Des douves ? C’était une façon de voir. Oui. Un peu alambiquer, mais ça peut être une façon, une image, pour la jeune femme pour comprendre les choses qui l’entoure. Il note de faire attention de trouver des images qui puissent plus lui parler. Il la regarde, note la nouvelle information sur ses préférences. Elle aimait l’eau, les ruisseaux, la mer peut-être ? Il fallait qu’elle voie la mer. Il fallait qu’elle puisse aimer tout ça… Il voulait qu’elle puisse vivre à côté d’un ruisseau. Même si c’était lui et elle dans un barrage … Mais … il n’arrête pas de penser à être avec elle, elle ne le voudrait peut-être pas. Il avait envie de se gifler. Il sert un peu ses mains contre ses doigts. De toute façon, il venait de lui proposer … il ne pouvait plus faire de retour en arrière. Il n’y avait plus de retour en arrière possible. Il fallait qu’elle lui réponde. Négativement ou pas. Positivement ou pas. Il fallait que la jeune femme lui réponde tout simplement. Il ne savait pas si c’était la bonne chose à faire, mais il pouvait le faire. Il irait vivre chez Izumo aussi si ça peut lui faire plus de place. Lui laisser un semblant de normalité dans son propre appartement.

- On pourra la voir, si tu en as l’envie. Maître Tsunade sait pardonner, je le sais.

Il ne pourrait pas respecter quelqu’un qui n’était pas bon. Il ne supporterait pas quelqu’un qui ne pardonne pas l’innocence, la jeunesse. Si son Hokage ne pardonnait pas la manipulation d’Orochimaru, alors elle perdrait son respect. Iruka n’était pas ninja par devoir aveugle. Il était ninja parce qu’il croyait dans les principes de son village. Et le pardon et la rédemption étaient un principe auquel il croyait. Il lui caresse doucement les doigts.

- On lui demander, à mon Hokage et à Prune, nous verrons.

Il sourit doucement, dévoilant ses dents blanches dans un étirement de bouche tout à fait adorable. Il passa ses doigts sous la paume de la jeune femme.

- Ce n’est pas bizarre. On ne fera rien de bizarre. Je pourrais même vivre ailleurs le temps que l’on se courtise si cela te met dans une meilleure disposition. Si tu veux venir, tu peux aussi ne rien faire.

Il l’écoute parler et attrape sa seconde main. Il la caresse en l’attrapant. Il réfléchit. Prenant le premier doigt avec douceur, il réfléchit.

- Tuer ne sera plus outil pour le moment. Tu pourras peut-être si tu repasses les examens des ninjas, j’imagine. Mais ce n’est pas une chose utile pour le moment.

Il baisse le doigt doucement et avec lenteur, se retenant avec ardeur de ne pas l’embrasser. Il avait envie de lui dire que ce n’était pas grave … Qu’elle n’avait rien à dire, rien à savoir faire, elle pouvait juste prendre le temps d’apprendre … mais il lui semblait que ça l’effraie de ne pas avoir quelque chose à faire. Alors, il prend le second doigt.

- Tu pourrais apprendre à survivre aux enfants, de bonnes manières. Tu pourrais leur apprendre à faire une douve de castor. Je suis sûr qu’ils adoreront ça.

Il baisse encore un doigt et passa au troisième.

- Disparaître, je ne veux plus jamais que tu disparaisses, pour le moment tu peux oublier cette capacité. Ou alors, on s’amusera à …

Il s’arrête, n’a pas envie d’imaginer la jeune femme disparaître … mais l’idée de faire un cache-cache un peu plus adulte lui traversa l’esprit. Il baissa son doigt. Il ne devait pas penser à cela.

- La manipulation va avec le fait de tuer, on en reparlera si tu arrives à repasser les examens.

Il attrape sa main complètement fermé et embrasse son dernier doigt, il avait craqué. Il avait totalement craqué. Il embrasse une cicatrice sur le doigt. Il caresse cette peau avec délicatesse. Doucement.

- Pour recoudre, tu pourrais être réquisitionné à l’hôpital. Ou à l’hôpital pour poupée de l’école des ninjas. Selon les apprentis ninja, je sais aussi bien coudre que ce que je sais chanter. Et ce n’est pas un compliment.

Il fit une moue pas contente. Il faisait son maximum pourtant pour recoudre les peluches, mais ce n’est pas sa faute s’il avait l’incapacité de faire tenir comme il faut cette stupide oreille de lapin. Il fit une autre moue agacé.

- On a le temps, pour te trouver quoi faire. Laisse-toi le temps d’apprendre avant de vouloir faire quelque chose. Tu n’as rien à faire … Tu n’as rien à devoir faire. Et, tu sais faire bien plus de chose que cinq. Tu sais caresser avec douceur, tu sais parler, tu sais réfléchir, tu sais faire plein de chose, il suffit de réfléchir un peu. Tu es plus que ce que tu penses.

Courtise ? Elle ne sait pas ce que ça veut dire. Elle lui demandera … une autre fois. Est-ce que ça l'agace un peu d'ignorer tellement de choses ? Oui. Alors elle cherche plutôt des trucs qu'elle sait. Même si ce n'est pas grand chose. Mais Iruka lui dit, lui montre, que ce n'est pas nécessaire qu'elle serve. Elle le laisse rabattre ses doigts les uns après les autres, et Tsugumi se dur qu'elle pense peut-être pas normalement. Certainement comme non. Elle pense comme son maître voulait qu'elle pense. Alors elle écoute Iruka. Et elle lui fait confiance pour lui apprendre une façon de penser plus … normale.

Elle aurait eu quelque chose à lui répondre à la suite. A tout ce qu'il lui dit. Que sa survie était liée à son utilité pour son maître. Alors qu’elle avait toujours tenu un rôle. Et que c’est bizarre. De pas en avoir. Surtout si elle vient à Konoha. Ne rien avoir à faire, ou à être, c’est bizarre pour elle. Alors que oui' recoudre les poupées, ça lui plait bien comme idée. Elle ferait quelque chose qui sert. Oui elle y tient. Alors c'est bien. Et c'est juste des poupées. Oui. Mais elle ne dit rien de tout ça.

Tsugumi bloque. Elle a senti, et elle a vu, les lèvres d'Iruka se poser sur la cicatrice sur ses doigts. Et tout s'est bloqué dans sa tête. Elle a arrêté de bouger et de respirer. Et la jeune femme s'est senti infiniment bien. Et très mal. En même temps. Ses poumons se sont vidés sous la surprise et ils tressautent quand elle reprend une inspiration. Ses épaules se secouent aussi. Et elle retire vivement ses mains de celles d’Iruka pour le joindre entre elles. Elle attrape le doigt embrassé entre le pouce et l’index de son autre main. Et elle frotte, frotte, frénétiquement comme pour se débarrasser de cette sensation. Mais ce n’est pour elle qu’elle s’inquiète. Tsugumi remonte des yeux effarés vers Iruka. Regarde ses lèvres, puis ses yeux. Elle a envie de lui essuyer les lèvres, mais elle n’ose plus les toucher. Elle recule un petit peu en secouant la tête.

“Faut pas faire ça. Faut pas faire ça. C’est. C’est pas. Faut pas faire ça, non.”

C’est pas bien. C’est dégueulasse. C’est. Putain d’agréable et elle a envie qu’il recommence. Mais non. Elle tord ses doigts entre eux assez violemment pour se faire mal, et les enfouis sous son kimono. Prenant soin de couvrir toute la peau de son corps qui a pu se montrer à l’air libre dans les mouvements de tissu. Mince. Y a encore son visage aussi. La jeune femme couine et baisse la tête, pour se cacher dans ses mains, elles-même finalement rentrées dans les manches de son kimono.

“Pardon. Pardon. Faut pas faire ça.”

Non. Merde. Tsugumi respire, fort, prend finalement le contrôle de sa circulation sanguine pour se calmer. Même s’il n’y a que physiquement qu'elle arrive à se calmer. Ça défile dans sa tête. Les amputations. Les points de sutures. Les doigts froids d’Orochimaru dans sa nuque. Ses paroles rassurantes qui lui lavent le cerveau. Kabuto. Et puis y a Iruka. Sa chaleur. Les battements mélodiques de son cœur. Leurs doigts entrelacés. Et ce baiser sur sa cicatrice. Meh. Elle grogne, soupire, baisse les mains et ose à peine relever la tête.

“Je suis pas. C’est pas. Simple.”

Elle fronce les sourcils. Non. Elle est loin d'être simple. Même elle peine à se gérer. Alors lui risque d'avoir encore plus de mal.

“Je sais que tu peux. Supporter. Mais. T’es pas obligé de le faire. Je peux rester dans les arbres.”

Ce n'est pas parce qu'on peut le faire, qu'on doit le faire. Elle ne se souvient plus de qui lui a dit ça. Et c'est bizarre. Parce qu'il n'y a presque que Orochimaru et Kabuto qui lui ont jamais adressé la parole. Et la ninja ourse. Et Iruka. Mais ce n'est aucun des quatre. Elle ne sait plus. Mais elle s'en souvient. Des fois. Ce n'est pas parce qu'elle peut, qu'elle doit. Oui. Et Iruka non plus.

Iruka s’attendait à une réaction, et il s’était frappé violemment le front dans son esprit pour cette connerie … mais il ne s’attendait pas à ça. Alors qu’elle effaçait son baiser sur son doigt, il la voyait paniquer. Paniquer contre lui ? Non. Si. Il n’était pas sûr et il s’en voulait infiniment de l’avoir blessé comme ça. Son regard se fit plus doux, désolé, voulant lui montrer qu’il ne recommencerait plus … mais il avait envie de recommencer. Il avait envie de la toucher, de lui faire comprendre qu’elle n’était pas sale, ou dangereuse ou quoi que ce soit. Qu’il lui faisait confiance. Qu’il aimait bien tout d’elle, même ces marques. Parce qu’il pouvait le voir dans ses yeux, dans sa manière de vouloir s’essuyer… Ce n’était pas lui, en tant qu’Iruka, qui la dégoutait à ce point. Et cela lui brise le cœur. Il préfèrerait que ça soit lui. Il aimerait lui dire que c’est lui qui est dégoutant et sale, et qu’il n’aurait jamais dû faire ça. Il aimerait lui dire que sa salive était sale, mais il ne pouvait pas le faire. Parce qu’il sait qu’elle ne pourrait pas le croire. Alors il laisse un petit « désolé » sortir de ses lèvres, sans pour autant faire le moindre mouvement pour la rattraper auprès de lui. S’il bougeait, il avait l’impression qu’elle allait fuir et ne plus jamais revenir vers lui. Il était allé trop loin. Merde. Merde. Merde. Et merde. Quand il était con comme ça, il avait envie de se gifler. Il ne bouge pas. Il écoute les excuses de la jeune femme. Elle n’avait rien fait de mal. C’était sa faute. Il se sentait stupide encore plus alors qu’il la voyait se recroqueviller comme … Comme il n’avait jamais vu personne le faire avant. C’était un oubli de soi. Elle ne voulait plus qu’être une chose cachée, à l’abri des regards.

Il ouvre la bouche pour parler, mais le poids de sa culpabilité l’enserre comme une liane et serre son cœur jusqu’à lui donner envie de vomir. Il était putain de con. Il était stupide. Et il se mord violement l’intérieur de la joue en réfléchissant à quoi faire désormais. Il sent un peu de sang, mais ce n’était pas grave. Il secoua la tête doucement, ne s’approche toujours pas.

- Tu es toi.

La simplicité, qui l’avait décidé ? Qui avait décidé qu’une personne était la norme et une autre pas ? Dans un monde meilleur, un monde génial plein de personnes bonnes et aux bonnes intentions, la jeune femme serait mieux loti. Elle n’aurait pas été torturée, abimé, découpé, comme elle venait de l’être. Dans un monde idéal, elle n’aurait pas peur de sa propre personne ou des marques sur ses mains. Il essaie de voir son visage, se penche, ne veut pas bouger trop vite. Il se mord un peu plus fort l’intérieur des joues, essaie de réfléchir à la meilleure réponse à lui apporter.

- Si tu veux rester dans la cime des arbres, que tu ne veux pas de moi, je resterais au pied et attendrait. Si tu veux rester dans mon appartement, que tu ne veux pas de moi, je vivrais chez mon collègue. Si tu veux rester dans ta grotte, que tu ne veux pas de moi, je vivrais à côté. Ce n’est pas parce que je le peux, que je vais faire ça, mais parce que je le veux.

Il s’approche à peine, ne la touche pas encore. Il se bride. Il était tactile, Iruka, toujours, mais sans arrière pensée. Il était tactile parce qu’il pense que rien ne vaut un câlin, une caresse sur une plaie ou un sourire pour faire avancer les autres. Alors il s’avance juste assez pour sentir la chaleur de la jeune femme mais pas assez pour la toucher. Il réfléchit à comment lui faire comprendre qu’il en a envie, de tout ça, et d’embrasser ses doigts.

- J’ai le droit à un autre gage, pour avoir embrassé ton doigt, mais il faut que je t’avoue … J’ai envie de continuer. Chaque doigt, j’ai envie de l’embrasser, pile là où tu le désires le moins. Je dois être un monstre ou un taré pour penser à ça.

Il se penche en arrière et se laisse coucher sur le sol, regardant les étoiles qui voile l’horizon. Il voulait embrasser chaque cicatrice, à côté de chaque cicatrice, il voulait lui faire oublier toutes les tortures et les douleurs et les remplacer par des baisers. Pourquoi c’était si important pour lui ? Il le devait. Il se devait de lui mettre de la douceur sur chaque parcelle de son corps. Il porte sa propre main à ses lèvres. Il devait être taré, ou malsain. Pourquoi avait-il autant besoin de l’embrasser là où elle se trouve le plus affreuse ? Parce que ses mains n’étaient pas affreuses. Elles étaient un peu rigides, mais ses doigts sont fins. Il était sûr qu’elle pouvait les bouger avec douceur. Il remonta sa main sur sa propre cicatrice, qui ne lui faisait plus rien maintenant. C’était pour ça ? Qu’il avait besoin de la toucher ? Pour qu’elle comprenne que ses marques n’étaient pas dégoutantes ? Il n’en sait rien. Il fit un doux soupir.

- Il semblerait que moi non plus, je ne sois pas si simple que ça.

La première chose qui la fait à nouveau réagir, c'est l'odeur du sang. C'est son truc. Alors la moindre goutte, elle la sent. Presque comme un requin. Ça l'attire comme un papillon vers la lumière. Surtout qu'elle ne s'est pas sustentée avec du sang humain depuis un moment. Et y a pas à dire. C'est vachement différent que le sang animal. Surtout celui des ninjas qui baigne dans le chakra. Alors les narines de Tsugumi frémissent à l'odeur du sang dans la bouche d'Iruka.

Il s'approche et elle tourne les yeux vers lui sans faire d'autre mouvement. Elle attend. L'observe. S'observe elle-même aussi. Elle sait au plus profond d'elle-même qu'il ne lui fera pas de mal. C'est un état de fait pour elle. Son comportement maintenant ne fait que le prouver encore. Son regard, ses gestes, et le sang dans sa bouche. C'est à propos d'elle-même qu'elle s'interroge. Et de ses envies qui se télescopent avec ses réflexes contraires. Elle voit la mâchoire d'Iruka se contracter et la jeune femme a envie de lui dire d'arrêter de se mordre elle sent un peu plus de sang alors elle sait. Elle a envie de faire un geste vers lui. Mais elle ne fait rien du tout. Et il parle à nouveau.

Elle sourit un tout petit peu. Oui. Un autre gage. Faudra qu’elle trouve quelque chose de bien. Pour se venger de ce qu’il vient de lui faire ressentir, ahah. Non. Pas du tout. En tout cas, elle ne se vengera pas en lui faisant du mal. Ça, jamais. Mais il faudra qu’elle réfléchisse, plus tard, là, elle n’est pas en état.

"C'est pas plus mal. Que je sois pas la seule bizarre."

Tsugumi renifle un peu et bouge enfin. Elle se tourne vers Iruka et se penche légèrement sur lui. Regarde sa cicatrice qu'il est en train de toucher. Elle aurait envie de la toucher, elle aussi, si il n’y avait pas autre chose qui la tiraillait d’abord.

"Ouvre la bouche."

C'est sorti de ses lèvres avant même qu'elle ait eu le temps d'analyser l'idée et de se dire que s'en ait pas une bonne. Ou alors justement elle y avait déjà réfléchit à la seconde où elle a senti son sang et a décidé de se laisser à ses travers. Pour qu'il voit. Elle attend qu'il fasse et puis lève une main au-dessus du visage du ninja. Elle signe d'une seule main quelques mudras, puis fait un signe de l'index comme pour dire d'approcher. Et quelques petites gouttelettes du sang d'Iruka s'élèvent dans les airs. Elle joue avec quelques secondes en les faisant danser autour de ses doigts qui s'agitent doucement dans les airs.

"Te fais pas de mal à cause de moi, s'il te plaît …"

Elle le lui dit, et le pense, mais semble un peu ailleurs quand même. Tsugumi regarde le sang tourner autour de ses phalanges très attentivement. Meh. Elle a vraiment envie de. Non. D'un brusque geste de la main, elle les envoie dégager sur le côté. Loin. Loin de ses narines, et de sa langue aussi. Mh. Pas bien Tsu, on va pas commencer à boire le sang d'Iruka. Nope. Elle secoue la tête, se claque les joues en y plaquant ses mains avant de se frotter le visage.

“Désolée.”

Ouais, non, ça ne se fait pas de jouer avec le sang des gens avant de le manger. Ou de ne pas le manger. Bref. Tsugumi se détourne un peu d’Iruka, entoure ses genoux de ses bras et lève la tête vers les étoiles. Elle se demande comment lui parler. Et puis elle se dit qu’elle va faire comme elle fait jusque là. En pensant à voix haute. Tout simplement.

“J’ai envie que tu recommences. Mais c’est pas bien. Enfin je suis persuadée que c’est pas bien. C’est dans mon ventre. Je sais pas. Mais j’ai bien aimé. C’est. Tu sais. J’aime bien l’eau parce que ça lave. J’aime bien me mettre dans l’eau parce que j’ai l’impression d’être plus propre. Un peu. Et. Je vais peut-être dire quelque chose de très bizarre. Mais j’ai envie que tu. Me laves. En me touchant. De tout ce qu’on m’a fait. Mais. Je veux pas que tu te salisses, en me touchant. Donc je sais pas …”

La jeune femme referme ses doigts sur le tissu blanc et elle soupire. Voilà. Elle a dit ce qu’elle pensait presque. Bon. Elle n'a pas dit “partout”. Qu’elle veut qu’il la touche partout. Partout où on l’a touchée. Mais elle y pense. Et elle rougit. Pas de gêne, mais à cause de la chaleur qui monte dans son corps quand elle pense à ça, aux mains chaudes du ninja sur son corps. Ça aussi c’est agréable. Juste y penser. Elle pourrait peut-être se contenter de ça, non ?

Il lui fait un sourire rassurant. En effet, ce n’était pas plus mal que le côté bizarre soit partagé entre eux. C’est vraiment mieux. Il avait moins l’impression d’être … pas comme il faut. Il sait que cela à un rapport avec son passé, ce qu’on lui a fait subir. Il aurait dû faire plus attention. Il se maudit encore en mordant l’intérieur de sa joue. Inconscient qu’elle avait pu le sentir, il se faisait du mal pour se punir de sa stupidité, de la même manière que l’on se frappe le front quand on trouve quelque chose très con. C’était une douleur tenue, reconnue, et utile pour l’esprit qui se mettait lentement en marche. Il la sent se déplacer mais ne bouge pas, continue à peine de respirer en se forçant, quoi qu’elle dise, il devrait l’écouter et ne pas être tenté par la toucher. Sa requête le surprend. Sans la moindre hésitation, il ouvrit la bouche. Il lui faisait confiance, comprenant que ça avait un rapport avec sa blessure sans avoir besoin de le demander. Il était un ninja d’élite, malgré tout. Il savait faire un plus un. Il la regarde faire avec ses doigts qui danse et ce sang. Il sait que c’est le sien. Cela lui fait bizarre. Il penche la tête dans l’attente de savoir ce qu’elle voudrait en faire, maintenant. Il la voit hésiter, obnubilé par le liquide carmin et le jeter ensuite. Et quelque part, ça lui fait mal au cœur. De savoir qu’elle doit se battre contre elle-même, qu’elle doit éviter son sang. Et quelque part, il se dit que ça ne le dérange pas. Il utilise son sang pour des invocations souvent. Moins souvent que Kakashi, mais tout de même. Il utilise souvent son sang. Tous les ninjas le font, ou utilise le sang des autres pour des invocations. C’était la même idée. Il la regarde et ne bouge toujours pas. Il penche simplement la tête en silence. Il laisse quelques longues secondes se faire entre eux.

- Moi, je trouve que c’est très bien. Et ce n’est pas bizarre, fit-il doucement, j’ai envie de te toucher, partout où l’on t’a fait du mal. J’ai envie que chaque parcelle de ton corps se souvienne d’abord que je t’ai touché avant du sévisse qu’on t’a fait subir.

Il se relève à peine, se met les deux coudes derrière son dos pour la regarder plus franchement.

- Et il faut savoir deux choses pour le reste. Tu parles de saleté. Je ne me salis pas en t’embrassant, en te touchant ou en te caressant. Et même si tu étais recouverte de boue, je continuerais d’avoir envie de te toucher, et ne trouverais pas cela sale du tout.

Il avait dû changer des couches. Et personne ne pourra lui faire croire qu’il y avait arme puante plus dangereuse qu’une couche pleine avec un enfant malade. Surtout quand un des enfants décide de l’étaler sur le visage d’un autre parce que c’est comme la boue….. Non. Il ne voulait pas se souvenir de cette semaine de formation avec les tout-petits. C’était après cette semaine là qu’il avait compris que Maternelle, primaire, OK. Avant ? Well… Il préférait encore aller faire le poirier pour devenir un arbre avec Gaï sensei … C’était dire. Il ne bouge toujours pas de sa place, mais il remonte le nez vers le ciel.

- Faisons quelque chose, si j’ai raison, alors tu nous laisseras une chance. Si j’ai tort, je te laisserais en paix, d’accord ? Regarde ta main. Regarde ta main, et dit moi, penses-tu à mon baiser sur ton petit doigt en premier ? Si j’ai raison, alors je ne vois pas comment ça pourrait être mal.

Il semble désinvolte, presque serein, alors que son cœur cogne dans sa poitrine. Elle doit le sentir. Elle doit le savoir. Mais il continue de faire semblant qu’il ne ressent pas le tourment. Si elle ne voyait que ses sévisses, encore et encore sur son petit doigt … que ferait-il ? Il ne pourrait pas la laisser partir. Déjà, parce qu’elle était une menace, -et cette pensée le faisait chier royalement- et qu’on ne pouvait pas la laisser sans surveillance, mais aussi, et surtout, parce qu’il ne ferait pensé qu’à elle jusqu’à la folie. Alors il espérait vraiment, vraiiiiiment, du plus profond de son cœur, qu’il avait raison. Il était à une respiration aussi, de lui dire qu'elle aurait pu le boire, mais son esprit lui rappelant que ce n'était pas le moment. Pas là. Une chose à la fois.

Oui voilà. C’est exactement ce qu’elle veut. Iruka le dit avec des mots. Tsugumi hoche la tête, tout en continuant de regarder les étoiles. Oh oui. C’est exactement ce dont elle a envie. Ce dont elle a besoin, aussi, peut-être. Pour pouvoir s’intégrer au monde des autres humains, elle a besoin de se sentir moins horrible. Et elle se sent un petit peu moins horrible, depuis qu’elle est avec le ninja de Konoha. Mais elle a du mal à croire qu’elle ne va pas … le salir, même si elle ne voit pas comment, s’il la touche. Mais c’est difficile de croire autrement quand on lui a répété toute sa vie qu'elle n'est pas normale, et repoussante pour les “gens normaux”. Et puis Iruka lui propose une expérience. La jeune femme se tourne vers lui avec un drôle de regard.

Elle n'en a pas envie. Tsugumi pince ses lèvres et regarde Iruka quelques secondes. Elle n’a pas du tout envie de faire cette petite expérience. Elle a trop peur de … que … qu’il parte. Si elle revoit le sang et la douleur, il va partir c’est ce qu’il a dit. Alors quoi ? Elle devra mentir ? Elle peut mentir ? Oui elle peut mentir. Elle suppose. Enfin elle en est capable. Mh. Elle n’en a pas envie, mais elle a encore moins envie qu’il parte. Alors. Oui. Elle mentira. Tant pis.

La jeune femme prend une inspiration et lève sa main, regarde son auriculaire. Elle voit. Elle sent. Ses lèvres s’entrouvrent et son souffle saute à nouveau. C’est à nouveau le bordel à l’intérieur d’elle, et c’est pour ça qu’elle ne sent pas le cœur d’Iruka à côté d’elle, trop déconcentrée et concentrée sur ce qu’elle ressent à nouveau. C’est presque l'exacte même sensation que quand le ninja a posé ses lèvres sur sa cicatrice. En … mieux ? Parce qu’il n’y a pas le mal. C’est un souvenir, une image, donc il n’y a pas de mal à l’imaginer. Mais. C’est un peu moins fort aussi. Tsugumi reste immobile, sa main en l’air, fixant son doigt en repassant en boucle la scène dans sa tête. C’est bien. C’était vraiment bien. Elle replie et déplie plusieurs fois ses doigts et sourit doucement. Et plus. Et un peu plus. Et y a un bref rire qui lui échappe et elle pose sa main sur ses lèvres, surprise, pour se faire taire. Elle est … soulagée. C’est ça. Du soulagement. Un énorme soulagement.

“C’est pas mal …”

qu’elle chuchote, caché derrière ses doigts. Son petit sourire toujours visible. Ok. Elle n’en est pas intimement et définitivement convaincue. Mais, elle a pensé au baiser en premier, alors ça veut dire que c’est pas mal, d’après Iruka, mais surtout, ça veut dire qu’il ne va pas partir. Il ne va pas “la laisser tranquille”. Et ça, c’est une très très bonne nouvelle.

Tout à coup, Tsugumi tend à nouveau son bras pour observer sa phalange, et puis elle dirige son bras droit vers Iruka, les doigts tendus dans sa direction.

“Recommence. Sur un autre doigt. S’il te plaît.”

S’il te plait. Oui. C’est mieux. Un chouïa trop directe quand elle parle, Tsugumi. Mais c’est comme ça qu’on lui parlait. Et elle n’aimait pas beaucoup, alors en effet, il vaut mieux moduler sa façon de d’adresser aux autres. Mais il semblerait que Iruka ne se vexe pas franchement de la formulation de sa demande, puisqu’il s'exécute. Elle lui laisse sa main, et le regarde faire avec attention. Et ça recommence tout pareil, ou presque. Elle se sent toujours très mal, et très bien, en même temps, mais cette fois, un peu plus bien que mal. Elle a à nouveau son cœur qui bat fort et son souffle qui déraille, mais oui oui oui, il y a du bon la dedans. Beaucoup. Le ninja recule et la jeune femme sourit un peu. Elle le regarde une seconde, et ça claque d’un coup dans son crâne. Comme un élastique sur lequel elle a trop trié. Elle tend les deux mains vers lui, l’attrape par la nuque et les tire l’un contre l’autre. Elle a envie de pleurer et de rire en même temps, mais elle ne fait aucun des deux. Elle grimpe sur Iruka,sans faire attention à leur position, de toute façon pas tendancieuse dans son cerveau, et elle se sert contre lui et plonge son visage dans son cou. Elle se blottit là, et tremble. Son corps expulsant les tensions qui l’assaille et captant la chaleur du ninja. Cette putain de chaleur. Elle en a absolument besoin.

“Merci. Iruka. Merci. Je. Je crois que je veux rester avec toi. Non. Je veux. Mais je veux pas t’embêter. Mais je veux rester avec toi. J’ai confiance en toi. Et. J’ai envie que ce soit toi qui m’aide. Et qui. Comme tu as dit. Me touche, partout. Je veux. Toi.”

Il l’avait dit, alors elle peut le dire à son tour. Même si ça fait encore grimper fort la température de son corps. Elle lui demandera plus tard pourquoi ça lui fait ça. Pour l’instant, elle le sent, tout son corps contre le sien, et son odeur dans ses narines. Il sent bon. Il sent terriblement bon. Et en faisant glisser ses lèvres contre la peau de son cou, Tsugumi sent les pulsations de sang dans la carotide d’Iruka. Elle se laisse bercer par sa puissance et son rythme. Fait glisser encore et encore ses lippes à cet exact endroit. Avant de le mordiller un tout petit peu. Juste là. Mh. Pas une bonne idée. Elle recule un peu. Pose son front contre l’épaule du ninja et souffle longuement pour se calmer.

“Ce … ça te va ? Ou …”

Ou ? Elle a pas envie qu’il y ait de “ou”.

- Tu as le droit de rire, Tsugumi, souffla-t-il doucement vers elle en la regardant observer sa main.

Il avait eu un peu peur d’avoir tort… il avait peur qu’elle ne ressente rien. Qu’elle n’arrive pas à voir ses lèvres sur ses doigts. Il sait que si elle pense plus profondément, elle se souviendra du reste. Elle se souviendra de la douleur, de la torture, du sang … mais il fallait que la première image qui s’impose soit la douceur. Il fallait qu’il passe au-dessus. C’était assez facile, pour cette fois. Parce qu’ils étaient en train d’en parler, que ça venait d’arriver, et que ça l’avait réveillé. Il l’avait espéré en tout cas. Et c’était arrivé. C’est pas mal. Elle l’avait dit, et elle avait rit. Pouvait-il dire avoir réussi ? Il étira ses lèvres dans son propre sourire heureux de la voir. Tsugumi une fois libre de ses peurs et de son passé sera … Belle. Plus que maintenant. Pas qu’elle ne le soit pas, mais il voit la tristesse, la peur, l’appréhension, sur ses traits. Elle était belle. Mais il manquait la lueur de certitude, d’amour, de bien être. Il manquait tout ça dans ses yeux clairs. Quand elle lui tend sa main, il est surpris, mais fait ce qu’elle lui demande. Doucement, sans faire un geste trop brusque, il se penche et embrasse un second doigt avec douceur. Une plume qui caresse cette cicatrice. Un plume pour apaiser les douleurs de la jeune femme. Il ne comptait pas lui faire de mal, jamais. Il remonte les yeux vers elle, attend de voir sa réaction, avant de se figer. Pas de haine ou de surprise, quoi que la surprise elle pouvait en lire dans ses yeux. Non. Il se fige pour ne pas faire de geste brusque à nouveau. Tsugumi était un animal blessé, une personne que l’on avait meurtrie, encore et encore. Alors sa position sur lui était, certes, agréable et annonçant une confiance nouvelle, mais il devait faire encore attention. Il referme lentement les bras autour d’elle. Il les referme avec la même délicatesse avec il faisait tout. Il faisait en sorte qu’elle puisse sentir pouvoir se dérober de ses bras quand elle le voulait. Ses bras n’étaient pas une prison. Ses bras étaient des soutiens. Alors il la tenait et releva sa main sur ses cheveux avec une lenteur défini pour lui laisser le temps de refuser ses contacts.

Quand il la remercie, il avait envie de répondre, réellement, il avait besoin de répondre. Mais il ne pouvait pas. Il sentait son sang traverser son corps comme il n’en avait jamais eu conscience avant. Il faisait attention au rythme de son cœur. Il ne voulait pas l’effrayer en ayant le cœur qui bat la chamade… mais c’était sans compter sur le souffle chaud de la jeune femme dans son cou, puis il sent ses lèvres. Il rougit. Il rougit clairement et sent tout son corps tendu par la perceptive d’être caresser. Il essayait de calmer son sang. Son cœur. Sa respiration. La jeune femme était attentive à ce genre de chose, elle avait besoin de calme et de soutien, pas qu’il ne la … désire. Il fallait qu’il se calme. Elle le mord et il tressaille en ayant un frisson incontrôlable dans tout son corps. En plus d’être attirante, Iruka n’avait plus eu de relation depuis un petit moment … Il était assez content de voir que la jeune femme avait un état semblable au sien. Mais il avait plus l’habitude du désir, de l’envie, du besoin mordant –littéralement- de toucher l’autre avec ses lèvres, sa langue, ses mains, ou ses dents. Il fit un mouvement du pouce pour caresser son dos avec douceur.

- Alors, restons ensemble, souffla-t-il. Tu ne m’embêtes pas. Cela me va parfaitement.

Et il voulait la toucher partout. Il la regarda un instant. Observe ses lèvres. Il n’était pas encore sûr que la jeune femme sache … Sache ce qu’elle demandait à un homme. Elle lui demandait de le toucher partout. Et il en avait clairement envie. Même si c’était une femme avec la conscience d’une tueuse et le savoir d’une enfant. C’était assez … Il ne pouvait pas l’embrasser maintenant. Il lâcha ses lèvres du regard. Il ne pouvait pas. Il sourit et rougit doucement.

- Allons-y à ton rythme. Je te propose que l’on rejoigne Konoha pour te présenter Tsunade. Et nous aviserons ton apprentissage au fur et à mesure…

Il la regarde encore un peu, son regard s’égare sur son visage, sur ses yeux, sur sa joue. Il avait envie de caresser son visage. Mais il ne pouvait pas le faire. Il réfléchissait.

- Faisons un … échange. Je t’apprends tout ce que je sais, je répondrais à toutes tes questions, même les plus incongrues, tout ce que tu te demandes. En toi, tu me diras quand tu veux tester quelque chose. Comme embrasser ton doigt. Quand tu veux faire quelque chose, tu me le demandes. Comme ça, je ne te surprendrais plus avec mes lèvres baladeuses et ça permettra d’aller vraiment à ton rythme, d’accord ?

Elle a senti le cœur, le sang, la carotide d’Iruka palpiter. Ainsi que ses efforts pour se retenir, même si elle ne sait pas de quoi. Elle a senti la retenue essayant de contrôler l’affolement. Et, elle a adoré ça. Tout. Le fait de pouvoir faire bouillir son sang de cette sorte, qui a l’air fort agréable. Et le fait qu’il se retienne de … bah elle ne sait pas de quoi non plus, mais elle comprend qu’il se retient de quelque chose pour elle. Pour ne pas lui faire de mal ou autre chose. Alors de ça aussi, elle lui en est reconnaissante. Et se délecte du frisson qu’elle lui arrache de la même façon qu’elle a pu être satisfaite d’abattre un ennemi coriace. Ou presque le même genre. Mh. Intéressant.

Iruka l’accepte pour de bon. Et dans tout ce bazar d’émotions, il y a une toute petite larme de soulagement qui lui échappe. Mais elle l’efface tout de suite, avant de se redresser. pour écouter la suite de ce qu’il a à lui dire. Elle hoche la tête. Oui. Aller à Konoha et rencontrer Tsunade d’abord. Et puis s’installer, avec lui (?), et apprendre à être un petit peu normale.

“Je veux bien recoudre les poupées.”

Ce n’est pas tout à fait le sujet de ce dont ils parlent. Mais cette fois elle peut le dire, alors elle le dit. Ça l'occupera. Elle se sentira utile. Oui. C’est bien comme idée. Et puis Iruka lui fait une nouvelle proposition. Tsugumi hésite, se répète plusieurs fois ce qu’il vient de dire pour comprendre ce qui la dérange. Parce qu’il y a un truc qui la dérange. Mais elle ne comprend pas tout de suite. Et puis elle met le doigt dessus, et fronce les sourcils.

“Et toi ? Les deux parties de ton pacte sont pour moi. J’apprends. Je demande. Et toi ? Je peux faire quoi pour toi, Iruka ?”

Bien sûr qu’elle doit faire quelque chose. Parce qu’elle est conditionnée comme ça, certes, mais aussi parce que … Elle en a envie. Elle a envie de faire quelque chose pour Iruka. De lui rendre un tout petit peu de la montagne de choses qu’il va lui offrir. Même si elle ne sait pas encore quoi, qu’elle n’imagine pas tout ce qu’elle va encore avoir à apprendre à ses côtés. Pour la vie civile, l'intimité, le simple quotidien. Elle sait qu’il va lui donner beaucoup de choses, de temps et de patience.

“Je veux faire quelque chose pour toi. Alors. Trouve quelque chose. Uhmmm …”

La jeune femme incline la tête, réfléchit. Se repasse en mémoire les messages qu’ils s’étaient envoyés. Elle réfléchit à ce qu’il lui avait dit par message. A ce qu’il cherchait chez une petite amie, ok elle était pas sa petite amie (ou si ? non ? elle sait pas trop), et aux envies qu’il avait exprimées par textos.

“Je ne peux pas te donner … de sexe. C’est. Je peux pas encore, c’est. Pas simple. Je crois que je risquerai de te tuer …”

Elle rit. Alors que c’est pas drôle. Ni l’idée de le tuer dans un accès de terreur. Ni la raison de pourquoi un tel rapprochement pourrait la mettre dans un état pareil. Mais elle rit quand même un peu, légèrement. De toute façon, c’est fait, c’est passé, et ça n’arrivera plus. Il avait profité du peu de pouvoir qu’il avait sur elle, et maintenant qu’elle était partie, Tsugumi ne laissera plus jamais quelqu’un prendre le contrôle sur elle. Pas même Iruka. Enfin elle croit. La paix et la douceur qu’il lui apporte, ça a un côté addictif. Et elle a fort envie de se laisser aller dans ses bras.

“Mais les câlins, je peux. J’aime bien tes câlins. Et te tenir la main. Et je suppose que je pourrai parler de sexe aussi. Ça m'aidera à … me préparer. Je suppose.”

Elle continue de réfléchir à voix haute. Hochant la tête à mesure qu’elle avance dans sa réflexion. Et puis elle se redresse pour faire un peu mieux face à Iruka. Elle regarde ses lèvres, et se dit qu’elle l'embrassera, un jour. Et ce n’est pas une supposition. Elle le sait. Maintenant qu’elle a décidé qu’elle allait le suivre. La jeune femme relève les yeux, sourit un peu au ninja.

“Tu crois à quelque chose ? Au karma ? En un Dieu ? Au destin ? N’importe quoi ? Moi non. Mais. Je suis tombée sur toi. Alors je doute maintenant.”

Il a un sourire franc, et soulagé, quand elle dit vouloir recoudre des poupées. Alléluia avait-il envie de dire. Plus personne ne viendra vers lui pour lui demander de recoudre des lapins qui n’avaient plus qu’une oreille, ou un œil qui bandouille, ou n’importe quoi d’autres. Il était donc vachement heureux de la place de la jeune femme. Et il ne doute pas qu’elle pourra en apprendre plus sur les enfants, et sur elle-même, en ayant quelque chose de bien à faire de ses capacités. Il pense que c’est une bonne idée. Une excellente idée même. Il fit un autre sourire quand elle remarque que le deal ne va que dans son sens. Il ne l’avait pas fait consciemment. Il réfléchit. S’étouffe quand elle propose du sexe. Non. Il rougit. Le sang lui monte aux joues. Il n’allait pas lui demander ça. Pas tout de suite, ni jamais. Pas pour un deal.

- Si un jour, tu te sens prête et que tu as envie de faire l’amour avec moi, alors ça ne sera pas un échange, pas pour un deal et un contrat. Simplement parce qu’on en aura envie.

C’était un détail auquel il ne dérogerait pas. Il n’était pas question qu’elle donne son corps pour lui faire plaisir. Il n’était pas ce genre d’homme. Il ne pourrait pas de toute façon. Il serait incapable de prendre son corps quand il sait ce qu’elle pense d’elle, et s’il sait qu’elle le fait pour lui. Il était peut-être en abstinence depuis longtemps, mais il ne comptait pas faire peser ce poids sur ses épaules, ça, jamais.

- Tu répares les poupées. Tu répares tes lacunes. Et le reste nous verrons plus tard.

« Tu répares mon cœur », fut-il tenté de rajouter. Mais il ne le dit pas. Il ne pouvait pas lui donner cette charge. D’abord voir si elle en avait envie… et si elle en avait envie, alors il lui donnerait son cœur en lambeau pour le rapiécé. Il était fort, mais l’amour avait été douloureux pour lui avec sa dernière relation. Relation qui travaille avec lui, qu’il voit tous les jours. Ouais. Il aimerait bien qu’on le répare. Mais il ne pouvait pas lui demander. Alors à la place, il lui propose de réellement réparer ce qui devait l’être pour elle. Il pourrait penser à lui, plus tard.

- Les câlins, le fait de se tenir la main et parler de sexe, tout ça, je ne veux pas le faire parce que tu te sens redevable auprès de moi. Je veux que tu aie envie de le faire. Pas pour un échange, mais parce que ça te fait du bien. Parce que ça nous fait du bien, d’accord ?

Il n’avait rien besoin. Il n’avait rien besoin qu’elle qui apprends. Il était sûr qu’une fois toutes les cartes en main, elle allait devenir une femme épanouie, sûre d’elle, prête à tout pour ceux qu’elle aime. Il pouvait le voir dans ses yeux. Il réfléchit à la question suivante.

- Je crois en l’univers, dit-il en relevant les yeux franchement vers le ciel. Je crois qu’on est tous une part de cet univers, formé, né d’un big bang étrange. Ma mère me racontait souvent une histoire, une histoire d’amour, elle disait que l’univers avait créé la Terre, puis les hommes, puis les avaient laissé vivre. C’était des bouts de l’univers qui se sépare et vit d’une autre manière. Et elle disait que parfois, certains bout de l’univers se rejoigne et sont parfaitement à leur place ensemble. Qu’ils s’assemblent à nouveau. Elle disait que c’était ainsi que les enfants naissaient. Deux bouts d’univers qui se corresponds et fusionne pour en donner un troisième tout nouveau à laisser libre de ses choix. Elle voyait les personnes, nos âmes si tu veux, comme des pièces de puzzle. Sauf que certaines étaient roués de coup, dans la boue, laisser au soleil, tant et si bien qu’il était parfois difficile de trouver une pièce à accoler à la sienne. Mais que quand ça arriver, c’était évident que c’était ce qu’il devait être fait.

C’était le concept des âmes sœurs, mais différent. Les âmes sœurs, ou âme jumelles, étaient des âmes en tout point identique… alors que les bouts d’univers étaient une pièce. Et plusieurs autres pièces peuvent se coller à elle. L’amour, le fils, l’ami cher, la personne qui marque sa vie. Les pièces du puzzle n’avaient aucun rapport avec le désir sexuel ou l’attirance charnelle. Si on voulait l’expliquer mieux, Naruto et Sasuke, clairement pas un couple, étaient deux pièces qui s’étaient raccroché, c’était pour ça qu’ils se détestaient et s’appréciaient de cette étrange manière. Les amis, les meilleurs amis, parfois les conjoints, s’accrochent à soi. Et en ça, Iruka croyait. Il faisait en sorte d’étirer la pièce de son âme pour laisser un maximum d’enfant y trouver refuge. Il laissait un maximum de personne s’attacher à lui pour les aider. Et Tsugumi avait prit bien plus de place que ce qu’il avait prévu, mais il n’en était pas moins heureux. Parce qu’elle était là où il pouvait l’aider. Et tant qu’elle voudrait d’elle, il laisserait la place totale à la jeune femme. Il redescend la tête et étire ses lèvres. Ouais. Il ne voulait pas lui demander de le réparer, mais il en avait envie. Parfois, on se trompe de pièce, on force pour que ça rentre et on se retrouve un peu plus blessé que la fois d’avant.

- Autant que tu le désires, je resterais avec toi. Alors le deal reste le même. Je t’apprends tout ce que je sais. Et toi, tu me diras quand tu veux tester quelque chose. La seule chose que je veux, en l’instant c’est t’aider. Je n’ai rien besoin de plus.

Quand elle ne lui propose pas de sexe, et qu’Iruka s’étouffe, Tsugumi rit un peu. Et elle écoute le sang d’Iruka qui s’affole jusque dans ses joues. Un mélange de ce qui ressemble à de la peur, sans en être (des scrupules, mais elle ne connaît pas vraiment), de la répulsion, et quelque chose au contraire d’un peu plus agréable. Chaud et doux. Alors elle l’écoute la contredire avec un tout petit sourire aux lèvres. Elle hoche la tête et pose sa main sur celle du brin comme pour le rassurer.

“J’en aurais envie. J’en ai presque envie.”

Presque. Parce que. Elle a toujours l’impression que tout ça n’est pas encore tout à fait réel. Il lui faut attendre le lendemain. Qu’elle s’endorme, se réveille, et que tout cela soit encore une réalité. C’est à ce moment-là, qu’elle pourra enlever le “presque” et n’être plus retenue que par sa maladresse, son ignorance et son inexpérience. Ce qui est déjà beaucoup. Mais toujours moins que cette crainte sourde que tout ça ne soit qu’une douce illusion. C’est tellement simple, presque parfait. Iruka est parfait, avec elle. Alors elle se demande si c’est vrai. Ou si quelque chose a fait en sorte que cette rencontre merveilleuse lui arrive. Elle demande son avis à Iruka, et l’écoute en essayant de comprendre ce qu’il lui raconte. Heureusement qu’il raconte assez bien pour qu’elle comprenne, même ne sachant pas ce qu’est un puzzle. Elle finit par acquiescer en chuchotant :

“Pour moi c’est évident …”

Presque. Pour ça qu’elle le dit très très bas. Ce serait dommage qu’elle se réveille de son rêve en parlant trop fort. Mais le jeune homme lui assure qu’il restera auprès d’elle tant qu’elle ne le repoussera pas. Elle espère que c’est vrai. Et elle espère qu’elle ne le repoussera pas. Parce qu’elle ne se connait pas. Dans ce genre de situation … “normale”. Elle sait qu’elle fuit, évite, esquive, ignore, très facilement les gens. Et peut-être qu’un jour, sûrement, elle le fera avec Iruka. Alors oui, elle espère qu’il ne le prendra pas comme un souhait de sa part de ne plus le voir … Cette pensée pousse Tsugumi à entremêler ses doigts avec ceux du ninja. Comme pour les coincer l’un avec l’autre, et qu’aucun d’eux deux ne puisse partir.

“D’accord. Merci.”

La jeune femme se tait et regarde Iruka encore un moment. Elle ne comprend pas exactement pourquoi il veut l’aider, même si elle se souvient très bien des premiers messages qu’ils s’étaient échangés. A choisir entre la fin des temps et le début de l’humanité, il aurait choisi le début de l’humanité. Alors, oui, elle comprend bien que c’est dans sa nature d’aider, tout simplement. Il ne voulait pas aider les premiers hommes pour être un dieu, ou un roi, mais juste pour les aider. Mais. Oui, il y a un mais. Tsugumi est traversée par une autre pensée étrange. Et s’il souhaitait, ensuite, un peu plus tard, aider quelqu’un d’autre ? Est-ce qu’il la gardera ? Ou est-ce qu’il la laissera pour s’intéresser à quelqu’un d’autre. Comme maître Orochimaru l’avait déjà fait …

Tsugumi cligne des yeux et secoue doucement la tête pour chasser cette idée qui la dérange profondément. Parce qu’elle n’a pas envie qu’il l’abandonne. Parce qu’elle n’aime pas “exiger” de lui qu’il la garde pour toujours. Bref. Elle secoue la tête un peu plus fort et puis fait un signe du menton vers les petits sacs que le jeune homme avait ramenés avec lui.

“Tu as ramené à manger ? Tu veux bien me faire goûter ? Je mange … des ragoûts pas très bons, des plantes et du poisson cru la plupart du temps … Alors je veux bien essayer ce que tu as apporté.”

Ca lui fera un autre truc à apprendre, tiens. Manger des trucs bons. Cuisiné avec un minimum d’amour. Un truc facile, certainement, auquel s’habituer. Pas d’appréhension, aucun comportement préprogrammé dans son cerveau, ça devrait être simple ça. Juste manger quelque chose de bon, déjà. Et ensuite … Les yeux de la jeune femme glissent sur le toit avant de tomber dans la rue, faire les bruits du festival.

“Et après … Tu crois qu’on pourra juste traverser la place ? Pour voir ce qu’ils font ? Je pense … qu'avec toi j’aurais pas peur.”