J'écoute les nouvelles avec grand intérêt. Je suis vraiment désolée d'apprendre que la situation de Peter est si préoccupante. C'est toujours triste de constater à quel point une mauvaise décision peut ruiner toute une vie… Voire même, causer sa perte.

Tom en profite pour m'apprendre qu'il a l'intention de se rendre à Los Angeles pour y passer quelques jours. Cette nouvelle ne m'étonne pas. Toute sa vie, sa maison, ses affaires se trouvent dans cette ville après tout. Il n'y a donc rien d'anormal à ce qu'il prenne le temps nécessaire pour s'assurer que tout va bien.

La suite est bien plus joyeuse. Le fameux contrat est enfin signé, ce qui signifie que Jeff et Tom touchent enfin leur liberté.

– Félicitations ! je m'écrie, sincèrement heureuse pour eux. J'espère que vous allez fêter ça dignement !

J'aurais aimé être là, avec lui. Le serrer dans mes bras pour le féliciter avec tout mon amour et mon soulagement. Mais je commence à m'habituer à cette distance qui persiste encore entre nous. Néanmoins, je me rassure en me répétant que ce n'est que temporaire.

– A vrai dire je compte bien retourner passer quelques jours en Californie. Rassurer mes parents, récupérer quelques affaires. Et surtout des vêtements chauds. Ensuite, si tu veux toujours de moi, plus rien ne m'empêchera de venir te rejoindre.
– Si je veux toujours de toi ? je répète en affichant une moue espiègle. Je ne sais pas… Peut-être… J'hésite encore.

Je le taquine bien-sûr. D'ailleurs je m'empresse de le rassurer.

– Évidemment que je veux toujours de toi. Lucy et moi avons même commencé à dégager une partie de la grange pour que tu puisses installer ton matériel.

Enfin… Lucy a bien évidemment fait le plus gros du travail. J'ai demandé à Sean de venir cloisonner cet endroit pour que l'on puisse y mettre un radiateur et pour que Tom ait la possibilité de l'aménager à sa guise. C'est peut-être un peu trop précipité, mais je veux m'assurer qu'il se sente à son aise et surtout qu'il n'ait pas l'impression d'empiéter sur mon territoire .

– J'ai vraiment hâte de te revoir. Et de pouvoir te prendre dans mes bras. J'aimerais retourner à Castine plus tôt, mais je veux faire les choses correctement. Et lorsque je reviendrai, ce sera pour rester avec toi, et pas simplement arriver et repartir en coup de vent.
– J'espère bien, je rétorque en souriant avant d'ajouter avec la ferme intention de le provoquer un peu : Je commence à être en manque de câlins…

Les jours passent et sont rythmés par la même routine. Chaque matin, toujours accompagnée de Lucy, je prends un taxi en direction du centre de rééducation. J'y reste toute la matinée et en ressort généralement épuisée. Personne ne m'avait prévenu que tout ceci serait si difficile. Les progrès sont discrets mais bien présents, si bien que je peux désormais me tenir debout, à condition de bénéficier d'un soutien.

J'ai inauguré la nouvelle cuisine en préparant quelques pâtisseries… Je n'aime toujours pas cette activité, mais j'y mets un peu plus de cœur qu'à l'accoutumée.

Toujours aussi folle des fêtes de fin d'année, Lucy s'est amusée à décorer toute la maison. Partout où je pose les yeux je peux voir un élément qui évoque Noël… Pour l'heure, j'échappe encore au sapin, mais je sais que ce dernier ne tardera plus à faire son apparition.

J'ai recommencé à peindre, même si pour cela il me faut encore rester assise. Mes gestes sont empreints de maladresse à cause de mon entorse, mais j'estime que ce n'est pas trop mal pour quelqu'un qui n'a pas touché un pinceau depuis presque deux mois.

J'ai fait du tri dans mes affaires pour offrir un peu de place à Tom. Je ne sais pas encore quand il compte revenir, mais je dis que, dans tous les cas, faire un peu de rangement ne me fera pas de mal.

– Je ne comprends pas… Tu fais tout ça mais, vous emménagez ensemble ou…
– J'en sais rien du tout, je rétorque en refermant un carton destiné aux bonnes œuvres. Pour l'instant, je me contente de lui offrir un peu de place. À lui d'en faire ce qu'il veut.
– Alors c'est vraiment sérieux-sérieux entre vous ?
– Est-ce vraiment nécessaire de coller une étiquette à notre relation? je demande en haussant un sourcil perplexe.
– Non mais…
– Alors je me contenterai de prendre les choses comme elles viennent.

Je souris plus que largement aux félicitations d'Emily. J'ai envie de l'embrasser. Plus que tout.

"– Rien d'extravagant de prévu", je réponds en riant. "Mais nous fêterons ça juste toi et moi plus tard."

Mon clin d’œil charmeur n'est peut-être pas aussi efficace à distance. J'espère simplement qu'elle réalise à quel point sa présence me manque.

Les quelques mots qui suivent me rassurent beaucoup. Et surtout, me touchent.

"– Évidemment que je veux toujours de toi. Lucy et moi avons même commencé à dégager une partie de la grange pour que tu puisses installer ton matériel."
"– Vraiment ?" je fais d'une petite voix.

J'ai bien du mal à y croire, tant un tel geste de sa part me paraissait inespéré. Il y a quelques temps, Emily me confiait avoir du mal à se projeter, à imaginer le futur. Et à présent, elle me fait doucement une place dans sa vie.

"– Ça me touche", je souffle avec émotion. "Beaucoup."

Je me promets de faire tout mon possible pour que ça se passe bien, pour réussir cette cohabitation qui présente pourtant son lot d'inconnu.

"– Je commence à être en manque de câlins…"

Je souris à cette remarque.

"– Moi aussi. Ça... Et d'autres choses, aussi."

Je ne m'étends pas davantage. J'espère qu'Emily réalise à quel point j'ai envie d'elle, et à quel point cette distance commence à être douloureuse pour moi.

Mais bientôt, je me promets. Bientôt, nous serons réunis.



Le lendemain matin, je crois bien que je n'ai jamais vu Jake hurler aussi fort. Il nous accuse de tous les maux, de détruire sa carrière, de lui faire perdre énormément d'argent, de n'être que des gamins ingrats.
Il nous menace, pestifère... Puis nous met à la porte de ses bureaux de Las Vegas, en nous hurlant de ne plus jamais remettre les pieds ici.

Nous croisons Kelly en sortant, et cette dernière ne nous décerne même pas un regard.

"– Eh bien, ça s'est passé mieux que prévu", ironise Jeff.

Je renifle avec amusement, puis lève les yeux au ciel.

"– Je suis certain qu'il avait envie de me frapper", je marmonne.
"– Peut-être. A croire que ta tête ne lui revient pas. Comme beaucoup de monde, en ce moment. Ça doit être contagieux."
"– Très drôle, Jeff. Tu en as d'autres, comme ça ?"
"– Hmm, laisse-moi réfléchir... Non, pas pour le moment."

L'air frais de Vegas me fait un bien fou lorsque nous ressortons de cet immeuble de bureau, et Jeff m'emmène boire un coup pour fêter ça.

"– Alors, de retour dans le Maine ?" me lance-t-il par-dessus sa bière.
"– Pas tout de suite", je lui réponds en secouant la tête. "Je vais d'abord retourner à L.A. Mes parents s'impatientent. Et puis..."
"– Peter", soupire Jeff.

J'acquiesce.

"– J'aimerais me rendre à son chevet, si sa famille m'y autorise. Juste au cas où..."

Mon ami me prend la main, et hoche lentement la tête.

"– J'ai un vol après-demain", m'annonce-t-il ensuite. "Si tu veux faire le trajet avec moi..."

Les billets sont réservés, et je transmets cette information à Emily.


Deux jours plus tard, je suis ravi de retrouver un environnement connu.
Joy est venue nous attendre à l'aéroport, et je me force à détourner le regard lorsque Jeff et elle s'embrassent comme s'il n'y avait absolument personne autour d'eux.

Puis Joy me serre dans une étreinte chaleureuse, et me demande si nous avons fait bon voyage.

Revenir à L.A a quelque chose de déstabilisant. Je ne suis pas rentré depuis des mois, et j'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs années tant cette période a été marquée par des changements radicaux.

Ma villa me paraît bien vide, et beaucoup trop grande. Et surtout, je suis complètement seul. Il n'y a plus Jeff que je peux aller embêter juste en sortant dans le couloir. Il n'y a plus Emily. Il n'y a plus qui que ce soit.

Sauf moi... Et ces paparazzi stationnés devant chez moi.
Joie.

Heureusement, les murs sont hauts. Et je peux toujours sortir par la porte de derrière, incognito.

Pour l'heure, je fais le tri dans mon courrier en retard, et je range les quelques affaires que j'avais laissées en désordre avant de partir.

Je finis par appeler mes parents pour les informer de mon retour. Et ils proposent aussitôt de venir me rendre visite à Los Angeles, avec mon tableau.

Je sais exactement où ils veulent en venir. Ils ont probablement une multitude de questions à me poser sur mille et un sujets différents. Mais surtout, ma mère voudra en savoir plus au sujet d'Emily, sans aucun doute.

Pour l'heure, ils m'assurent qu'ils arrivent le surlendemain... Que je sois prêt ou non.



Les heures s'étirent, et mes pas me portent finalement jusque dans la pièce que j'ai dédié à ma musique. Cela faisait des mois que je n'y avais pas mis les pieds. Même avant mon départ, j'avais évité cet endroit comme la peste. L'inspiration me fuyait, et j'avais peur de me retrouver ici seul avec mes pensées.
Maintenant, tout est différent. Mes guitares sont toujours accrochées au mur, et je caresse chacune d'entre elle du bout des doigts, me promettant de rajouter un crochet pour suspendre la Fender que j'ai acquise à Vegas.

Cette dernière est encore dans l'entrée de ma maison, accompagnée de ma guitare de voyage. Il est inutile que je les déballe. Je compte bien les emporter avec moi à Castine.

Je retrouve mes amplis, mes pédales, mes claviers maître. Et notamment le plus petit. Celui de voyage, que je compte emmener lui aussi.

Assis dans ma chaise de bureau, je ferme les yeux et je me laisse un instant imprégner par les vibrations particulières de cet endroit.

Puis, pris d'une envie soudaine, je sors mon téléphone et je lance un appel vidéo.

Il y a trois heures de décalage horaire entre Los Angeles et Castine. Trois heures, c'est long. Surtout en considérant qu'à L.A c'est déjà le début de soirée.

J'espère qu'Emily n'est pas déjà couchée. Ou du moins, que je ne la réveillerai pas.

Je dois probablement avoir une tête bizarre, avec mes cheveux un peu trop longs, qui mériteraient d'être franchement raccourcis, ma barbe de plusieurs jours, et mes cernes sous les yeux.

Je ne porte qu'un t-shirt léger et un pantalon de jogging. Je suis pieds nus, et affalé dans ma chaise de bureau. En somme, je suis bien loin de l'image du chanteur mondialement connu au look impeccable.

Je suis surtout heureux d'être enfin sorti du tumulte de Vegas, et j'imagine que ça se voit probablement sur mon visage.

Mes lèvres se fendent d'un large sourire lorsque le visage d'Emily apparaît sur l'écran de mon téléphone.

"– Bonsoir, je ne te dérange pas ?"

Je passe une main dans mes cheveux, et soupire calmement. Cela fait deux jours que nous n'avons pas discuté, et je dois admettre que ça m'a manqué.

"– Désolé, j'avais juste besoin d'entendre le son de ta voix."

Son absence est d'autant plus douloureuse maintenant que je suis seul. Entièrement seul. Il n'y a plus rien d'autre pour occuper mon esprit. Seulement cette absence, impossible à ignorer.

"– Je suis enfin chez moi", je souris doucement. "Mais tu me manques. J'ai envie... J'ai envie de t'embrasser, de te prendre dans mes bras."

Je soupire à nouveau. Je dois lui paraître complètement fou, de l'appeler juste pour lui dire ça. Mais je suis fatigué, et j'ai besoin de ce contact, bien qu'uniquement virtuel pour le moment.

Le temps commence à se faire long, maussade. Les jours passent et filent à toute allure tandis que Lucy me bassine sans cesse avec ses histoires de cadeaux et de repas de Noël. Je n'ai aucunement envie de penser à tout cela. Je n'ai jamais été spécialement douée pour trouver des idées de cadeaux à offrir… Je me plante une fois sur deux, si ce n'est plus si bien que j'en suis venue à chercher les pires cadeaux possibles. Quitte à faire un bide, autant que ce soit fait exprès.

Ce soir-là, je suis allée me coucher tôt. La journée a été éprouvante et mes jambes me font souffrir. Je me suis donc étendue avec un bouquin que je lis en travers. Lorsque mon téléphone sonne, je me précipite sur la table de chevet pour découvrir la photo de Tom.

– Bonsoir, je ne te dérange pas ?
– Après deux jours sans avoir pu t'avoir au téléphone ? Non, tu ne me dérange pas, je raille en souriant. Tu vas bien ?
– Je suis enfin chez moi . Mais tu me manques. J'ai envie... J'ai envie de t'embrasser, de te prendre dans mes bras.
– Tu me manques aussi… je soupire, triste de constater que j'en viens à oublier les douces sensations que me procurent ses étreintes . Quand penses-tu pouvoir me rejoindre ?

Mais je sens que la distance commence à peser sur son moral. Cela, je ne peux que le comprendre, plus particulièrement après tout ce qu'il s'est passé dernièrement.

– Dis, tu me fais visiter ?

"– Tu me manques aussi… Quand penses-tu pouvoir me rejoindre ?"
"– Mes parents arrivent après-demain. Ils m'ont promis de ne rester que quelques jours. Je prendrai le premier avion que je trouve dès leur départ. "

Puis je ris en repensant au ton de ma mère lorsque je l'ai eu au téléphone un peu plus tôt dans la journée.

"– Je serai probablement longuement questionné à ton sujet", j'ajoute avec un sourire amusé.

Et je sais que, même si j'aimerais un peu plus ma relation avec Emily juste pour moi, je n'aurais d'autre choix que de leur répondre. Mais au fond, ça ne me dérange guère. C'est juste une étape de plus.

"– Dis, tu me fais visiter ?"
"– Avec plaisir !" je m'exclame avec enthousiasme en me levant de ma chaise. "J'aurais préféré que tu sois là, mais ça te permettra d'avoir déjà un premier aperçu"

Je lui présente ma salle de musique, dans laquelle je me trouve, lui listant les différents appareils qui me permettent d'enregistrer.

"– Je te rassure, je ne débarquerai pas chez toi avec tout ça. Je suis équipé de choses qui prennent nettement moins de place. Et avec un ordinateur, on peut presque tout faire, de nos jours."

Je désigne mon pc portable de la main.

Puis je sors de la pièce, et je la guide à distance dans cette villa, qui me parait à présent bien grande et bien vide.

Mon salon avec cette bibliothèque remplie de livres, et quelques autres guitares accrochées au mur. Ma cuisine, toute équipée, dans laquelle j'aime prendre le temps de cuisiner lorsque je passe du temps ici. Quelques chambres d'amis, dont une qui accueillera mes parents.

Je sors brièvement à l'extérieur, pour lui montrer la vue sur Los Angeles. Ma piscine - inutile à cette période de l'année - est complètement vide.

Nous faisons un crochet par le garage, dans lequel mon pick-up est d'ordinaire rangé. Il y a pour l'heure une voiture d'un rouge éclatant - prêtée par Jeff le temps de mon séjour ici.

Et je désigne à Emily, dans une pièce un peu plus petite du sous-sol, les quelques machines de musculation qui ont tendance à prendre un peu la poussière.

Puis je remonte, pour me diriger vers la partie de la maison qu'elle n'a pas encore vu.

"– Ma salle de bain", je déclare en ouvrant la porte de cette dernière.

Et je fais un bref clin d’œil à la caméra du téléphone en précisant qu'il y a une grande baignoire.

Je referme la porte.
Ne reste qu'une seule pièce.

"– Et voilà ma chambre. Même si, je dois admettre que j'avais envisagé de te la faire découvrir d'une toute autre manière.".

Des images pas du tout chastes me viennent à l'esprit, et j'essaie tant bien que mal de ne pas trop me concentrer sur ces dernières.

Mon sac de voyage est posé sur le lit, et je soulève ce dernier pour le déposer au sol. Puis je ferme les rideaux qui donnent sur le jardin, pour enfin seulement m'installer sur le lit.

"– La vue te plait ?" je plaisante en relevant un peu plus le téléphone pour qu'elle ai un angle de vue un peu plus large.

Mais je ne reste pas bien longtemps avec le bras levé en l'air.

"– Qu'est-ce que tu en penses ?" je lui demande ensuite.

Ma question vaut autant pour ma maison de manière générale que pour cette pièce en particulier. Celle dans laquelle je me sens le plus à mon aise.
Les oreillers sont moelleux, le matelas est confortable. Il ne manque plus qu'Emily pour que le tableau soit parfait.

– Mes parents arrivent après-demain. Ils m'ont promis de ne rester que quelques jours. Je prendrai le premier avion que je trouve dès leur départ.
– D'accord, je rétorque en souriant. Tâche d'en profiter !

Malgré la distance, l'absence, je comprends que Tom ait besoin de prendre le temps de tout faire correctement. C'est essentiel, surtout concernant ses parents qui n'ont pas eu la possibilité de le voir durant ces derniers mois. J'espère que Tom mesure sa chance. Celle de pouvoir toujours compter sur la présence de ses parents. Même s'ils vivent loin, même s'ils ne se voient pas souvent, ils existent toujours et ça… Et bien, je trouve cela génial, tout simplement.

– Je serai probablement longuement questionné à ton sujet.
– J'imagine, je pouffe, curieuse de savoir sur quoi vont porter ces fameuses questions.

Je lui demande alors de me faire visiter cette fameuse villa dont il m'a tant parlé et je suis heureuse de pouvoir lire de l'enthousiasme sur ses traits. Je préfère ça. Le voir sourire plutôt que cet air triste qu'il affichait juste avant.

– Avec plaisir !J'aurais préféré que tu sois là, mais ça te permettra d'avoir déjà un premier aperçu.

Je souris à mon tour avant de m'installer un peu plus confortablement sur mon lit pour écouter ses nombreuses explications. J'aime le fait de pouvoir découvrir un peu plus de son monde… Son univers.

– Tu peux débarquer avec tout ce que tu veux, je m'en fiche. Le tout, c'est que tu débarques.

La maison me paraît immense. Bien trop grande pour une personne seule. J'imagine à quel point il doit se sentir isolé dans tout cet espace. J'écoute chacune de ses explications en silence. Au fond, cette distance n'est pas forcément une mauvaise chose. Elle nous pousse à apprendre à nous connaître autrement.

– Ma salle de bain, déclare-t-il en ouvrant la porte.
Je souris à son clin d'œil avant d'éclater de rire lorsqu'il mentionne l'immense baignoire.
– Et nous savons tous deux à quel point c'est important, je précise, hilare.

– Et voilà ma chambre. Même si, je dois admettre que j'avais envisagé de te la faire découvrir d'une toute autre manière.
– Oh, mais je me doute, oui, je pouffe en m'allongeant sur le côté.

Je ne cesse de penser à ses bras qui m'enlacent… À ses lèvres sur les miennes… Je m'empresse de chasser toutes ces images de mon esprit pour me focaliser sur la conversation.

– Qu'est-ce que tu en penses ?
– Que je préfère cette vue-ci, je rétorque en le désignant du doigt. C'est… grand ? Et un peu vide aussi.

Honnêtement, je n'aime pas particulièrement ce genre de propriété, même si je note l'effort de Tom pour s'approprier l'espace. Mais ce n'est pas dans ce genre de maison que je l'imagine… Je le vois dans une maison en bois aux façades blanches… L'une de ces maisons de plage que l'on trouve sur les côtes californiennes… Un accès privé vers l'océan et cette vue dégagée qui offre tant de possibilités… Ou alors, dans un ranch du Colorado, entre vallée et montagne… Ça lui irait bien aussi.

– Et… Comment aurais-tu voulu me faire découvrir ta chambre au juste ? Je suis très curieuse.

Faire découvrir ma villa à Emily me plait beaucoup. Je suis heureux de pouvoir lui présenter cette part de moi. Mon jardin secret, en quelque sorte.

Lorsque je lui demande son avis, je vois bien qu'elle hésite.

"– C'est… grand ? Et un peu vide aussi."

J'acquiesce en soupirant.

"– C'est Jeff qui m'a convaincu d'acheter cette maison.  Nous étions très jeunes à l'époque. C'était parfait pour se retrouver tous les quatre. Mais maintenant... Maintenant c'est un peu grand pour moi. Il faudrait que je re-décore pour meubler un peu plus."

Ou que je déménage. A l'époque habiter Los Angeles était idéal pour rester proche du studio d'enregistrement de Jake. Maintenant, je ne sais pas. L'avenir me le dira.

"– Et… Comment aurais-tu voulu me faire découvrir ta chambre au juste ? Je suis très curieuse."

Mon sourire s'élargit.

"– J'avais plein d'idées", je soupire en m'installant un peu plus confortablement sur le lit. "Un diner en tête à tête. Juste toi et moi. Après une journée passée le long de la côte."

Je ferme les yeux tandis que ces images s'animent dans mon esprit.

"– Nous aurions rejoint la chambre bien plus tard, lorsque nous ne serions plus parvenus à rester raisonnables. J'aurais probablement perdu quelques vêtements dans le couloir. Toi aussi "

Cette image me fait sourire.

"– J'aurais passé beaucoup de temps à t'embrasser. Et pas seulement sur tes lèvres."

Je rouvre les yeux.
C'est fou à quel point je me laisse si facilement porter par simplement quelques images et quelques mots. Mais Emily a cet effet particulier sur moi.

"Est-ce que je continue ? Ou as-tu besoin de plus de détails ?"

Pour ma part, c'est déjà suffisant pour attiser le feu dans mon ventre.

– Si tu t'y sens bien, c'est qu'elle te convient telle qu'elle est… Même si je la trouve un peu trop loin… dis-je tout en lâchant un petit éclat de rire.

Je ne cherche pas à l'influencer. Le plus important c'est qu'il y trouve son compte, son équilibre. Mon avis ne devrait pas compter pour cela. C'est son domaine après tout.

– Et… Comment aurais-tu voulu me faire découvrir ta chambre au juste ? Je suis très curieuse.

Ma question semble le plaire. Je le vois dans ce sourire malicieux qu'il affiche. J'aime ce sourire si particulier. Celui qu'il m'adresse chaque fois que nous nous retrouvons seuls… Chaque fois que notre passion s'éveille… Bon sang, c'est fou ce qu'il peut me manquer.

– J'avais plein d'idées. Un diner en tête à tête. Juste toi et moi. Après une journée passée le long de la côte.

Mes yeux restent suspendus à ses lèvres si joliment dessinées tandis que les siens se referment. Il se perd doucement dans son imagination, ses rêves, ses espoirs. Sait-il à quel point l'expression qu'il affiche en ce moment est belle ? J'en doute…

– Nous aurions rejoint la chambre bien plus tard, lorsque nous ne serions plus parvenus à rester raisonnables. J'aurais probablement perdu quelques vêtements dans le couloir. Toi aussi.
– Ah oui ?

Je rêve de pouvoir capturer ce sourire un jour… Peut-être devrions-nous répéter ce petit jeu plus tard… Lorsque je pourrais prendre place devant une toile.

– J'aurais passé beaucoup de temps à t'embrasser. Et pas seulement sur tes lèvres.

Je ferme les yeux à mon tour avant de relâcher un soupir nullement exagéré… Même à des milliers de kilomètres, Tom parvient si aisément à m'envouter.

– Est-ce que je continue ? Ou as-tu besoin de plus de détails ?
– Les deux ? Je suis suspendue à tes lèvres, mon amour… Et tu sais que j'adore les détails… je déclare en souriant juste avant de me mordiller la lèvre. Si tu savais à quel point j'ai envie d'être avec toi en cet instant…J'ai également des idées plein la tête…

"– Si tu t'y sens bien, c'est qu'elle te convient telle qu'elle est… Même si je la trouve un peu trop loin…"
"– Beaucoup trop loin, tu veux dire."

Surtout vis à vis de la suite des événements. Mon imagination ne suffit pas, même si je fais de mon mieux pour exprimer en quelques phrases les scènes qui s'animent dans mon esprit.

Le soupir que pousse Emily à l'autre de la ligne me fait frissonner.
J'ai terriblement envie d'elle.

"– Est-ce que je continue ? Ou as-tu besoin de plus de détails ?"
– Les deux ? Je suis suspendue à tes lèvres, mon amour… Et tu sais que j'adore les détails… "

Elle se mordille la lèvre. Assez pour m'arracher un grognement d'impatience.

"– Si tu savais à quel point j'ai envie d'être avec toi en cet instant…J'ai également des idées plein la tête…"
"– Je suis à deux doigts de faire un caprice de star et de faire venir un jet privé dans la demie-heure pour te rejoindre au plus vite", je la préviens en riant.

–Je suis à deux doigts de faire un caprice de star et de faire venir un jet privé dans la demie-heure pour te rejoindre au plus vite.

J'éclate de dire.

– Je ne suis pas pour les caprices de star d'habitude. Mais celui-ci me plairait beaucoup, j'avoue en souriant.