Dernier au revoir, câlinant ta mère avant qu’elle ne sorte avec ton père rejoindre la mère de Lisa pour quitter l’appartement. Petit repas entre vous, pour voir comment vous vous en sortiez, voir si tout se passait bien. La vérité ? Les premières semaines un peu étranges, la semaine de la rentrée un peu sportive, mais apparemment tout irait pour le mieux. Aayden était revenu de sa première séance avec sa psychologue avant le repas, après les cours et il semblait plus détendu, souriant et… Apparemment devait changer de médicament vu que les anciens avaient des effets secondaires accrus d'augmentation de l’émotivité et possible dépression.

Tu avais alors lu les effets secondaires du nouveau médicament avec soin et avais remarqué que c’était aussi le cas de celui-là, mais moindre comparé à l’ancien et surtout des soucis digestif. Mais le blond était habitué à cela. Il disait qu’il testerait et verrait bien. En somme, tout irait pour le mieux dans la colocation. Le fait est que maintenant, parents partis, il t’avait aidé pour ranger la table, mettre les restes de côtés et vous étiez en train d’aider Lisa comme vous pouviez. Tu rigoles un peu.

- Alors. Faire ça plus souvent, oui pourquoi pas ! Pas tous les soirs, mais pourquoi pas.

Le blond rigole d’un coup avant de venir te murmurer à l’oreille.

- Avoue, t’as juste peur que Julia te pose trop de question.

Qu’il dit en partant, avant d’embrasser Lisa sur le front, hurlant qu’il prenait la salle de bain et qu’il allait se coucher. Tu le suis du regard, essayant de comprendre son sous-entendu, figé sur place et frissonnant un peu et pouffes un peu en regardant ton amie.

- Hé bah.. Les nouveaux cachets lui réussissent déjà ou bien ? Ou c’est la séance de psy ?

Que tu dis en rangeant les serviettes et secoues la tête en souriant avant de lever la tête vers elle.

- M’enfin. Tu veux faire quoi maintenant ? On se met un film au calme ?

Andrew ne semble pas opposé à l'idée de faire ça plus souvent et Lisa esquisse un petit sourire, tout en levant un sourcil au milieu du nettoyage de son plat, comme Aayden se penche à l'oreille d'Andy pour murmurer quelques mots qu'elle n'entend pas. Qu'est-ce qu'il raconte ? Qu'est-ce qu'il mijote ? Elle se pince les lèvres en se retournant vers sa vaisselle, promettant de lui poser la question plus tard, puisque le jeune homme s'éclipse de toute façon rapidement du salon après avoir déposé un baiser sur son front, en hurlant qu'il prend la douche et va se coucher.

Elle reporte son attention sur Andy, levant les épaules à sa question. Ce serait étonnant que le nouveau médicament fasse déjà effet puisqu'il avait pris les autres cachets, ce matin. Ils verraient ça dans le week-end, pour la question des nouveaux. Depuis qu'Andy a remarqué qu'ils ont les mêmes effets indésirables que les précédents, Lisa est sceptique, contrariée, prise d'une impression que ça ne change rien. Que ce n'est pas une amélioration.

"- Sûrement le psy, il l'avait pas vu depuis un moment alors ça a dû faire du bien de vider son sac, de parler de cet été, d'avoir une oreille extérieure pour l'écouter…"

Elle gratte un dernier récipient, se gardant de râler comme la préparation a un peu accroché le fond de l'ustensile, et dresse une oreille pour entendre Andy proposer d'aller regarder un film, comme ils le font tous les soirs. Aujourd'hui il est peut-être un peu tard, comme ils ont reçu leurs parents, mais ils peuvent toujours regarder quelque chose de court malgré tout. Elle va pour répondre quand les aboiements de deux des colocataires de la maison se font entendre avant qu'une porte claque, Cornelia étant de retour. Elle ne s'attarde pas cependant, montant à l'étage, et ils peuvent entendre, juste après, qu'elle toque à la porte de la salle de bain en demandant à Aayden de se dépêcher. Lisa rit silencieusement, coulant un regard vers Andy.

"- Si elle est si pressée, elle peut aller avec lui hein… je crois pas que ça le dérangerai…" elle rit. "Tu veux regarder quoi ?"

Tu n’as même pas le temps de saluer ta meilleure amie qu’elle est déjà en train de monter les escaliers quatre par quatre pour monter à l’étage. Tu fronces les sourcils un instant avant de l’entendre hurler et frapper à la porte de la salle de bain. Tu pouffes un peu à Lisa avant d’entendre hurler Corny. Tu rigoles de plus belle.

- Oula. Il lui a dit d’entrer pour qu’elle soit comme ça ou bien ?

Oui, tu en rigoles, parce que c’était bien la première fois qu'Aayden lançait une pique plutôt d’humour contre la patineuse. Évidemment, la concernée l’avait sûrement mal pris. Ou alors elle l’avait assez bien pris pour ne pas non plus entrer pour répondre à la provocation. Tu pouffes un peu et regardes Lisa.

- Tu crois que ça s’améliorera un jour entre eux ? Je veux dire…. Comme on aimerait ? Nyny le tolère, mais bon… C’est pas ça non plus.. M’enfin…

Tu termines d’aider au rangement avant de tapoter dans tes mains.

- J’ai eu de nouveaux films, on fait comme d’hab ? Tu fouilles un peu, tu choisis et je prépare les pop-corn ?

Elle n'a même pas le temps de répondre que tu montes alors que tu croises le goalie en serviette qui se fait courser par Corny, qui le menace de le fouetter avec une autre serviette, en courant pour s’enfermer dans sa chambre. Tu pouffes sous la scène avant de voir la jeune patineuse, repartir dans la salle de bain en boudant, fière comme une reine. Tu te pinces le nez, pouffes et vas te changer dans ta chambre en préparant le set pour le film avant de redescendre en jogging et en t-shirt pour préparer le dit pop-corn. Tu sifflotes un peu avant de remonter pour tout installer sur un plateau, sur la couette.

Tu souris et t’installes un peu, attendant qu’elle vienne à tes côtés.

- Alors ? Tu as choisi ?

Un cri se fait entendre à l'étage et Lisa sursaute en reconnaissant la voix de Cornelia ou, plutôt, ce qu'elle dit, demandant si Aayden est complètement malade ou s'il est tombé sur la tête. Andy émet une hypothèse et la patineuse reporte son attention sur lui, alors. Est-ce que Den pouvait avoir proposé à Cornelia d'entrer ? Il était dans un bon jour après sa visite chez le psy, se trouvait être de bonne humeur et… ouai, c'était le genre de choses qu'il pouvait dire. Si ça avait été Lisa, il ne se serait pas gêné et peut-être même qu'il aurait été capable de sortir une connerie pareille avec Andy, mais avec Nelly ? Ça semble être un peu gros. Pourtant… elle ne voit pas ce que ça pourrait être d'autre.

"- Ouai, c'est possible. Enfin, c'est le genre de trucs qu'il peut dire mais… avec elle ? Si tôt ?"

Ça semble dingue et pourtant… parce que ce n'est pas comme si les choses étaient au beau fixe entre les deux adolescents. Alors certes, il y a du mieux, une nette amélioration entre eux, mais de là à ce qu'ils plaisantent ensemble comme ça… Lisa ne sait pas trop.

"- Je pense que oui. Il n'y a pas de raison après tout. Il y a encore quelques temps, elle le détestait et maintenant, elle tolère sa présence. Alors on peut espérer que les choses continuent de s'améliorer entre eux. Peut-être suffisamment pour que nous arrivions à avoir gain de cause. Je le lui souhaite, en tout cas."

Il a de nouveau film et, comme elle lui demande ce qu'il voudrait regarder, il suggère qu'ils fassent comme d'habitude. Elle choisit ce qu'elle veut voir et lui s'occupe de préparer les pop-corn. Ça lui va. Il monte alors se changer et elle donne un dernier coup de propre dans la cuisine avant d'éteindre les lumières. Andy va revenir, mais en attendant, rien de sert de laisser tout éclairé.

Rejoignant sa chambre, Lisa attrape la peluche de Polochon sur son lit, s'asseyant sur celui-ci le temps de répondre à un SMS d'Aayden, comme elle lui demandait ce qui s'était passé avec Cornelia. Attendant sa réponse, elle remonte légèrement la conversation, relisant leurs échanges précédents, pinçant les lèvres de nouveau face aux affirmations de son meilleur ami. Se laissant tomber sur le lit, regardant le plafond, elle pousse un long soupir, ferme les yeux une seconde et les rouvre, perdue. Den semble sûr et certain de ce qu'il dit. Mais elle… c'est une autre histoire. Une toute autre histoire.

Se levant de son lit, elle avance vers l'armoire, attrapant un pyjama propre avant de le reposer sur l'étagère. Elle pince les lèvres, avise le reste de ses affaires, s’interroge. Si elle choisissait autre chose, peut-être qu’elle serait fixée. En même temps, cet été, à la piscine, il n’avait rien dit. Elle grimace, soupire, farfouille dans ses affaires. Et si jamais Aayden se trompe, elle aura l’air de quoi ? Elle blêmit rien que d’y penser et pourtant, ses doigts se referment sur le tissu sombre d’une nuisette plutôt simple, opaque. Assez sage pour ne pas trop l'embarrasser, mais bien moins que les pyjamas qu’elle a l’habitude de porter pour leurs soirées télé.

Changée, son Polochon dans les bras, son coeur battant la chamade, elle entre dans la chambre d’Andy, commence à farfouiller dans l’ordinateur de celui-ci et choisit finalement un film un peu au hasard parmi les nouveaux qu’il a, juste au moment où il demande si elle s’est décidée. Elle acquiesce et se lève, Polochon dans ses bras, venant s’installer à côté de lui dans le lit en maudissant déjà son meilleur ami pour… tout ça.

Tu n'aurais pas dû prendre ce pop-corn par gourmandise. Tu n'aurais pas dû poser ta question sans lever la tête. Et au final, tu n'aurais peut-être pas dû la regarder arriver en l'entendant. Tu manques de recracher le maïs chauffé, ou de t'étouffer avec. Tu réussis à l'avaler par miracle, sans trop le mâcher. Tu rougis même, d'un coup, peu habitué à ce à quoi tu fais face maintenant. Lisa. En. Nuisette. Ok ok… Ce n'était pas non plus le truc super sexy transparent qu'un mec de base voudrait dans tous ses fantasmes, au point d'y voir de la lingerie ou rien, mais là…

C'était quand même court et elle n'avait pas généralement ce genre de tenue quand vous faisiez vos soirées films. Tant mieux d'un côté. Le Polochon est toujours au rendez-vous dans ses bras, peut-être la seule chose qui te ramène à la réalité et qui te fasse dire que tu n'es pas un rêve chelou. Elle est là … Comme ça, dos à toi pour choisir le film et tu déglutis. Ce serait TRÈS tentant de lui toucher le dos, par curiosité, pour connaître le tissu. Mais tu te retiens, te mordant la main pour avoir eu cette idée. Tu tournes la tête rapidement, cherchant ton téléphone, malheureusement trop loin.

C'était quoi ce traquenard ? Une idée de Corny ? Une sombre idée de Sachs ? LES DEUX ?! Après tout, ils avaient bien fait le coup après les cours, te forçant à ramener la blonde sur ta moto. Tu les maudis en même temps te dit qu'ils s'entendent finalement bien quand il s'agit de te mettre dans l'embarras. Tu te pinces les lèvres et redresse la tête quand le film se lance. Tu oses un regard sur elle et tu te pinces les lèvres. Oh merde.

- C'est .… li … c… qu… t.. portes…

Ouah… recommence… Avec un peu de chance, elle ne verra pas à quel point tu es rouge comme une tomate.

- J.. eux dir… C… ouve.. eau ?

Là, tout de suite, elle a clairement envie d'étriper son meilleur ami. Elle ne le fera pas, évidemment, mais ce n'est pas l'envie qui lui manque alors qu'elle se retrouve en nuisette dans la chambre d'Andy, dans son lit, pour regarder la télé. Si avec ça il ne se doute pas de quelque chose... Et en même temps, c'est un petit peu ce qu'elle cherche, lui envoyer un message discret, lui faire comprendre qu'elle n'est pas indifférente à lui, qu'il lui plaît, carrément. Mais elle n'est plus tout à fait sûre, là, d'un coup, que la technique utilisée soit la bonne. Pas tout à fait sûre que se ramener dans cette chambre dans cette tenue soit la meilleure idée qu'elle ait eu. Et ce même si son meilleur ami est convaincu qu'il y a quelque chose entre le patineur et elle. Même si son meilleur ami est convaincu qu'elle devrait prendre son courage à deux mains. C'est ce qu'elle a essayé de faire, mais maintenant... Maintenant elle se sent rouge comme une tomate et à l'impression de sentir son visage fiévreux.

Le film se lance et elle garde son attention sur la télévision pour ne pas montrer ses joues cramoisies à Andy. Raté. Le jeune homme l'interroge, posant une question parfaitement incompréhensible et Lisa tourne alors la tête vers lui, le dévisageant, levant un sourcil, se demandant ce qui lui arrive. Il se reprend, finalement, et elle croit comprendre qu'il parle justement de sa tenue. Le rouge sur ses joues s'intensifie alors.

"- Euh... Je... Oui." souffle-t-elle.

Le regardant toujours, elle ne fait pas vraiment attention au film sur l'écran, son attention rivée sur lui alors qu'elle se mord la lèvre inférieure, remarquant la rougeur sur les joues de son ami sans la comprendre, sans l'assimiler. Comme si elle avait peur de croire à ce que Den s'évertuait à dire. Comme si elle avait peur de comprendre maintenant ce qu'elle avait sous le nez depuis des années, ce qu'elle n'avait jamais vu, et qu'elle avait pourtant attendu. Ses doigts jouent sur sa peluche, la triturant, comme elle détourne le regard avant d'oser le regarder à nouveau. Elle ouvre la bouche, prête à demander quelque chose mais... Non, elle ne peut pas lui demander de but en blanc si ça lui plaît...

"- Je... Euh... Ça te gêne ? Tu... Tu veux que... J'aille me changer ?" demande-t-elle finalement, gênée.

Triturant tes doigts, tu essayes de garder ton calme, cherchant les raisons de cette tenue de la jeune femme. Pour toi ? Non, pas possible. Jamais. C’est une amie hein ? Une simple amie. Vous l’êtes depuis l’enfance, depuis la glace. Vous êtes colocataires, vous êtes partenaires sur la glace, vous êtes… Amis ? Tu détournes comme tu peux le regard, sans savoir qu’elle aussi regardait droit devant elle, essayant de cacher sa gêne. Vous êtes comme deux couillons maintenant. Tu entends pas de suite ce qu’elle te demande, tant tes pensées se mélangent.

- … Hein ?

Que tu demandes en te tournant vers elle, ton regard essayant de se concentrer sur son visage et pas autre chose. Ok… Et l’autre blond a déjà dû la voir comme ça et rien ? Ouais nan, vrai qu’il l’a connaît depuis longtemps, que pour lui c’est comme sa soeur, vu comment il réagissait déjà pour la longueur des jupes, la voir comme ça, il aurait fait comme tout bon grand frère ferait et la couvrirait d’un manteau ou d’un plaid pour que tu ne regardes pas au mauvais endroit… Tu te masses la nuque essayant de trouver les mots. Bien sûr que non, ça te déranges pas.

- N.. Non c’est…

Tu fais signe, les mains devant toi, souriant doucement.

- J.. aime bien… Enfin… Ca te va bien…

Que tu confirmes en hochant la tête. C’est quoi ce traquenard hein ? Tu aurais aimé envoyer un message à ta meilleure amie pour savoir comment faire, mais vu qu’elle avait fermé la porte de sa chambre, elle devait sûrement déjà dormir. Et pas sûr que le goalie serait d’une aide précieuse là. Il était de bonne humeur, hors de question de l’énerver. Tu baisses la tête, continuant de te masser la nuque et rougit de plus belle.

- C’est juste… Pas.. habituel ?

Andy ne semble pas des plus à l’aise et Lisa hésite, panique intérieurement, ne sachant trop quoi faire, proposant d’aller se changer. Visiblement, la tentative ne passe pas. Au moins, maintenant, elle a sa réponse… Non pas qu’elle en doutait déjà. Mais Den s’est lourdement planté en affirmant qu’Andy s’intéressait à elle. Ce n’est pas le cas. Elle voit bien que ça le gêne. Elle voit bien que c’est un gros loupé. Et elle ferait mieux d’aller se changer tout de suite, sans même attendre la réponse de son ami. Elle ferait mieux de filer, enfiler un pilou-pilou et… Ne plus se montrer de la soirée. De la semaine. À quel moment a-t-elle sérieusement pensé qu’une fille comme elle pouvait avoir quelqu’un comme lui ? C’est pas comme si elle était ce genre de fille pour qui tout va bien. Elle, elle est le genre de fille qu’on abandonne, celle dont on ne veut pas, quand bien-même on est supposé l’aimer d’un amour inconditionnel jusqu’à la fin de ses jours. Demandez à son père.

Il bégaye un non qui lui fait tourner la tête dans sa direction un peu plus vivement qu’elle ne l’aurait voulu. Non ? Comment ça non ? Il semble aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau et il dit non ? Lisa ne comprend pas, n'arrive pas à suivre le cheminement de ses pensées. Elle y parvient encore moins quand elle voit le sourire qu’il dessine sur ses lèvres et qui lui crève le cœur. Pourquoi faut-il qu’Andy soit toujours aussi beau, aussi parfait, aussi… lui ?

Il aime bien. Elle détourne le regard, les joues cramoisies d’un coup. Il aime bien ? C’est une information qu’elle a du mal à assimiler. Du mal à croire. Discrètement, elle pince même son bras gauche, juste pour s’assurer qu’elle ne rêve pas, s’arrachant même un petit cri de douleur au moment où il reprend la parole. Elle masse son bras, son épiderme rougit, et tourne de nouveau la tête vers lui, se mordant la lèvre inférieure sans vraiment oser le regarder. Ce n’est que quelques secondes plus tard qu’elle se rend compte qu’elle retient sa respiration, reprenant une goulée d’air maladroite. Grattant son bras, le même qu’elle vient d’endolorir, elle cherche ses mots, hésite, fuit son regard.

"- T’aime… bien ?" souffle-t-elle alors que son cœur s’est emballé dans sa poitrine.

Elle ne va pas y arriver. Les mots ne veulent pas sortir. Elle a trop peur, elle ne sait pas comment les dire. Et pourtant elle sait, elle sent, que c’est là, que c’est maintenant. Qu’elle doit parler. C’est ce que Den lui a dit. Lui, il a confiance. Elle… pas du tout. Et si Andy la repousse ? S’il… s’il ne dit ça que par politesse ? Parce qu’Andy est toujours trop gentil avec les gens, trop gentil pour ne pas essayer de faire le moins de mal possible. Il a peut-être dit ça pour qu’elle ne culpabilise pas mais… il ne le pense peut-être pas. Elle sait pas.

"Je…" elle butte, hésite. "Je voulais…" Elle s’enfonce dans les couvertures autant que possible, comme si elle espérait disparaître. "Êtrejoliepourtoi." dit-elle sans articuler, sans respirer, sans le regarder, tirant la couette par-dessus sa tête.

- T’aime… bien ?

Qu’elle souffle doucement, alors que tu as ton regard posé sur elle,le film en fond. Vous êtes là, le silence entre vous, incapable de rajouter autre chose. Tu ne sais pas quoi dire, elle semble aussi dans le flou. Enfin, tu as l’impression que c’est aussi le cas. Pourtant, elle est aussi rouge que toi, aussi perdue. Tu t’approches un peu pour l’entendre alors qu’elle réussit enfin à prononcer quelques mots.

- Tu voulais ?

Tu n’as pas le temps d’avoir la suite qu’elle se cache dans la couette. Tu approches un peu plus, confus et tend l’oreille alors qu’elle fait sa phrase d’une traite sans prendre le temps de respirer. Tu écarquilles les yeux, croyant entendre quelque chose auquel tu ne t’attendais pas DU TOUT. Jolie ? Pour… Toi ? Tu clignes des yeux rapidement, te pointant du doigt, alors qu’elle ne peut pas te voir.

- M.. Moi ?!

Oui, non, tu n’arrives pas à voir le pourquoi du comment. L’information ne semble pas te parvenir au cerveau. Tu secoues la tête un instant, voulant remettre les choses à leur place, réentendre la phrase dans ta tête pour l’analyser rapidement. Elle a bien dit “toi”. POUR toi.

- Co… Comment ça moi ?

Oui, il faut que tu reposes la question. Tu étais donc visé ? C’était, uniquement pour toi qu’elle s’était changée ? Juste pour toi ? Tu attrapes la couette pour croiser son regard et te mords la lèvre en marmonnant, parlant aussi rapidement qu’elle, à moitié conscient de la question que tu es en train de poser. Est-ce que ça devient réel ? Est-ce que du coup, poser les mots tels quels rendait la chose aussi… Non… Ce n’est pas possible. Tu n’arrives pas à te dire que c’est le cas.

- Je.. Tu.. Enfin… je… jeteplais ?

Elle est cramoisie, sous sa couverture, le coeur battant la chamade alors qu’elle ne parvient pas bien à réaliser qu’elle a vraiment dit ce qu’elle a dit, même si elle l’a dit sans prendre le temps de respirer, ni d’articuler quoi que ce soit, si bien qu’elle n’est pas sûre qu’il ait pu comprendre grand chose. Là, tout de suite, elle a juste envie de disparaître. L’idée de sortir, s’enfuir, rejoindre Den dans sa chambre lui frappe l’esprit mais… ça voudrait dire repousser la couverture et affronter, même une seconde, le regard d’Andy posé sur elle. Elle n’est pas sûre d’en être capable. Pas sûre, surtout, d’être capable d’accepter d’être confrontée au regard qu’il aura.

Elle l’entend qui bégaie, qui semble un peu surpris, qui ne semble pas vraiment comprendre, surtout, d’où tout ça sort. Comment ça, lui, demande-t-il, comme si ça semblait vraiment si surprenant que ça. Comme si c’était… Comme si elle venait de dire quelque chose d’impossible, qui la fait paniquer plus encore. N’a-t-il pas remarqué comme elle est toujours gauche et sans assurance, quand il s’agit de lui ? Comme, ce jour dans la piscine, elle était déçue qu’il ne se soit rien passé, quand ils avaient été tout près l’un de l’autre ? Comme elle cherche toujours à passer du temps avec lui, juste tous les deux ?

Il soulève sa couette et, mortifiée, elle cherche à la rattraper pour se planquer de nouveau dessous, sans y parvenir. Disparaître. Là. Maintenant. Pourquoi elle ne peut pas ? Pourquoi son coeur ne peut pas se calmer ? Pourquoi son estomac est-il obligé d’être tout retourné ? Pourquoi est-ce qu’elle doit avoir l’impression qu’elle est à deux doigts de crever ? Elle détourne le regard, parce qu’elle ne peut juste pas soutenir le sien, tandis que ses joues rougissent un peu plus encore, si c’est possible, et hoche finalement la tête. Oui, lui. Lui, lui et lui. Lui et encore lui. Toujours lui.

Est-ce qu’il lui plaît ? Elle tourne la tête vers lui cette fois, vivement, le regardant enfin, presque choquée. … Pas presque. Définitivement choquée. Est-ce qu’il est sérieux ? Est-ce qu’il pose vraiment cette question ? Lisa se redresse, un peu, pour prendre appuie contre la tête de lit et renverser sa tête contre celle-ci, consciente qu’elle n’a pas d'échappatoire. Quand elle aura répondu… Quand elle aura répondu, elle devra faire face à la réponse d’Andy.

"- Ça fait longtemps. C’est…" elle se coupe. "Pour ça que… J’étais contente. Pour le duo. Et la coloc. Et… et maintenant je…" son regard a fuit de nouveau, s’emplissant de larmes. "J’comprendrais si tu veux changer de partenaire…."