toujours qu'on fasse cette séance de dessin?

Je le regardais malicieusement en disant ça. Je le taquinais bien entendu. Même si il me disait qu'il était d'accord, je ne le ferais pas. Ca rentrait dans les choses beaucoup trop ambiguës et malaisantes pour que j'accepte de le faire.

Je hochais la tête alors qu'il me donnait son accord pour se faire livrer le repas. Je me levais et allais prendre le téléphone pour passer commande. Je n'oubliais pas de leur commander également un pique nique à emporter pour le lendemain. J'avais bien entendu qu'il avait trop d'énergie à revendre. Il avait certainement besoin d'évacuer toute la colère qu'il n'avait pas évacué en combat. J'étais heureuse qu'il ne l'ait pas fait. Je préférais me dépenser avec lui, quitte à m'épuiser plus que ce que je ne l'étais, plutôt que de le voir se faire du mal encore comme ça.

Je le rejoignis une fois raccroché et me réinstallais sur le canapé.

- Le repas va arriver d'ici une demi heure. Ils vont nous mettre le pique nique aussi avec. Demain matin rando et pourquoi pas balade en kayak sur le lac l'après midi? Si tu as tellement d'énergie à revendre que ça, on va faire en sorte de la dépenser un peu.

On avait toujours besoin d’un massage, mais dans ce refus catégorique … Nathan était presque sûr de voir quelque chose de plus. Il ne sait pas quoi. Il ne comprend pas … mais il n’allait pas forcer la jeune femme si elle ne le désirait pas. Il laissera son sac en évidence. S’il voit qu’elle s’intéresse, il proposera peut-être à nouveau, mais sinon … Il n’allait pas la rendre mal à l’aise. Pour lui, c’était son métier, toucher les corps les mains pleins d’huiles. Certes il fait tout le reste, mais masser était important et faisait du bien. Elle pouvait en profiter de lui. Il sourit quand elle parle de Titanic.

- Je m’endors quand la vieille femme commence à parler, environ, et je me révèle quand elle siffle sur sa porte. Et comme tu as pu le remarquer, je n’ai aucune pudeur. Je pense que tu m’as vue dans des états beaucoup plus intimes que nus, alors si tu en as besoin, il soulève ses épaules doucement, ça ne me dérange pas.

Il n’avait pas de pudeur. Il avait besoin de toucher des femmes et des hommes, pour les masser. Il n’avait pas particulièrement d’envie. Quand la jeune femme l’avait peint, il avait eu des … chatouilles d’envie ? Mais il pouvait endiguer tout ça. Donc, ça ne le dérangerait pas d’être nu pour se faire peindre. Il s’en fiche. Pas pudique pour deux sous. Et il considère que la foi où elle l’avait vu torse nu plein de bleus, à moitié mort sur son canapé, était bien plus intime qu’être nu. Elle avait littéralement passé son pinceau sur chaque parti de son corps. Plus intime que ça, même avec un coque de protection, on ne fait pas. Donc. Il sourit en laissant faire et range son sac à côté du canapé, au cas où et parce qu’il ne serait pas ou le ranger ailleurs. Il l’observe. Une demi-heure ?

- Tu veux faire quoi en attendant ? Parce que même s’ils nous l’apportent je doute qu’ils pousseront le vis jusqu’à nous l’amener dans le jacuzzi, bien que ça serait une idée.

Il sourit et s’approche de la vitre qui permet de voir vers le chemin qui mener à la cabane. Pas de vis-à-vis, pas de son d’une maison aux alentours, la femme avait raison, on pourrait tuer quelqu’un ici, et personne ne pourrait l’entendre.

- Du kayak, ça me va. Mais on ne fera pas la course, dit-il en approchant son doigt pour toucher son nez, tu sembles vraiment fatigué, alors n’essaie pas de suivre mon énergie. Je serais prêt à démolir et à reconstruire cette cabane trois fois tellement que je me sens … Tu as compris. J’ai de l’énergie à revendre, à ne plus savoir quoi en faire…

Coupler à une colère qu’il cache bien sous une tonne de mots, de gestes et de pensées pour elle.

- Alors ne te blesses pas en voulant m’aider.

Sinon, il n’aurait aucune raison de la laisser continuer à être avec lui. Elle voulait l’aider. Mais s’il se faisait du mal pendant les combats, c’était pour ne pas blesser les autres … Alors … Si elle devait être exténué au point de s’en faire mal pour lui, il ne se le pardonnerait pas.

- C'était une blague Nathan. Je ne peins pas de nu.

Mon expo ne serait pas sur ça, si jamais je la sortais un jour. J'avais fait une blague et je m'étais retrouvée prise à mon propre piège. Je ne savais pas si il plaisantait ou si il avait pris ça au premier degré. Dans tous les cas je n'avais vraiment pas besoin d'un modèle nu. Et même si j'avais eu besoin d'un modèle, je ne lui aurais jamais demandé à lui. Pas qu'il n'était pas beau, bien au contraire, mais ça serait vraiment trop gênant.

- Je vais aller défaire ma valise et me changer si ça ne t'ennuie pas.

Je lui souris avant d'aller récupérer ma valise. J'allais la déposer sur le lit et sortis les quelques affaires que j'avais mises à l'intérieur. Je les installais dans une partie de la penderie, veillant bien à laisser de la place pour Nathan si lui aussi voulait installer ses affaires. J'attrapais de quoi me changer avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain. Je ressortis un peu plus tard avec un bikini jaune par dessus lequel j'avais enfilé un haut assez large. Au moins comme ça je serais prête pour aller dans le jacuzzi après le repas.

J'allais fouiller dans le frigo de la petite cuisine qui se trouvait dans la cabane. J'en ressortis une bouteille de jus de fruits. Je l'apportais à Nathan avec deux verres. Je nous servis tout en me réinstallant à côté de lui. Je me sentais déjà un peu mieux d'avoir pu enfiler des vêtements un peu plus secs, sans la transpiration de la route.

- Je vais bien Nathan. Je suis juste fatiguée par la route. Après une soirée dans le jacuzzi et une bonne nuit de sommeil je serais de nouveau en pleine forme. On pourrait aller se balader, faire du kayak et ne t'en fais pas je te suivrais, tu pourras dépenser toute cette énergie.

Je pris une gorgée de mon verre de jus de fruit. Je buvais lentement, testant un peu la capacité qu'avait mon estomac à garder de la nourriture.

- Il va falloir que tu viennes voir mon expo quand elle sera prête. J'ai vraiment l'impression que tu t'imagines que je passe mon temps à dessiner des mecs à poil dans mon atelier.

Ouais. Il sait. Qu’elle ne peint pas de nu. Il sait. Mais il proposait innocemment, réellement, si jamais. Il sait que les artistes, surtout les doux, faisaient parfois des essaies pour faire des nouvelles techniques ou quoi… fin, il croit. Il comprendrait que ça soit le cas. Lui en tant que kiné, il le fait, et son métier n’avait rien d’artistique…. Donc, c’était la même chose pour Billie, certainement, en plus compliqué. Lui, il ne savait pas dessiner, avait dû mal à se concentrer pour colorier, ne supporter pas l’idée de devoir suivre longtemps des découpes, ou alors la poterie. Il a essayé une fois avec son grand-père, un jour où sa sœur avait la lubie de faire le même vase que dans Hercule. Son bol d’argile à moitié relevé ressemblait plus à un champignon qu’autre chose. Quand Nathan n’avait aucune motivation à s’intéressé à une chose, il ne savait pas y mettre de la bonne foi.. et d’ailleurs, tout ce qu’il faisait, il le faisait à l’extrême. En cours, il était toujours moyen bon, sauf quand il a compris que l’EPS était la matière la plus importante pour son vœu de carrière. Il était moyen dans ce qu’il fallait, médiocre dans ce qui ne servait pas, très bon dans ce qu’il faisait. C’était logique pour lui. Et il était très bon en massage et pour énuméré tous les os du corps. Pour les faire craquer, pour comprendre les maladies dégénératives des muscles. Tout ce qui aurait pu aidé sa petite sœur, puis les autres personnes qui étaient passé entre ses mains. Donc, pour en revenir à l’origine de sa pensée, il ne serait pas étonné que la jeune femme essaie de nouvelle chose, mais il ne dit rien.

Il la laisse partir se changer. Il n’avait pas besoin de se changer tout de suite, il pouvait le faire plus tard. Une chambre. Cette idée lui fit étrange. Parce qu’il venait de parler de nu ? Certainement, mais ça restait étrange. Billie semblait ne pas le voir comme un homme. Ce qui était mieux, et ainsi il pouvait continuer à ne pas considérer, lui non plus, comme tel. Mais elle…. Elle était clairement une femme, et la voir revenir dans sa tenue le tendit. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas remarqué les courbes d’une femme. Qu’il ne les avait pas remarqués, en se disant des choses un peu trop sensuel. Même si ça serait mentir, il avait remarqué le corps de Billie depuis longtemps, simplement il déviait sa pensée en se disant que rien ne se passerait jamais. Il ne l’intéressait pas du tout. Ce qui était mieux. Il valait mieux garder leur amitié comme tel, comme ça quand il aura à la trahir (parce qu’il sentait son corps gorgeait de colère et à la limite de l’explosion chaque seconde) en allant se battre, elle ne sera que déçue.

- Si jamais, je te porterais, tu n’es pas lourde mais ça me fera de l’exercice en plus, fit-il en hochant la tête de manière affirmative comme s’il venait d’avoir là la plus merveilleuse idée du siècle.

Avec elle sur son dos, si elle se fatigue pendant la randonnée, il sera un peu plus fatigué encore. Son corps sera engourdi, il aura des douleurs dans les muscles et il ne pourra que se laisser mourir de fatigue à la fin. Mieux. Il fallait qu’il soit mort au moins pour ne plus ressentir la colère qu’il cache derrière sa façade de sourire qu’il lui faisait. Il sourit alors qu’il regarde vers l’extérieur.

- Je sais ce que tu dessines, et peint, dans ton atelier. Je me dis juste que si tu as besoin d’un modèle, vue ce que je te dois, tu peux m’utiliser.

Il se penche vers elle, pour rajouter quelque chose, trop proche d’elle. Il s’arrête un instant sur son visage, les lèvres à demi ouverte de mot qui se bloque. Il ne dit rien, laisse une seconde passé avant d’entendre la voiture à l’extérieur qui amène le repas. Sauver par le gong. Il n’était plus sur de ce qu’il allait rajouter, mais voir ses lèvres mouillaient par sa boisson lui avait donné envie de la goûter, mauvaise idée. Il y va et revient avec le panier repas et le pique-nique du lendemain. Il pourrait y prendre goût à ça. Ainsi debout et plus loin d’elle et de l’attraction étrange qu’il ressent pour elle depuis … un petit moment déjà, depuis le bodypainting ? Ouais. Surement. Bref… Plus loin il pouvait réfléchir.

- J’ai googlé ton nom sur internet… Je voulais voir ton style, ce que tu aimes, et surtout si ça pouvait se faire en bodypainting… tu imagines tu aurais été une souffleuse de verre ? Plusieurs fois en courant pour me dépenser, je suis passé devant des galeries qui t’exposent mais je n’y suis jamais rentré. A chaque fois j’étais dégoulinant de sueur, on m’aurait arrêté pour tentative d’étouffement avec mon odeur. Bref. Je le sais. Ce que tu fais. Même si je l’ai vu qu’une fois en live, sur moi.

Voilà. Il ne savait pas pourquoi … mais il avait eu envie de lui dire. Qu’il n’avait pas encore vue son art en vrai … mais qu’il s’en était intéressé tout de même… et cela, même si sa sensibilité avec l’art est très simple. « Oui, je reconnais, c’est un cheval » ou « non, je ne capte pas ce qu’il a dessiné ». Même s’il aimait bien voir, il n’avait pas plus d’avis que ça… mais il avait fait cette effort, et il lui semblait important de lui dire. Que leur étrange amitié ne va pas que dans un sens. Ce n’est pas qu’elle qui donne. Il essaie aussi… même s’il n’avait plus envie d’avoir d’ami, ou de s’attacher, il lui devait ça… en plus d’avoir envie de la comprendre et la connaître. Ce qui était paradoxal et dangereux pour lui…il le savait. L’image de William flotta devant ses yeux et il sentit une pointe de colère qu’il cacha en apportant le repas sur la petite table sur la terrasse.

- Mais arrête de parler comme si j'allais m'effondrer pendant cette rando. Je vais réussir à la faire. Tu ne porteras pas.

Je lui mis un gentil coup sur l'épaule en protestation. J'étais certes fatiguée par ma chimio et tout le reste mais j'étais quand même capable d'aller faire une promenade avec lui. Je refusais de laisser la maladie dicter ma vie. Je n'étais pas mourante, encore moins morte, j'avais encore pleins de choses à vivre et à faire. Je n'allais pas me laisser abattre aussi facilement, il en était hors de question.

Je le regardais surprise alors qu'il m'avouait savoir ce que je peignais. Je n'aurais jamais cru qu'il se serait intéressé à ma peinture. Je ne le voyais pas être du genre à apprécier l'art. C'était pour ça que je ne lui avais jamais proposé de sortie artistique dans nos activités. Il y avait bien eu quelques expositions que j'aurais aimé voir mais je doutais que ça lui plaise. J'hésitais même à l'inviter à mon prochain vernissage. J'avais peur qu'il ne se sente mal à l'aise.

J'aurais voulu lui en demander plus mais il s'en alla récupérer notre repas. Je le laissais partir, inconsciente du malaise qui l'habitait. Je ne pensais pas pouvoir lui faire de l'effet. J'étais une belle femme, je le savais. Mais je savais aussi que j'avais un énorme tue l'amour et qu'il était bien visible vu ma tenue. Je savais que ce n'était pas le genre de chose qui allait le dégouter alors je ne me cachais pas. Je refusais de le faire en règle général. Je n'allais pas me cacher pour préserver certains sensibles. Oui j'avais une prothèse et il n'y avait rien de choquant là dedans. Mais de là à trouver excitant un corps ainsi estropié, il y avait un monde.

Je le rejoignis à table alors qu'il arrivait avec notre repas. Je l'aidais à tout déballer et installer. J'avais pris mon jus de fruit avec moi, faisant aussi suivre son verre. Je m'installais à table et attaquais l'entrée avec lui. Mon estomac semblait me laisser tranquille pour la soirée. J'allais pouvoir profiter d'un bon repas avec lui.

- Je devrais peut être t'inviter à mon prochain vernissage alors.

Quand j'aurais réussi à terminer la série de tableau que je voulais faire. Il me manquait encore quelques pièces pour que je sois pleinement satisfaite. Mais entre la chimio et le temps que je passais avec Nathan, j'avais de plus en plus de mal à trouver du temps pour peindre.

- Et alors? Ce que tu as vu t'as plu?